jeudi 30 mai 2024

Emilie & the Movers à l'Archiduc lors du Lotto Brussels Jazz Week - End, le 26 mai 2024

 Emilie & the Movers à l'Archiduc lors du Lotto Brussels Jazz Week - End, le 26 mai 2024 

michel

 L'orage a fait tomber sur nous toute la pluie du ciel... du coup plus question de camper place de la Bourse, t'essayes le Viage où doit se produire Along Comes Mary, shit, pas sur la  liste d'inscription.

Direction l'Archiduc qui, en principe, devait accueillie Glashelder , sur place une affichette: à 17h: Emilie & the Movers.

Comme d'habitude, le club branché est archi-bondé, il refuse du monde, t'as réussi à te coincer face au piano, sur la porte t'avais lu la composition du combo: Emilie Mover, guitare acoustique, vocals/  Jan Hautekiet, piano/  Bart Buls, guitar & bass/ John Snauwaert, sax, flute.... tous des pointures, une très bonne raison pour assister à ce show.

16:55', aucune trace de Bart Buls, on ne parlera pas de 1/4h syndical, nous sommes à l'Archiduc, qui n'est pas un repaire de prolétaires, on mentionne donc les 20' académiques, avant la mise en route de la machine.

Un mot à propos d'Emilie ( oui, elle est jolie), il s'agit de la fille  de Bob Mover, un monsieur ayant collaboré, e a,  avec Chet Baker et un habitué des clubs de jazz belges.

La singer-songwriter de Toronto a enregistré plusieurs albums, un des  derniers ' Night Owl'  date de 2018, elle tourne en Belgique depuis le mois de mars, ce qui explique la présence des mercenaires Hautekiet et Snauwaert.

'Decade Blues' ouvre l'album ' Night Owl' , d'une voix claire Emilie, qui s'accompagne à l'acoustique, murmure son blues, alors que John et Jan ( Hallo, Hautekiet) , habillent la belle mélodie folk  de sonorités feutrées 

La ballade 'Fishes' dégage une impression de mélancolie,  logique quand tu t'es fait larguer, elle enchaîne sur ' Where or When' un titre de Richard Rodgers et  Lorenz Hart, chanté par Peggy Lee.  'Emilie l'a repris  sur le recueil de 2013 ' Emilie Mover sings Peggy Lee'.

 Peggy Lee comme Billie Holliday ont été sources d'inspiration pour la fille de Bob Mover, sa version de ' Where or When', d'une douceur extrême,  a ému tous les clients du bar  avant de les entendre applaudir pendant de longues minutes.

Quelle classe, souffle Louise à l'oreille de son compagnon.

Retour vers 'Night Owl' avec  ' Walkin through' , un soft jazz utilisé par Bose  et Amazon pour un Alexa commercial. Parfois,  les pubs ont bon goût!

Braves gens, vous avez l'air d'avoir le sens du rythme, can you help me by clapping your hands on the next tune, like this, please... tac, tac...tac, tac, tac... , c'est parti pour 'Time in my mind' un morceau sémillant et rythmé, aux agréables  senteurs New-Orleans.

A la maison on écoutait du bebop ( because of our dad), après j'ai découvert Jimi Hendrix et Led Zeppelin, plus tard j'ai craqué pour Townes Van Zandt.

C'est par quelques notes de flûte que John Snauwaert introduit 'Nothin', un titre traitant de solitude, de désespoir , de chagrin.. chanté sur un ton morne, proche des chansons que Springsteen a gravées sur 'Nebraska'.

That was a serious downer, no, but I can't resist downers!

It was a great song, Emilie!

'Purpose', un morceau non retrouvé dans sa discographie, succède au country folk désespéré de Townes Van Zandt et c'est avec une nouvelle cover que s'achève la première partie du concert, 'Chove Chuva',  de Jorge Ben, nous convie sur une plage ensoleillée, du côté de Rio.

Quel bol, la bossa nova a réussi à éloigner la pluie. 

Comme tu étais attendu avant 18:30', et que, même si tu avais une fusée à ta disposition, tu arriverais en retard, tu quittes à regret l'Archiduc et autres aristocrates  pour rejoindre le 66 qui doit te ramener du côté de la commune où les Boeings empêchent les honnêtes  citoyens de dormir au calme.



 

 



mercredi 29 mai 2024

BRUSSELS JAZZ WEEK-END - Amrita Khan, Place de la Bourse, Brussels, May 26th 2024

 BRUSSELS JAZZ WEEK-END - Amrita Khan, Place de la Bourse, Brussels, May 26th 2024 

michel.

Dimanche, on retourne affronter Bruxelles, ses chantiers, ses embouteillages, ses dépôts de déchets, ses fusillades liées au trafic de drogue, mais aussi , heureusement, ses activités culturelles multiples.

Pour ce dernier jour de l'ex- Jazz Marathon, ton plan prévoyait trois concerts place de la Bourse, un programme curated by de Vaartkapoen.

Hélas, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi.. mauvaise réplique, essaye,  hélas, la météo a perturbé ce projet tentant.

Et pourtant , non Charles, pas ..je n'aime que toi... et pourtant, à 15h, un beau soleil baignait le centre ville.

15:15: Amrita Khan!

Amrita, 27 ans, grande, jolie,  une chanteuse bruxelloise d'origine russo-pakistanaise, évolue dans un univers neo soul, en citant Erykah Badu ou Mahalia comme influences.  

Elle a sorti un EP 5-titres, The Art of Falling, il y quelques semaines.

Pour l'accompagner face à la Bourse, elle a fait appel à Joshua Ongenae à la batterie, à Samuel van Binsbergen  (Weggevoerd) à la basse , Clément Kasili est annoncé à la guitare et Kenza De Nolf au sax et à la flûte.

Les musiciens sont au poste, quelques accords souples à la guitare lancent le concert, une voix soyeuse émane des coulisses, vêtue d'un ensemble en tricot, vert olive, Amrita paraît, suscitant quelques wouahs admiratifs dans le public.

'Start over' est le style de truc qui flatte les oreilles et adoucit les tempéraments les plus fougueux.

Erykah Badu, c'est une évidence, mais aussi India Arie  et, pourquoi pas,  Alicia Keys.

Elégance et sensualité à fleur de peau, comment ne pas succomber?   

'Theonlywayisthrough' , a slower track confirme le bien-fondé de l'analyse initiale, le sax, languissant,  évoque certains titres de George Michael, les effets de  voix, nuancés,  t'emmènent dans un pays peuplé de  fées  et d'autres créatures divines.

Place au groove, dit-elle avant d'amorcer 'Lovin' you', aussi beau que du Minnie Ripperton.

Avant de se lancer dans la composition, Amrita se tapait des reprises en s'accompagnant à la guitare, une des premières chansons à son répertoire était 'Session32 ' de Summer Walker, une breakup song tellement déchirante qu'un gars de la sécu a versé quelques larmes.

Kenza a troqué le sax contre une flûte pour ' Something real', une plage qui chaloupe généreusement.

Les musiciens, très concentrés, font le job, mais c'est la chanteuse qui attire l'attention.

'The process' is a letter I wrote for all emerging artists, des kilos de reveb sur la voix donnent un caractère mystérieux à la chanson.

Le set de 30' s'achève par le midtempo 'Lesson learned'  décoré d'un solo limpide à la guitare.

Amrita, c'est de la graine de star,  on ne peut  déjà plus la  considérer comme un talent en devenir, elle a dépassé ce stade.

Les dernières notes viennent  de s'évaporer lorsqu' un vilain crachin fait son apparition,  très vite la bruine se transforme en orage furieux, la place se vide, nous sommes des dizaines à trouver un abri dans le Mac Do du coin.

15 minutes défilent, les nuages déversent  des  trombes d'eau, ça la fout mal pour la suite du programme, il s'agit d'improviser!  


 


mardi 28 mai 2024

BRUSSELS JAZZ WEEK-END - Adriana Calvo quartet, Place Sainte-Catherine, Brussels, May 25th 2024

 BRUSSELS JAZZ WEEK-END - Adriana Calvo quartet, Place Sainte-Catherine, Brussels, May 25th 2024

 

michel

 

Il ne fallait pas déambuler pendant des kilomètres pour atteindre la Place Sainte-Catherine depuis le Kiekenmarkt , ce qui t'a permis d'écluser une mousse chez Billie, ex-Monk.

16:20 - Adiana Calvo Quartet.

Un band avec des individualités venant de gauche, de droite, du centre et d'ailleurs.

Adriana Calvo, une saxophoniste de Cadiz, fille du trompettiste Lipi Calvo, n'est pas une inconnue à Bruxelles, elle est déjà passée par la Jazz Station, et se retrouve au programme du Music Village en juin.

Lors du Brussels Jazz W E, elle peut compter sur un des meilleurs pianistes de la jeune génération du  jazz belge: Martin Salemi. Il y a des années tu l'as croisé comme pianiste de Julie Rens, devenue Juicy depuis.

Caspar Klos (NL) , se charge de  la contrebasse et on retrouve le transalpin Umberto Odone aux drums.

C'est d'ailleurs Umberto, en fingersnaps, qui donne le signal de départ, Adriana a choisi ' Wail' une composition de Bud Powell ( 1951) pour débuter le concert.  

On nage donc en plein bebop, après une brève intro jouée en trio, le sax se pointe pour placer quelques  lignes claires dans un moule Sonny Rollins.

Après une courte tirade, elle laisse les garçons gambader, avec une mise en avant du piano, normal, Bud était un champion derrière les touches noires et blanches.

Bien, les gars, à mon tour de m'amuser, semble dire la séduisante saxophoniste, qui place un solo velouté du meilleur effet avant de céder le relais à Umberto qui secoue et frappe tout ce qui l'entoure  avec énergie et doigté.

  'Celia' une seconde composition de Bud Powell est proposée, Adriana a décidé de l'habiller de teintes bulerias, du  flamenco andalou.

Tous les projecteurs sont braqués sur le piano, mais le reste de l'équipe ne glande pas, chacun a droit à sa digression .

Le tempo élevé, les grilles harmoniques complexes, le phrasé du saxophone,  cette  longue version  proposée par le  quartet ne manque ni d'allant, ni de piments.  

Next one is a Spanish tune, indique Adriana, qui amorce une ballade latino proche du lyrisme sensuel d'un Gato Barbieri et de l'intensité émotionnelle  de Jackie McLean.

Quatre plages en 40', pour te dire que l'improvisation tient une place prépondérante dans le jazz proposé par le quartet, qui termine le set par "De Aquí Para Allá", un morceau exubérant, ponctué par un solo de batterie époustouflant, avant la reprise du thème, équipe au complet.

L'originalité du concept résidait dans la fusion entre hard bop  ou  bebop et les   sonorités latines, une association pas si singulière, qui a emballé le nombreux public de la Place Sainte-Catherine.

 

 

 



 

lundi 27 mai 2024

BRUSSELS JAZZ WEEK-END - Sára Bolyki & Petra Várallyay, Busker Stage, Brussels, May 25th 2024

 BRUSSELS JAZZ WEEK-END - Sára Bolyki & Petra Várallyay, Busker Stage, Brussels, May 25th 2024

michel 

Fin mai à Bruxelles, c'est une tradition, entamée il y a  des décennies, même si l'événement a plusieurs fois changé de nom, le jazz est roi. En 2024,  le Lotto Brussels Jazz Weekend se déroule du 24 au 26 mai.

T'étais pas chez Manneken Pis pour assister à des concerts, mais bon, en passant, un ou deux gigs, c'est faisable.

Direction la Rue Marché aux Poulets, où une Busker Stage est montée face au n°1, à 15 00, on attend le duo Sára Bolyki & Petra Várallyay. 

Parenthèse concernant Bruxelles, qui n'est plus ma belle, les grands projets de  défiguration ont débuté durant la mandat du sinistre Yvan Mayeur, les travaux, amorcés durant son maïorat , n'ont pas de fin: le nombre de rues transformées en tranchées est légion, les immeubles, comme bombardés, se chiffrent par dizaines, les routes obstruées sont plus nombreuses que les artères carrossables, la saleté et la puanteur sont omniprésentes et pourtant le centre ville grouille de monde ... sinon, tout va très bien ,madame la Marquise.

La météo est incertaine lorsque Sára Bolyki et  Petra Várallyay prennent place au coin de la rue.

 Sára, au chant et au charango , est la fille d'un des membres du groupe vocal Bolyki Brothers, un des groupes a capella les plus célèbres  venant de Hongrie. 

 Petra Várallyay studied jazz piano, jazz singing, classical violin and jazz composition at the Liszt Academy in Budapest and the jazz department of the Maastricht Conservatorium, elle a accompagné  Bobby McFerrin ou  Uri Cainen et se produit avec son propre jazz trio.

Ce samedi soir, le duo doit se produire à l' Institut Liszt , le centre culturel hongrois à Bruxelles, elles en profitent pour montrer leur talent au public du festival.

Au menu: du jazz,du folk et des traditionnels en provenance de diverses contrées balkaniques.

Elles décident d'entamer le récital par 'Tourdion' une danse hongroise, le chant plaintif, d'une grande pureté,  de Sára se greffe sur les lignes en staccato, en martelé  ou en détaché accentué du violon.

Les passants s'arrêtent pour écouter attentivement les deux jeunes artistes qui embrayent sur ' Őszi erdő ,  an autumn song about the falling leaves,  il ne s'agit pas du texte de Prévert mais d'une composition originale de Sára Bolyki.

En mode gypsy folk, la voix persuasive de Sára, combinée au violon  primesautier de sa complice, réussit, à la veille de l'été, à évoquer les feuilles roussies  voltigeant  dans les airs.

Quelques noms, issus du folk anglo- saxon, surgissent dans ton cerveau: la douce Mary Hopkin, ou les adeptes du mouvement new age, Loreena McKennitt et  Enya.

 Composed by Petra Varallyay, c'est 'Esztől ciszig' qui vient enchanter les pavillons.

Un chant, soyeux, en onomatopées fait place à un violon zigzaguant joyeusement, les acrobaties vocales s'enhardissent davantage, Petra passe au pizzicato, le torrent, tumultueux descend la colline à une vitesse vertigineuse, c'est à bout de souffle, que la chanteuse termine sa prouesse vocale.

Avec "Kaval Sviri", le duo nous emmène en Bulgarie, le charango a fait son retour, Petra se charge des secondes voix.

Le traditionnel hongrois énervé, 'Hess páva, hess páva' , évoque le paon perdant ses plumes. Le violon, joué en frappes saccadées et le chant, profond, accompagné par des battements de mains ont enthousiasmé un public attentif et séduit.

Pour terminer leur prestation, le duo a décidé d'adapter Béla Bartók à sa sauce , 'Reflections on Romanian Folk Dances' une suite pendant laquelle le violon virevolte audacieusement tandis que la voix, en onomatopées, joue à saute-mouton.

Ce set de 30', ayant tenu toutes ses promesses, a récolté tous les suffrages des badauds et des mélomanes.





mercredi 22 mai 2024

Festival Art Rock 2024 - Etienne Daho + Eddy de Pretto - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 - Etienne Daho + Eddy de Pretto - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024

michel

 

Dimanche 19 mai - Festival Art Rock - part 2 :  Etienne Daho + Eddy de Pretto 

Des préparatifs minutieux précèdent l'entrée en piste de celui que tout le monde attendait, le dandy de souche rennaise: Etienne Daho.

Une scénographie époustouflante,  des néons multicolores, des animations en 3 D, un motion graphic design à couper le souffle, le Etienne Daho show 2024 n'a rien à envier aux grosses productions américaines, on n'est plus à Saint-Brieuc mais à Las Vegas.

Une musique symphonique s'entend alors que la scène, jusqu'ici incolore, s'embrase de teintes rouges carmin, les musiciens traversent un nuage de brume, on reconnaît le quatuor à cordes qui avait accompagné Lou Doillon ( Raphaël Coqblin, Rafaël Cumont-Vioque, Julien Gaben et Marco Theves) , Jean-Louis Piérot ( ex Valentins) au piano , François Poggio à la guitare, il ne chôme pas ce soir , Colin Russeil à la batterie et  Marcello Giuliani à la basse ( pas un chômeur, non plus).

Etienne,  blouson  de cuir noir et pantalon tout aussi sombre  ( il n'a jamais manqué de style), se tient droit au fond de scène,  puis la voix jaillit, 'L'invitation' résonne, les images pulsent autant que la musique.

Le public, déjà exalté, ponctue ce premier titre d'un tonnerre d'applaudissements.

Il est en forme, te glisse la  dame à tes côtés.

Après la présentation de l'équipe, c'est ' Le grand sommeil' qui sort du jukebox, l'ambiance est encore montée d'un cran.

Il s'adresse à la foule pour dédier le concert de ce soir à son complice Frank Darcel, parti rejoindre les anges il y a deux mois, ' Sortir ce soir' ,  signé Daho/Darcel , est repris par toute la Bretagne.

Une Bretagne qui a inspiré ' Le phare', un extrait du dernier album 'Tirer la nuit sur les étoiles', les choeurs féminins pré-enregistrés  semblent émerger des embruns, c'est beau!

C'est le moment de se souvenir de tous ceux qui l'ont aidé au début de sa carrière: Elli et Jacno, Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Françoise Hardy , Jacques Dutronc et ... Dani, 'Comme un boomertang' est donc un choix logique.

Daho est comme Bowie, un caméléon, 'Virus X' et ses gros beats techno,  le montre  sous un  angle électro  scintillant.

Avec ' Réévolution' il imagine réécrire l'histoire, le lightshow en 3 dimensions nous conduit vers un monde futuriste où il faut lever le poing.

Flashback,  il y a longtemps, David Munday me refile une cassette ( oui, à l'époque, comme tout le monde  j'avais un walkman), et me dit, écoute cette musique, en une nuit j'y ai collé des paroles, c'est devenu 'Des heures hindoues' .

Judy Garland a versé une larme en entendant la phrase ' Over the rainbow'.

Après ce moment crooning vient la version disco kitsch  de 'Mon manège à moi'.

La folie est  contagieuse sur la place!

Les tubes vont se succéder, 'Saudade'  débute la salve, suivi par 'L'homme qui marche' qui nous amène à Rome, 'Duel au soleil' extrait de 'Pop Satori', et 'En surface' rythmé par nos battements de mains, suivi par  l'immense ' Tombé pour la France'.

Tu avais oublié le nombre incroyable de hits pondus par Etienne Daho,.

Il faut au moins trois albums  pour inclure toutes les chansons au  catalogue Best Of.

Le concis ' Quatre hivers' sert d'amorce pour  ' Bleu comme toi'   qui déclenche des cris d'hystérie, entendus jusqu'à Rennes.

Après le calme 'Le premier jour du reste de ta vie'  vient la préférée de Romane, ' Week-end à Rome', Vanessa Paradis, en trois dimensions, évolue avec grâce  sur l'écran géant.

Rien à dire, la mise en scène est magique.

Et ce n'est pas fini, un dernier tourbillon va nous secouer, 'Epaule tattoo',   pendant lequel quatre canons inondent le public de milliers de confetti.

Une ovation monumentale ponctue cette prestation phénoménale.

Etiene Daho ravi et ému  nous accorde, chose étrange,  ' Ouverture' en rappel, avant de prendre définitivement congé.

Les dandys ne vieillissent pas, Etienne Daho en est le parfait exemple.


Eddy de Pretto.

Démonter l'outillage scénique d'Etienne Daho demande du temps, assembler celui d'Eddy de Pretto aussi.

Résultat, un retard de 20' sur l'horaire prévu.

Préambule:  assister à un spectacle du jeune homme de Créteil, ce n'est pas être témoin d'un concert, le show d'Eddy s'apparente plus à une représentation théâtrale, bourrée d'artifices,  qu'à une attraction musicale.

23:35', cela s'active sur le podium, sur lequel trône une structure métallique, par contre tu ne distingues aucune trace d'instruments.

Une voix claire  émerge d'un vacarme assourdissant ...Sur les tempes qui se grisent et les corps qui se gainent, nos larmes qui scintillent saillantes tel un glaive... , ' Crash <3' ouvre les hostilités.

Le tout jeune trentenaire , fringué de  son marcel blanc et d'un jeans large, ( il doit aimer Charlie Chaplin) se promène de long en large sur la passerelle  en débitant son propos, sur l'écran une équipe de musiciens pixellisés  percent la fumée et accompagnent le chant du rouquin.

Le truc est synchronisé au millimètre près.

Toujours sur le dernier album ' R+V'  déboule, il est suivi par le lent  ' Parfaitement '  où il discrédite la vie de famille idéale. 

Il prend la pose,  se couche sur l'estrade  puis d'un petit saut souple rejoint le plancher des humains ' normaux' ,  et entame 'Papa sucre' par un... la la la ...moqueur.

Y -a -t-il des sugar daddies dans l'assistance, questionne-t-il , narquois.

Comme Marlène Schiappa, il s'en prend à une certaine  publicité pouvant inciter à la prostitution.

On lui apporte une chaise, un drone tournoie au dessus sa tête, il entame 'Personne pour l'hiver' évoquant la solitude et le manque d'amour.

Grésillements et craquements sinistres viennent strier la piano ballad.

Une belle chanson.

Pas d'Yseut pour chanter  le touchant ' Pause' avec lui .

Sur un fond techno ' Etre bienn' résume sa philosophie de vie avec,  en passant,  un clin d'oeil espiègle à Jacques Dutronc et à ses Chinois.

Si tu  cites le nom d'Eddy de Pretto au café du commerce, tu entendras ah oui celui qui chante  'Love'n tendresse' et ' Kid'.

C'est ce dernier titre qui a engendré des cris d'enthousiasme sur la place.

Logique, cette chanson  est imparable, il n'y a que les machos  adeptes d'un  phallisme archaïque pour huer le texte.

Il est remonté sur l'estrade, sort un briquet, des flammes embrasent l'écran, pour entamer  'Quartier des lunes', suivi par 'Grave',  dans lequel il raconte son histoire personnelle,  lors d'une séquence indiscrétions,  ressemblant à une séance chez le psy.

Encore une composition émouvante.

'Urgences 911' à prononcer nine one one, frappe là où ça fait mal et c'est avec une version allongée de ' Love & tendresse' que le générique de fin se lit sur l'écran.

Eddy de Pretto,  c'est une langue  singulière, tantôt crue et  réaliste,  tantôt poétique et tendre!

Inclassable, lit-on partout, c'est incontestable, et pourtant ce show te laisse une impression mitigée, le côté karaoké  du rendu, sauvé par la mise en scène sophistiquée,   peut crisper !

 






 




mardi 21 mai 2024

Festival Art Rock 2024 - Global Network et Lou Doillon - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 -  Global Network et Lou Doillon - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 19 mai 2024

 

michel

Troisième journée à Art Rock, merci les astres: pas de pluie!

Le dimanche, c'est la journée Etienne Daho, les programmateurs lui ont refilé une carte vierge , tiens Etienne, on te confie la programmation de la journée: scène A, scène B , le forum, le village, les expositions, le cinéma, tu te charges de tout!

Le don d'ubiquité, c'est magnifique, c'est une faculté qui nous échappe, on doit se contenter du menu de la Grande Scène, donc, on a opté pour Global Network, Lou Doillon, Etienne Daho ( immanquable) et Eddy de Pretto.

Part one: Global Network et Lou Doillon.

Jouer au correspondant, c'est bien beau,  mais c'est aussi très fatigant, sur les 24 heures que comptent une journée, tu en passes une et demie dans ta voiture, 9 sur le site, 6 à dormir, et il faut se sustenter, veiller à son hygiène corporelle... le temps  qui reste sert à trier les médiocres clichés, tirés avec ton petit auto-focus, à te renseigner sur les artistes vus et enfin, à narrer, piètrement, ce que tu as ressenti .

Pourquoi tu nous déballes ta vie ridicule... telle est ta réaction!

C'est simple, t'avais prévu de survoler en vitesse le concert de Global Network, sans t'appesantir!

 Chez Global Network, nous sommes là pour répondre à vos besoins en matière de téléphonie.. Désolé, faux numéro, Global Network, ce sont Loris Sasso ( chant, synthé)  et Nils Peschanski ( un fatras de machines).

La disco: un mini - album, ' Peaks',  en 2021, un EP ' Cool Moments' et une flopée de singles.

Les deux casquettes, très sympas au demeurant, débutent leur set  par 'Circles' un single récent qui tourne en boucle sur radio Circonférence. C'est doux, gracieux, léger, on opte pour la double étiquette dream pop/ synth pop , la voix de Loris séduit, la mélodie est aérienne, bref c 'est  digeste.

'Waterfall' suit la même voie, imagine,   une gentille cascade, nettement  moins vertigineuse que les chutes du Niagara.

Ils enchaînent sur un morceau écrit au début de leur collaboration ( The flow),  pour rythmer la mélodie, ils ont introduit  une séquence de claps  et quelques sonorités caoutchouteuses, sinon 'The Flow' sonne comme un gospel chanté par George Michael.

' Looking at the ceiling' s'entend sur Tik Tok, il est suivi par deux morceaux en gestation,' Out of limbo' ( une version yaourt, d'après Loris)  et 'Trance 99 ( titre provisoire), d'influence techno du début du siècle.

Un morceau idéal pour Tomorrowland.

'Black Roses' termine ce set distrayant.


Lou Doillon

Fille de.. et de .. et donc demi-soeur de..:  la belle Lou cumule les activités: chanteuse, comédienne, mannequin, dessinatrice , ça faisait un bail qu'elle n'avait plus mis les pieds sur une scène de concert, il a fallu l'insistance polie d' Etienne Daho pour la convaincre de se produire à Art Rock ( quelle aubaine).

OK, Etienne, je viendrai mais je tiens à interpréter l'album 'Places' dans son entièreté, en respectant l'ordre chronologique, et avec les musiciens originaux.

Désirs approuvés, ce sont donc François Poggio (guitare), Marcello Giuliani ( basse), Alexis Anérilles ( keys) et Philippe Entressangle ( batterie) qui se retrouvent sur le podium ( tous des gens hautement recommandables) .

Pour l'occasion Etienne Daho a prêté son quatuor à cordes  à celle qui doit son prénom à Lou Andreas-Salomé, on a prévu des chaises pour Raphaël Coqblin, Rafaël Cumont-Vioque, Julien Gaben et Marco Theves.

De sa voix grave, rocailleuse mais précise, Lou attaque 'I.C.U.'= I see you , une valse à la Leonard Cohen.

L'orchestration enivrante et le phrasé,  distingué et mélancolique, parlent à ton âme, c'est tellement beau que t'as failli verser une larme.

La ballade 'Devil or angel'   aux effluves  Chan   Marshall, sent bon l'Americana.

Quelques riffs bien secs amorcent 'One day after another' , un titre idéal comme bande son pour un movie de David Lynch.

C'est le piano, sautillant, d'Alexis qui ouvre ' Defiant'... t'étais fort  t'avais besoin de personne, désormais tu es fragile  ... but now no moon, no stars will show me the way... 

Les stars peuvent souffrir d'un coeur blessé ( merci Petula),  'Same old game, ' où la voix de Lou se rapproche de celle de Dani Klein( Vaya Con Dios), développe tout ça dans le détail.

Et pour ajouter un poids de mélancolie supplémentaire    au propos, François nous assène des effets vibrato geignants.

'Jealousy', avec ses cordes grandioses, le piano souple, le solo de guitare et la voix implorante, légèrement voilée, bouleverse.

'Make a sound' était la préférée de Jane, confie Lou. François a troqué l'électricité pour une acoustique, ce qui donne un arrière-plan country à cet uptempo, qui voit la chanteuse tournoyer avec grâce sur le podium.

Dans' Hushaby' il y a hush et lullaby, ne t'attends donc pas à un déluge de décibels, le piano prend d'ailleurs des allures de clavecin, Lou murmure le texte.

Le titre le plus musclé de l'album se nomme ' Questions and answers', ce soir le rendu fut tout simplement fabuleux, des images de Patti Smith  sont venues bousculer ton cerveau.

En mode parlando, la ballade ' Places'  gravit  insensiblement  la côte. Il est lent le chemin vers le climax, mais tu sais que l'explosion sera terrible!

On avait dit Patti Smith, on confirme.

' Real smart' est le morceau qui clôture l'album, dominé par le piano , le titre, profond,  nous montre une artiste écorchée , avouant ... I hold the two hands of my own tragedy....

Une grande claque que ce concert et  comme il lui reste quelques minutes pour arriver au terme du voyage, Lou saisit la guitare acoustique et en solitaire ( accompagnée par  la ville de Saint-Brieuc, transformée en trompette  à 10 000 embouts)  propose  un titre où elle affirme ... I could be a hunter not a prey..,  avant le retour de l'équipe, sans les cordes,  pour une dernière tirade hyper dansante. ( sorry,  titres  non décryptés).

Elle nous salue et  s'en va,  un large sourire illuminant son séduisant visage!

 





 








 

Festival Art Rock 2024 - Morcheeba - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 18 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 - Morcheeba - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 18 mai 2024

michel

"C’est avec tristesse que nous sommes contraints de vous annoncer l’annulation de la 37e édition du festival Art Rock, qui devait se tenir les 29, 30 et 31 mai 2020 à Saint-Brieuc."

Morcheeba était une des têtes d'affiche annoncée, quatre ans plus tard, le groupe du Kent est au rendez-vous.

Après quelques démêlés ( split, aventures solo,  duo Skye & Ross, reformation...), Morcheeba refait surface:       Skye Edwards, l''envoûtante  chanteuse, et    Ross Godfrey ( guitare) sont toujours là, mais plus de traces du frangin Paul Godfrey.

Désormais le groupe compte en son sein: Dom Pipkin aux claviers (  Dom and the Ikos) , Steve Gordon ( Skye's husband)  à la basse et, pour rester dans la famille, le fiston,  l'excellent Jaega Mckenna-Gordon aux drums.

Pas d'actualité discographique, le dernier album ' Blackest Blue' date de 2021. 

Une déflagration pour amorcer ' The Sea'  ( sur Big Calm, de 1998), puis vient la guitare lyrique de Ross, Skye , énigmatique et magnétique, de sa  voix d'ange vient titiller nos pavillons,.

'Big Calm' demeure un incontournable pour tous  les amateurs de trip hop.

Toujours sur 'Big Calm' , voilà ' Friction',  un rendu moins reggae ce soir, mais une version agitée.

Exit la cohorte de possesseurs de Canon, Nikon, Pentax, Sony... et ceux, moins riches, se mêlant aux pros munis d'un minable GSM.

Ross, in French, exprime sa joie de se retrouver à Saint-Brieuc  avant d'attaquer 'Otherwise' , un  tube imparable, qui te refile des frissons encore aujourd'hui.

Avec ' Never an easy way', on revient au début du groupe, en 1996.

Le morceau fait toujours autant d'effet, et en parlant d'effets Ross s'amuse avec la vibrato handle pour créer des oscillations qui font tanguer la barque.

Skye: what do you think of my outfit, conçue par mes soins?

You're very smart, my dear et vous avez beau nous annoncer avoir 52 ans, on vous en donne 28!

Elle se dandine, hésite à se déchausser avant d'entamer 'Enjoy the ride'.

Aucune plainte, tout le monde a apprécié,  et en prime,  le trip de Dom aux claviers était superbe.  

Saint- Brieuc, would you mind to sing with us?

C'est demandé si poliment, on va chantonner 'Oh, oh, yeah' en sourdine , un extrait sensuel  du dernier album, il est truffé d'aiguilles stellaires. 

Trippy, souffle une dame à son voisin!

Ils reviennent à' Big calm', 'Part of the process' is a country song explique Ross, qui travaille son instrument à la slide.

Un individu  dans le public  pousse soudain un hurlement d'ours en rut, du coup Ross propose a song about drinking.

'Blood like lemonade' est sans conteste le titre préféré de Dracula.

Skye présente la team, quitte ses mocassins pour danser comme une ballerine de chez Béjart  tout en prenant des poses à la Grace Jones.

La place l'attendait impatiemment, voilà, enfin ' Rome wasn't build in a day', un top ten  dans tous les pays  civilisés.

Il en reste une, dit-elle.

Finalement le fabuleux ' Blindfold' avec l'addictif couplet...I  'm so glad to have you and it's getting worse,  I'm so mad to love you and your evil curse... sera suivi par une cover ,  pas n'importe laquelle, ' Let's dance' de David Bowie.

Ross en profite pour imiter Jimi, look I'm  playing  guitar with my teeth!

 

Ce fut un  grand concert, difficile de trouver plus classe que Morcheeba  !



 

lundi 20 mai 2024

Festival Art Rock 2024 - Hoshi et Yamê - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 18 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 - Hoshi et Yamê  - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 18 mai 2024

michel

Seconde journée à Art Rock, même constat que la veille: pas de pluie!

Pour ouvrir la soirée, les organisateurs ont convié Yamê

Emmanuel Sow, alias Manu Insa Sow, né à Cergy-Pontoise,  a la double nationalité, camerounaise et française,  il apprend le piano en autodidacte,  participe à des jams dans les bistrots parisiens, devient Yamê  et commence à faire parler de lui.

Un premier jet ( Agent 237) voit le jour en 2021 , 'Elowi' le suit en 2023, sur cet album on trouve ' Bécane', un titre qui le propulse haut dans le top des ventes en France.

En 2024, il est sacré révélation masculine aux Victoires de la Musique, les organisateurs se l'arrachent.

Sur scène, il est accompagné par trois choristes, deux filles ( ? Karine et Ani , à vérifier), un garçon ( Ulrich Kwasi), son ami Romain Ostinato tient la basse , l'excellent Dharil Esso manie les baguettes, un chef d'orchestre/beatmaker  ( Pandrezz?) complète la formation.

Si la presse musicale hexagonale  tombe en pâmoison à l'écoute de Yamê, que ce soit sur disque ou sur un podium,  ce n'est pas ton cas, le concert de ce soir se caractérisait par un côté confus, la cohésion était souvent aux abonnés absents.

Etais-tu mal luné, ton attente était-elle trop élevée...  en bref, t'as pas accroché!

Not my cup of tea, disait Ralph.

Du fond de la scène, le public entend une  voix haut-perchée qui ouvre le set,  'Ayo Mba'  résonne, avec les choristes en bruit de fond.

Tous se rapprochent   sauf le batteur, Yamê prend place derrière un piano, le rap mélodieux 'Lowkey', illustré par une chorégraphie artisanale, précède  le jazzy ' Business', un morceau élégant chanté d'un timbre de fausset.

Il se dit un enfant de Tik Tok, révèle d'autres détails de son parcours, avant d'enchaîner sur 'Call of Valhalla', pour faire plaisir à Wagner.

'Déter', au flow  et aux lyrics rap traditionnel,  enchante les plus jeunes, les cheveux gris, polis, écoutent sagement  en rêvassant.

L'équipe se tire, il entame 'Isn't she lovely' au piano, Stéphane a reconnu le tube de Stevie Wonder, il doit déchanter,... sorry, je ne connais pas les paroles, annonce Emmanuel , il enchaîne sur 'Kodjo' bourré d'effets vocaux.

Retour des choristes pour ' La maille', des petites voisines, inappliquées, jouent avec leur portable, l'improvisation vocale qui suit les laisse indifférentes.

Elles se réveillent en entendant le tube improbable  ' Bécane'.

' Bahwai' et 'Quête' ,  aux sonorités camerounaises,  terminent  un  concert  qui ne te laissera pas un souvenir indélébile.

Hoshi.

Les seuls à râler lors du concert de Hoshi auront été les photographes, interdits de séjour dans la fosse au bas du podium.

Pour tous les autres, Hoshi aura donné un concert formidable, tout y était: émotions, sourires,  bonne humeur contagieuse , énergie, amour,  honnêteté et    rock ! 

Hoshi ( Mathilde Gerner )  en bref,  c'est: un chignon japonais, d'immenses lunettes de soleil, cinq albums ( il y a du platine dans le tas), des lauriers,  mais aussi, des menaces, des insultes, une dépression, des vertiges, une perte d'audition, et  c'est surtout une jeune personne arborant un caractère trempé!

Elle est accompagnée par une sérieuse équipe:  Lola Frichet, une bête de scène,  à la basse ( vue avec Pogo Car Crash Control à Saint-Agathon), Charlène Juarez, alias Chat,  aux keys et keytar , Enzo Gabert ( Skip the Use) à la batterie et Eddy Pradelles (plusieurs albums sous son nom)  à la guitare!

Après la musique introductive aux sonorités Star Wars,  Hoshi & co se montrent pour entamer le récital par 'Mauvais rêve', la plage ouvrant 'Coeur parapluie', le nom du dernier album, qu'elle a peinturluré sur ses mollets.

Ce biopic touchant retrace en quatre minutes une existence pas rose.

Déjà une flèche en pleine cible.

Réaction immédiate, des hurlements de bonheur, à ta gauche, à ta droite et derrière toi, car devant, c'est la barrière.

Après la déclaration amoureuse 'Tu me manques même quand t'es là',  vient  la suite logique ' Puis t'as dansé avec moi', tendresse et bonheur  sur tempo élevé .

Avec 'Amour censure' , qu'elle ne chantait plus sur scène, Hoshi revient sur la polémique engendrée après le baiser "interdit"  donné lors de sa prestation lors des Victoires de la Musique.

Un hymne à la tolérance  et un pied de nez aux homophobes et aux crétins de tous poils.

On adore!

Parenthèse, pendant le concert , l'artiste a brandi le drapeau LGBTQ, le symbole pour l'égalité des gays, lesbiennes, bisexuels et trans.

Sur l'album Izia accompagne Hoshi pour le titre ' Superstar', ce soir  pas d'Higelin sur le podium, mais le morceau cogne.

En duo avec Charlène , elle entame la valse sentimentale ' Marcel' en hommage à son grand-père, supporter de l'AJ Auxerre ( elle a le foot dans le sang, cf sa tenue vestimentaire) .

Beau à pleurer!

On range les violons pour sortir les gros beats ,  ' Et même après je t'aimerai', suivi par  un titre plus ancien, ' Femme à la mer',   à écouter avec une bouteille à portée de main.

Après un final kazatchok  fébrile, c'est ' Je partirai' qui va enflammer la place.

Depuis le début du concert le jeu musclé d' Enzo  fait impression, le final vigoureux de cette tirade a secoué le bateau.

La suivante, ' Ta marinière',  a forcément interpellé les Bretons, qui ont repris le titre à pleine voix. 

Il en reste une, c'est le moment de se défouler à donf, fallait pas le dire deux fois, 'Réveille- toi' a transformé le parking en trampoline géant.

Avant de nous quitter, Hoshi invite une fillette à monter sur scène, elle dédicace son CD et se prend en  selfie avec la petite, qui a versé quelques larmes.

Le concert joie de vivre du festival!


 





dimanche 19 mai 2024

Festival Art Rock 2024 -The Libertines et Luidji - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 17 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 -The Libertines et Luidji - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 17 mai 2024

michel

Après avoir quitté la scène B et  Zed Yun Pavarotti, tu reprends la direction de la Grande Scène,  envahie par des moins de 20 ans, venus assister à la prestation du rappeur,  et sans reproches, Favé.

Cette mer déchaînée, où les vagues houleuses déferlaient sans discontinuer, montre bien l'engouement pour un style de musique que les générations plus anciennes ont souvent  des difficultés à digérer.

Après les dernières punchlines du gars du 95, tu tentes de t'approcher des premières lignes, mais comme l'artiste qui suit se nomme Luidji et qu'il opère dans le même créneau, tu  dois te contenter d'une place au rang 5.

Et c'est là que tu as eu une pensée émue pour les sardines enfermées dans leur tombe métallique , si elles ne baignaient pas déjà dans une huile homologuée par la France, elles seraient mortes étouffées.

Tu crains la promiscuité , ne va pas assister à un concert de Luidji!

Luidji Jordan Alexis connaît Saint-Brieuc pour être passé à Bonjour Minuit en 2021, il en garde un bon souvenir.

Les deux albums  et les maxis du gars du Val d'Oise  sentent le platine ou l'or, il n'est donc pas anormal que les lycéen(ne)s connaissent les lyrics du chanteur, ayant créé le label Foufoune Palace Records, sur le bout des doigts.

Après une intro sciences- fiction, un gros nuage de fumée enveloppe  la scène puis vient un cri énorme, Luidji et ses musiciens émergent de nulle part: c à d,  un beatmaker/ un gars, doué, se chargeant des keys, synthés et du programming et un batteur pas malhabile, ah, on oubliait les deux naïades, ornant autrefois la proue d'une caravelle ( c'est un bateau).

Pas besoin d'écran pour lire les paroles du karaoké, 95% du public les connaissent mieux que les premières pages du catéchisme.

Une première suite de titres est proposée, 'Alexis' , 'Téléfoot', 'Néons rouges/Belles chansons', l'interaction avec le public est primordiale,  à l'arrière le batteur frappe puissamment et à notre gauche, les claviers et les bandes déroulent un son mettant en évidence le flow fluide du rappeur.

L'énergie n'est pas absente du menu, après une séance de sauts calibrés, il enchaîne sur ' Système' un downtempo  aux relents jazzy.

'Joueur 1'  le replonge à l'époque de l'école , des années noires où il se posait les questions existentielles. 

'Ayida' et son fond africain,   pendant lequel le deejay vient jeter des roses rouges dans le public, précède 'Le remède' , une belle ballade s' éloignant des clichés rap.

'Gisèle- part 4', décrit  la fille superficielle qui ne vit que pour les caméras, encore un titre  plus proche de Stevie Wonder que de Booba.

Les morceaux défilent, la jeunesse est de plus en plus ardente et  s'époumone sur 'Sirène', ' 488' , 'Palace mafia' qui a fait exploser le thermomètre avec ses sonorités Jazzmatazz,  et  'Pour deux âmes solitaires' 1 et 2, pendant lequel un keytar fait son apparition.

Hip Hop, sonorités tribales, rn'b,  nu soul, la palette de Luidji est fertile,  tu commences même à accrocher, c'est là que deux mecs, bourrés jusqu'au trognon, s'étant frayés un passage  dans les rangs serrés à coups de coude, viennent détériorer l'ambiance., alors qu'une des plus belles plages du set, ' Bahia' est amorcée.

Ouf, ils sont partis cuver plus loin.

Le doux 'Miskine'  et la dernière du set,   'Monde',   exhibent la facette  tendre d'un Luidji , qui est devenu une des têtes de file du rap hexagonal.


Un public différent se presse frontstage pour les Libertines.

Pendant que les techniciens s'affairent à monter l'équipement du combo de  Camden Town, un monsieur affublé d'un  chapeau de gentleman farmer se pointe en tenant un mioche par la main, Pete Doherty, il  est suivi comme son ombre par Gladys, son chien qui ne semble pas contrarier de  se retrouver sur scène, face à des milliers de festivaliers. Pendant 5 minutes, Pete et le bébé ont salué un public,  amusé par cette apparition.

C'est l'heure, Edith Piaf sur une bande son chante,' Non, je ne regrette rien'. Depuis qu'il niche en Normandie, Pete est devenu un francophile averti.

Après  leur reformation les Libertines ont pondu deux oeufs, 'Anthems for Doomed Youth' et le tout récent 'All Quiet on the Eastern Esplanade' qui nous vaut cette tournée.

Les leaders, Carl Barât et Pete  Doherty  ( vocals, guitars, et piano pour Carl),  flanqués des formidables John Hassall ( bass)  et Gary Powell ( drums) se pointent, Carl et Pete de  dos pour le public, font face au batteur.

Avant d'entamer leur litanie, Pete sort un flacon de gnôle de sa pochette de gabardine et  s'enfile une bonne rasade pour se donner du coeur à l'ouvrage.

 Yes, on peut commencer!

Sur l'écran, une photo représentant la pochette du dernier album, mais c'est avec 'Up the bracket' que les Londoniens ont décidé d'entamer leur show avec  Pete au chant, Carl, lui virevolte et nous la joue Pete Townsed à la guitare.

Une entrée en matière brute et crasseuse. 

Les prolétaires, bourrés de fric, enchaîne sur 'Vertigo', un truc à donner le vertige à Alfred Hitchcock, après que Pete le plaisantin  ait lancé, dans son français châtié, ' Bonswar, place de la Résistance ( personne ne  lui a dit qu'elle nichait à 100 mètres du parking) , sa cravate termine sa vie dans le public, Josette la gardera en souvenir.

Les petits soli, secs, font forte impression.

Après l'éloge ( sans doute  ironique) des groupes précédents et un rappel We are The Libertines, car certains les confondaient avec Erasure, c'est 'Run run, run' qui déboule à fond la caisse.

Sorti de nulle part , un cinquième élément ( Andy Newlove) se joint aux bad boys, comme Pete, il manie une guitare sèche.

En pensant à Robert Mitchum, voici le countrysant ' Night of the hunter' , une chouette ballade, suivie par le turbulent 'What became of the likey lads'.

Carl disparaît pour un moment, quelques problèmes de gratte, Andy est revenu,  dès que Mister Barât se retrouve derrière les claviers, c'est l'émouvant ' Shiver'   qui résonne.

Shoop, shoop, shoop, de lang, de lang...  le midtempo catchy  ' What Katie did'  montre une autre face, plus pop,  des Libertines.

'Merry old England' aurait pu se retrouver sur un album des Kinks.

A l'époque de 'Up the Brackets' il était de bon ton d'être soit pro-Strokes, soit pro- Libertines, ' Death on the stairs' date de cette époque  et secoue salement  la baraque.

Gary et John impriment un tempo infernal, tandis que les guitares de  Pete et Carl entament un duel sans merci. 

Tough crowd tonight, lâche Doherty, avant d'entamer, à l'acoustique, la ballade  'Music when the lights go out' .

Saint-Brieuc se balançait gentiment quand Gary, d'une frappe soutenue donne le signal de l'accélération, le morceau fond dans l'excité ' Horrorshow', après lequel le néo- Normand, très en verve,  lance ' Vive les sangliers' .

Si les frontmen n'étaient pas complètement naze, ils devaient tout de même avoir touché à la bouteille, d'où ces plaisanteries de potaches.

'Can't stand me now', ça va les gars, on vous supporte!

Pete ajoute quelques lignes d'harmonica à la tirade avant de jeter l'objet dans la masse.

Revoilà, le clebs qui sent l'écurie, ' Time for heroes'  achève le set en beauté ,  un à un, ils viennent saluer l'assemblée, surprise, car le concert n'a pas duré une heure.

Il a fallu attendre un poil avant leur retour sur scène pour les rappels, au nombre de quatre , qui s'éloignent de la setlist prévue.

 'Man with the melody'  est amorcé au chant par le bassiste, Gary est passé derrière le piano, qui sonne comme un clavecin et  nous rappelle certains titres psyché  de  Syd Barrett.

'Gunga Din', qui aurait dû clôturer le set normal,  arrive et permet à Gary de placer un solo de batterie nerveux.

' The good old days', c'étaient ceux où on cassait tout sur le podium, du coup le pied de micro plonge dans la fosse.

'Don't look back into the sun' et ' Songs they never play on the radio' aux fortes effluves Beatles clôturent la messe.

Pete, pas calmé, largue sa guitare acoustique dans le public, un roadie s'arrache les cheveux, fonce dans la marée humaine pour récupérer la gratte, après bien des palabres.

Les Libertines sont imprévisibles mais on leur pardonne tout!




 


samedi 18 mai 2024

Festival Art Rock 2024 - Zed Yun Pavarotti - Scène B- Saint-Brieuc, le 17 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 - Zed Yun Pavarotti - Scène B- Saint-Brieuc, le 17 mai 2024

michel

 

Au pas de course, en s'excusant auprès des gens bousculés,  vers la Scène B, car dès le dénouement du concert d'Olivia Ruiz, celui de  Zed Yun Pavarotti est censé débuter  à 300 mètres de là.

Cinq individus, fringués par les plus couturiers grunge,  viennent d'entamer leur exercice.

Le meneur se nomme Zed Yun Pavarotti, un gars de Saint-Etienne, une ville où n'a jamais séjourné Luciano Pavarotti.

 Charlan Zouaoui-Peyrot, avec le Zed de Zorro, ex-fan de métal, se tourne vers le rap , enregistre des mixtapes , se voit proposer un contrat par une maison de disques et grave deux albums, 'Beauseigne' (  = pauvre bichette, sur la Loire), et ' Encore'.

Après s'être reposé, à l'instar des cigales, le jeune homme a repris le chemin des podiums depuis mars, l'écriteau COMPLET s'affichant souvent aux guichets des salles qui le programment.

Le gars, à la dégaine je m'en foutiste, est entouré de musiciens pas cons, sans doute, Juliet Notzisway ( What's in a name) = Juliette Pascaud, à la guitare, une nana qu'il a été débaucher  chez Ganache, Ugo Del Rosso à la basse ( aka  Gohue ou  Rouuge),   Lucas Terrier aux drums ( Kalaasa, Claire Days...) et Osha à la guitare.

Donc, ces jeunes ne t'ont pas attendu et ont entamé 'Pour que tu ne disparaisses pas', un garage  rock à la française, bien nerveux , pour ne pas dire explosif.

'Ce que la lune éclaire' est tout aussi lumineux, les riffs des guitares zèbrent l'air, la basse grogne,  le batteur cogne juste et puis il y a la voix paresseuse du Stéphanois, entre nouveau romantique et rocker blasé.

Deux titres et te voilà conquis ( en un mot).

'Je suis Cendrillon' avec un intitulé  pareil tu penses à Téléphone et le lien n'est pas anodin. 

Riffs de guitare secs pour introduire 'Girlfriend',  où il se pose des questions sur son avenir tout en  exposant une déclaration amoureuse ... Mais ça va tant qu'j'ai ma girlfriend, j'peux même sourire à la mort...  c'est pas beau, ça?

Un roulement de batterie martial introduit 'The mouse song'.

Pas de Mickey dans le coin, mais un public chaud boulette, à la sauce piquante.

Zed Yun s'est décapsulé une mousse et entre deux couplets sirote sa bière, pas forcément fraîche.

Et où sont les étoiles?

Dans la poussière!

Retour au premier album avec 'Lalaland',  un pays où règne le rap mélodieux.

Ryan Gosling, backstage, a siffloté le refrain. 

On continue, une guitare post punk cinglante amorce ' Amoureuse' , tu veux de l'ironie, un brin de cynisme, écoute ce garçon, il est de l'école Bashung.

Les copains, je me grille une clope, commencez sans moi, ils attaquent  'Ta bouche',  pour George.

Il est maximum cool ce garçon, le regard dans le vague, il laisse Ugo placer un solo de basse à la JJ Burnel, avant de reprendre son chant d'amour désabusé.

La cigarette passe de bouche en bouche, il a retiré le doigt qui y trainait, puis  la clique enchaîne sur 'Nobody knows' ,  qui n'a rien à voir avec Mylène mais qui, une nouvelle fois, sonne Téléphone.

Non, Claude, ce n'était pas pour toi!

Assis, à l'aise, sur une enceinte, Zed  revient au rap des débuts, celui de ' Beauseigne', un morceau  au final épileptique .

Il termine couché sur le plancher avant de ressusciter pour balancer 'Papillon' .

Si tu pensais à Henri Charrière, t'avais tout faux, il s'agit d'une autre histoire, la sienne, chantée sur un flow traînant .

Pour décrypter, t'as intérêt à faire très attention au texte astucieux.

Comme il a décidé de virer rock, il laisse Juliet placer des lignes Johnny Marr, Saint - Brieuc vibre comme un forgeron fou, l'autre guitariste en profite  pour enfoncer la pédale wah wah, qui crache son venin.

Les enfants, c'est la dernière.

Le fabuleux ' House' met fin à un concert  coup de poing, qui libère  tous les démons qui sommeillaient  dans ton corps et ton cerveau.






 

 

Festival Art Rock 2024 - Olivia Ruiz - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 17 mai 2024

 Festival Art Rock 2024 - Olivia Ruiz - Grande Scène- Saint-Brieuc, le 17 mai 2024

michel 

Saint-Brieuc,le 17 mai,il ne pleut pas: ouverture de la 41e édition du festival Art Rock!

L'accès aux deux scènes principales est disponible une heure avant le coup d'envoi.

L'idée s'avère judicieuse et a évité les inévitables bouchons.

Grande scène, place Poulain-Corbion, 18:30',  Olivia Ruiz ouvre  les hostilités, un jour après avoir allumé le chaudron de la flamme olympique à Carcassonne. 

Celle que tu avais eu  l'occasion de voir à l'Ancienne Belgique ( Bruxelles) en 2017, avait temporairement abandonné la chanson pour se consacrer à l'écriture (  deux romans). 

2024 voit la sortie d'un sixième album ( La Réplique) suivie  par une tournée qui a débuté en avril par les salles hexagonales, avant de rendre visite aux grands festivals, en commençant par Le Printemps de Bourges.

Tu ne peux pas la rater, elle passe forcément près de chez toi, sauf si tu niches en Mongolie.

Cinq musiciens de noir vêtus, arborant une petite jupette,  dessinée par JP Gautier ou Thierry Mugler (on se renseigne),  précèdent l'arrivée en piste de l'étoile, sans doute, Vincent David (guitare), Franck Marty (multi-instrumentiste: guitare,  autoharpe,  scie musicale, violon Neolin,  mandoline,  cymbalum....), David Hadjadj (claviers), Mathieu Denis (basse, synthé ) et un nouveau batteur, Loïc.

Ils viennent se placer au garde à vous au  devant de scène avant l'arrivée d'Olivia, affublée d'une cape bleue, munie d'un  capuchon, à la  façon d'une  boxeuse pénétrant sur le ring.

Insondable, elle  déambule négligemment avant d'entamer  son tour de chant avec ' La pachamama ( la terre-mère)', un extrait du dernier album.

Le son est plus épais que le drap fin qui recouvre ton corps, endormi, en été,  les sonorités latino se marient au fond électro hyper dansant, d'ailleurs,  après avoir ôté la capuche,  la souple et féline jeune maman virevolte avec grâce sur l'immense podium.

Pour la suivante Franck a saisi un archet qui vient caresser une scie ( non, pas une tronçonneuse) et c'est l'ancien 'La femme chocolat' de 2005 qui est lâché.

Saint- Brieuc a reconnu le tube et chantonne le refrain.

Olivia pense aux très nombreux photographes et prend la pose.

Avec ' A toi' on revient vers le matériau récent, aux consonances hispaniques, ce coup-ci, c'est une mandoline que Franck a déniché chez le brocanteur.

'Des crêpes aux champignons', si tu y touches, tu crèves!

La criminelle, mi-sensuelle, mi-athlétique , se trémousse tandis que les musiciens entament un choeur grégorien altier, avant d'entendre les  effets de guitares stridents  proposés par Vincent David.

L'autre David a saisi un maillet avec lequel il frappe rudement un tambour, égaré par la fanfare locale, pour amorcer 'Des corps' ... des corps en mouvement, des corps outragés, des corps bafoués... tous les corps s'expriment. 

Après un laïus à propos de la maternité, elle attaque ' Le sel' , un titre, bilingue français/espagnol,  intime et émouvant à la fois.

Franck, le touche- à - tout, s'empare d'un zither  pour la scie  ' Elle panique' .

La  séquence maniement des foules  s'avère opportune, Saint-Brieuc reprend le refrain.

Sérieuse amorce rock, à l'assaut des moulins à vent, pour 'Quijote' , un morceau datant de 2005, et puis le retour au calme avec le flemmard et sympa  ' J'traine des pieds' .

Présentation des musiciens  et outro impétueuse, la place palpite, pas d'assagissement en vue avec la dernière du set ' La réplique', un techno dance track,  bourré de gimmicks dignes de Fad Gadget.

Olivia Ruiz, bien soutenue par une fine équipe,  a donné en ce début de soirée, un concert maîtrisé, pro jusqu'au bout des ongles.

Il manquait peut-être une once d'émotions et d'effets de surprise.


mardi 14 mai 2024

Maï - EP - Malaka

Maï   - EP - Malaka 

 

Green Piste Records 

folk/soul

Il était deux soeurs, Laurina et Sacha  Moïsa,  arrivées toutes jeunes à Riorges ( près de Roanne) en provenance de la Guadeloupe, elles aimaient chanter, rire et  danser.

Pendant le confinement, elles décident de monter un duo, Malaka ( = pomme d'eau en créole) et de se produire un peu partout en Auvergne-Rhône-Alpes.

Elles font très vite impression et, en 2022, remportent le  1er prix régional du Tremplin musical Pulsations, les concerts se succèdent, quelques singles paraissent et en février 2024, un premier EP voit le jour: Maï!

Crédits -  Laurina Moïsa : Chant, cajon et guitare. Sacha Moïsa : Chant et guitare.

Peu de détails sont fournis quant aux éventuels musiciens, on sait qu'en concert Timothée Faure accompagne les filles à la batterie et aux percussions, le nom de Paul Baon est cité à la basse pour certains titres. 

Tracks:

1
Malaka maï
03:52
2
Swaï
03:14
3
Mauvais temps
03:18
Tino
03:52
5
Puissante
03:10

La pochette, dans  les tons gris, montre un système racinaire qui peut faire allusion aux roots des demoiselles.

'Malaka Maï': une voix douce, une voix chaude qui lui répond  pour ensuite fusionner , une guitare acoustique délicatement caressée, des percussions discrètes, un texte amalgamant le créole et le français, c'est tellement gracieux et poétique que ton coeur fond comme un glaçon au soleil.

Forcément des noms  s'imposent à l'esprit, Oriane Lacaille, Ibeyi ou plus loin, du côté du Cap Vert, Lura et Sara Tavares qui proposent toutes une musique chaloupée, fortement ancrée dans leurs racines respectives. 

Te souviens- tu de 'Sway' interprété par Dean Martin, un mambo sensuel, à damner les saints les plus ascétiques, 'Swaï' des sisters Moïsa, s'il remue  un peu moins lors de l'intro épurée, où l'acoustique accepte les deux voix sucrées, presque murmurées , change de ton lors d'un second mouvement aux relents raggamuffin.

Et puis tu as le message qui t'invite à danser, à te laisser aller  , because the body says more than words, le langage corporel est plus fort qu'un long discours stérile.

Sur un jeu de guitare sec et des percussions saccadées , 'Mauvais temps'  est bourré de métaphores: l'orage, les soldats, l'insouciance disparue, le temps qui passe, tout se lit en reflet sur l'eau d'un lac. 

Le morceau offre un petit côté Camille pas désagréable!

'Tino'   en mode groove urbain évoque aussi bien Selah Sue, que Nneka ou Ayo.

L'une chante d'un timbre rocailleux, l'autre bourdonne, puis elles se rejoignent, les percus et une basse impriment un rythme africain, soudain la guitare s'envole avant la reprise du thème et de la plainte.

 Tino, t'es parti, pourquoi ne reviens-tu pas pour prendre mon âme?

'Puissante', qui termine l'exercice, est imbibé d'une gymnastique vocale  insolente, les soeurs passant sans frémir du nu soul à un flow hip hop virant slam, le tout greffé sur un fond sonore donnant le tournis.

Avec Maï, Malaka livre un premier (mini) album d 'un haut niveau!

 Une certaine Jeanne comparait les soeurs Moïsa à des sorcières, rien de péjoratif dans cette description, pas question de créatures maléfiques mais, plutôt, à l'instar de  Liwata-Christiane Amoros de la Réberdière, des filles qui connaissent le pouvoir des éléments, de l'architecture végétale et qui peuvent t'aider à trouver le chemin de la paix intérieure et de l'harmonie.

 

 

 

 

 

 


lundi 13 mai 2024

Joy Dary - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 11 mai 2024

 Joy Dary - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 11 mai 2024

michel

Quoi, Peta ne veut plus aucune insulte contenant un nom d'animal.

 T'es con, gars, , la morue en fête, c'est pas une injure, c'est une fiesta qui dure 4 jours!

Hier, on avait opté pour Pandapendu et Dear John, aujourd'hui on a choisi Joy Dary

Quand The Sunvizors décident de prendre une pause,  leur chanteuse se lance dans l'aventure solo, d'abord sous l'identité JOY, malheureusement déjà exploitée par mal d'artistes, puis sous la signature Joy Dary.

Elle s'éloigne de l'univers reggae pour tâter de la soul pop à la française, un genre pratiqué par des gens tels que Tété, Sowge ou Kimberose.

Joy vient de sortir l'EP ' Fragment'  qui succède à une série de singles, le premier ' Black Hole' embrassant un mode raggamuffin, comme lors des débuts de Selah Sue.

Ce soir la chanteuse, au look  que tu t'obstines à comparer à Joan Armatrading ( plus jeune),  est accompagnée par  Ronan Despres à la batterie et Loïc Loew aux claviers, à la basse et au programming.

Ronan peut exhiber un bristol rutilant: Alan Stivell, Cut The Alligator, Mohican , Dounia,Xy et bien d'autres ..., quant à Loïc, il est non seulement producteur et vidéaste , mais il s'active également avec  Mohican, 

Le trio entame le set avec  'Lueur'  , du French neo  r'n 'b, ensoleillé, au groove nonchalant, convenant parfaitement à la météo estivale que connaît le Goëlo  depuis une semaine.

'Entièrement nous'  chante la tolérance.

 Loïc, après avoir lancé les bandes, a abandonné les claviers pour manier une basse, Ronan nous la joue tout en sobriété et  la voix chaude de Joy, qui déambule sur le devant du podium,  se fond habilement  sur l'accompagnement sonore.

Des rapprochements à proposer?

Les dernières compositions d'Isia ou de Santa ( ex Hyphen Hyphen). 

Pour Jean Gabin, 'Maintenant, je sais', est  entamé en piano/voix, avant d'entendre Ronan tapoter timidement un drumpad.

Il sera plus résolu pour introduire 'Les sentiments, tandis que  la basse gronde , Joy ramasse une guitare, place quelques riffs secs, puis  nous chante..  le bruit des portes qui claquent... et nous pose un problème, était-ce on s'en lasse ou on s'enlace, une  affaire d'atmosphère.

Quelques gimmicks électros viennent décorer la chanson, la guitare s'agite méchamment, reverb et chambre d'écho transforment la voix.

Un titre percutant qui précède ' Bleu'  toujours soutenu par une guitare électrique, qu'elle troque contre une acoustique pour proposer ' Les pinceaux', un morceau sensible  qui aborde le thème des voyages et la recherche de son identité.

Paul Gauguin est fan!

D'un côté, t'as les claviers liturgiques, de l'autre le drumming électronique laïque et puis tu as Joy Dary  qui se pose des questions. 'Pas la même'  sonne comme les titres les plus dansants d'Axelle Red et devrait faire un tabac.

Binic s'échauffe et  entame un pas de danse .

Retour au calme avec ' Coup de vent'  qu'elle joue à l'acoustique, cette jolie  ballade folky,  intimiste, a été composée pour sa maman.

Le single ' Juste un peu d'eau'  pétille comme un Schweppes/vodka/jus de pamplemousse, il précède le dernier titre d'une setlist qui mentionnait 'Allure', pas entendu, 'A l'aube' nous emmène à la Réunion.

Elle a déniché un  burned wood and Nile grass rain maker shaker, le secoue énergiquement, heureusement les nuages n'ont pas éclaté, pas de pluie à l'horizon. Une grande partie d'un  public, conquis par les rythmes chaloupés de ce titre exotique, s'est trémoussé avec grâce.

 

Le trio s'éclipse, Binic le rappelle et aura droit à une seconde version du morceau pictural ' Les Pinceaux'.

Un concert sympa! 






 

dimanche 12 mai 2024

Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024

 Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024

michel

Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa... Joe, t'exagères, de la Place de la Cloche à la place Le Pommelec, tu comptes au maximum 5', même si les quais sont encombrés!

Le temps de boire un truc, de saluer un dandy monkey à la sono, et Dear John est sur scène.

Non, pas Taylor Swift, Binic n'est pas la Défense Arena, le cachet de la superstar devrait permettre d'organiser le festival pendant au moins 20 ans.

Chose étrange, Dear John, ce sont quatre filles, qui ont décidé de faire du bluegrass, comme dans les Appalaches, il y a un siècle.

Anaëlle Trumka (fiddle, vocals) - Morgane Labbe (double bass vocals) - Léna Rongione (banjo, vocals, flatfoot dancing) - Valentine Lambert (guitar, vocals), sont les membres actuelles d'un combo créé il y a quatre ans.

Anaëlle Trumka ( ou Anahïta Trumka) de Paris, sévit au sein de Iko Iko Blues et se produit sous son nom, Morgane Labbe de Rennes est citée chez Les Bubby Mayse et Les Pieds dans le Bal, Valentine Lambert, de Chartres, émigrée à La Rochelle , se produit sous son nom et l'émule de Fred Astaire, Léna Rongione, de Rennes, joue avec The Sugar Family, Naowel et Bow Knee and Claw.

Bonsoir Binic, on commence avec une histoire de cowboy ( elles n'ont pas mentionné John Wayne), ' Something Above Our Head' , le fiddle caracole, la contrebasse et l'acoustique assurent le tempo,  Anaëlle s'occupent des lead vocals, les copines se chargent des backings.

Tout baigne, puis quand le banjo se lâche,  ta voisine, déjà corrompue, bat le sol du talon, un mouvement brusque la voit déverser sa mousse sur ses dancing shoes du vendredi.

Elle a émis un 'Shit' qui n'a rien à voir avec la weed.

Les voix entonnent un bourdon, puis Valentine entame ' Good  Ol' way' au chant.

Les premiers yeehaws fusent quand la mutine Léna se paye une séquence de tap dancing fougueuse.

'Dear Maggie' is a poor little girl souffrant d'un chagrin d'amour, qu'il faudra noyer dans la boisson.

Tu le sais l'alcool réduit l'inhibition, visiblement les filles sur le podium  ne sont pas coincées.

Face à la scène, l'ambiance est montée d'un cran.

Le 'Boll Weevil' (anthonomus grandis) cause des ravages dans les champs de coton,  même Eddie Cochran a chanté les méfaits de cet insecte, à Binic c'est Anaëlle qui a fait impression en entamant une séquence de yodel, à faire pâlir toutes les Tyroliennes du coin.

On quitte la Virginie, John Steinbeck et  Bernard-Marie Koltès,  pour s'entretenir de sororité, un sujet pas vraiment actuel  aux USA dans les années 30. Voilà,  'Sisters' , une romance country.

Les ( fausses) soeurs  abandonnent leurs instruments, se placent à quatre derrière un micro vintage et proposent, a capella, une suite de gospels, 'When I wake up' ( to sleep no more) et ' Bring Me Little Water, Silvy', attribué à Leadbelly.

Les filles ont fait grosse impression en battant des mains et en se frappant les cuisses et la poitrine, pour chanter en  harmonies divines.

'Four Spirits' et son fiddle fougueux n'a pas calmé l'enthousiasme de l'assistance, ' Greasy coat' , déniché dans les Appalaches ,  a mis le feu.

Morgane amorce ' Cumberland gap' , un col célèbre pour les combats s'étant déroulés  dans le coin pendant la guerre de Sécession.

Valentine: la suivante  a été écrite par mon papa dans les eighties , si la setlist mentionne ' Lost Star', la guitariste a annoncé  'Every night, every day'.

On grimpe tous dans le steamboat sur le Mississippi,  vitesse annoncée 3 noeuds  en une heure, si tout va bien, ' Roll on muddy river' .

 Ai comme l'impression que je ne verrai pas dans l'immédiat le bébé qui m'attend dans le Tennessee.

Voilà le voyage se termine, this is our last song, ça tombe bien, elle s'intitule ' Last song'.

Une composition allègre, dont le couplet est repris par la foule. Les filles ont eu la bonne idée d'introduire 'Will the circle be unbroken ?' dans les lyrics , ce qui nous ramène vers le fabuleux Nitty Gritty Dirt Band qui avait enregistré le titre sur l'album du même nom ( 1972).

Ce concert tonique donné par des virtuoses, toutes dotées d'une voix radieuse, demande un bis.

OK, si vous bricolez une chenille!

Marie- Thérèse agrippe ta conjugale, tu prétextes un accès soudain de rhumatismes, elles embrigadent 79 volontaires, c'est parti en farandole jusqu'au port, tandis que Dear John balance le medley 'Worried man blues' / ' I saw the light' .

No more darkness, no more night, le Seigneur a entendu nos prières!

Euphorie générale et une dernière a capella, 'Timber Bridge'.

Nota Bene: Dear John a lancé une campagne de financement destinée à enregistrer un nouvel EP.

Le lien: https://fr.ulule.com/dearjohn_nouvelalbum/?utm_campaign=presale_184402&utm_source=shared-from-Ulule-project-page-on---http.referer--&utm_medium=uluid_5718130-post-202405070710&fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR3D5_kF15LLX22t7feFq0FJdNjeFOtUF05uX37J8bRgdPMBEFPXiqDYHMA_aem_AcrZLKI0SDmTRJ-8pD3oW19BmmLz0fyfbAW9oYEpP654lKPzrUZTn6baVLZuEf-Yxn6_UA4dbfzlZOO5PlILIema



 








samedi 11 mai 2024

Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024

 Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024

michel

 

Après bien des péripéties , La Morue retrouve son cadre initial, le port de Binic.

Du 9 au 12 mai, tu peux non seulement déguster des accras, admirer des rafiots, fabriquer des cordages, traire des goélands, assister à des conférences, te cultiver en visitant le musée, te débarrasser de tes gosses en les envoyant sur la grande roue, chanter avec les marins, te taper des coups de soleil, déambuler avec des fanfares,  boire avec plus ou moins de modération et....  écouter de la musique.

Arnaud du Chaland qui Passe, toujours aussi actif, a installé un podium sur la Place de la Cloche où plusieurs groupes sont programmés, avec quelques fois des surprises pour la scène ouverte, car ce soir Pandapendu a répondu à l'invitation de son copain.

Pandapendu en formule réduite car si Grégory et Thomas sont bien présents, ils se contentent de picoler à l'aise en terrasse en laissant Yann se débrouiller tout seul avec sa guitare et ses machines.

Casquette vissée sur le crâne, le panda barbu, gratte quelques accords de guitare, la sono envoie les bandes lui permettant d'interpréter ' Vaporise' , un titre brumeux , dispersant de fines gouttelettes de dream pop éthérée.

... I'm the one with lipstick on... chantonne -t- il pour introduire '  l'Ange' , ce ne doit pas être Francisco Pino Farina, alias l'Ange Blanc, le catcheur ne se maquillait pas.

Il délaisse la guitare pour entamer 'Ruskov' le titre préféré des Platters,  à cause de la fumée dans les yeux.

Le public, au départ  pas très impliqué, commence à se trémousser et admire la voix de crooner velouté du nounours.

' Falling in love with you' et son petit côté Korgis  a ému madame qui a souri en entendant le tube irrésistible   ' Pyjama' .

Sur le premier EP, ' My tragi-comic mystery'  est idéal pour danser le tango synthétique .

Puis vient le titre en accord avec la météo, ' L'été' / ' Summertime' , moins carefree que ' In the summertime' de Mungo Jerry, mais idéal pour inviter ta petite amie à danser le slow.

Flotter en apesanteur entre 'Paris ( et) Londres' , c'est possible en écoutant Pandapendu.

C'est fun, un panda qui danse tout seul, pas tout à fait comme Gene Kelly mais presque aussi bien que Baloo.

Voilà ' Fajitas & parasol'  , il  met le texte en pratique ... je descends dans l'arène... et quand un panda sort de sa cage, t'as intérêt à faire gaffe, il n'est pas à une fantaisie près...  flatter la joue d'une jeune fille, pincer un nez, draguer une mamie...

Il y a un drame à l'horizon,  susurre le petit ursidé,..  I get so lost in your game... , finalement, elles sont   fragiles, ces petites bêtes!

Binic, c'est la dernière,  je tire ma ' Révérence' .

Polisson, le clown triste,  quitte le podium, s'approche de Madame Martin, lui prend la main et l'entraîne pour un pas de danse,  qui a fort amusé Monsieur.

 

Pandapendu en solitaire,  sans Thomas et Grégory,  peut surprendre , mais  le côté doux rêveur  et la voix enchanteresse de Yann  rendent la formule plaisante.






vendredi 10 mai 2024

Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024

 Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic Blues Festival, le 9 mai 2024 

michel

Edition 16 du Trieux Tonic Blues Festival, du 9 au 11 mai, Lézardrieux et les communes proches, vivent à l'heure du blues.  Des concerts gratuits dans les bars et le jeudi, salle Georges Brassens , de gros noms le vendredi et le samedi, avec, e a , Elliott Murphy et Boney Fields,  pas de quoi broyer du noir!

15:10, en voiture, direction La Cambuse à Kermouster, un endroit idyllique avec vue sur l'embouchure du Trieux et sur  l'île de Bréhat. 

Après quelques démêlés juridiques, le bar-épicerie  revit et attend le duo Alex Mirey & Little Chris sur sa terrasse.

Les amateurs de blues de la presqu'île de Lézardrieux et de bien plus loin, on a vu un gars de Bled ( Slovénie) et un autre, très sobre, venant de Bourré (Loir-et - Cher), sont venus en nombre et comme tous les sièges avaient été rapidement pris d'assaut, ils étaient des dizaines à suivre le concert depuis la rue ou depuis la prairie,  avec vue sur les flots bleus ( ce n'est pas un camping!).

Little Chris ne mesure pas un mètre 90, il arbore une casquette de prolétaire et manie la six cordes avec dextérité,  son copain, le Normand Alex Mirey, assis à 50 cm de lui,  a droit à deux guitares , on a admiré une Ibanez flamboyante.  Il s'est fait piquer ses santiags par un copain de Renaud  et c'est donc pieds nus qu'il frappe du talon sur une planche en bois, sous laquelle se cache un système d'amplification rudimentaire,  les orteils  s'activant sur un pédalier basse, histoire de rythmer leur blues.

Tu veux davantage de détails biographiques, tu relis la chronique de Pascal qui les a croisés à Art Bist'Rock en 2022.

Un seul enregistrement officiel, l'EP ' Toad' de 2019, un vinyle introuvable a été gravé lors d'une prestation au Brin d'zinc à Bernay.

Pas de setlist en vue, mais un cahier  contenant une centaine de feuillets, reprenant les compositions du duo et une ou deux reprises, si tu veux des titres, tu prends contact avec Alex.

L'instrumental  ( très Tony Joe White), utilisé comme soundcheck  laisse d'emblée  entrevoir de belles perspectives  et avant d'entamer l'exercice, Alex décide de dédier le concert à Denis Cook, le leader de Blues Power, décédé il y a quelques jours.

Un premier titre ( ? Slow Down?)  joué laidback, à la JJ Cale,  est lâché, la voix est rêche, les riffs des guitares  sont bruts et énergiques.

Le midtempo ' Pull those strings' nous conforte dans le sentiment d'avoir face à nous des gens qui connaissent leur job et le pratique avec enthousiasme.

Little Chris régale l'assistance d'un solo lyrique en mode Gary Moore,  tu te mets à tracer un parallèle avec le blues pratiqué du côté de Gand par Guy Verlinde , un gars appréciant les chemins poussiéreux et les moustiques sévissant dans le Delta de l'Escaut.

'You used to' adopte un rythme plus soutenu, la rhythm guitare bien   sèche faisant écho à une lead fluide.

D'une voix granuleuse, Alex amorce ' Are you lost'  , suivi par 'Bodily Comfort'  qui n'est pas une pub pour l'Oréal, mais un blues rugueux et fébrile aux relents Bo Diddley.

La wah wah rugit jusqu'au coup de frein intempestif  qui termine la plage.

Alex ramasse  l'Ibanez , passe un cylindre autour de l'annulaire, c'est parti pour un long instrumental qui se fond dans un morceau lent  nous invitant .... to get ready for the future.

Comme le futur est derrière toi,  t'as décidé d'avaler une Britt.

Je caille, clame Chris, alors que  la t° au soleil dépasse les 20°, j'enfile un sweat.

Son copain balance quelques accords sonnerie de  grelots, la casquette nous concocte un nouveau solo lumineux...one of these days I will go away... grogne la voix, les pieds battent le bois avec fureur,  la wah wah résonne jusque dans l'Essonne. 

Encore une pièce bien torchée.

Après un country blues,  accompagné aux fingersnaps par Josselin,  qui a réussi à gêner un couple de mouches en train de copuler, Alex annonce ' Dead man walking' ( sur l'EP le titre, au tempo soutenu,  sonne 'Walking Man') .

Sean Penn a adoré le morceau , le gars se dirigeant vers la chaise électrique un peu moins.

'Hitchhiker ' , quand il pleut, c'est la galère, aujourd'hui ça va, mais comme il passe une vieille Ford toutes les cinq heures sur cette route perdue, on lui souhaite bonne chance.

Feuille 18,  intro en arpèges mélodieux,  suivie d'une séquence agressive, puis retour au calme  pour placer un solo à la Peter Green,  qui joue pour les anges, là-haut in the sky.

'Shy man' , ' Countryside' , puis un histoire de poulets se succèdent.

Un conseil, make your own mind... la compo jouée à l'arraché vient secouer une brave dame assoupie sous le soleil.

L'heure du  blanc ( oublie le Muscadet) , tuning oblige, Médor, un caniche mélomane,  étonné de ne plus entendre les guitares, précède, en aboyant,  l'intro ciselée de Chris, à l'arrière un bruit incongru retentit,  la chaise de Fabienne a rendu l'âme, la malheureuse s'étale sur le pavé, coup de bol, sa bière est intacte.

On la ramasse  et le duo  entame un slow  blues tout en arabesques et broderies délicates.

Un coup d'oeil à Swatch, incroyable, ça fait 2 heures qu'ils jouent, le premier  concert  à la salle Georges Brassens doit débuter dans moins de trente minutes, allez, sans attendre une dernière ' Don't start' ,  un  titre bizarre car le concert tonique, donné par deux  gars inspirés,  généreux et talentueux,  se termine.

 

 

 

 


 








mercredi 8 mai 2024

Bon Enfant au Barbe, Plouha, le 7 mai 2024

 

Bon Enfant au Barbe, Plouha, le 7 mai 2024
 
michel  

 2 jours de travail et 5 jours de congé, tu ne rêves pas, ce mardi 7 mai  annonçait un week-end étiré, les clients du Barbe l'avaient bien compris et se sont dirigés en masse vers le zinc de Plouha pour assister au concert de Bon Enfant, un gosse pas forcément sage.

Bon Enfant, disco-pop-psyché, disait le flyer, ceux qui étaient venus  pour la première partie de l'étiquette en furent pour leurs frais, car les gens de chez Bon Enfant ne sont pas les rejetons de Denise McCann.
Deux filles, trois garçons, constituent le collectif de Montréal, actuellement en tournée européenne:  Daphné Brissette au chant et shakers,  Guillaume Chiasson ( 1m 95 déchaussé) à la guitare et  some backings ,  Étienne Côté  à la  batterie et backings,  Mélissa Fortin aux  claviers (  trois pièces, dont un antique Farfisa) et secondes voix  et Alex Burger (  Alex Beauregard)  à la basse.
Tous ces jeunes gens ont un passé musical:  Ponctuation et  Jesuslesfilles pour Guillaume, Canailles pour Daphné, Etienne  et Mélissa, Caltâr-Bateau et son propre projet Alex Burger, pour Alex.
Le groupe prépare un troisième album qui doit succéder à  'Bon Enfant' de 2019 et 'Diorama' de 2021.
 
Etienne, qui d'après un voisin se paye un look  Harpo Max, donne le signal du coup d'envoi en martyrisant caisses et toms, Guillaume le rejoint et ajoute quelques accords de guitare soignés, puis la basse et les claviers entrent dans la danse, Daphné, patiente, attend son tour en se trémoussant. Alors que la setlist mentionne 'Diorama' comme premier titre, le groupe, versatile, a opté pour ' Aujourd'hui' qui justifie pleinement le trait 'psychédélique'  .
Un bridge instrumental nous plonge dans un univers sixties/seventies, une époque bénie  où tu pouvais cueillir des fleurs dans les champs sans être verbalisé,  et pas rien qu'à San Francisco.
La 'Porcelaine'  de Bon Enfant est plus sautillante, en mode pop soignée,  que le ' Porcelain' de Moby, plutôt planant.
Pas de temps mort, Etienne, on nous dit qu'il est fan du Steve Miller Band, a déjà enchaîné sur la suivante, 'Pâte à biscuit', l'orgue de Mélissa virevolte, trois voix entament le refrain, tandis qu'une guitare lyrique répond  aux claviers.
Moins calorique que le  kouign-amann, le biscuit fond dans les oreilles comme une friandise pop,  délectable.
Des effets fuzz  nébuleux amorcent 'Insomnie' , une longue plage très acide ,  partant en jam après 3 minutes.
Le Grateful Dead n'est pas loin, le côté Québecois s'entend grâce au timbre de voix Louise Forestier de l'expressive Daphné.
Mélissa a ramassé des  wooden blocks qui traînaient sur le Farfisa, Daphné a saisi un tambourin,  puis entame un chant presque slammé tandis que le pied droit de Guillaume écrase la pédale wah wah, la basse et les drums groovent à l'unisson pour nourrir un  titre, sans doute  not recorded yet, il s'intitule 'Passion rock' d'après la setlist.
Le solo cinglant proposé par Guillaume  lorgnait du côté  heartland rock  , à l'opposé de la scène, les claviers de Mélissa cisaillent la mélodie de stries qui ont fait dire à Ray Manzarek, I love that girl!
'Chagrin d'amour' démarre sur de gros riffs à la ' Smoke on the water', les claviers tempèrent l'ardeur de Guillaume en sucrant le breuvage , la voix, enfantine,  pour le coup,  va transformer les sanglots en larmes de joie.
'Trompe- l'oeil' est sorti le mois dernier . 
La section rythmique ronronne comme un matou amateur de Prince , les filles donnent le tempo en tabassant,  l'une,  une cowbell ramassée dans un pré, l'autre un tambourin pas bourrin, le riff de guitare lie la sauce, Le Barbe se trémousse.
Après une courte interruption, afin de régler un problème technique au niveau de l'ampli de la basse, le groupe reprend le fil, avec ' Aire de plastique'  , un hymne  pop déchiré par un solo de guitare acéré.
Tu veux de l'addictif, tu écoutes  l'impétueux  ' Ciel Bleu'  qui t'invite à aller danser sur la plage .
Pendant ' Magie', le Farfisa de Mélissa déconne, elle lui refile trois baffes et comme par magie, la machine reprend du poil de la bête pour sonner comme le fabuleux Mark Stein du Vanilla Fudge.
Pour Elon Musk, Jeff Bezoz et Richard Branson voici  ' Astronaute Amateur' , une plage tourbillonnante voyant Daphné,  qui n'avait pu se payer une place dans l'engin spatial des multi-milliardaires, sauter sur une enceinte pour prendre de  la hauteur, à l'arrière,  Etienne se paye une petit solo musclé, les claviers picotent, la basse grogne et Guillaume renoue avec les effets wah wah.
Du psychédélisme spatial  qui aurait plu à Jefferson Airplane ou Starship ( au choix).
La dernière du set ( était-ce 'Diorama' annoncé comme tête de liste?)  est interprétée tout en force et voit les têtes voisines  se balancer en mesure.

Bye, bye, on revient pour le merch.
Il a fallu insister un poil,  mais ils ont rappliqué  pour balancer le rock belliqueux ' Petites batailles'  qui a clôturé ce  concert feu d'artifice et   inspirant,  donné par un groupe qui va faire des étincelles au UK à partir du 9 mai.