Un fermier danois avait douze garçons, tous costauds et virils, sauf le petit dernier, Esben, le malingre...
Tu veux la suite: la sorcière, les onze filles de la vilaine, les exploits du minus...tu te procures The Pink Fairy Book d'Andrew Lang!
Avant Esben and the Witch, la Rotonde accueille Thought Forms, trio de Wiltshire, se mouvant dans un univers shoegaze/postrock profondément teinté de psychédélisme et d'esprit shaman.
Charlie Romijn, la druidesse, ( (guitars / vocals) , Deej Dhariwal (guitars / vocals) and Guy Metcalfe, le drummer survitaminé, viennent de sortir ' Ghost Mountain' chez Invada Records, le label de Geoff Barrow (Portishead).
20:15', dans une pénombre rougeâtre, Thought Forms se ramènent, Deej, accroupi, tripote une de ses 26 effect pedals, un grondement inquiétant secoue le théâtre, atmosphère les possédées de Loudun, le barbu psalmodie une mélopée monocorde, ' Fire, burn me clean' , à ne pas chanter à ton mouflet avant l'heure du dodo.
Drones effrayants, Charlie sort une flûte charmeur de crotales de son Bottega Veneta noir, puis, à son tour, elle récite le psaume, pendant que Guy entame un drumming lancinant pompé sur le Bolero de Ravel.
La litanie enivrante vire space rock à la Hawkwind, pendant quinze minutes elle tiendra Bruxelles en haleine. A tes côtés, une nana lévite à 20 cm du sol, Vincent M a failli piqué sa cervoise.
JP, envoûté, en oublie d'actionner son Nikon.
Impressionnante entrée en matière.
Sans pause, ' Ghost mountain, you and me', deux guitares aux riffs répétitifs, screeching feedback loops, heavy drones...ça plane pour moi.
Virage noise à la Sonic Youth croisant My Bloody Valentine, ' Sans Soleil', de méchants larsens, un chant obscur alterné , un jeu de batterie exalté, la plage, telle un rouleau compresseur non dirigé, écrase tout sur son passage.
Place à l'accidenté, ' Only Hollow' aux lyrics inaudibles car voix frelatées et drumming sauvage.
Les quarante minutes seront achevées par ' Song for Junko', un flux et reflux de guitares sur fond percussif speedé,un crescendo graduel pour arriver au climax Hitchcockien.
Thought Forms, un band pas banal !
Esben and the Witch
formed in Brighton in 2008!
Rachel Davies ( lead vocals, bass, guitar) /Daniel Copeman ( keyboards, programming, percussion) /Thomas Fisher ( guitar) sont les auteurs de deux alternative full cd's : Violet Cries (2011) et Wash The Sins Not Only The Face (2013) aux tonalités postrock/ gothic indie flirtant avec la darkwave, au niveau influences, on se risque à citer Siouxsie et Dead Can Dance.
La Rotonde est honnêtement garnie lorsque le trio pointe le bout de leurs combat shoes ou chaussettes noires pour Thomas.
Le dreamy ' Iceland Spar' ouvre, comme il ouvre le dernier CD.
Voix d'outre-tombe, guitares shoegaze , poésie spectrale, cette plage concise nous donne le ton, pas question de rock gras ou de gaudriole, l'heure est à l'introspection!
Fondu enchaîné sur 'Slow Wave' , jamais titre n'aura été aussi explicite, creepy shoegaze , une marine romantique de Joseph Mallord William Turner.
Les drums amorcent ' Marching Song', un titre héroïque du premier album, dans lequel les relents Siouxsie and the Banshees sont évidents, les critiques moins ridés mentionneront Zola Jesus.
' Lucia, at the precipice' , tempo lent , voix cadavérique, tension extrême sur fond bourdonnant, Lucia va faire le plongeon,tu le sens, Ladbrokes prend les paris à 3 contre 1.
Des préliminaires lourds, puis un signe à Daniel, vas-y .. ' When that head splits' aux guitares tranchantes et vocaux hachés , l'atmosphère devient étouffante, l'étau se resserre.
On navigue en pleine tragédie Eschylienne: ' Eumenides' , gloomy est faible pour qualifier ce chant effervescent et fiévreux, soudain, par l'introduction de beats appuyés, la plage change de direction pour s'agiter fébrilement... sale temps pour les déesses grecques!
Un post-punk industriel ' Despair' précède le faussement sylvestre mais éthéré ' Yellow Wood'.
The xx , entends-tu dans ton dos... on adhère pour ce dernier titre.
Le seul reproche qu'on peut formuler au set de ce soir est le côté statique de la performance.
Plastiquement, le produit est parfait, mais esthétisme excessif rime souvent avec froideur et détachement du réel.
Le macabre ' Deathwaltz' termine ce concert de 50/55'.
Un double rappel qui rachète en grande partie l'impression de mou ressentie en fin de set:
' The fall of Glorieta Mountain', une superbe ballade médiévale suivie de l'agressif et grandiloquent postrock ' Smashed to pieces'.
Tu viens avec nous au Central, la grande Catherine nous attend!
Si tu sais que 'nous' c'est Yves Hoegaerden et Vincent M et qu'à St-Géry, tu risques de tomber sur d'autres dangereux boit-sans-soif, tu déclines poliment en prétextant que tu dois aller te laver de tous tes péchés du côté du Jourdain.