vendredi 10 mai 2024

Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024

 Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic Blues Festival, le 9 mai 2024 

michel

Edition 16 du Trieux Tonic Blues Festival, du 9 au 11 mai, Lézardrieux et les communes proches, vivent à l'heure du blues.  Des concerts gratuits dans les bars et le jeudi, salle Georges Brassens , de gros noms le vendredi et le samedi, avec, e a , Elliott Murphy et Boney Fields,  pas de quoi broyer du noir!

15:10, en voiture, direction La Cambuse à Kermouster, un endroit idyllique avec vue sur l'embouchure du Trieux et sur  l'île de Bréhat. 

Après quelques démêlés juridiques, le bar-épicerie  revit et attend le duo Alex Mirey & Little Chris sur sa terrasse.

Les amateurs de blues de la presqu'île de Lézardrieux et de bien plus loin, on a vu un gars de Bled ( Slovénie) et un autre, très sobre, venant de Bourré (Loir-et - Cher), sont venus en nombre et comme tous les sièges avaient été rapidement pris d'assaut, ils étaient des dizaines à suivre le concert depuis la rue ou depuis la prairie,  avec vue sur les flots bleus ( ce n'est pas un camping!).

Little Chris ne mesure pas un mètre 90, il arbore une casquette de prolétaire et manie la six cordes avec dextérité,  son copain, le Normand Alex Mirey, assis à 50 cm de lui,  a droit à deux guitares , on a admiré une Ibanez flamboyante.  Il s'est fait piquer ses santiags par un copain de Renaud  et c'est donc pieds nus qu'il frappe du talon sur une planche en bois, sous laquelle se cache un système d'amplification rudimentaire,  les orteils  s'activant sur un pédalier basse, histoire de rythmer leur blues.

Tu veux davantage de détails biographiques, tu relis la chronique de Pascal qui les a croisés à Art Bist'Rock en 2022.

Un seul enregistrement officiel, l'EP ' Toad' de 2019, un vinyle introuvable a été gravé lors d'une prestation au Brin d'zinc à Bernay.

Pas de setlist en vue, mais un cahier  contenant une centaine de feuillets, reprenant les compositions du duo et une ou deux reprises, si tu veux des titres, tu prends contact avec Alex.

L'instrumental  ( très Tony Joe White), utilisé comme soundcheck  laisse d'emblée  entrevoir de belles perspectives  et avant d'entamer l'exercice, Alex décide de dédier le concert à Denis Cook, le leader de Blues Power, décédé il y a quelques jours.

Un premier titre ( ? Slow Down?)  joué laidback, à la JJ Cale,  est lâché, la voix est rêche, les riffs des guitares  sont bruts et énergiques.

Le midtempo ' Pull those strings' nous conforte dans le sentiment d'avoir face à nous des gens qui connaissent leur job et le pratique avec enthousiasme.

Little Chris régale l'assistance d'un solo lyrique en mode Gary Moore,  tu te mets à tracer un parallèle avec le blues pratiqué du côté de Gand par Guy Verlinde , un gars appréciant les chemins poussiéreux et les moustiques sévissant dans le Delta de l'Escaut.

'You used to' adopte un rythme plus soutenu, la rhythm guitare bien   sèche faisant écho à une lead fluide.

D'une voix granuleuse, Alex amorce ' Are you lost'  , suivi par 'Bodily Comfort'  qui n'est pas une pub pour l'Oréal, mais un blues rugueux et fébrile aux relents Bo Diddley.

La wah wah rugit jusqu'au coup de frein intempestif  qui termine la plage.

Alex ramasse  l'Ibanez , passe un cylindre autour de l'annulaire, c'est parti pour un long instrumental qui se fond dans un morceau lent  nous invitant .... to get ready for the future.

Comme le futur est derrière toi,  t'as décidé d'avaler une Britt.

Je caille, clame Chris, alors que  la t° au soleil dépasse les 20°, j'enfile un sweat.

Son copain balance quelques accords sonnerie de  grelots, la casquette nous concocte un nouveau solo lumineux...one of these days I will go away... grogne la voix, les pieds battent le bois avec fureur,  la wah wah résonne jusque dans l'Essonne. 

Encore une pièce bien torchée.

Après un country blues,  accompagné aux fingersnaps par Josselin,  qui a réussi à gêner un couple de mouches en train de copuler, Alex annonce ' Dead man walking' ( sur l'EP le titre, au tempo soutenu,  sonne 'Walking Man') .

Sean Penn a adoré le morceau , le gars se dirigeant vers la chaise électrique un peu moins.

'Hitchhiker ' , quand il pleut, c'est la galère, aujourd'hui ça va, mais comme il passe une vieille Ford toutes les cinq heures sur cette route perdue, on lui souhaite bonne chance.

Feuille 18,  intro en arpèges mélodieux,  suivie d'une séquence agressive, puis retour au calme  pour placer un solo à la Peter Green,  qui joue pour les anges, là-haut in the sky.

'Shy man' , ' Countryside' , puis un histoire de poulets se succèdent.

Un conseil, make your own mind... la compo jouée à l'arraché vient secouer une brave dame assoupie sous le soleil.

L'heure du  blanc ( oublie le Muscadet) , tuning oblige, Médor, un caniche mélomane,  étonné de ne plus entendre les guitares, précède, en aboyant,  l'intro ciselée de Chris, à l'arrière un bruit incongru retentit,  la chaise de Fabienne a rendu l'âme, la malheureuse s'étale sur le pavé, coup de bol, sa bière est intacte.

On la ramasse  et le duo  entame un slow  blues tout en arabesques et broderies délicates.

Un coup d'oeil à Swatch, incroyable, ça fait 2 heures qu'ils jouent, le premier  concert  à la salle Georges Brassens doit débuter dans moins de trente minutes, allez, sans attendre une dernière ' Don't start' ,  un  titre bizarre car le concert tonique, donné par deux  gars inspirés,  généreux et talentueux,  se termine.