Album - The Spectre Beneath - The New Identity of Sidney Stone
par NOPO
Self-Released
THE SPECTRE BENEATH - The New Identity of Sydney Stone 2020
The new identity of Sydney Stone ferait un très bon titre de thriller et
que dire de cette couverture d'agent secret telle une splendide affiche
en noir et blanc?
Un man in black, genou à terre, pistolet à la main droite, l'autre main
l'équilibrant au sol, disparaît progressivement en poussières qui
s'envolent ('Ashes to ashes' chantait Bowie, on y reviendra...).
Les mentions du groupe et le titre, dans les mêmes teintes, s'estompent de manière identique.
Cette habile mise en scène titille mon imagination aspirée par une
histoire fantastique qui ferait disparaître un personnage avant qu'il
n'existe.
Mais je m'enflamme un peu... Noëlle, me suggère, pertinemment, que son ancienne identité s'efface.
Echappé du groupe anglais Plague and the Decay, habitué aux mélodies
torturées et aux artworks soignés et inventifs, Pete Worall change, lui
aussi, d'identité.
Il réunit ici une chic équipe de choc conservant son batteur, multi-membres, pour le second album conceptuel de Spectre Beneath.
Cocorico, une french vocaliste émigrée à Austin, plus habituée des reprises poppy (notamment japonaises!) élargit le spectre.
L Lockser – voix
Pete Worrall – guitare/basse
Consta Taylor – Batterie
Musiciens additionnels :
Vini Assis – guitare
Martin Worrall – Piano/clavier
Katy Lennon – choeurs
Pour se repérer un peu, je cale quelques coordonnées géo-musicales :
Kamelot, The Intersphere, Gojira, Amaranthe (en gardant l'énergie mais
pas le côté commercial).
On peut glisser la plaque dans la case métal power prog, histoire de ne pas trop se perdre dans une galaxie multidimensionnelle.
'Clockwork Heart' n'égrène aucun compte à rebours, mise à feu
instantanée. Les tronçonneuses démarrent au quart de tour et la batterie
passe le mur du son pour nous scotcher sur nos sièges.
Seule la voix se préserve, comme elle peut, dans une bulle dépressurisée.
L'interprétation tendue maintient notre tête sous l'eau pendant 2 mns et
nous laisse seulement respirer au moment du refrain qui autorise la
chanteuse à gémir 'Why can't I breathe in, I want to breathe in'
Dans le clip, un lapin (chasseur) menaçant effraie le spectateur qui en fait les frais.
Le solo de guitare haletant de Vini Assis fige l'atmosphère dans une
sidérance hypnotique et lance, à nouveau, le chorus sur une rampe de
fusée interstellaire.
Un bruit de grésillement oppressant fait lâcher un cri à L. Serait-ce la
'Voice in the Static'? Les instruments font bloc dans une fulgurance
rythmique à effet de fouet. La voix colle comme l'électricité statique.
Sur le refrain, des choeurs aériens mettent du coeur à répondre en
beauté, Lockser se laissant aller à quelques chuchotements. Une seconde
guitare crache un solo émoustachant.
Par son riff cassé en dents de scies, sa basse vrombissante et sa
batterie dévastatrice, 'Broken' m'emporte dans des effluves d'Evergrey
mais la mélancolie d'Englund y est remplacée par la tonicité de Lockser,
chanteuse à rebrousse poil.
Les nouvelles annoncées confirment le pessimisme ambiant (plutôt en mal)
par des infos de terrorisme mais 'Have you waited for the world to
change?'. La voix fragile se lamente sur un arpège de cordes dans un
mid-tempo lourd.
Ici, le glas sonne (pour qui?). Alors qu'un soutien puissant de guitares
et choeurs en armada monte crescendo, la voix est finalement abandonnée
a capella dans les dernières secondes.
L'intro plutôt heavy de '20 Shillings a Town' où s'échappe des sons de
foules, surprend par un ton maidenien. A plusieurs voix, un break force
le respect puis le cède à de fières guitares.
A l'entrée de 'The Last Light In The House', la basse imposante baisse
la lumière que la guitare tamise, la batterie bavarde avec L. Cette
fois, l'ambiance se veut rampante comme une menace envahissante.
'The Criminal' s'amorce par des bruits d'émeute et de pneus, qui crissent avant de précipiter un début de chaos.
Les enchaînements, sans ruptures, coulissent avec vélocité sur un rythme
constant jusqu'à la fin de ce qui ressemble à une course-poursuite.
Par sa mélodie flottante, le refrain apporte un peu de répit. Puis, la
guitare-balaie intercepte alors, au son d'éclats de verre, la voiture du
criminel dans une fuite éreintante qui n'en finit plus.
'The Funeral' porte bien son nom car on sent l'air irrespirable, envahi
par une épaisse brume de prières de dernière heure 'Forgive me
father...' qui met mal à l'aise malgré des voca 'L' ises légèrement
orientalisantes ... doom doom doom!
'The Premature Burial' s'enfonce dans la pénombre comme ce corps
enseveli. La gratte déchire dans la douleur d'un chant plaintif,
interrompu brutalement à 3'30.
Après un break filtrant, au loin, quelques cloches, paroles liturgiques
('Ashes to ashes-on y revient-, dust to dust') et bruit de pelle qui
creuse une sépulture, un duo de guitares acoustique et électrique
fricote sur une voix en souffrance et la batterie qui frappe fort.
Puis une guitare électrique luxuriante bientôt rejointe par une seconde part dans de captivantes envolées à la David Gilmour.
Une basse ronflante prépare alors le terrain à de nouvelles guitares
épiques, encouragées d'abord par la chanteuse seule puis des choristes.
Sur toute sa longueur (8'20), le développement convaincant demeure
impressionnant de variété.
'The Phone Call' L'appel téléphonique de Sydney, souffle court, obtient
une réponse terrifiante 'You 'll feel like a new man cause you will be a
new man', confirmée par un piano dépressif.
La pluie orageuse annonce 'The Exhumation'. Les guitares bondissent en
flammes et la batterie lâche ses nombreux chevaux dont on entend les
sabots. Le chant s'accroche pour suivre ce rythme effréné.
Les cordes hurlent et brûlent au bout des doigts des musiciens hors
pairs. Perdue dans un rire de folle, L. laisse la conclusion déclamée
par une inconnue comme une sentence inquiétante, le nom même de Sydney
Stone doit disparaitre sinon 'You will be killed! We will be watching
you....'
Oui Sydney... L., le monde est stone, et son coeur de pierre.
Cette symphonie tonne dans une déflagration contenue par des mélodies magnétiques.
Là où on pouvait s'attendre à des tics death, growls, voix bestiales ou à
l'inverse des signatures en coloratures (voire les 2), on apprécie une
voix émouvante et nuancée, qui tempère l'h'ardeur musicale.
La puissance de l'interprétation suffit à empêcher la tension de faiblir
mais Lockser apaise en contrepoint charmeur et inhabituel pour le
genre.
Une odyssée passionnante presqu'aussi opaque qu'un certain monolithe noir!
Titres autoproduits :
1. Clockwork Heart
2. Voice in the Static
3. Broken
4. Have you waited for the world to change?
5. 20 Shillings a Town
6. The Last Light in the House
7. The Criminal
8. The Funeral
9. The Premature Burial
10. The Phone Call
11. The Exhumation