Yumi Ito – vocals, composition, arrangement, lyrics (Switzerland, Poland, Japan)
Marina Tantanozi – flute (Greece, Switzerland)
Sam Barnett – altosaxophone (England)
Enrique Oliver – tenorsaxophone, bassclarinet (Spain)
Victor Darmon – violin (France)
Hugo Van Rechem – viola (France)
Jo Flüeler – cello (Switzerland)
Esther Sévérac – harp (Switzerland)
Izabella Effenberg – vibraphone, array mbira, crotales (Poland / Germany)
Kuba Dworak – doublebass (Poland)
Phelan Burgoyne – drums (England)
L'album est amorcé par le titre qui lui donne son nom ' 'Stardust Crystals' , un morceau audacieux, mariant généreusement jazz, chamber music, pop, éléments folk, new age et acrobaties scat.
Les poussières d'étoiles se déposent sur une couche de cordes, la voix virevolte, un ou deux coups sur les cymbales semblent vouloir donner une nouvelle direction au vaisseau, mais non, elle se ravise, avant de vocaliser et de rivaliser avec les violons et le violoncelle, accélération, séquence scat, apparition d'une flûte céleste, on ne s'ennuie pas dans l'univers de Yumi Ito.
Horreur et damnation, penser à One Direction car la pièce suivante a été baptisée ' Little Things'.
Aucun rapport, évidemment, la fragile ballade, décorée d'une harpe astrale par Esther Séverac, te transporte dans un univers de contes de fées, loin des rumeurs sordides de notre monde contemporain.
A écouter, en position du lotus, en contemplant le mont sacré, le Fuji, miroiter dans le lac Kawaguchi.
' What seems to be' se rapproche plus du concept jazz, le phrasé minutieux ( il y a du Björk dans son approche) ou les vocalises fluides, les interventions subtiles de la flûte ou l'envolée brûlante du saxophone, impressionnent et te font envisager que, finalement, une certaine forme de perfection est imaginable en ce bas monde!
' Ballad For The Unknown' démarre sous forme d'un requiem for strings, il y a du Haydn ou du Mozart dans cette oeuvre sombre et tragique que la douce harpe et le vibraphone parviennent à peine à édulcorer. Yumi reste en retrait, ce n'est qu'à l'approche du terme que son chant douloureux, tout en vocalises Swingle Sisters, intervient.
' Unwritten Stories' par contre joue la carte pirouettes jazz, la voix cabriole de façon espiègle, les violons et le vibraphone entament un dialogue courtois avant de céder la place au saxophone soutenu par un jeu de batterie sobre, Yumi revient pour marivauder de manière désinvolte avant un final symphonique.
Une composition à l'architecture fastueuse et complexe.
Elle nous rappelle la merveilleuse Joni Mitchell s'attaquant à Charlie Mingus avec quelques pointures, dont Jaco Pastorius, Wayne Shorter et Herbie Hancock.
Une flânerie en forêt pour admirer un 'Old Redwood Tree'?
Il paraît qu'un séquoia peut vivre facilement 1000 ans, un brin d'humilité est donc requis face à ces géants.
Comme Jean Sibelius, la compositrice de Bâle est en symbiose parfaite avec la nature.
Après cet épisode sylvestre, reposant et propice à la méditation, la nuit tombe, et c'est dans le crépuscule naissant, que la belle enfant entonne la ballade mélancolique et impressionniste ' When the lights go down' , parée d'une lamentation au saxophone à l'esthétique Jimmy Giuffre.
L'ultime plage sera aussi la plus baroque, 'Spaziergang In Prag' déambuler dans la capitale de la Bohême en ayant consommé plusieurs flacons d'absinthe te procure une autre vision, moins poétique, de la ville aux mille tours et mille clochers.
C'est dans un état proche du delirium tremens que l'artiste colle une voix difforme sur une danse macabre glauque, faisant passer celle de Camille Saint-Saëns pour de la dream pop.
' Stardust Crystals', un album innovant, aventureux, opulent, esthétique, bourré d'idées et savamment orchestré.
Pas étonnant que les critiques placent Yumi Ito sur un piédestal et voient en elle l'avenir du jazz.