Album - BirdPen - All Function One
NoPo
BIRDPEN - All function one 2021
JAR Records
N'allez pas chercher midi à 14h (surtout avec le décalage horaire!),
Bird et Pen correspondent aux noms des 2 musiciens et non à un éventuel
maquillage, un crayon d'oiseau et encore moins un nom d'oiseau
d'ailleurs!
Ah, pourtant, j'aime bien quand y'a anguille sous roche ... Mais au mieux, ils ont écrit leurs textes avec un stylo plume...
Bon revenons à nos oiseaux!
Dave Pen chante et tient la guitare dans Archive depuis une dizaine
d’années (et au sein du projet We Are Bodies), Mike Bird l'a rejoint
puis ils ont fusionné dans Birdpen en 2002.
Après 5 EPs et 5 LPs, voici le 6è! La photo sur la carte d'identité
affiche une fenêtre fermée qu'on meurt d'envie d'ouvrir pour
s'échapper, ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux!
Un coup d'oeil à la tracklist montre des titres courts, un peu
intrigants. Le duo confesse aborder des thèmes en lisière de situation
pandémique : la solitude, les fausses informations, la paranoïa et la
vie ultra-connectée...
Sur la piste d'ouverture, 'Function' s'avance, cahin-caha, comme une
sentence et progresse lentement. On entend de l'hésitation dans la voix.
Le morceau encourage un mode de fonctionnement soudé pour vaincre la
crise. Le recrutement a commencé avec la participation des fans dans le
clip.
Quand le chant fait un premier break, le ton monte en allégresse,
déclenchant une gifle sur les cordes de guitares, des envolées de
violon, puis des coups redoublés sur la batterie, enfin le retour au
chant se fait par une interrogation 'what is real?'
'Life in design', dans des accords et frappes saccadés, apporte plus de
volupté. La basse ondule et incite à se trémousser sur un rythme
invariable.
Le chant, en apesanteur surtout sur le refrain, transporte des messages
cafardeux au sujet des gens enfermés dans leur monde intérieur.
'Losing time Losing my mind', se répète à l'envi sur une conclusion relevée.
L'introduction de 'Modern Junk', comme une modern dance, mêle, sur un
rythme répétitif, beat exotique électro et tambourin. La guitare agile
et changeante s'intercale en louvoyant dans des effluves psyche.
La voix fragile juxtapose d'abord, des mots mis bout à bout, qualifiés
de déchets médiatiques (qui nous pollueraient), puis, après des petits
cris sur un pont cassé, le chant se libère en même temps que la guitare
s'agite.
'Shakes' s'embarque sur une rivière calme et mélancolique. La voix
troublée exprime la crainte de l'isolement par peur du monde extérieur.
Des violons émouvants pleurent les mots 'Find somewhere to go away from you'.
On peut s'assoir 'Seat 35' sereinement dans l'avion, pas David, effrayé
par ce qu'il ne peut maîtriser : 'I hope I see you again I can't help
feeling it's the end'!
Un violon vaporeux flotte sur un rythme bancal totalement fascinant. La
voix aérienne s'en amourache tout en ne sachant pas vraiment où elle va
'going nowhere'.
Plus loin, un discret gimmick sur clavier fluet attire au point qu'on ne l'oublie plus.
Comme sur la plupart des titres, la trame vocale enrichit magnifiquement
la mélodie, dramatique, soulignée par des cordes vaporeuses.
Le loop de guitare menaçant, creuse 'Blackhole' et fait émerger des
idées noires dans une révélation. Le chant s'apparente à une plainte
douloureuse.
A l'allumage, 'Flames' combine une basse bégayante avec des frappes
égarées et une voix métallique. Elle scande d'abord, avant de se
dédoubler en mode claustrophobe puis soudain, elle danse dans les
flammes, avec bonheur, attisée par une guitare aérienne.
La rythmique, un peu expérimentale, prend une grande importance sur
cette plage finalement submergée par les cristaux acérés d'une guitare
exploratrice.
La mélodie au clavier de 'Otherside' dérange quelque part. David chante
l'enfermement dans une vie-rtuelle sur un ton monotone qui devient vite
lancinant sous des frappes roulantes.
Ces 'Changes' de David n'ont rien à voir avec ceux de Bowie, plus
enjoués. D'ailleurs, le titre décrit finalement l'absence de
changements.
Accroché à des cordes cotonneuses, le flow synthétique semble sortir
d'un robot, ou de la bouche d'un ermite devenu robot à force de répéter
les mêmes choses dans un environnement aseptisé.
A travers 'Universe', on perçoit une grande nostalgie. La guitare
acoustique, juste effleurée, aime Pink Floyd à l'orée des seventies.
Une brume au clavier, dans une lueur de violon à peine frotté,
accompagne le chant éthéré de David vantant le parfait amour,
inatteignable, irréel.
'Invisible' me rappelle les débuts de Coldplay. Réveillé brutalement
pendant un voyage en train et découvrant la beauté du paysage, David
s'aperçoit que les autres passagers ont les yeux plongés dans leurs
écrans.
Les arpèges transportent sereinement le passager sur un rythme régulier
de voie ferrée. Le trajet remplit de bonheur comme la vision du soleil à
l'aube.
'Undone', avec une voix un peu plus grave et posée, m'évoque The National. Une impression de soulagement se dégage de cette ambiance
nocturne avec, plus loin, une voix féminine qui apaise.
Des sanglots de violons achèvent tranquillement le disque.
Les 12 compositions défilent sobrement dans une belle cohérence.
Ici, l'obscurité se propage, tout au mieux on peut espérer un clair-obscur.
Pourtant, la dépression ne nous parcourt pas, c'est une douceur languissante qui s'empare de nous.
Un album à écouter, avec délectation, en soirée, avec un digestif, plutôt à minuit qu'à midi.
Line up
David Penney : chant, guitare, clavier
Mike Bird : guitare, clavier
Rob Lee Basse
Raphaële Germser violon
Miko Hansson Voix sur 'Undone'
Tires produit par Mike Bird & Dave Pen (la mastérisation a été assurée par Frank Arkwright dans les studios Abbey Road)
01. Function
02. Life In Design
03. Modern Junk
04. Shakes
05. Seat 35
06. Blackhole
07. Flames
08. Otherside
09. Changes
10. Universe
11. Invisible
12. Undone