Album - Digital Cage Of A Cursed Generation - SKAGS
Par NoPo
Auto-produit
SKAGS - Digital cage of a cursed generation Novembre 2020
Après avoir musclé mes esgourdes avec Spectre Beneath et Hvalross, je
découvre, ici même (sur concertmonkey), l'annonce de la sortie du 1er
album des grecs SKAGS.
Aah la GRECE, ses vestiges, ses Dieux, ses îles, ses plages, ses groupes
de rock ... ah ben non justement c'est pas une spécialité (même si on
n'oublie pas Firewind, Nightfall et Rotting Christ).
Ce groupe d'Athènes (pour une fois pas Athens de l'Etat de Géorgie,
souvent cité) naît en 2017, au départ, simplement dans l'idée de jouer
des reprises (pas volées).
Il en reste aujourd'hui les trois membres fondateurs :
Spyretta Driva: Voix
Kostas Sokos: Guitares
Sotiris Angelidis: Basse et voix
Prenez les premières lettres de leurs noms et prénoms, secouez-les,
secouez-les, et jetez les sur la table, il paraît qu'on arrive à
'SKAGS'... pour le 'G', il faut aller chercher en 3è position de
'Angelidis'?
'SKAG' serait un mot argot pour les drogues récréatives... un peu tiré par mes cheveux comme étymologie, mais why not?
La substance embaumerait d'ailleurs un peu leur style électronique pop prog planant.
Il faut au moins 4 membres pour s'équilibrer, deux autres musiciens complètent donc la formation :
Christos Alexandris: Batterie
Christina Papandreou: Clavier
Leurs influences? Ils répondent : "Pink Floyd, Dream Theatre,
Radiohead(!), Guns & Roses (!!)". A part quelques plumes de flamants
roses (anglais d'ailleurs pas flamands!), le reste semble un peu
transparent...
Pour ma part, je discerne une pointe de SAGA (pas Africa!), des bribes
de Mike Oldfield (pas tubular bells mais tubes des 80's), et, plus
proche de notre époque, des parfums d'Hällas (qui aurait pu être grec,
par la consonance, mais il est suédois) et s'il faut citer un de leurs
compatriotes, pourquoi pas Vangelis Papathanassiou (futé, non?)?
Côté design, cette fois, pas trop d'interprétation libre car Spyretta, l'autrice, y va de son explication limpide.
"L'œuvre montre une ville, qui vit à l'intérieur d'une lampe éteinte,
fermée, entourée, vivant dans une bulle, ignorant la vraie vie et les
vrais problèmes... une cage numérique où les gens se soucient davantage
du monde numérique que du réel."
Quelques lumières à certains étages des gratte-ciels suggèrent une présence de vie.
Au dessus de cette lampe à vis traditionnelle, figée sur un fond bleu
nuit, le nom du groupe et intitulé du disque, séparés par un trait (très
numérique type 'pipe') vertical, s'inscrivent, sobrement, en fine
écriture blanche.
Encore une divine idylle entre la pochette, qui donne des envies de
vinyle, et mon regard! J'aime cette harmonie douce qui va de pair avec
la musique.
Cet album remplit de miel doré et sucré le plus profond de mes oreilles
et même plus loin ... et je fonds comme une bougie. Un peu de légèreté
ne fait pas de mal.
Légèreté? On repassera! Vla t'y pas que les textes plombent un peu l'atmosphère musicale...
Le thème récurrent, plutôt sombre, encourage une rupture dans nos
manières de vivre et dénonce le désastre planétaire évolutif depuis les
90's qui impacte cette génération sacrifiée ou maudite ('Cursed
génération').
Lançons le disque comme un discobole pour voir si ça roule!
Une nappe de brume, dégagée par des claviers, s'évapore et le jour se
lève sur 'Turn it on' (sans le 'again' qui appartient à Genesis).
Le rythme s'accélère en invitant guitare, basse et batterie et le son synthétique ramène aux années 80.
Spyretta exprime craintes intériorisées et envie d'en finir avec les mauvaises pensées.
La cadence passe encore une vitesse supérieure avec une plus grande
présence de la guitare ce qui, avec un peu plus d'impétuosité, me ferait
penser au gothique américain Idle Hands.
La guitare tisse une toile fragile que la basse tire à la limite de la
cassure. La voix angélique s'équilibre comme un funambule.
'Zak' parle de victimes de violence et de trahison et lorsque la
rythmique entre en action, on entend le chant féminin plus rageur qui
croise avec celui de Sotiris sur le refrain.
A partir de la 3è minute, la basse, rebondie, entraîne, avec force, des
claviers dans l'allégresse. Le refrain monte, au final, vers un
crescendo bouillonnant.
L'entame à la guitare aérienne rappelle la finesse de Marillion ou Pendragon.
'Put your hands down' ne signifie pas 'baisser les bras' mais, à
l'inverse, la voix mâle de Sotiris exhorte l'ambition, le changement et
la rupture avec la médiocrité.
Les claviers développent, petit à petit, une symphonie tournoyante en forme de valse hésitante.
Sur 'The consequence of dream', l'électro domine par les synthés et une
batterie au son de boîte à rythmes. Le morceau débute sereinement avec
sa voix suave qui chante, à nouveau, le désir de se libérer et
d'avancer.
Dans les derniers instants, la mélodie sucrée s'emballe en symphonie
profonde portée par des "I'm dreaming" intenses et répétés proches de
l'exaltation.
Une intro 'wish you were here' vole pendant 45 secondes avant qu'une
cithare exotique appelle une basse pesante pour 'The weekend'. La voix
lente et éthérée flotte sur une belle trace de guitare et se lamente de
subir une vie sous pression.
Le refrain apporte peu d'espoir malgré une accélération trompeuse à
double voix (et dépassement ... de soi dans les whouaah) et confirme
l'angoisse "I’m tired of living only in the weekend, the weekend, I’m
tired of living only in the weekend, the weekend is killing me"
'The guillotine' entonne 'I look outside and everything is lost' imagé
par un clip dénonçant l'inéluctabilité de la destruction de notre
planète et complété par un texte succinct et dépressif.
En dépit de ces idées noires, la chanson ramène des souvenirs de Maggie
Reilly (et ce hit où "Moonlight" domine "Shadow"). Il faut se rendre à
l'évidence de ce potentiel tubesque sur un rythme entraînant.
La guitare glisse comme une étoile filante que l'on prend plaisir à suivre des yeux et des oreilles.
A l'opposé de la grande veuve et loin du bégaiement de OPUS (sur 'Life
is life') dans les bals de mariages, 'Life' (une fois donc), par un
accord anodin et frivole en préambule, nous prend par surprise, se
lâche, se fâche, monte en puissance et finit par galvaniser et, dans les
dernières secondes, menacer par une voix grave et une guitare qui met
mal à l'aise.
'Drive me home' séduit d'abord en quelques gouttes légères au piano puis hypnotise avec sa boucle de clavier fascinante.
Mais sur le refrain le ton s'assombrit à cause d'une basse orageuse qui
fait transpirer à grosses gouttes cette fois, un peu comme lorsqu'on est
ailleurs et que ça ne le fait pas... s'il te plait, ramène-moi!
'The Man Sitting Right Next Door' parle de l'éloignement des êtres :
'People seem to know me only through a screen' et finalement insistant
'Sometimes I feel alone , I feel alone , I feel alone'.
La mélodie mid-tempo me donne des frissons frétillants à la Daft Punk
(surtout sur le refrain) avec son instrumentation chaleureuse aux
synthés marqués.
Tout au long de l'album, les lignes électroniques euphoriques contrastent avec un propos grave.
Grec mais pas geeks, le groupe prêche l'humanité, l'empathie et la prise de conscience généralisée.
L'effet positif et onirique prédomine. Cette génération désenchantée chante et même enchante grave sur ce disque.
A écouter pendant l'apéro à l'Ouzo bien sûr, entre fêta et tzatziki,
juste avant de refaire le monde... comme quoi, un peu de Grèce, ça fait
pas de mal!!
Titres :
1. Turn It On 00:00 – 05:49
2. Zak 05:50 – 11:19
3. Put Your Hands Down 11:20 – 15:42
4. The Consequence of Dream 15:43 – 20:02
5. The Weekend 20:03 – 25:30
6. The Guillotine 25:31 – 28:36
7. Life 28:37 – 33:53
8. Drive Me Home 33:54 – 38:52
9. The Man Sitting Right Next Door 38:53 – 43:32
All music written and arranged by Sotirios Angelidis / Performed by SKAGS
All lyrics written by Sotirios Angelidis except track 2 by Sotirios Angelidis and Spyretta Driva
All music recorded at Play Recording Studio and SKAGS Studio
Mixed and Mastered at Play Recording Studio by Nikos Arkomanis