mercredi 22 mai 2024

Festival Art Rock 2024 - Etienne Daho + Eddy de Pretto - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 - Etienne Daho + Eddy de Pretto - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024

michel

 

Dimanche 19 mai - Festival Art Rock - part 2 :  Etienne Daho + Eddy de Pretto 

Des préparatifs minutieux précèdent l'entrée en piste de celui que tout le monde attendait, le dandy de souche rennaise: Etienne Daho.

Une scénographie époustouflante,  des néons multicolores, des animations en 3 D, un motion graphic design à couper le souffle, le Etienne Daho show 2024 n'a rien à envier aux grosses productions américaines, on n'est plus à Saint-Brieuc mais à Las Vegas.

Une musique symphonique s'entend alors que la scène, jusqu'ici incolore, s'embrase de teintes rouges carmin, les musiciens traversent un nuage de brume, on reconnaît le quatuor à cordes qui avait accompagné Lou Doillon ( Raphaël Coqblin, Rafaël Cumont-Vioque, Julien Gaben et Marco Theves) , Jean-Louis Piérot ( ex Valentins) au piano , François Poggio à la guitare, il ne chôme pas ce soir , Colin Russeil à la batterie et  Marcello Giuliani à la basse ( pas un chômeur, non plus).

Etienne,  blouson  de cuir noir et pantalon tout aussi sombre  ( il n'a jamais manqué de style), se tient droit au fond de scène,  puis la voix jaillit, 'L'invitation' résonne, les images pulsent autant que la musique.

Le public, déjà exalté, ponctue ce premier titre d'un tonnerre d'applaudissements.

Il est en forme, te glisse la  dame à tes côtés.

Après la présentation de l'équipe, c'est ' Le grand sommeil' qui sort du jukebox, l'ambiance est encore montée d'un cran.

Il s'adresse à la foule pour dédier le concert de ce soir à son complice Frank Darcel, parti rejoindre les anges il y a deux mois, ' Sortir ce soir' ,  signé Daho/Darcel , est repris par toute la Bretagne.

Une Bretagne qui a inspiré ' Le phare', un extrait du dernier album 'Tirer la nuit sur les étoiles', les choeurs féminins pré-enregistrés  semblent émerger des embruns, c'est beau!

C'est le moment de se souvenir de tous ceux qui l'ont aidé au début de sa carrière: Elli et Jacno, Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Françoise Hardy , Jacques Dutronc et ... Dani, 'Comme un boomertang' est donc un choix logique.

Daho est comme Bowie, un caméléon, 'Virus X' et ses gros beats techno,  le montre  sous un  angle électro  scintillant.

Avec ' Réévolution' il imagine réécrire l'histoire, le lightshow en 3 dimensions nous conduit vers un monde futuriste où il faut lever le poing.

Flashback,  il y a longtemps, David Munday me refile une cassette ( oui, à l'époque, comme tout le monde  j'avais un walkman), et me dit, écoute cette musique, en une nuit j'y ai collé des paroles, c'est devenu 'Des heures hindoues' .

Judy Garland a versé une larme en entendant la phrase ' Over the rainbow'.

Après ce moment crooning vient la version disco kitsch  de 'Mon manège à moi'.

La folie est  contagieuse sur la place!

Les tubes vont se succéder, 'Saudade'  débute la salve, suivi par 'L'homme qui marche' qui nous amène à Rome, 'Duel au soleil' extrait de 'Pop Satori', et 'En surface' rythmé par nos battements de mains, suivi par  l'immense ' Tombé pour la France'.

Tu avais oublié le nombre incroyable de hits pondus par Etienne Daho,.

Il faut au moins trois albums  pour inclure toutes les chansons au  catalogue Best Of.

Le concis ' Quatre hivers' sert d'amorce pour  ' Bleu comme toi'   qui déclenche des cris d'hystérie, entendus jusqu'à Rennes.

Après le calme 'Le premier jour du reste de ta vie'  vient la préférée de Romane, ' Week-end à Rome', Vanessa Paradis, en trois dimensions, évolue avec grâce  sur l'écran géant.

Rien à dire, la mise en scène est magique.

Et ce n'est pas fini, un dernier tourbillon va nous secouer, 'Epaule tattoo',   pendant lequel quatre canons inondent le public de milliers de confetti.

Une ovation monumentale ponctue cette prestation phénoménale.

Etiene Daho ravi et ému  nous accorde, chose étrange,  ' Ouverture' en rappel, avant de prendre définitivement congé.

Les dandys ne vieillissent pas, Etienne Daho en est le parfait exemple.


Eddy de Pretto.

Démonter l'outillage scénique d'Etienne Daho demande du temps, assembler celui d'Eddy de Pretto aussi.

Résultat, un retard de 20' sur l'horaire prévu.

Préambule:  assister à un spectacle du jeune homme de Créteil, ce n'est pas être témoin d'un concert, le show d'Eddy s'apparente plus à une représentation théâtrale, bourrée d'artifices,  qu'à une attraction musicale.

23:35', cela s'active sur le podium, sur lequel trône une structure métallique, par contre tu ne distingues aucune trace d'instruments.

Une voix claire  émerge d'un vacarme assourdissant ...Sur les tempes qui se grisent et les corps qui se gainent, nos larmes qui scintillent saillantes tel un glaive... , ' Crash <3' ouvre les hostilités.

Le tout jeune trentenaire , fringué de  son marcel blanc et d'un jeans large, ( il doit aimer Charlie Chaplin) se promène de long en large sur la passerelle  en débitant son propos, sur l'écran une équipe de musiciens pixellisés  percent la fumée et accompagnent le chant du rouquin.

Le truc est synchronisé au millimètre près.

Toujours sur le dernier album ' R+V'  déboule, il est suivi par le lent  ' Parfaitement '  où il discrédite la vie de famille idéale. 

Il prend la pose,  se couche sur l'estrade  puis d'un petit saut souple rejoint le plancher des humains ' normaux' ,  et entame 'Papa sucre' par un... la la la ...moqueur.

Y -a -t-il des sugar daddies dans l'assistance, questionne-t-il , narquois.

Comme Marlène Schiappa, il s'en prend à une certaine  publicité pouvant inciter à la prostitution.

On lui apporte une chaise, un drone tournoie au dessus sa tête, il entame 'Personne pour l'hiver' évoquant la solitude et le manque d'amour.

Grésillements et craquements sinistres viennent strier la piano ballad.

Une belle chanson.

Pas d'Yseut pour chanter  le touchant ' Pause' avec lui .

Sur un fond techno ' Etre bienn' résume sa philosophie de vie avec,  en passant,  un clin d'oeil espiègle à Jacques Dutronc et à ses Chinois.

Si tu  cites le nom d'Eddy de Pretto au café du commerce, tu entendras ah oui celui qui chante  'Love'n tendresse' et ' Kid'.

C'est ce dernier titre qui a engendré des cris d'enthousiasme sur la place.

Logique, cette chanson  est imparable, il n'y a que les machos  adeptes d'un  phallisme archaïque pour huer le texte.

Il est remonté sur l'estrade, sort un briquet, des flammes embrasent l'écran, pour entamer  'Quartier des lunes', suivi par 'Grave',  dans lequel il raconte son histoire personnelle,  lors d'une séquence indiscrétions,  ressemblant à une séance chez le psy.

Encore une composition émouvante.

'Urgences 911' à prononcer nine one one, frappe là où ça fait mal et c'est avec une version allongée de ' Love & tendresse' que le générique de fin se lit sur l'écran.

Eddy de Pretto,  c'est une langue  singulière, tantôt crue et  réaliste,  tantôt poétique et tendre!

Inclassable, lit-on partout, c'est incontestable, et pourtant ce show te laisse une impression mitigée, le côté karaoké  du rendu, sauvé par la mise en scène sophistiquée,   peut crisper !