Volch'ya Yagoda par Theodor Bastard
par NoPo
Label: Season of Mist
Les artistes, originaires de Saint-Petersbourg, se réunissent dans les années 2000.
Le titre russe de leur 9è opus, signifie Wolfberry, baie du loup?
Apparemment une baie toxique en Russie alors que la chinoise baie de
goji (wolfberry aussi), entretient la jeunesse éternelle!
Gojira, Gojira pas (qui jira le dernier), quoiqu'il en soit, ce mot
évoque la nature comme cet album sent le panier bio (j'ai pas dit beurk
pourtant Björk n'est pas si loin!).
Le visuel, proche de l'ésotérisme, présente au 1er plan, sur fond
marbré, vert bouteille, un dessin d'arbre doré apparemment entouré de 3
astres.
Ses racines se transforment en une espèce de chaman coiffé de bois ramifié et semblant tenir un tambourin.
En dessous, le nom du groupe et de l'album, centrés, collent à la
couleur de l'arbre. L'écriture de 'THEODOR BASTARD' se signale par sa
police en pointe de flèche.
Le langage employé dans les textes, tiré d'un mélange de langues
anciennes et de mots inventés, idiosyncratique (à vos souhaits!)
s'accorde à l'imaginaire renvoyé par l'image spirituelle sur la
pochette.
L'écoute de cette oeuvre ouvre un dictionnaire d'instruments exotiques
et ethniques (exothniques donc!) : jouhikko (lyre finlandaise à 2 ou 3
cordes), Bawu (flûte chinoise), ocarina (instrument à vent qui ressemble
à un sèche-cheveux -ou une tête d'oie), darbouka (tambour à gobelets),
didgeridoo (trompette tubulaire)...
Leur utilisation essaimée provoque un bourdonnement introspectif d'une
grande sérénité (même si la vie russe, avec ou sans Covid, reste
difficile...).
Le 1er morceau désoriente malgré sa flûte au son de sirène d'un paquebot indiquant le point de départ du voyage.
Tout à l'inverse, 'Shumi' me scotche. Cette balade au grand air médiéval
ne ferait pas tâche sur une compo de Blackmore's Night chantée par
Candice.
La mélodie envoûtante mélange flûte et guimbarde (sur fond de synthé et
percussions) pour le plus grand plaisir de la voix sensuelle de Yana.
Le ressenti serpente entre souffles remplis de fraîcheur et vitalité
luxuriante.
Une harpe porte, comme une prière, 'Skejgored' mais la tonique au
clavier bordé de violoncelle me rappelle aussi Kate Bush. Quelques
petits bruits électroniques gouttent de ci de là et flirtent avec une
harpe suédoise.
Tout confère à un effet de légèreté.
'Urzala' nous transporte à bout de souffle et dans un état second, au
Tibet, derrière le Dalai Lama (ou le chaman de la pochette) avec flûte,
tambourin et clochettes, accompagnés de chœurs liturgiques.
'LES', sobre et hypnotique, s'enfonce dans un profond trip hop qui prend aux tripes.
'Kamen, Sneg, Metal' interprété à 2 voix homme/femme et ukulele respire un doux parfum de tradition folk russe.
'Secrety' ensorcelle littéralement. Un triolet de bips se mêle à une
nappe ruisselante de piano/synthé déroulé pour une voix à la Mylène
Farmer. Le rythme répétitif, sans heurt, nous entraîne dans une valse
électronique.
'Requiem' porte bien son nom avec ses cloches d'enterrement et fait figure de bref intermède.
'Pozhato' s'ouvre à des voix (voies) inquiétantes et un rire de possédé.
Sur un rythme martial, des collages électroniques, faussement
incontrôlés, captent l'attention surtout lorsque la voix de Yana prend
le dessus.
'Volchok' ressemble à une prière, assis au vent sur le sommet d'une
colline. Une mélopée légère, au dulcimer, comme une brume transparente,
ondoie lentement et s'estompe, puis… 'Obereg', aux notes évanescentes,
redescend dans une morne plaine ...
'Fjorn Gaden' renvoie à Enya par sa mélancolie enveloppante. Le morceau
évoque le new age à l'esprit zen au milieu de violons et tambours
ethniques.
Da, da, da! Avec Theodor, on navigue entre rêve et parcours initiatique
comprenant des instants (un peu longs) de processions quasi religieuses,
mais l'effet recherché reste toujours maîtrisé.
Les soviets gravitent dans un pur Eden sans laisser place au hatzar.
Au milieu de la nature dominante, se cache une poupée russe renfermant
trip-hop, folk, ambient voire world music interprétés en biodynamie.
Laissez vous portez par cette respiration naturelle et vous en sortirez revitalisés! Spaciba!
Line up de base
Fedor Svoloch - guitares, synthétiseur, samplers, batterie, dulcimer, cloche voix et divers bruits
Yana Veva - Chant, guitare, bawu, ocarina
Kusas - percussions, instruments à vent
Alexey Kalinovskiy - keyboards
Invités selon les titres
Viktor Sankov, Pavel Paukov Basse
Vyacheslav Salikov cello
Ilia Dobrokhotov harpe, jouhikko
Maria Starostina Flute, harpe
Evgeniy Khromov, Alexander Dubovoy piano, synthétiseur
Tracklist