Album - Aaron Lee Tasjan :: Tasjan! Tasjan! Tasjan!
New West/Pias
Par NoPo
Aaron Lee Tasjan - Tasjan! Tasjan! Tasjan! 2021
Aaron Lee Tasjan, qui? Tasjan! Tasjan! Tasjan! OK compris!
Un oeil sur une photo de profil, pas de face, on dirait John Lennon chaussé de lunettes!
Aaron grandit dans l'Ohio (là où il y a eu 4 morts d'après Neil), et
sort dès 2008 (à 22 ans), son 1er album produit par Tony Visconti
(hein?) avec son groupe Semi Precious Weapons.
A la même époque, il monte un second groupe 'The Madison Square
Gardeners' puis enregistre et fait de la scène avec les New York Dolls
(Oh?) pendant 3 ans, début d'une solide amitié avec Sylvain Sylvain.
Avec un peu moins d'exposition, il joue encore avec Drivin' N’ Cryin’ et Everest.
Il s'installe à Nashville en 2014 puis collabore aussi avec Jack White,
Sean Lennon, Clem Burke, Nigel Harrisson, Ian Mc Lagan et Pat Green
(quoi?)... n'en jetez plus, c'est déjà trop pour ce c v rité (dites je le
jure Aaron!).
Après une série d'EPs pointus, voici son 4è LP(pite) sous son nom.
La photo sur la pochette présente le personnage, coupé en haut du visage et sous son bassin, habillé d'un jean flower power.
Un cache-cache comme s'il se cherchait lui même, sans pouvoir se trouver
(on va le voir dans ses textes), et pourtant il affirme fièrement son
nom, floqué 3 fois sur son t-shirt, col 'V', bras nus.
Partons vite à la chasse à l'homme!
Le beatlesien 'Sunday women' éclabousse de sa classe notre 1ère rencontre. Si ça, c'est pas de la popopop millésimée!
La mélodie bluffe par son évidence nue et le gars nous remet un ptit
coup de gimmick au synthé (ou à la guitare car Aaron avoue avoir fait
sonner sa guitare comme du synthé), des nappes d'orgue, un 2è coup de
clavier zézéyant, tout réussit!
Une interprétation léchée au bout des doigts... 'Whatever happened to
Sunday women' donne vraiment envie de connaître la suite...
Un sifflement se fait entendre pfuipfui pfuipfui (ben si, c'est le bruit!) ... normal, une sunday woman vient de passer.
Les ptites notes au piano annoncent l'ouverture de l'Operating System
(naturel pour un gars dont les initiales se composent de ALT!) sur ce
'Computer of love' comme un gimmick publicitaire.
Oui, mais un OS à moelle! Aaron dénonce la confusion causée par la
technologie 'My little avatar, I'll never know who you really are,
Digital clouds and guiding stars, On the computer of love'.
Une guitare acoustique se la joue facile sautillant sur une batterie qui
aurait pu être jouée par Ringo. Une vraie force tranquille ce tonton
... et sans nuages, même digitaux!
Tom Petty ressuscite cette nuit, 'Up all night', incroyable!! On sait que lui aussi adorait les Fab Four.
Wouah, je lève le pouce, ce truc aurait pu figurer sur un de tes albums TOM, ah ok ... ça scalpe!
Les claviers enluminent une mélodie tueuse, la batterie ne s'écho nomise pas dans la réverb. Up up up!
Cette musique organique véhicule une voix sensible qui ne ment pas avec
ses sentiments ambigus exprimés par une valse hésitation (il n'a pas
fait partie des dolls pour rien!) :
'Broke up with my boyfriend, To go out with my girlfriend, Cause love is
like love is like love is like that - Went to the doctor She said you
might have a problem But I really can't I really can't I really can't
tell'.
'Another Lonely Day' tire la larme de fond.
Le picking à la sèche blanchit une sauce raffinée type 'blackbird'
certainement chantée au coeur de la nuit par cette voix fluette (à la
Paul McCartney) et quelques choeurs angéliques qui fondent sur le
refrain.
Une batterie rebondit sur l'air pendant qu'une lap-steel s'épanche en catimini, mini, mini...
Basse tonnante (boum boum boum) et batterie bouclent un rythme
rectiligne qui muscle le corps de 'Don't Overthink It' parti sur une
espèce d'enregistrement trafiqué, comme passé à l'envers et contre tout
et ça marche...
d'autant que le refrain tranche par son raffinement harmonieux, et c'est
sur des harmoniques que s'envolent les dernières notes de guitare.
'Cartoon music' pourrait cartonner avec son air désabusé et si
délicieux. Cette fois, la basse fait le dos rond ronnant en attendant
les caresses des cordes brossées et d'un orgue lointain.
Aaron chante for plastic people et ça plane pour lui, 'And now you're
losing your mind'. On croirait qu'il se laisse aller pourtant il sait où
il va tant ses compositions sont limpides.
Le solo de guitare déroule sans heurts, les coups sont ailleurs sur une
batterie résonante (il y a parfois 2 batteurs sur certains morceaux!).
'Don't know how it feels'? Ca plane pour moi, moi, moi, moi!
'Feminine Walk' prend la suite de 'Don't overthink it' sur le plan
musical et de 'Up all night' pour les textes ambivalents et plein
d'autodérision.
'Every time I'm at the bathroom door, You've seen Bowie and Bolan and
Jagger too, Grace Jones, Joan Jett and To Wong Fu I got a feminine
walk'.
La mélodie tortille sur les cordes de guitares puis la rythmique amplifie ce balancement.
Au bout de la démarche, l'instrumentation s'emballe avec des percussions
et effets de lap-steel en sifflements (proches du theremin).
'Dada bois' heu, quoi? Rien à voir avec le titre tronqué d'Alice, rien à voir non plus avec un cheval à bascule!
Un piano langoureux accompagne une voix de séducteur qui s'interrompt
soudainement. Sans avertissement, la production s'enfile Spector avec
tambourins et tambours sans trompettes.
La richesse de l'orchestration brille sous une lumière électrique allumée par Jeff Lyne.
'Da da da' On adore!
'Now You Know' avoue un faux manque d'assurance 'Tried to be a poet
Couldn't find the words Maybe someday they will flow', mon oeil, ce jour
c'est maintenant! La production aussi s'amuse entre clair et obscur.
La complicité sensuelle de la basse et la batterie m'émerveille,
impression confirmée par une ligne vocale élégante. Il n'y a plus qu'à
gratter un peu ce 'k' pour insister sur 'now now now'.
Les glissades des doigts sur les cordes rendent l'atmosphère de 'Not
That Bad' si cosy qu'on entendrait presque les craquements du feu dans
l'âtre.
La main passe du picking au battement d'accords comme l'état d'âme
hésitant entre tristesse et soulagement. Tout sauf hype, hype hype!
Sur le dernier tour de piste, piano voix en plusieurs couches
s'expriment d'entrée de jeu avant qu'un effet synthétique ne s'échappe
comme une étoile filante. La voix lactée monte en crème mousseline.
La rythmique se pose lourdement sans contenir la cymbale qui s'écrase et
le morceau s'écourte vite dans une stridence déchirante. C'est fini
'Got what I wanted'!
Aïe Aïe Aïe, quelle conclusion surprenante!
Au risque de me répéter, j'insiste : Aaron (Aaron, Aaron) livre ici un
travail d'orfèvre, à seulement 35 ans! 'Mais aux âmes bien nées, la
valeur n'attend point le nombre des années', c'est pas moi qui le dit!
Chaque titre ressemble à un bijou ciselé. Aucun plagiat, mais uniquement
des références assimilées, respectueuses et tellement polies qu'elles
scintillent naturellement sans fard.
Nul doute que Le titre de l'album corresponde bientôt à la réaction
attendue, en public, pour les rappels et pas que ... Tasjan! Tasjan!
Tasjan!
Titres
1. Sunday Women
2. Computer of Love
3. Up All Night
4. Another Lonely Day
5. Don't Overthink It
6. Cartoon Music
7. Feminine Walk
8. Dada Bois
9. Now You Know
10. Not That Bad
11. Got What I Wanted
Musiciens crédités
Batterie : Jon Radford, Dom Billet, Devon Ashley, Fred Eltringham (Sheryl Crow), Dylan Sevey (musicien live d'Aaron),
Basse : Aaron Lee Tasjan, Tommy Scifres (musicien live d'Aaron), Keith Christopher (Lynyrd Skynyrd) sur ‘Up All Night’
Lap steel : Josh Kaler sur 'Another Lonely Day' et 'Feminine Walk'
Chant : Aaron Lee Tasjan