Lancement de saison au Toogenblik, tandis que le couple royal fait sa joyeuse et folklorique entrée dans le fief du plus royaliste des représentants de la NVA, l'ineffable Bart à la cravate décorée met gele leeuwen venus en gondole jusqu'à Antwerpen.
Une affiche de premier ordre: 'Chastity Brown' et un club bien garni!
21:10, pas question de déroger aux habitudes maison, Luc vient introduire l'artiste.
Dames en heren, chers concitoyens, chers touristes, please welcome Chastity Brown !
La native du Tennessee tourne en Europe depuis une vingtaine de jours, le matin même ( 5 AM) elle embarque sur un aéroplane en provenance du UK pour fouler le sol belge pour la première fois dans son existence de jeune trentenaire.
Dans ses bagages: une guitare, un harmonica, a stomp box, une brosse à dents, deux ou trois accessoires de cosmétique, un flacon de Scotch Whisky dédouané et un keyboard player vachement performant, deVon Gray ( il accompagne également le rapper Brother Ali).
La séduisante jeune personne, coiffure Angela Davis, compte nous interpréter les titres de son dernier album ( le quatrième), ' Back-Road Highways', tout en introduisant des plages plus anciennes dans son double set.
Solo, une longue pièce narrative, 'Only This' ( album 'High Noon Teeth') psalmodiée d'un timbre accrocheur ( cf. Tracy Chapman) imposant le silence, le ton est socialement engagé, l'arrière-plan folky, mais un folk du Sud, là où la population noire a trimé, souffert , en a bavé... l'héroïne de la sombre ballade quitte l'homme...he found a note with his name... il est sorti fumer une cigarette... tout en visualisant la scène tu retiens ton souffle.
Formidable entrée en matière.
Chastity invite deVon à la rejoindre, une remarque à Big Moustache Willy, more volume, please, elle s'empare d'un harmonica pour attaquer ' When we get there', un blues nonchalant.
Une nouvelle fois la smoky voice s'immisce insidieusement dans ton cortex, qui, va t'en savoir pourquoi, associe l'univers de Chastity aux personnages de romans de Toni Morrison.
Rien à faire, t'es sous le charme!
Je viens du Tennessee, je sais, pour vous le Tennessee c'est Jack Daniels, passons, la suivante, un blues à la fois rough et funky, narre l'histoire véridique de John, a man I met over there.
Travail admirable, tout en retenue de Devon, des backings en sourdine, un jeu d'orgue à la Garth Hudson du Band, quelques percussions discrètes, finger snaps, ce mec de l'ombre habille magnifiquement les compositions de la singer/songwriter.
J'ai déménagé, j'habite le Minnesota depuis plus de cinq ans, parfois j'ai la nostalgie de Union City, ma ville natale, où les gens se connaissent tous et chaque soir taillent une bavette sur le porche de leur bicoque, 'Slow Time' décrit cette atmosphère!
Oui, Nino?
On dirait le Sud!
Simple, languide, apaisant...cool, man!
Une reprise, Ben Harper, le profond 'Morning Yearning', suivi de l'agité 'Bound to happen' que je dédicace à toutes les mères dans l'assemblée.
L'autobiographie d'une enfant métissée raised in Tennessee.
On termine le set with a brand new song, il m'a fallu 7 mois pour l'achever ' Cross the Sunny'.
Pause et commentaires!
Un qualificatif revient: fort!
Cette jeune dame mixe éléments folk, soul, gospel, blues, jazz, roots music avec bonheur, vocalement ( a raw-edged blues timbre) et musicalement, hormis Tracy Chapman déjà citée, tu peux avancer les noms de Joan Armatrading, Nina Simone ( oui, oui...) et pour la nouvelle vague, l'anglaise Josephine, Toogenblik ne pouvait rêver mieux comme ouverture de saison.
Set 2
Reprise avec une plage soul/ blues passionnée à laquelle succède l'exquise valse plaintive aux teintes gospel 'Solely'.
Retour au blues avec le thème de l'abandon, 'I left home'.
Chastity chante les joies tranquilles, les peines de coeur, le désarroi, la rage, l'espoir ou le désespoir, la condition du peuple noir, tu la suis les yeux fermés pendant ce voyage au coeur de l'Amérique profonde.
'After You', pas de banjo comme sur l'album.
Elle nous prie de battre des mains et des pieds afin de transformer le soultrack en joyeuse mélodie au rythme soutenu.
'Back-Road Highways' a donné le titre du dernier CD, mais s'entend sur le précédent,'High Noon Teeth'.
Un mec de chez Obama, en quelques mots, résume tout ce qu'il faut savoir de Chastity Brown: "She is past, present and future. She is fire, earth, air and water. ", 'Black-Road Highways' illustre parfaitement les propos de ce monsieur.
' Leroy'
Tout une histoire, je ne connais aucun Leroy, pas même le bad, bad Leroy Brown ( Jim Croce), aucun lien de parenté, à Nashville on a enregistré le titre en une seule prise.
D'où me vient ce nom, j'ai beau me creuser les méninges, I don't know...
Anyway, le titre est limpide et superbe.
La dernière, Haren, merci pour votre écoute attentive et votre présence, je sais que la star mondiale, Stromae, se produisait à moins de 10 kilomètres d'ici, encore merci, voici: 'Lift us'!
Joli boulot de la chorale de Toogenblik!
Une tirade inspirée de Luc et retour de la belle et chaste enfant et de son organiste!
Triple bis:
Une ballade piano/voix, avec accompagnement discret de la guitare en fin de parcours.
Sans setlist, pas moyen de plaquer un titre sur cette perle, ni sur le titre suivant entamé par show me, show me... d'ailleurs, la fête prend fin avec le choo choo blues agité, 'By the train' .
Un grand concert, une grande dame!