LADYFEST BRUXELLES : Laetitia Sheriff (FR) + Baby Fire + Tsuki Moon au Magasin4- Bruxelles, le 12 novembre 2015
Ladyfest et machisme, une guerre sans merci, débutée en 2000 dans l'état de Washington, principales protagonistes lors de cet événement pluridisciplinaire: Sleater-Kinney et The Gossip.
Depuis le projet s'est développé aux quatre coins du monde et personne ne sera réellement surpris si on mentionne le nom de Dominique Van Cappellen-Waldock ( Cheap Satanism Records) dans le comité organisateur local.
Le Ladyfest automne 2015 se déroule dans un des haut-lieux de l'underground de la capitale: le Magasin 4, une affiche comptant trois noms: Laetitia Sheriff (FR) + Baby Fire + Tsuki Moon!
Tsuki Moon
Un bail que tu n'avais plus croisé Géraldine Buxant, septembre 2010 à la Coiffure Liliane, un de ses premiers concerts en formule duo!
Même scénario le long du canal, deux protagonistes: Géraldine Buxant (vocals, guitar) et
Guilhem Wetteren (drums).
Une actualité discographique?
Confusion la plus totale, rien de neuf depuis 2010!
19:20', sans prévenir le duo se pointe: Bonsoir, on est Tsuki Moon, il attaque ' Wasted', une plage écorchée figurant sur le EP 'The sun will rise again'.
T'attends pas à du rose bonbon, le ton est à la noirceur, à l'amertume, au désespoir, et pourtant c'est la sérénité qui est recherchée.
'Twisted love song', tiens, elle te fait penser au regretté Johnny Thunders.
Une guitare post punk, un chant blasé, 'Boys from Texas' déchire avec ses saveurs Liz Phair.
Le jeu corrosif, le timbre hargneux, avec des vocaux semblant comme expulsés, habillant ' Everyone', ne baignent pas dans l'optimisme béat, ses doutes n'ont pas grand chose à voir avec ceux de Sara Mandiano.
Le voyage en eaux troubles continue avec 'Trouble' et 'Mirano cry'.
Non, Alfred, les plus désespérés ne sont pas toujours les plus beaux!
D'une voix blanche, spectrale, Géraldine amorce 'Interlude' ( c'est ce que mentionne le feuillet), l'entracte, aussi lent qu'un convoi funéraire vu dans un film tchèque, noir et blanc ,des années 60, a le don de te paralyser.
' What you carry on', si Marlene Dietrich avait vécu au 21è siècle elle aurait interprété de la pop noire, en 1930, Géraldine Buxant aurait traîné dans un cabaret louche.
' Noisy' et 'Love Letter' écrit en lettres de sang précèdent le dernier cauchemar, 'Sorry', sans les violons de Brenda Lee.
Pour amateurs de Cat Power, Shannon Wright, Sharon Van Etten ou Ani Difranco!
Baby Fire
Moins de trois semaines après son passage au Botanique, le bébé se remet à gémir!
La session donnée près du chenal va se révéler encore plus intense que celle du mois d'octobre.
Dominique Van Cappellen-Waldock - Gaby Seguin, la cycliste, et Isabel Rocher, l'alpiniste, ont bouffé du lion enragé ce soir.
'Tiger heart' ouvre, la bestiole a senti l'odeur du fauve, elle éprouve une irritation certaine, et comme la chair, elle la dévore crue, protégez vos arrières!
'Love soup' pas du style consommé léger, du lourd, du noir, un ragoût que t'auras du mal à digérer.
'Lovers', chanté d'une voix haletante, dégage les mêmes impressions de désarroi.
Qui a mentionné l'association rock hanté?
Tout aussi austère sera 'Burning body, burning bed', le ton martial utilisé par l'inquiétante Diabolita renvoie aux heures noires de la propagande national-socialiste, en arrière -plan des vocalises ténébreuses te donnent l'impression d'avoir échoué quelque part en Transylvanie, ça craint!
Virage doom/ dark metal, Diabolita aime Black Sabbath et probablement Neurosis, avec ' Salamander'.
Par une nuit sans lune, tu erres dans une ruelle sordide, il pleuvine, tu titubes, te's légèrement éméché, t'as l'impression désagréable d'être suivi, tu accélères le pas, trébuches sur un pavé, tu t'étales, ton visage tuméfié traîne dans une fange répugnante, un cabot malingre vient te renifler et la voix psalmodie ' Let it die'.
Rien ne s'arrange avec 'Gold', qui ne luitpas, puis méfiez-vous des slows, c'est pas 'Liver' qu'on te conseille pour entamer un bal de mariage.
One, two, one, two, three proclame Isabel, la basse grince, les bottes noires martèlent le pavement, les rats quittent le navire, 'Liver' te donne les foies.
'Victory' le titre le plus ' dansant' de la soirée achève ce set rigoureux!
Laetitia Sheriff
Vue en mai 2004 au Bota, au même programme que The Servant, un band ayant disparu de la circulation.
La Nordiste est désormais Bretonne ( Rennes), elle vient de pondre un successeur à l'album « Pandemonium, Solace and Stars » de 2014, la chose ( un EP) s'est vue baptisée ' The Anticipation'.
Comme le timing est serré, Laetitia et ses compagnons de route ( Thomas Poli , guitare et claviers, Nicolas Courret, drums) mettent les bouchées doubles pour le montage du matos et le soundcheck, à 21:00 ils sont prêts à dégainer.
Une longue intro préfigure 'A 1000 miles', une nouveauté!
Deux voix, deux guitares ( a baritone one pour la madame), un fond brut, rugueux et lancinant.
Le trio impressionne dès la première bordée.
Elle poursuit avec 'Opposite' une plage tourmentée, brumeuse, incisive du LP de 2014.
Ils ne sont que trois sur scène mais l'efficacité est au rendez-vous et hormis quelques bruyants assoiffés squattant le bar, l'assistance se laisse envelopper par ces sonorités aux rythmes lancinants.
'Aquarius'!
Euh, non, Jean- François, oublie carrément .. This is the dawning of the age of Aquarius, the age of Aquarius... aucun rapport.
La plage démarre en guitare/voix, Thomas est passé à l'orgue qui se veut contemplatif, la batterie embraye, le son s'amplifie, l'angoisse aussi, quoi Laetitia?
And it's like a thousand fishes swimming inside you...
Change de médecin, petite!
Après le downtempo poétique 'Fellow' elle nous assène la prière bluesy 'To be strong'.
L'ombre de Shannon Wright plane tandis que minutieusement la shériff sans étoile égrène ses notes rares, à mi-parcours, les claviers et les percussions viennent se joindre à son jeu minimaliste et, forcément, la plage explose.
Du travail d'esthète.
Voix off déconcertante, tu savais que Goya avait un chien?, pour amorcer le lancinant 'Urbalism - After Goya' au final noisy.
Sorry pour le blanc, Bruxelles, je cherchais mon capodastre à mes pieds alors qu'il était fixé sur la guitare, faites gaffe, le sol va trembler avec 'The pachyderm memories'.
L'arrière-plan du carnassier 'Solitary play' renvoie au post punk, puis elle passe à la basse pour ' The living dead' scandé à la façon de 'Warm leatherette'.
Merde, il est 21:55', c'est la dernière avant la fermeture, le punky et répétitif 'The evil eye' achève ce set emballant.
Une soirée appréciée par tous dans l'entrepôt!