vendredi 1 janvier 2021

Album - Dreams and Devastation - KnightressM1

 Album -  Dreams and Devastation - KnightressM1 


par NoPo


KNIGHTRESSM1 Dreams and devastation 2020

TRACK LIST
01. Butterfly
02. Polarity Integrate
03. Lock & Key
04. Supernova
05. Force of Nature
06. Raising Light
07. Minutes
08. Fire
09. Desolation Heartbreak
10. Gates of Dawn
11. Stars From My Sky
12. Zero Point

KM1 records

KNIGHTRESSM1, nom de code KM1, ressemble à un nom d'avion ou de soucoupe volante (OVNI lui conviendrait bien) mais il s'agit, en fait, d'un(e) super héro (Knightress est le nom d'une justicière des Marvel comics, épouse du New avengers Luke 'Power man' Cage).
L'imagination en revient à EMILY PALEN (pas laide non plus) qui met toute son inventivité, sa personnalité, son histoire et son cœur dans cet avatar, M pour 'Em' son surnom et 1 pour l'unité.
Emily Palen vient de la baie de San Francisco, issue d'une famille d'artistes, mère et sœur violonistes/violoncellistes et père poète. Elle même, apprend le violon à 4 ans et le piano à 5, une belle écorce précoce.
Après 2 albums solo et des collaborations, avec Silveroot, les fous Foo Fighters, l'extraordinaire guitariste Gretchen Menn (femme) et le non moins fabuleux guitariste Eric MacFadden (homme), elle assemble son arme fantastique.
Emily et John Lousteau, ingénieur du son des Foo, produisent l'enregistrement dans le studio 606 de ces derniers.

La femme compose texte et musique et je ne sais pas où accrocher les références. Même si l'artiste cite Architects, Queens of the stone age, Tool ou Florence and the Machine, rien ne s'accorde (à part celles de son violon).
Je qualifierai le style de powerprog post-metal ce qui ne veut pas dire grand-chose... mais l'attirance de l'artiste pour le métal combiné à l'amour et la maîtrise de son instrument donne une toute petite idée de la forme.
L'artiste chante de façon fragile mais décidée d'une voix sensible, expressive et pleine de vitalité.

Le superbe visuel rappelle 'Eat the Elephant' de Perfect Circle et interpelle tout autant. L’œuvre aurait pu s'intituler 'Je t'ai donné mon cœur'!
L'artiste, photographiée de face, torse nu, tend ses bras vers le spectateur, en offrant son cœur, arraché et quasi palpitant, sur ses mains ensanglantées.
On y revient, Emily consacre tout son cœur à cette création!
Une blessure sanguinolente marque la gauche de sa poitrine; des gouttes de sang, ici et là, tachent sa peau. Le nom du groupe, écrit en noir, repose sur toute la largeur de la partie basse, avec les initiales et le chiffre de plus grande taille (KM1).
Le titre de l'album s'accroche entre les 2 grandes lettres. Le rouge domine, même au niveau de la chevelure, qui donne à Emily des airs d'héroïne de bande dessinée.
Je dois souligner ici que le personnage de Marvel a pris une revanche sur la vie, car, asservi mentalement pendant 8 mois avant de s'en sortir... histoire en corrélation avec celle d'Emmy qui dénonce, par son écriture, toute manipulation et aliénation.

Le riff saturé de 'Butterfly' au violon électrique vrille le tympan (t'es mort, les oreilles m'en tombent!!). L'orchestration, particulièrement originale, met en beauté les cordes mais avec un son de basse, peu commun, à la fois enveloppant et en retrait.
A l'inverse, la batterie, au premier plan, bavarde avec beaucoup d'envie. Un synthé discret fait le liant. Le rythme domine par son balancement sans gêner les parties de violon en doux contrepoint du riff saignant.
La voix, sans être marquante, s'affirme avec beaucoup de charme et d'assurance au sujet du pouvoir d'indépendance détenu par chacun d'entre nous (une dédicace à son frère décédé cet été 2020).

Dans 'Polarity integrate', la guitare déchirée se contente d'ouvrir pour le violon. La basse s'arrondit et la voix, un peu languissante, s'intègre comme un instrument.
Progressivement la mélodie s'accélère et devient plus exaltante jusqu'à la dernière phrase.
Cette chanson (1er single) parle de ceux qui ont survécu à un traumatisme et de leur capacité à le surmonter puis à aider les autres par leur force intérieure ainsi développée.

'Lock and key', 2è single, s'autorise un riff véloce au violon électrique. Le titre s'interprète avec beaucoup de vigueur et de combat.  La musique traduit l'oppression et les paroles expriment le désir de rupture et de fuite, si compliqué dans une relation toxique. La 1ère minute crache une vraie fulgurance et la suite ne ralentit pas. Le violon écorché (qui me rappelle la flamboyance d'Eddie Jobson dans UK) pleure sous les coups de boutoir de la batterie inarrêtable jusqu'au break.
On part alors dans un 2è tourbillon (introduit par une phrase au vocoder) et prolongé par la répétition 'I found my lock and key I won't go out silently' avant d'atteindre le fond dans un grave ralentissement.

'Supernova' flotte sur un motif syncopé escorté par un son de violon comme un vol d'oiseau. L'ensemble, combiné à un frotté de cymbales laser, produit des effets d'accélération.
La voix primordiale saute entre les coups pour les éviter. Les solos de violon déchirent le cœur (enfin ce qu’il en reste !).
Plus posé, ce morceau parle probablement de la fin tragique du frère de la musicienne ('It was a Sunday On that bright highway') et de l'amour qu'elle lui porte.

'Force of nature' chaloupe sur une basse rebondie. A nouveau le violon sature puis zèbre la mélodie.
La voix gracieuse et légère y met des intonations contrastées. On se laisse facilement emporter par cette force naturellement dansante.

'Raising light' laisse la place à la basse omniprésente accompagnée de percussions orientales pendant que la guitare joue la danse du ventre à la wah wah. Le violon, pertinent, vient ensuite contrebalancer un rythme plus appuyé à la batterie.
Le refrain se veut plus léger et joyeux comme un trait de lumière ('All together now Face your pain and turn around Get to the light get to the other side').

'Minutes' prend son temps. La musique résonne dans un écho qui vibre sur les cordes du violon. La voix arrive aussitôt, portée par la basse, puis se cale sur un rythme en cross stick avant un lâcher de frappes plus violentes.
L'ambiance s'alourdit dans un tempo plus lent, Emily parle de son frère John (mort avant la sortie de l'album). Dans un passage atmosphérique, le violon rappelle la poésie de King Crimson lyrique 'Take your wings and fly'.

'Fire' s'alarme dans un sifflement puis une stridence à la guitare juste avant d'exploser. Un son sourd gronde comme le tonnerre sur un rythme effréné. Peu perturbée, la voix saute sur des crêtes enflammées à la batterie pendant que le violon allume l'horizon. Le morceau très court (3 minutes comme le 'Dynamite' de Scorpions pour un effet similaire) condense une grande puissance évocatrice.

Dans 'Desolation heart' une basse à l'inspiration 'Every breath you take' (POLICE) se balade puis la compo s'envole dans un trip évanescent jusqu'au refrain prenant, boosté par une voix énergique.

'Gates of dawn' déroule d'abord un tapis d'orgue au pied d'un violon en sanglots puis soudain, la musique s'échappe dans un reggae singulier.
Au contraire, le refrain traduit mieux l'ambiance tonique de la l'album. A 3'43, après un curieux bip avertisseur, le morceau s'évade vers un voyage lumineux de tradition progressive.

'Stars from my sky' se démarque par son côté électro. Il débute avec une boucle au synthé comme un tracé dans le cosmos, puis avance doucement et sans à-coups dans l'espace.

'Zero point' monte lentement dans l'atmosphère en mélangeant le violon, l'orgue et la voix soutenus par une batterie reposée. La fin se dessine dans un balancement exquis qui fait la part belle à la basse.

Pas de zéro pointé pour Madame, ce serait plutôt l'inverse!
A une période où l'évolution du rock passe, moins par l'invention, que par la fusion, la mixité et les collaborations diverses, KM1, sans révolution, ne ressemble à rien de connu.
Les paroles sont à la fois intimes mais transposables de manière universelle.
Par son expression artistique, Emily attise d'abord la curiosité puis finit par impressionner. Sa force réside dans une personnalité sans concession qui s'affirme sans questions.
Elle réussit là un acte majeur comme un doigt d'honneur à son récent passé douloureux.


Line up
Emily Palen Violon, voix, orgue Hammond, claviers, synthesizers, choeurs
Rob Ahlers (ex batteur de Kristin Hersh) Batterie
Uriah Duffy (musicien de Whitesnake live) Basse
Mick Murphy Guitare sur certains titres
John Lousteau Percussions, choeurs