Album - Bones Owens - Bones Owens
Black Ranch Records
par NoPo
Lorsqu'on jette un oeil (le bon!) à la pochette du disque, on se dit 'Ah
OK de la country...'. On subodore Nashville dans le stetson ou
peut-être les casinos de Las Vegas à la lisière du col à frou frou de la
chemise bleue.
Mais Bones Owens cache bien son jeu et son visage en baissant la tête humblement.
Pourtant, si si, il vient du Missouri, l'autre moitié du voisin (michat)
Tennessee et connaît bien la country (résidant effectivement à
Nashville) mais ici, non, non, même si y'en a sous la pédale, c'est pas
de la pedal steel!
Jusqu'ici guitariste de sessions et live, ses faits d'armes consistent à
des collaborations diversifiées avec Mikky Ekko, Yelawolf, and Carrie
Underwood. Avec ce côté éclectique, on tombe sur un os, aucune piste ne
nous oriente vers un style marqué.
Une 1ère écoute me faire dire que le power trio joue à la Bones
franquette, simple, évident, rafraîchissant... L'enregistrement spontané
s'effectue dans le jus et sur bande magnétique, adjectif qu'on peut
attribuer à l'effet provoqué.
Les rapprochements?
Il faut franchir l'Atlantique pour les trouver...
Artic Monkeys me glisse Gurvan, yes of course, et Miles Kane
complète-je. Pour le subtil esprit ricain, on prend la direction de
Creedence (influence patriarcale).
Chacun des 12 morceaux excitants dépasse à peine les 3 minutes ce qui
déclenche une forte envie de boucler et de pas la boucler... dont acte!
Roulements de tambour pour ouvrir la voie à des 'ouhouh' célestes. Le
cowboy débarque sa guitare avec beaucoup d' à-propos. Son chant, au bout
des cordes, file sur la mélodie la plus américaine de l'album.
'Lightning strike' le single country-blues twiste et fait mouche.
Un tambourin vient fleurir l'intro de 'Good day' au rythme mid-tempo
bien marqué. L'ambiance de belle journée, obligeant aux lunettes de
soleil, éclaire le morceau.
En fond de refrain, Regina Regina McCrary vient soutenir la voix du
chanteur, provoquant un effet guilleret pour 2 minutes de légèreté.
'White lines' alterne les contretemps et la voix up and down. Le balancé
obtenu par le riff hargneux frappe, imparable, le corps suit dans une
harmonie désarticulée. Le morceau s'évanouit sur un son de guitare
strident.
Rebelote avec 'When I think about love' aux cordes frottées. Le rythme,
vif, emmène tout et les choeurs chatoyants séduisent par leur charme
dévastateur.
'Wave' met dans le mille! La vague riffue nous submerge par son écume
élégante. Le mouvement aux coups doublés fait jubiler les jambes.
La voix tendue sur les couplets, s'adoucit sur le refrain. Pourtant le titre exprime la douleur d'une trahison. Tubesque!
L'influence Artic Monkeys brille sur 'Blind eyes' avec une réussite
totale. La cadence beaucoup plus lente, laisse la guitare se traîner
sensuellement sur l'histoire de la période la plus décadente de Bones.
La batterie fait des claquettes sur une basse sobre et chaude. Avec
détachement et légèreté (dans les 'ouhouhouh'), la voix raconte la fin
d'une relation destructrice.
L'intro bluesy de 'Keep it close' s'allonge, quasi acoustique, avant que
la plage, à combustion lente, trouve son rythme de croisière. Une
seconde guitare glisse, tout en souplesse, sous les griffes de la
première plus affutée.
Le morceau, très classique, réussit à captiver l'attention jusqu'au bout par une interprétation pleine de conviction.
'Ain't nobody' nous enlise au bord d'une rivière marécageuse envahie de
moustiques. Le riff, mordant et gorgé de feeling, met à crans sur un
rim-click ardent ... de crocodile.
Cette fois, un violon vient s'immiscer et apporter un air menaçant supplémentaire.
'Come my way' Une guitare zigzague entre les coups monolithiques de
grosse caisse puis de caisse claire. Sans changer de rythme,
l'orchestration s'enrichit d'une basse pleine.
Les choeurs omniprésents dynamisent le morceau surtout quand Regina
McCrary illumine les dernières secondes (une chanteuse de gospel connue
pour son travail avec Bob Dylan et Buddy Guy).
Un lick de batterie lance, après un léger larsen, un riff de guitare,
bien sec, suivi d'un plaqué. Une voix nasillarde proche de la distorsion
parle le 'Country man' couramment.
Les 3 instruments offrent une totale cohésion qui permet aux voix de s'exprimer sur un refrain entraînant et sensuel.
Après un départ lourd en stop and go, 'Tell me' surfe sur une mélodie
efficace et langoureuse à la Artic Monkeys. La voix, une nouvelle fois,
proche de la distorsion prend des airs d'Alex Turner.
La belle surprise monte de la gorge Regina McCrary en fin de morceau.
Son intervention bouillonnante subjugue mais s'arrête trop rapidement.
'Keep on running' nous envoûte et nous emporte dans une ambiance
toujours aussi proche des Artic Monkeys. Deux breaks courts montent dans
un tourbillon de guitares (et thérémine?) avant que le morceau se
termine dans une totale sérénité.
La répétition du titre s'accroche au fond de la tête et n'en sort plus. Le 2è tube, plus puissant que l'aspirine!
Il y a des sons qui vous mettent dans un drôle d'état (d'Amérique en
l'occurrence). Ce doit être une alchimie de fréquences et de
vibrations... mais aussi d'épiderme. Ici, l'impact est brûlant.
Avec concision (environ 40 minutes idéales) et sans démonstration
jamais, Bones Owens transmet une euphorie communicative, plus près de
l'os que de l'épiderme finalement, difficile à contrôler et d'ailleurs
...
à quoi bon, ce coup d' état... de grâce ressemble à un coup de coeur! Juste, écoute... c'est de la Bones, du rock à l'état pur!
LINE UP
Bones OWENS chant, guitares
Jonathan Draper (All Them Witches) Basse
Julian Dorio (Eagles of Death Metal, The Whigs) Batterie
Regina McCrary choeurs
Titres
1 Lightning Strike
2 Good Day
3 White Lines
4 When I Think About Love
5 Wave
6 Blind Eyes
7 Keep It Close
8 Ain't Nobody
9 Come My Way
10 Country Man
11 Tell Me
12 Keep On Running