Album- Slomosa - Slomosa
par NoPo
Apollon Records
SLOMOSA 2020
Ces Norvégiens jouent du desert rock ou du stoner si vous préférez, ça
doit les réchauffer! Eux appellent ça du "tundra rock", leur version du
désert en permafrost.
Comme Obélix, ils ont dû tomber dans la marmite quand ils étaient petits
et n'auront plus le droit à la potion magix, certainement stockée dans
les 2 bosses du chameau sur la pochette (à l'odeur de CAMEL bien qu'ils
ne jouent pas dans la même cour).
L'animal, repris dans le dessin noir et blanc du recto, semble facile,
même sous le poids des lettres de 'SLOMOSA', réparties sur ses bosses et
inscrites dans une pyramide. Sans qu'on puisse le voir, le désert
s'impose partout.
Pour la matière et le gros sable, on pense à John Garcia en solo ou dans
Unida, Hermano, Vista Chino pour l'épaisseur des riffs, mais il ne faut
pas oublier 'The Sword' avec une ressemblance de plus au niveau des
voix.
Formés en 2017, ils enregistrent précocement (la bosse du rock certainement) à Bergen dès 2018 avec :
Guitare, voix: Benjamin Berdous
Guitare : Anders Rørlien
Basse : Kristian Tvedt
Batterie : Severin Sandvik
À l'automne 2019, le groupe recrute la bassiste Marie Moe de Razika et
le guitariste Tor Erik Bye. Le disque ne sort finalement qu'en Août
2020.
Production : Eirik Marinius Sandvik & Slomosa
Mastering : Iver Sandøy (Enslaved, Audrey Horne)
Artwork & photo: Elsa Enestig
'Horses', cavalier, n'emprunte rien à la poésie de Patti.
L'instrumentation fait bloc comme une masse imposante sabbathienne (à la
vôtre aussi!).
La cadence s'installe dans un trot, bien assez rapide pour un dromadaire à travers le désert.
Les guitares à crinière rugissent, accordées tellement bas (désaccordées
disent même les musiciens), qu'elles fusionnent avec la basse,
grondante et grognante.
L'auditeur chevauche un son, en régulière sinusoïde, dans un mouvement chaloupé et ondoyant.
Les claquements caisse claire/grosse caisse lancent l'appel à "Kevin"
avec un riff fuzz bulldozer certainement joué par des doigts bien
musclés.
Les lignes vocales s'intègrent en instrument supplémentaire et leur
mixage rappelle J. D. Cronise (The Sword) et même parfois les
intonations d'Ozzy (Black Sabbath) en remontant le temps.
Au bout d'une ligne droite, la route s'arrête d'un coup à 2'44, suspendue au dessus du vide.
Ok, rien de neuf sous le soleil ('There Is Nothing New Under The Sun')
mais l'astre brûlant fait son effet fascinant autant que la pédale de la
guitare, tout le long de la plage.
Le riff tordu en 2 notes stridentes nous shoote direct à la dopamine.
Une longue panne surprend, le temps nécessaire au compteur du flipper?
Puis on a droit à l'extra balle du same player shoots again et le titre,
jusqu'à 8 fois répété, finit par perforer le cerveau.
Le rim sur le cercle de la batterie fricote avec la pédale de grosse
caisse rendant jalouse la guitare qui fait sonner le charme de ses
cordes.
'In My Mind`s Desert' tortille entre doom de basse, smash sur les cymbales et pêches sur la caisse claire.
Cependant le naturel revient au galop avec le gros riff qui tue et ça
bosse fort. A l'opposé, la voix, dilettante, chante de façon guillerette
et mélodieuse.
'Scavengers' cale un rythme dans un roulement de batterie bordé d'une
grosse basse bien ronde. Après avoir déployé une 1ère guitare au son
électronique, le morceau prend ses marques sur des sabots sabbathiens.
Une boucle de guitare fuzzy tournoie, à l'image d'un charognard patient,
attendant la faiblesse de sa proie. Le son des cordes vicieux et très
travaillé prend de l'ampleur dans un ton menaçant.
L'attente se prolonge au fil des 6 minutes trente sur un développement
qui se risque dans un dédale psychédélique et répétitif à partir de la
3è minute jusqu'au retour du chant 2 minutes plus tard.
La voix inaugure 'Just to Be' quasi a capella et rime avec des coups sur le cercle de batterie et une guitare discrète.
Avec le tonnerre de la basse, le son de la lead s'épaissit et se tort, pauvres cordes mises à mal.
Guitares, rythmique et lead, se renvoient la sauce... qui tâche la voix
traînante! La trame musicale monte doucement les bosses puis redescend
tout en maîtrise.
Le groove magmatique prend possession d'"Estonia" et balance la transe
envahissant nos membres, gorgés de plaisir, et qui dansent sans
contrôle.
Pendant un instant j'ai cru entendre l'intro de 'I heard it throught the
grapevine' (version CCR). 'On and Beyond' alterne parties de guitares
lentes, aériennes, psyché et lourdeurs stoner.
Les riffs saillants prennent le temps de s'installer et la rythmique
éclaboussante s'en donne à coeur joie. L'euphorie instrumentale, à son
comble, se prolonge dans une belle osmose magnétique.
Les textes des titres, très personnels et hermétiques, semblent être
restés un peu trop longtemps au soleil, ils ont fini par fumer.
Peu importe, l'atmosphère reste chaude mais jamais étouffante.
Riffs en cartouchières, les guitares tirent au fuzzy (en réponse à
Higelin certainement) et arrivent à nous rendre complètement stoner.
Enchaîner les 8 titres, dans l'ordre ou le désordre, jusqu'au bout des
35 minutes, procure un grand plaisir sans un seul instant d'ennui.
1. Horses
2. Kevin
3. There Is Nothing New Under The Sun
4. In My Mind`s Desert
5. Scavengers
6. Just to Be
7. Estonia
8. On and Beyond