11ème édition du festival de jazz de la rentrée, au Marni ( du 11 au 20 septembre), un thème, mise à l'honneur du tuba et du trombone, ce qui promet un jazz hors des sentiers battus.
Au programme de la première soirée, du belge et du new-yorkais: Animus Anima et Reut Regev !
Jules ( Paul?) Imberechts à la présentation avec une pensée pour Salvador Allende, mort un 11 septembre, et pour les victimes des Twin Towers, il invite Animus Anima!
Non, tu n'entendras pas Carl Gustav Jung au tuba, Animus Anima est le projet hardi du saxophoniste/compositeur Nicolas Ankoudinoff, un cinquième album ( Résidence sur la terre) va sortir prochainement, le concert de ce soir porte l'étiquette CD release.
Pour réaliser ce projet, catalogué Avant-Garde, Contemporary Psychedelic Jazz, six musiciens en piste: au tenor sax, compositions, Nicolas Ankoudinoff, les electric guitars sont entre les mains de Benoist Eil, aux drums et percussion, Etienne Plumer, le tubiste se nomme Pascal Rousseau, ze trompettist is meneer Bart Maris, les congas et autres instruments de percussion sont frôlés par Stephan Pougin qui te confiera plus tard que Eric Bribosia et son Fender devait être de la partie, un empêchement de dernière minute, pas de claviers!
Maris , son chapeau, a mute trumpet, seul sur scène pour une intro tuberculeuse, la troupe surgit sur fond de tuba, 'Atmosphère, Atmosphère' est sur les rails.
Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?
Non, une tronche d'enfariné!
Cette ballade/fanfare, dominée par les cuivres et de construction zappaesque, t'indique immédiatement la direction à suivre, celle du vent, du jazz girouette virevoltant au gré des caprices de chacun des membres du collectif.
Improvisations à gogo.
Les percus et la guitare, traficotée pour sonner comme une basse, entament 'Nomad's land' . Tuba, trompette et sax rappliquent et jouent à l'unisson comme au bon vieux temps du jazz rock ( fusion), style Blood, Sweat and Tears.
Benoist y va d'un dérapage plus ou moins contrôlé pour briser ce mouvement classique, un volcan doit être entré en ébullition à Koekelberg, un grondement inquiétant secoue la salle.
Tout redevient serein, sax et trompette en sourdine achèvent ce voyage chez les nomades.
La symphonie se poursuit par ' Baloo Stardust', précédé d'un interlude free jazz.
Tuba en évidence, après une séquence apaisée et mélodieuse, à nouveau le vilain Benoist Eil vient secouer le cocotier avec ses délires expérimentaux, une soudaine poussée de fièvre, puis un duel congas/drums nous conduit du côté d'une jungle infestée de bestioles pas catholiques.
Le trio de souffleurs appelle les touristes à regagner le minibus, retour à l'hôtel pour une nuit revigorante.
Pas oublier d'étendre la moustiquaire.
Les plages suivantes ( 'Marée basse' - ' Argile de tes mains') seront tout aussi homériques et versatiles, un brin de bebop, une parenthèse lyrique du gratteur du Rêve d'Eléphant Orchestra, des méandres paresseux, des envolées fantasques, des échanges musclés, des songes d'une nuit d'été, bref, une panoplie comme celle que tu pouvais dénicher au Grand Bazar en 1965.
Reut Regev en guest pour la litanie plaintive 'Terre Eve', adoptant un schéma presque 'normal'.
Une seconde et dernière plage avec la brillante Israélienne, 'Zaaien' ( donc nous sommes).
Qui sème le vent récolte la tempête, ce sera la composition la plus fougueuse d'un set pas banal!
Reut Regev.
Installée dans la Big Apple depuis une dizaine d'années, la tromboniste israélienne Reut Regev jouit d'une excellente réputation dans le milieu avant-garde, elle a été vue dans différentes formations dirigées par Anthony Braxton ou au sein de l'experimental Latin-jazz band Positive Catastrophe.
On a déniché deux albums, 'This is R*time' et 'Exploring The Vibe'.
Sur scène, un trio, Reut et sa mini-collection de trombones ( parfois amplifiés), le géant Jon Sass au tuba, et un petit rigolo, s'avérant être her husband, Igal le maillot jaune Foni aux drums, trois musiciens d'exception.
70' stupéfiantes d'un jazz décrit en ses termes par un critique aus Deutschland... Zwischen auch mal avantgardistisch angestrichenem Jazz, Blues-Rock und Funk pendelt die muskulös groovende Musik... on adhère, Werner!
Préambule, Reut:' nous sommes fatigués nous venons de Budapest, notre petite fille nous suit partout, Jon, lui était à Vienne', Igal embraye, c'est la raison pour laquelle on débute le show par une ballade.
Tu parles, Charles, ce 'Elephant steps' n'est pas de tout repos, du jazz agressif et original.
Drums, trombone et tuba c'est pas courant comme association!
It's our first time in Brussels, sorry, for my poor French, but my husband will do better than me, he is from Camembert land.
No, I'm half French, darling, personne n'est parfait, we're playing a traditional Belgian dance tune, non, pas la danse des canards, it is called 'Hula, hula', if you know the steps feel free to dance, there's enough place on the stage.
Un long soliloque scabreux du trombone avant l'entrée en piste de l'élément mâle, la longiligne et souple Reut se contorsionnant aux rythmes imprimés par son instrument.
Du swing moderne.
'Montenegro', Igal s'amuse à faire grincer ses ustensiles, en bruit de fond la sirène d'un paquebot sur le point de lever l'ancre, quelques crécelles carnaval à Podgorica, trombone en sourdine, le concerto démarre en douceur.
Frôlements, caresses sensuelles, les prémices amoureuses précédant le coït, Miss Regev décide d'amplifier la sacqueboute, c'est parti pour une danse klezmer fougueuse.
Le petit Igal s'avère être de la catégorie des drummers hyper doués, une sorte de Max Roach en miniature, pendant le solo de tuba du colosse il s'enfile une Jupiler cul sec avant de reprendre le thème avec ses complices.
Incroyable morceau!
'Madeleine forever' sera tout aussi tortueux, un duel tuba/trombonne, un numéro de saltimbanque du batteur qui abandonne son kit pour tabasser un bidon d'eau ( vide) de 20 litres qui traînait sur le podium.
Caca, j'ai perdu un stick, il s'en fout il utilise le flacon pour marteler ses caisses, dans la salle, les spectateurs, éberlués, applaudissent la performance à tout rompre.
Une compo de Jon, ' In Memoriam', une plainte interprétée in a mellow tone.
Reut: Brussels, ready for an expriment?
Yeah!
Pascal, Nicolas and Bart from Animus Anima on stage.
Euh, Reut, Nicolas est au bar, avec mademoiselle Leffe, je peux prendre sa place pleurniche Etienne.
OK, ket, t'as qu'à taper sur le bidon.
Merci, madame.
'Clean Dirt', une impro bluesy pas dégueulasse.
Un déluge sonore décoré de solides escapades free et un final en famille sonnant marche funèbre.
Impressionnante démonstration!
Demain on se dirige vers Salzburg , vous avez droit à une petite dernière, 'Swill', du hard jazz-rocking groove tonique.
Une ovation salue cette prestation hors du commun!