Jazz Ô Jardin - Singing In The Rennes- Château de Pommorio, Tréveneuc, le 3 mai 2024
michel
Après une série de hors-d'oeuvre, plus appétissants les uns que les autres, les choses sérieuses, programmées par Jazz ô Château, débutent en ce vendredi 3 mai.
Météo capricieuse!
Après une averse brusque et une danse bien frappée des cirrus spissatus , le soleil est revenu dans les jardins du magnifique Château de Pommorio qui accueille Singing in the Rennes ( sans Gene Kelly ou Debbie Reynolds, car il s'agit d'une pointe d'humour bretillien), avec une petite vingtaine de minutes de retard sur le programme annoncé.
En avril 2022, le trio était passé dans des conditions pas vraiment idéales aux Barriques sur Pattes ( cf chronique) , ce soir les conjonctures leur seront favorables.
Les acteurs se nomment toujours Jean-Baptiste Rannou, saxophone, Léo Debroise, contrebasse et Rafael Tintaya, guitare sèche et chant, leur jazz soyeux incarne la combinaison idéale pour profiter du soleil, du vin frais, du homard à la mode Sharif, des coquilles ou des huitres et se laisser bercer aux sonorités de standards jazz , de chansons françaises de qualité ou de canciónes en provenance d'España ,sans transiter par le Maroc, comme les crevettes de la mer du Nord.
Après une courte allocution de la présidente de l'association, indiquant que le concert du soir affiche complet, Singing in the Rennes démarre son aubade avec la magnifique chanson de Claude Nougaro, 'Cécile, ma fille'.
Nougaro, le jazz, il connaît, la java aussi, tu rétorqueras , la version des Rennais respecte l'original même si l'orgue est remplacé par le sax suave de Jean- Baptiste , un copain de Daniel Lanois.
Douceur et tendresse au menu, donc, il n'en faut pas plus pour t'emmener au paradis, c'est justement cette direction qu'ils ont décidé de suivre avec la suivante, 'Cheek to Cheek'.
Un instant de panique, madame avance ' On danse', t'as décliné l'offre, tu n'avais bu qu'une mousse.
Après un démarrage in a mellow tone, le morceau vire swing, une voisine, sous le charme, s'essaye aux fingersnaps.
C'est le saxophone qui introduit une version chantée de 'Take Five' , suivie par le chaloupé 'Porque te vas' de Jeanette.
'Dinette' de Django Reinhardt est chantonné en sourdine, il se fond dans 'Petite fleur' .
Trop tard pour le muguet, Sidney!
Il paraît que 'It don't mean a thing ( if it ain't got that swing) composé par Duke Ellington lui a été inspiré par une remarque sempiternellement répétée par son trompettiste Bubber Miley.
On a voulu appelé Bubber sur son portable pour lui dire qu'ici le swing était bien présent, une voix nous a annoncé " ce numéro n'est plus attribué".
Alain Souchon, 'La vie ne vaut rien' servi dans une pochette jazz, c'est esthétique.
Le premier set prend fin avec 'How deep is the ocean' composé par Irving Berlin en 1932.
Pause boisson et second acte.
Il débute par un doublé Georges Brassens: ' Je me suis fait tout petit' / et le canaille ' L'orage'.
Le bluesy ' After you've gone' de Turner Layton et Henry Creamer a été repris par tout ce que le jazz connaît comme gens influents, la version proposée par Singing in the Rennes tenait le haut du pavé.
Rafael décide de terminer la prestation par une trilogie hispanique, en commençant par le boléro ' Dos gardenias', suivi par le profond ' Me quedo contigo' et s'achever sur une rumba arabo andalouse mouvementée, à rapprocher de l'univers des Gipsy Kings.
Après ce set varié et coloré, un bis s'impose!
Ce sera ' Jardin d'hiver', un dernier tube pour Henri Salvador, qui, comme un souffle léger faisant frissonner les robes à fleur et les cheveux bouclés, a ravi une assistance éblouie.