Album - Lael Neale - Altogether Stranger
michel
Sub Pop Records
minimalist drone pop
Raconte Lael:
I grew up in rural Virginia. My parents are farmers, and we all loved music. I started playing when I was young, but I never really thought it would be a career.
OK, j'écrivais des chansons mais de là à en faire un métier, bof!
Après le collège j'ai mis le cap sur L A, des gens ont entendu mes compositions, j'ai été payée pour jouer, je me suis dit, bon je me lance!
En 2015, paraît un premier album, 'I'll be your man' , on ne peut affirmer que ce fut en pensant aux Black Keys.
Elle signe chez Sub Pop qui sort trois disques, le dernier 'Altogether Stranger' est relativement récent ( mai 2025) .
Tracks
1. "Wild Waters" 2:57
2. "All Good Things Will Come to Pass" 3:09
3. "Down on the Freeway" 4:58
4. "Sleep Through the Long Night" 1:59
5. "Come On" 2:39
6. "Tell Me How to Be Here" 5:33
7. "New Ages" 4:27
8. "All Is Never Lost" 3:30
9. "There From Here" 2:54
ce qui fait à peine - 32:06
Lael Neale est aidée par le producteur et musicien Guy Blakeslee ( ex Entrance) , ils jouent de tous les instruments ( omnichord, guitar, bass, piano, mellotron...).
La photo de pochette en noir et blanc est de Ian Ritter, il s'est probablement inspiré de 'Time and a Word' de Yes.
On ajoute que Lael et Guy Blakeslee ont réalisé un film de 34' reprenant toutes les chansons de l'album, Lael y tient le rôle principal, transformée en être interdimensionnel, Ian Svenonius ( vu sous le label Escape-ism) apparaît en tant que Dieu et le chorégraphe Sandi Denton dirige les Rated Z Dancers.
L'album s'ouvre avec le single ' Wild Waters'. On ne peut pas dire que les eaux dans lesquelles baignent la chanteuse soient vraiment torrentueuses, sur un tempo motorik, cher aux artistes catalogués Kraut, l'omnichord et la boîte à rythmes aménagent une toile de fond minimaliste et rétro sur laquelle Lael pose un chant éthéré, semblant flotter dans un univers immatériel.
' All Good Things Come To Pass' nous renvoie vers le neo-psychedelia/ space rock monolithique de Spacemen 3, la voix, fragile, évoquant Nico.
Et le message?
Le monde court à sa perte, the ocean is a trash can.... Dieu, on te rend les clés, sorry, on a tout foiré!
Avec ' Down on the Freeway' , Miss Neale te propose une errance solitaire, sur un rythme binaire hypnotique, dans un Los Angeles déshumanisé.
De sa voix blanche, enveloppée d'un voile de réverbération, elle chantonne en nous prenant la main, l'air de dire, suis-moi, on prend l'autoroute, on quitte la ville , direction les plages et pourquoi pas le centre commercial, pour se perdre dans la masse.
Le titre s'achève sur un bruit de sirène se fondant dans une nappe d' harmonium serein qui fait écho à la drum machine omniprésente.
La berceuse, concise, "Sleep Through the Long Night" peut faire songer à un nocturne de Chopin électro, mais des images d'un océan Atlantique, envahi par des tonnes de déchets plastiques, transforme la douce rêverie en cauchemar.
Le côté vintage qui conditionne 'Come on' évoque le Velvet Underground ou les soundtracks de David Lynch, la voix haut perchée minaude, et si les percussions demeurent métronomiques, les sonorités Farfisa de l'omnichord, la guitare Americana dans les tonalités graves, et les choeurs angéliques, transforment la plage en tube potentiel.
Sylvie, en ajoutant 4 secondes à 2'35", on arrive à 2'39" de bonheur!
C'est dans un dépouillement instrumental absolu que progresse "Tell Me How to Be Here", encore une plage aux relents Velvet Underground, chantée d'un timbre fragile.
Elle débute sur quelques accords à l'acoustique, relayés par des riffs discrets à la guitare électrique, l'omnichord zigzague, le mellotron tisse sa toile hantée, tandis que la voix lumineuse de Lael dépeint son retour, pas toujours paradisiaque, à L A, après avoir séjourné en Virginie pendant la pandémie.
Quand tu as vécu à la campagne, s'acclimater à la vie urbaine n'est pas une sinécure.... I can't sleep at night...confie-t-elle!
Le sensuel "New Ages" dépeint la soif d'amour sur un fond sonore à la Angelo Badalamenti. En avant-plan vient le timbre frêle, comme essoufflé, de Lael, il repose sur une guitare sensible répétant le même motif lancinant en sourdine, on retrouve dans ce morceau la même atmosphère que chez Lou Reed sur l'album 'Berlin'. ( Oh, le merveilleux ' How do you think it feels?').
Une pointe d'optimisme illumine 'All is never lost', un titre à classer dans la catégorie dream pop, ethereal wave .
C'est le clin d'oeil à Julie Andrews sur l'album!
Pour terminer le recueil, Lael Neale propose la piano ballad mélancolique "There From Here", qui nous invite à fuir la morosité quotidienne, à échapper aux tentacules de la ville pieuvre qui t'étouffe ou t'abrutit
Dans le hall de l'aéroport, tu croises des milliers de gens qui comme toi cherchent à s'évader, qui tuent le temps en feuilletant des magazines qui ne les intéressent pas.
Elle ajoute... I want to go somewhere sunny and clear
But I'm sad as the last unsold souvenir
And they say you can never get there from here...
La pop lo-fi, aux accents surannés, de Lael Neale se déguste comme un bonbon acidulé , elle offre une alternative séduisante à une production musicale de plus en plus prévisible.