Festival Art Rock 2024 - Global Network et Lou Doillon - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024
michel
Troisième journée à Art Rock, merci les astres: pas de pluie!
Le dimanche, c'est la journée Etienne Daho, les programmateurs lui ont refilé une carte vierge , tiens Etienne, on te confie la programmation de la journée: scène A, scène B , le forum, le village, les expositions, le cinéma, tu te charges de tout!
Le don d'ubiquité, c'est magnifique, c'est une faculté qui nous échappe, on doit se contenter du menu de la Grande Scène, donc, on a opté pour Global Network, Lou Doillon, Etienne Daho ( immanquable) et Eddy de Pretto.
Part one: Global Network et Lou Doillon.
Jouer au correspondant, c'est bien beau, mais c'est aussi très fatigant, sur les 24 heures que comptent une journée, tu en passes une et demie dans ta voiture, 9 sur le site, 6 à dormir, et il faut se sustenter, veiller à son hygiène corporelle... le temps qui reste sert à trier les médiocres clichés, tirés avec ton petit auto-focus, à te renseigner sur les artistes vus et enfin, à narrer, piètrement, ce que tu as ressenti .
Pourquoi tu nous déballes ta vie ridicule... telle est ta réaction!
C'est simple, t'avais prévu de survoler en vitesse le concert de Global Network, sans t'appesantir!
Chez Global Network, nous sommes là pour répondre à vos besoins en matière de téléphonie.. Désolé, faux numéro, Global Network, ce sont Loris Sasso ( chant, synthé) et Nils Peschanski ( un fatras de machines).
La disco: un mini - album, ' Peaks', en 2021, un EP ' Cool Moments' et une flopée de singles.
Les deux casquettes, très sympas au demeurant, débutent leur set par 'Circles' un single récent qui tourne en boucle sur radio Circonférence. C'est doux, gracieux, léger, on opte pour la double étiquette dream pop/ synth pop , la voix de Loris séduit, la mélodie est aérienne, bref c 'est digeste.
'Waterfall' suit la même voie, imagine, une gentille cascade, nettement moins vertigineuse que les chutes du Niagara.
Ils enchaînent sur un morceau écrit au début de leur collaboration ( The flow), pour rythmer la mélodie, ils ont introduit une séquence de claps et quelques sonorités caoutchouteuses, sinon 'The Flow' sonne comme un gospel chanté par George Michael.
' Looking at the ceiling' s'entend sur Tik Tok, il est suivi par deux morceaux en gestation,' Out of limbo' ( une version yaourt, d'après Loris) et 'Trance 99 ( titre provisoire), d'influence techno du début du siècle.
Un morceau idéal pour Tomorrowland.
'Black Roses' termine ce set distrayant.
Lou Doillon
Fille de.. et de .. et donc demi-soeur de..: la belle Lou cumule les activités: chanteuse, comédienne, mannequin, dessinatrice , ça faisait un bail qu'elle n'avait plus mis les pieds sur une scène de concert, il a fallu l'insistance polie d' Etienne Daho pour la convaincre de se produire à Art Rock ( quelle aubaine).
OK, Etienne, je viendrai mais je tiens à interpréter l'album 'Places' dans son entièreté, en respectant l'ordre chronologique, et avec les musiciens originaux.
Désirs approuvés, ce sont donc François Poggio (guitare), Marcello Giuliani ( basse), Alexis Anérilles ( keys) et Philippe Entressangle ( batterie) qui se retrouvent sur le podium ( tous des gens hautement recommandables) .
Pour l'occasion Etienne Daho a prêté son quatuor à cordes à celle qui doit son prénom à Lou Andreas-Salomé, on a prévu des chaises pour Raphaël Coqblin, Rafaël Cumont-Vioque, Julien Gaben et Marco Theves.
De sa voix grave, rocailleuse mais précise, Lou attaque 'I.C.U.'= I see you , une valse à la Leonard Cohen.
L'orchestration enivrante et le phrasé, distingué et mélancolique, parlent à ton âme, c'est tellement beau que t'as failli verser une larme.
La ballade 'Devil or angel' aux effluves Chan Marshall, sent bon l'Americana.
Quelques riffs bien secs amorcent 'One day after another' , un titre idéal comme bande son pour un movie de David Lynch.
C'est le piano, sautillant, d'Alexis qui ouvre ' Defiant'... t'étais fort t'avais besoin de personne, désormais tu es fragile ... but now no moon, no stars will show me the way...
Les stars peuvent souffrir d'un coeur blessé ( merci Petula), 'Same old game, ' où la voix de Lou se rapproche de celle de Dani Klein( Vaya Con Dios), développe tout ça dans le détail.
Et pour ajouter un poids de mélancolie supplémentaire au propos, François nous assène des effets vibrato geignants.
'Jealousy', avec ses cordes grandioses, le piano souple, le solo de guitare et la voix implorante, légèrement voilée, bouleverse.
'Make a sound' était la préférée de Jane, confie Lou. François a troqué l'électricité pour une acoustique, ce qui donne un arrière-plan country à cet uptempo, qui voit la chanteuse tournoyer avec grâce sur le podium.
Dans' Hushaby' il y a hush et lullaby, ne t'attends donc pas à un déluge de décibels, le piano prend d'ailleurs des allures de clavecin, Lou murmure le texte.
Le titre le plus musclé de l'album se nomme ' Questions and answers', ce soir le rendu fut tout simplement fabuleux, des images de Patti Smith sont venues bousculer ton cerveau.
En mode parlando, la ballade ' Places' gravit insensiblement la côte. Il est lent le chemin vers le climax, mais tu sais que l'explosion sera terrible!
On avait dit Patti Smith, on confirme.
' Real smart' est le morceau qui clôture l'album, dominé par le piano , le titre, profond, nous montre une artiste écorchée , avouant ... I hold the two hands of my own tragedy....
Une grande claque que ce concert et comme il lui reste quelques minutes pour arriver au terme du voyage, Lou saisit la guitare acoustique et en solitaire ( accompagnée par la ville de Saint-Brieuc, transformée en trompette à 10 000 embouts) propose un titre où elle affirme ... I could be a hunter not a prey.., avant le retour de l'équipe, sans les cordes, pour une dernière tirade hyper dansante. ( sorry, titres non décryptés).
Elle nous salue et s'en va, un large sourire illuminant son séduisant visage!