The Rhum Runners au Soul Inn, Bruxelles, le 19 novembre 2015
Non gars, je ne tiens pas à goûter à ton rum runner, mon palais préfère la Stella qu'un Bacardi aux saveurs tropicales, maintenant le groupe de Tours/Toulouse que vous avez programmé aujourd'hui, nos auricules l' affectionnent.
A 20:45, les six trafiquants de spiritueux fignolent le soundcheck, puis direction l'étage pour une collation, une séquence striptease afin d' enfiler une tenue de scène les flibustiers sont de sortie et il sera 21:30' avant de les voir saluer un public estudiantin déjà chaud.
Un des fondateurs du groupe, Jean-Pierre Cardot, alias Colada Jones, prend place derrière le piano, à sa droite, le sosie de Popeye, Bruno Bombo Long Island à la guitare, à l'arrière, Gaël Brass Monkey Kong à la batterie, à l'extrême gauche, une contrebasse, Aristide Planteur de canne à sucre et à l'avant-plan, Pensacola Bushwhacker, un amateur de noix ( de coco), au sax et percussions et le chef-d'orchestre, Toni Mojito, à la trompette et aux discours, homélies et boniments divers.
Ajoutons qu'un gong traîne sur scène, frappé tour à tour par ces joyeux corsaires et face au podium un coffre rempli de brol qu'ils ont amassé en fréquentant les vide-greniers du Sud -Ouest.
Caractéristique du cocktail: de l'exotica rock'n'roll, cacheté boîte de nuits dresscode fifties, un peu dans le style des Radio Modern shows mais avec des parfums Trinidad, Congo Square incontestables.
Plusieurs EP's, pour la majorité introuvables et un album, 'Another Exotic Journey with The Rhum Runners'.
Démarrage swing imparable avec 'Workin' out' d'Ernie Fields, dur, dur de ne pas remuer le popotin, ils sont déjà plus de dix à se secouer sur le dancefloor.
Excellente entrée en matière devant nous faire oublier une sinistrose ambiante traînant depuis vendredi dernier et accentuée par la météo maussade.
'Exotic' dit la note traînant aux pieds des cuivres, effectivement, la danse orientale offre plus d'éléments exotiques que le menuet.
Virage rock'n'roll avec 'Bagdad Rock', un piano Jerry Lee, des cuivres bouillants, ça déménage dans le coin, des passants éberlués s'arrêtent, sourient et pourtant hésitent à entrer dans l'ancien DNA.
Toujours en mode rock, 'Turn on song' précède un rhythm'n'blues aussi gluant que le 'Soul Finger' des Bar-Kays.
Non, on ne fait pas l'apologie de l'alcool, on n'est pas des chameaux non plus, un coup de gong, voici 'Katanga', le titre préféré de Johnny.
Non, pas le mec qui avait épousé Sylvie, Johnny Weissmuller!
Les Zazous sont parmi nous, ambiance folle de pré Saint-V!
Changement de paysage avec la vieillerie d'Al Duncan, ' Cossack Walk', ça boit sec un Cosaque, ça boit pas triste au Soul Inn.
Tu dis, Toni, ce titre fait partie de votre répertoire spécial effeuillage, OK, on appelle Joséphine Baker!
La frégate met le cap vers les mers de Chine, 'Surfin' in the China Sea' des Hong Kongs, un twist jaune emmené par une guitare mitraillette.
Gaffe, matelots, l'embarcation risque de chavirer et la mer est infestée de sales bestioles toujours à jeun.
La lecture se poursuit, le papier mentionne 'Colada Pie Piano', l'obscur 'Snake Walk', un nouveau r'n'b collant, ' Dry Transfusion' qui te rappelle Junior Walker, puis un hit des buveurs de Tequila, les Champs, ' Experiment in terror', suivi de 'Bandito'.
'Loose ends' est le dernier article indiqué sur l'aide-mémoire, mais les contrebandiers n'ont pas l'intention de battre en retraite, ils balancent encore un surf psyché, un boogaloo suintant, un mambo noir, un wild swing , un garage louche, un calypso sensuel, un limbo pas lymphatique et un mento couleurs Harry Belafonte.
Les Rhum Runners étaient prêts pour un rappel lorsqu'un petit con leur gueule 'Cassez-vous!'.
Interloqués, certains musiciens commencent à ranger leurs ustensiles mais finalement on aura droit à un triple rappel remuant!
Ces joyeux drilles auront joué et diverti le peuple pendant plus de cent minutes!