Album - Matthew Sweet - Catspaw
par NoPo
label: Omnivore Recordings
'Power pop legend' dit le dossier de presse. Je me presse de rattraper mon retard, ma mémoire joue la passoire...
Malgré son nom, il ne fait pas partie du groupe SWEET (dont les
musiciens auraient pu être frères autant que les Ramones!), alors qui?
Originaire du Nebraska (célébré à sa manière, pas des plus
réjouissantes, par Springsteen), Matthew fréquente la scène musicale
d'Athens, en Géorgie, où il collabore avec Mickael Stipe (chanteur de
REM) dans les années 80.
Il se fait connaître notamment par 2 singles 'Girlfriend'(91) et 'Sick
of me'(95) avec un palmarès dans les classements américains.
Dans les années 2000, il enregistre 3 albums de reprises ('Under the
covers') avec La Susanna Hoffs des Bangles; puis il revient à ses
racines au Nebraska en 2013.
Sort en 2021 son 15è album solo, pas rien! Légende, je ne sais pas, vétéran plein d'expériences ... certainement!
'Catspaw' correspond à une patte de chat (mais aussi à se faire entuber, au figuré... ça peut faire mal!).
Comme explication, Matthew relate un épisode de Star Trek avec un
méchant chat géant. Chacun ses goûts, chez Ultra Vomit, c'est un chien!.
L'album paraît chez 'Omnivore recordings', ça s'invente pas!
Sur la pochette à fond noir, pas de papatte mais un gros plan sur une tête de chat ... noir (mauvais augure!).
L'animal, de profil, ouvre grand la gueule en montrant ses dents acérées
et sa langue rose gourmande. Au milieu, le nom de l'auteur et de
l'album apparaissent en blanc.
Félin pour l'autre, Matthew miaulerait-il? Cha se saurait, cha s'entend pas!
Sa voix claire, puissante et légèrement nasillarde moud un peu de grain.
D'autre part, il faut lui reconnaître des qualités de guitariste, jouant
fort, souvent avec une distorsion à la Neil Young ou Jay Mascis
(Dinosaur Junior).
On peut aussi le rapprocher de Richard Lloyd dans Television.
On peut encore citer Big Star, Dwight Twilley ou Sebadoh et la power pop
en vogue dans les college radios américains des années 90 que ce soit
les Posies ou Nada Surf par exemple.
L'artiste joue ici l'homme-orchestre puisqu’il compose, chante, joue
toutes les guitares, produit et mixe dans son studio personnel... je
l'imagine même passer l'aspirateur et aérer.
Quelle énergie! Malgré cela, seule la batterie, abandonnée, revient à Rick Menck.
'Blown away' mélancolise avec ses chœurs superposés et sa mélodie charmeuse.
La guitare se fait entendre dans des spasmes déchirants.
'Give a little' encourage le partage entre 2 êtres qui semblent avoir du mal à se comprendre et se chamaillent.
La trame trace de façon enjouée mais avec ce petit goût d'amertume pas désagréable.
'Challenge the Gods' chante une ode à la vie. Le morceau, tonique, déroule sur un rythme de bon randonneur.
On reçoit un vent de liberté en plein visage. Les paysages défilent dans une belle sérénité, chat lounge!
'Come home', plus lent, parle de l'absence d'un être aimé et on perçoit une tonalité plus triste.
'Drifting' dérive et chaloupe sur une vague légère. Le titre fait un
parallèle entre la vie et la nature dans un lâcher prise perceptible.
'Best of me' offre un son de guitare aigu et tendu qui chahute avec une
seconde gratte aux accords sombres et graves. La combinaison produit un
effet relaxant.
'Stars explode' tout en métaphores proches des voyages de Star Trek, traverse le cosmos propulsée par des guitares lumineuses.
'Hold on tight' le rythme ralentit nettement en ballade guidée par une guitare omniprésente.
Cette piste tient le cœur près du soleil auquel Matthew conseille de s'accrocher.
'At a loss' La guitare trépigne, elle en veut toujours plus. Sa sonorité brillante, à la Neil Young, survole la compo.
Les mots suggèrent le manque d'assurance, certainement pas dans la maîtrise de son instrument.
'No surprise' avec un 's' est signé 'Radiohead'. Il aurait fallu garder
la lettre pour la répéter au bout des regrets dans le texte et pour la
placer au milieu des gémissements émouvants de guitare.
Un 's' pour s'apitoyer et supplier... un 's' pour espoir. Très belle
plage qui nous fait chavirer, si j'osais, je dirais que le chat bada!
Tout au contraire et comme l'intitulé 'Coming soon' le laisse présager,
ici le bonheur prend le dessus. Les cordes vibrent autant que l'homme.
'Parade of light' libère totalement l'expression de la guitare,
désarmante. L'album se termine sur une note positive 'There's a parade
of lights ... illuminates your dream'.
Cette fois la durée semble vraiment trop courte (2'40), on aimerait
écouter cette gratte (la star du disque) chahuter beaucoup plus
longtemps et savoir tout ce qu'elle a à dire!
L'interprétation fluide des 12 morceaux brefs (plus proches de 3 minutes que de 4) rend l'écoute particulièrement agréable.
Matthew Sweet sort du four une galette de qualité avec des ingrédients
bien choisis (le blé noir de la pâte, en constitue la base évidemment)
et une composition délicieuse.
Tout juste manquerait-il ce grain ... de folie qui fait souvent la
différence mais, difficile de le lui reprocher. Il possède un vrai coup
de patte et une griffe caractéristique.
Matthew Sweet guitares, basses, piano, toutes les voix
Ric Menck (Velvet Crush) batterie
1. Blown Away
2. Give A Little
3. Challenge The Gods
4. Come Home
5. Drifting
6. Best Of Me
7. Stars Explode
8. Hold On Tight
9. At A Loss
10. No Surprise
11. Coming Soon
12. Parade Of Lights