samedi 26 décembre 2020

EP - Over The Bridge - Lou Demontis

 EP - Over The Bridge - Lou Demontis

 

 Autoproduction 

 

Faut pas plonger jusqu'au mésolithique mais presque, Lou Demontis parcourt les routes et les scènes du monde rock  depuis plus de 40 ans.

OK, on ne va pas remonter jusqu'à l'école gardienne, où déjà il poussait la chansonnette pour la plus grande joie de mademoiselle de Fromont, une vieille fille, puéricultrice, diplômée peu après le second conflit mondial,  qui adorait les gosses, non, on  lance la machine à remonter le temps en 1977 pour te causer du groupe parisien Ciné Palace qui a eu l'honneur de se produire à l'Olympia .

Un archéologue a retrouvé le line-up: Lou Demontis (chant) , Yves Danacker (guitare) - Pecos (basse) - Thierry Danacker (batterie).

Certains affirment que le frangin de Lou,  Alain Abad tenait la basse lors du passage à l'Olympia, un garçon qui lui aussi peut afficher un beau bristol, il affiche  notamment une tournée avec Johnny Thunders.

Poursuivons: signature chez Philips, sortie de l'album ' Cocktail' en 1979, suivi par 'Rue Camille Niel' en 1981, puis, comme tous les petits cinés si bien chantés par Monsieur Eddy, le groupe se sépare, faute de succès.

Le FBI perd sa trace, il paraît qu'il bourlinguait et se produisait solo à droite et à gauche, sans perdre la foi mais aussi sans amasser des fortunes.

Retour de flamme dans les nineties avec The Flame Tattoo ( Alain Abad est dans le coup) ,  un groupe qui avait de la gueule, qui est passé par le Marquee et dont l'EP 'Singled Out' vaut une fortune.

Ils nous laissent également  un CD 'Take it or leave it', mais  peu après les flammes s'éteignent.

Infatigable, à l'image de Gérard Manset,  Lou reprend la route en solitaire.

Les enregistrements suivent: 2008, Never say Never - 2011, On the Avenue - 2017, Living the Dream- 2018, Heaven - et, enfin, 2020,  l'EP 'Over the Bridge' qui s'oppose à Under the Bridge de Flea et de ses copains.

Quoi, non,  on ne peut répondre à ta question concernant la troubled water!


Tracklist-

1 Now You're Gone 3:50

2 If I Loose You Win 4:54

3 Calling out My Angel 4:11

4 Going Down 3:24

5 I Know You Know 3:28

6 Over the Bridge 3:38

Lou Demontis and Ivan Malherbe play all instruments
Sabine Rouche: piano,  Hammond
Songs composed by Lou Demontis.
 
Parenthèse, Lou et Ivan sont tous deux professeurs de guitare à l' École des 4 z'Arts à Magnanville.

'Now, You're Gone', tu te dis qu'avec un titre pareil tu auras droit à un blues pur jus puisque Buddy Guy a choisi cette formulation pour une de ses plages les plus sombres.
Pas tout à fait blues, le morceau se meut en mode midtempo rock, un style qui va si bien à des gens aussi talentueux que Willy DeVille, le Boss et surtout Elliott Murphy, auquel ce titre te fait immédiatement songer.
La voix éraillée  pointe le bout du nez après quelques coups de baguettes sur la cowbell et une intro au piano presque latino, à laquelle se colle une guitare acoustique allègre.
Le mec ne semble pas pleurer à chaudes larmes, il accepte le départ de la madame qui risque bien de jouer le même jeu avec le successeur de celui qui désormais se retrouve comme un  lonely one. 
Ecoute, Lou, on ne tient pas à chicaner,  ton 'If I Loose You Win' est super cool, on adore ce tempo lent, cet air de ne pas y toucher, les castagnettes Spanish Stroll, mais bordel, un seul o à lose suffit, donc, If I lose you win!
D'ailleurs Supertramp confirme: You Win, I Lose.
Avec ' Calling out my Angel', Lou nous offre la ballade  suprême ( aux relents country significatifs, question 'train' tu te souviens de Merle Haggard attendant le sien en chantant du Jimmie Rodgers) ), elle est  posée sur un son d'orgue ( coup de chapeau à Sabine)  aussi  majestueux que celui  que  Matthew Fisher a appliqué sur  le plus grand succès de Procol Harum, 
Mr Demontis touche à la corde sensible et nous oblige à clore les paupières afin d' imaginer l'ange descendant précautionneusement  du train.
Un futur classique dont la ligne inaugurale évoque le fameux 'I shall be released' de Bob Dylan, du coup ... I see my light come shinin'  from the West down to the East... te trotte dans la tête jusqu'à te rendre fou.
De Freddie King à Bruce Springsteen, en passant par Status Quo ou Jeff Beck, ils ont tous touché le fond. 
Lou Demontis lui aussi y va de son ' Going Down' .
Voir ses rêves d'enfant s'évanouir, c'est particulièrement moche.
C'est sur une toile americana que le rockeur grisonnant plaque sa tirade mélancolique, enjolivée par des choeurs féminins célestes ( by the way, who are the girls, they sound oh so sweet, my lord?). 
D'un timbre poussiéreux, fait de rocailles concassées, comme s'il revenait d'un désert du Nevada, plus proche de Carson City que des lumières de Las Vegas, il attaque 'I Know You Know' , un nocturne américain évoquant d'autres singer-songwriters restés dans l'ombre: Willie Nile, Steve Forbert ou le copain du Loner et du Boss, Nils Lofgren!
Pour arriver au terme de la bordée,  il faut traverser le pont, là-dessous coule un cours d'eau te renvoyant des images estompées de celle que tu chérissais.
Une belle tranche d'alt-country  nostalgique que ce 'Over the Bridge' .
 
Si Madame, qui passait dans le bureau, s'arrête, dit oh, c'est qui, tu me prêtes le disque, c'est que Lou Demontis est dans le bon!
Madame est difficile et n'écoute que du sérieux!
Voilà, tu classes à côté de Lou Doillon sur l'étagère!