samedi 15 février 2025

Lux Ornot au Barbe à Plouha, le 14 février 2025

 Lux Ornot au Barbe à Plouha, le 14 février 2025

Michel

Saint-Valentin, tu parles..

Pépère dans ton antique cabriolet, qui affiche une vitesse de pointe à peine supérieure à la traction d'Alain Souchon, tu te diriges vers le centre bourg, t'étais sur le point de contourner l'église paroissiale, quand devant toi, tu avises une dizaine de ploucs échauffés  ( pas par le soleil) qui se tabassent joyeusement.

Kung Fu fighting in Plouha, une première!

T'évites de justesse leur caisse abandonnée en plein milieu de la chaussée pour garer ton tacot loin de l'échauffourée et  te réfugier au Barbe, dont le menu annonce Lux Ornot!

Sur la fiche du café concert t'avais lu:  Lux Ornot est un auteur-compositeur-interprète, multi-instrumentiste et arrangeur rouennais.

Rouennais, OK, est-il roué?

Ni roué, ni enroué, Lucas Le Breton avant de débuter l'aventure Lux Ornot était la figure centrale du combo Delusionn, ( double le n final pour ne pas confondre avec Isaac). 

Fin 2023, il décide ' Time to shine' et entame la nouvelle aventure, moins d'un an plus tard, un premier EP est baptisé par l'archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, un intime de François Hollande.

Jusqu'ici il ne s'était jamais produit hors des terres normandes, le voici, ce soir, chez l'ennemi héréditaire, les Bretons, toujours décidés à récupérer le Mont Saint-Michel.

 

Lux n'est pas venu seul dans le traquenard, il est accompagné par Sacha, on ne lui dira pas qu'il ressemble vaguement à Palmade, un bassiste plus que doué,  qui distille des cours pour débutants si ceux-ci peuvent débourser 20€ pour une heure de pratique.

Aux drums, T-shirt Nirvana d'une autre époque, un petit gars survolté, Noam!

T'as compté, ils sont trois et comme Lux manie la guitare ( mieux que bien) , l'étiquette Power Trio est de rigueur! 

Après la séance maquillage, ils sortent de coulisses et observent une minute de silence  en guise de concentration.

Le tocsin résonne, c'est Noam qui cogne une cymbale, la guitare et la basse réagissent au quart de tour, le bistrot se met à trembler, la limite des  100 décibels est largement  enfreinte, le son est énorme.

'Wake up call', tu parles d'un réveil, le clairon,  qui annonçait aux troufions qu'il fallait quitter le lit douillet, était plus  doux que les  get up, get up...  répétés par le chef.

Après cette entrée en matière musclée, Sacha  fait gronder sa basse pour entamer ' Overthinker' , un mix de funk metal et de hard rock qui peut évoquer Living Colour. 

Lux: on a prévu trois reprises ce soir, voici  la première 'Supremacy' de Muse .

Une version destroy entrecoupée par les  rires de  la troupe, rires que tu ne confondras pas avec  ceux de la folle du régiment, la préférée du Capitaine des Dragons.

Visiblement ces gamins s'amusent et leur joie est communicative. 

' Hoax' du rock héroïque, bien carré,  s'entend sur l'EP sorti fin 2024, un bridge assagi leur permet de respirer avant de retourner au front.

Un premier titre plus détendu, ' At the door' succède à la furie initiale.

Ne va pas croire qu'il s'agit d'une berceuse, comme élément de comparaison on avance ' Black Hole Sun' de Soundgarden.

Personne n'a applaudi au terme de la plage, la faute au batteur  qui continuait à faire trembler ses cymbales. 

' On the seaside' offre des aspects bluesy, la guitare lâchant quelques coulées Santana loin d'être idiotes.

Un hurlement pas poussif ponctue le morceau, du coup, mouettes, goélands et cormorans ont pris le large. 

On nous promet du déchaîné, effectivement 'Pride and other vices'  vient éclater dans nos pavillons, Lux descend d'une marche, taquine Hortense, une bourgeoise n'ayant pas été retenue pour Danse avec les Stars mais qui gigote impétueusement , avant de remonter sur la scène pour balancer des riffs vicieux.

Il est relayé par un solo de basse bien rond  qui vire rondo rock infernal.

Le guitar hero prend la pose, tandis que la basse et les drums  labourent ans relâche.

Eh, Sacha, à toi d'introduire ' 'Submarine surprise' !

 Il est de quelle couleur ce submersible... jaune?

Le truc  démarre rondement puis vient un épisode wah wah fulgurant, avant une envolée  à la Michael Schenker, suivi par un passage à trois, digne de la grande époque de Beck, Bogert and Appice, pas des singes!

Du muscle et de l'efficacité, Jane Fonda s'est montrée impressionnée!

Quelques réflexes de pro, Plouha, du bruit s v p  ... puis ils optent pour une seconde reprise:, ' A song for the dead', que les Queens Of The Stone Age ont imaginé comme petite musique de fond pour accompagner les funérailles.

Des cassures subites, des reprises violentes, c'est une sale beigne en pleine poire que ces Normands  nous assènent.

Ils embrayent sur le single prévu pour le prochain EP, 'Homeworld' ( c'est ce qu'a écrit Lux, pensait-il à  ses années d'école et à homework  ?).

Leur cocktail te fait de plus en plus penser à Tomahawk, un des groupes de Mike Patton.

Ce qu'on peut avancer avec certitude est que Lux Ornot a peu de chances de passer sur l'antenne de Radio Bonheur, on leur propose Radio Activ'.

C'est l'heure du dernier emprunt, et pas n'importe quoi: ' Killing in the name'  de  Rage Against The Machine.

Des enragés, ces mecs!

On termine le round et le combat par 'Crybaby' , une dernière salve pour laquelle Le Barbe est mis à contribution.

Tous les yeux se tournent vers  Noam qui matraque tous ses ustensiles comme un CRS qui vient d'apprendre que sa femme le trompe avec un petit con.

Le public, chaud boulette, insiste pour un bis.

Sorry, le stock est épuisé!

Arlette:  allez,un effort, et ça doit commencer par un solo de basse.

Serviable Sacha s'exécute et entame un solo funky à la Larry Graham, les copains rappliquent le morceau part en jam,  similaire à ce que Jimi   concoctait avec son Band of Gypsys,  pour  finir en seconde version de 'Overthinker'.

 Vu le nombre de knock-downs infligés aux pauvres spectateurs,l 'arbitre a désigné Lux Ornot  comme vainqueur logique,   à l'issue d'un  combat inégal !