mercredi 5 février 2025

Album - It's Still Now by Carolina Lee

  Album - It's Still Now by  Carolina Lee

michel 

Marzipan Records

indie/dream pop 

Carolina Lee?

La fille du général?

 Une copine à Shaggy?

Une nana adepte du Southern rock?

Bien essayé, mais il faudra revoir ton viseur, Carolina Lee est une formation berlinoise pratiquant de l' indie/dream pop mélancolique, un brin psychédélique.

L'élément central se nomme Nadja Höhfeld, alias Nadja Carolina pour les besoins de la cause, Nadja est non seulement singer songwriter mais encore scénariste, elle s'investit aussi dans  le Suture Soven Festival. 

Influencée par la vague slowcore elle monte le projet Carolina Lee qui publie un premier album 'Haunted Houses ' en 2021 

Un gars,inspiré, nous informe: Zwischen Emotionalität und Humor entsteht eine Spannung, die mal an das dunkle Timbre von Karen Dalton, mal an die verträumte Schlichtheit von Mazzy Star erinnert...

De belles références!

Fin 2024, un second jet:  It's Still Now!

Pour accompagner Nadja ( vocals, guitar), sont cités: Simon Grote (Gitarre, Orgel, Gesang), Leah Corper (Bass, Gesang), elle remplace Jule Schröder, active sur le premier album,  und Lutz Oliver (Schlagzeug, Gitarre) .

Tracks:

Letting Go · Change of Mind · Savvy Heart · A Walk in the Park · If I Try · One More Day · Seven · Ahead of Me.

 

L'artwork, d'inspiration Piet Mondriaan,  est signé Laura Braun.

'Lertting go' oui, laisse-toi aller, pénètre avec Nadja et ses copains dans cet univers flou et feutré,   propice aux songes, à la méditation ou au recueillement.

HerbstMusik, signale un converti en entendant les  gentle jangly guitar riffs,  baignés dans un effet de reverb filandreux,  ces tonalités  peuvent évoquer à la fois les précurseurs The Byrds, ou le jeu de Johnny Marr avec The Smiths, les  10 000 Maniacs rôdent dans le coin aussi.

Et puis, il y a le timbre grave de la fille qui explique ...Letting Go is a song about loss..., forcément tu ne dois pas d'attendre à une explosion de joie, tout est dans la retenue, la modération, la sobriété.

La ballade folky 'Change of Mind', décorée d'un orgue Casio vintage , offre un angle un brin kitsch, les guitares, et la rythmique restent en retrait jusqu'au petit solo de basse pudique de Leah, mais c'est toujours la voix fragile de Nadja, émergeant de la brume, qui retient l'attention.

Sur un tempo engourdi ' Savvy Heart'  vient s'imprégner dans tes cellules.

Ici la chanteuse laisse plus d'espace à ses musiciens, la guitare en profite pour placer quelques arpèges psychédéliques, tandis que Lutz Oliver  et la basse maintiennent un  cap  aux relents jazzy.

Toute la nostalgie de la plage est rendue par la sensation de Sehnsucht exprimée par la  voix caractéristique de l'artiste.

Franz Schubert a fait des émules dans le monde pop.

C'est Nico (Christa Päffgen est plus germanique)   que tu revois à l'écoute de ' A walk in the park' , un titre aérien,  doté d'une chorale angélique, descendue d'un  ciel étoilé, et d'un orgue sonnant glockenspiel.

Dans Velvet Underground, il y avait Nico, mais aussi, e a,  un certain Lou Reed,  ' If I try' ,  immanquablement,  te renvoie vers Lou,   qui a d'ailleurs rendu hommage à Berlin avec  son  troisième album solo, un disque torturé qui aura servi de catharsis au génie de Long Island.

L'intro de If I try est légèrement pompée sur les accords de guitare de 'Sweet Jane', plus dans la version des Cowboy Junkies que dans celle de 'Rock'n'Roll Animal', la chanson d'amour  interprétée tout en délicatesse est là pour   apaiser et séduire tous ceux qui ne supportent plus les débordements de violence quotidiens.  

Le printemps pointe, l'herbe repousse, la nature revit, oui  mais quelles sont tes intentions, won't you stay ' One more day' ?

Une ombre vient obscurcir l'horizon, malgré la chorale gracieuse et l'entrefilet de guitares et de claviers éthérés, la voix demeure soucieuse et chagrine.


dimanche 2 février 2025

Animal Triste et Ne rangez pas les jardins à La Grande Ourse , Saint-Agathon, le 1er février 2025

 Animal Triste et  Ne rangez pas les jardins    à La Grande Ourse , Saint-Agathon, le 1er février 2025

Samedi, le 1 février: premier ( double) concert 2025 à La Grande Ourse: du rock normand, guitares en avant, avec Animal Triste et du freak folk/ psychedelic art rock  vert costarmoricain,  avec  Ne rangez pas les jardins.

Début des hostilités annoncé à 21h, pas de bol pour les retardataires, le trio emmené par la demoiselle de Loc-Envel investit la scène à  20:53.

D'emblée une surprise attend les initiés,  un nouveau paysagiste a été engagé en lien et place de Swann Yde,  il a cédé ses baguettes à  Franck Richard, qui n'est  pas un  jeune homme associé à Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus, par contre,   tu l'as déjà croisé dans bon nombre de formations gravitant du côté de Saint-Brieuc ( SBRBS, Dewaere, Yelle  ou Primates).

A gauche, Léa Digois, longue robe damier, sa basse et un archet, à droite  Louis Hamon, sans rosaire mais avec guitare et claviers, à l'arrière, en position centrale, Franck Richard et son équipement.

C'est a capella que débute le concert, Léa,  très disciplinée et grave, entame 'Denez', les convoyeurs ( pour les colombophiles) attendent.

Franck est le premier à réagir suivi de près par Louis, sa guitare prenant des tonalités menaçantes, Léa ramasse sa basse,  le son gonfle, on retrouve d'emblée le cachet spécifique de cette formation à nulle autre pareille.

Gilbert s'approche, te susurre à l'oreille: c'est drôlement bien, dis donc.

Blasé, tu rétorques, je sais, je les ai déjà vus, accroche-toi, ce n'est que le début!

Ils enchaînent sur ' Bretonne' ( c'est ce que dit la feuille dactylographiée), il te semble qu' il est arrivé à Léa de baptiser ce morceau renversant ' 100 fois' à d'autres occasions.

Les baguettes de Franck dansent le charleston, la guitare gémit, la basse arrondit les angles, imperceptiblement , la plage s'exalte, l'araignée a tissé sa toile, tu te sens comme la mouche prise dans ses fils, et puis soudain,la fin, abrupte, imprévisible!

Du grand  art!

Un avant- propos pour annoncer ' Bizarre' , quel rôle a bien pu jouer la machine agricole, ayant rasé l'arbre, pour réussir à faire capoter un morceau et lui donner une autre direction.

L'oiseau ne chante plus, la rivière ne coule plus, l'arbre est mort... cette plage tragique démarre en mode larghissimo avant d'exploser une première fois.

Bis repetita placent, on bisse le mouvement initial, avec une véhémence décuplée, au loin le rossignol chante, il a le coeur gai, comment  va-t-il  endurer le final noisy?

Tellement nerveux cet épilogue, que Louis en claque une corde!

Bon, je passe derrière les touches, décide-t - il,  avant d'entendre  Léa entamer ' Du vent dans les os' en caressant sa basse d'un archet, le texte baudelairien, interpelle .

 Louis, dont la voix transformée au vocoder, faisant  écho au chant ténébreux de Miss Digois, refont la plage en marche funèbre obsédante.

Tremblez, tremblez, tremblez... 

Bref temps mort pour rafistoler sa guitare, Léa en profite pour proposer ' Une maison vide' en solitaire ( basse/voix).

Non, ce n'était pas la même bâtisse  que celle que chantait Michel Polnareff.

'Bird', un titre bilingue,  offre plusieurs aspects, tu passes du folk aérien ( Maria Taylor, Azure Ray, Tomberlin...)  au rock déchirant, comme peut si bien le faire Shannon Wright.

La suivante sera encore plus brutale ( 'Post punk' est indiqué sur le papier) et effectivement il ne s'agit pas d'une bluette romantique ... à coups de silence le soleil se sédimente... et Léa, contrariée, entame une harangue percutante  sur fond de guitare bourrée d'effets et de drumming carnassier.

Vont-ils se calmer après cette forte poussée d'adrénaline?

C'est la dernière, nous dit la demoiselle, 'Ne rangez pas les jardins' , ou l'évangile selon Sainte Léa aux climats multiples , un   titre qui vient nous secouer une dernière fois  et, là,  on se dit que ce groupe a encore gagné en maturité ( c'est presque insolent).   Une question se pose  à quand une reconnaissance internationale?


Une bande Century Fox annonce l'arrivée d'Animal Triste, un sextet de Rouen qui a lu Monika Maron.

La formation a vu le jour avant le confinement et regroupe un clan de  chevronnés:  Yannick Marais (chanteur de La Maison Tellier), Sebastien Miel,  guitare, (La Maison Tellier), Mathieu Pigné  aux drums (Radiosofa, Darko mais aussi,Julien Doré, Grand Corps Malade ou encore Marc Lavoine. ), Fabien Senay ,  guitare ( Radiosofa), David Faisques ,  guitare, keys ( Darko,  et lui aussi, Marc Lavoine et Julien Doré) et Cedrick Kerbache ,  basse (  Dallas).

Le groupe annonce un troisième album ' Jericho' (sortie en mars), il doit succéder à 'Animal Triste' de 2020 et 'Night of the loving dead' de 2022.

Il se dit influencé par Nick Cave ou Black Rebel Motorcycle Club,  on décèle aussi des effluves Eagles of Death Metal ou The Heatbreakers, le groupe de Tom Petty.

Une  attaque   haineuse d'un des trois guitaristes lance 'Love Crimes' les partners in crime embrayent, trois guitares canonnant en même temps ça fait mal.

 La basse et la batterie rappliquent, Yannick collé près du micro joue à la sentinelle, mains dans le dos, sans prendre la position garde-à-vous, après un instant son chant expressif , couché sur les nappes de guitares, se fait entendre.

Les Vikings,  venus du Cotentin, du Calvados ou des rives de la Seine , s'extasient et ce n'est que le début.

Prévu pour ' Jericho', ' Rearview mirror ' dessine les mêmes contours: des guitares brutes, une basse inébranlable, un drumming sec et un chant habité.

Un des guitaristes ( pas Goliath) et Cedric sont fans de  Skippy the Bush Kangaroo, ils  bondissent en mesure.

David abandonne sa gratte pour prendre place derrière l'orgue, et, oh surprise, c'est 'Dancing in the dark' du Boss qui  jaillit. 

Puis vient ' Tell me how bad I am' à retrouver sur l'album de 2022 avec Peter Hayes comme guest.

Un coup de vibrato par ci, par là, ce midtempo sent bon l'ouest américain et aussi  l'univers hanté  de Nick Cave.

'Sky is something new'  et son orgue larmoyant présente quelques tonalités Celtic Rock,  voire heroïc rock à la U2., tu penses encore aux magnifiques The Church , des Australiens hautement recommandables.

Comme les guitaristes ont pillé le magasin  Music Melody à Rouen, ils disposent d'une belle panoplie d'instruments, le temps d'aller se servir au râtelier et c'est ' With Every Bird' qui déboule, un midtempo  mélodique, qui sur l'album accueillait  encore le gars de chez Black Rebel Motorcycle Club.

C'est quoi le rock?

Des bagnoles et des filles!

Mise en pratique de l' axiome avec 'Vapoline', un titre qui voit Saint-Agathon battre des mains et exprimer son enthousiasme, tandis que Yannick chante en soupirant, histoire de  draguer la nana.

Prévu pour le  futur 'album, ' River of lies' a reçu l' appui d'  Alain Johannes ( Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures...) ,  ce  midtempo, âpre et  entêtant, voyant la mise en évidence de la basse,  navigue sans problèmes sur  le fleuve, il ne  risque pas de  sombrer même si des tonnes de mensonges alourdissent les soutes.

On passe à la louange caricaturale   de la Vierge avec le mystique  ' Mary, full of grace ', suivi par un 'Montevideo'   où il est question de booze, c'est vache, après la prière!

Leur dernier single ' Ave Satan' termine ce  set  vigoureux  par un  sérieux coup  de poing en pleine poire.


Lucien: "ils vont revenir, ils restent deux titres sur la playlist".

Lucien est devin, le tonique  et dramatique  'Afterlife'  et le hit des débuts 'Darkette' , en mode dark wave  nous mènent  jusqu'au terminus.


Bilan: Animal Triste aura fait preuve d'efficience, de savoir-faire et d'intensité, l'élément de surprise manquait peut-être à l'appel!






 


samedi 1 février 2025

Festival Aérolithes avec Kapteyn Gaïa et Nadoz à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 30 janvier 2025

 Festival Aérolithes avec Kapteyn Gaïa et Nadoz à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 30 janvier 2025

michel  

La quatrième édition du Festival Aérolithes se déroule du 17 janvier au 9 février 2025 dans le pays de Saint-Brieuc.

 Quatre structures artistiques bretonnes (Le Logelloù 3 Centre de création musicale, l’Ensemble Sillages, l’Ensemble Nautilis et la Cie des Musiques Têtues) ont décidé de promouvoir les musiques de création qui fleurissent en pays breton.

Le 30 janvier, Bonjour Minuit reçoit deux  formations répondant aux critères du festival: Kapteyn Gaïa et Nadoz!

20:30', Nadoz,   qui fait partie de l'écurie  les Musiques Têtues, implantée à Rostrenen, ouvre les débats.

Pas besoin de retourner la botte de foin, Nadoz, qui signifie aiguille, ne s'est pas caché dans le champ, Christelle Séry, guitare, voix et  Étienne Cabaret, clarinette basse  et  colifichets percussifs, se présentent face à un public relativement maigre ( il y aura plus de monde en fin de set)   après une courte introduction d'une responsable  du festival.

La première fait aussi partie d' Ortie Brûlante et du Moger Orchestra, l'homme à la clarinette s'ébat  avec le Moger Orchestra, joue en duo avec Christophe Rocher ( qu'on verra plus tard)  , il anime les fest-noz avec ARN ou Dièse 3.

Un silence inaugural sévère nous indique que le duo est concentré, Christelle égrène quelques notes éparses, une lugubre clarinette la rejoint, on sautille consciencieusement  ' D'une roche à l'autre' .

Au bout d'un moment, Etienne abandonne l'instrument à vent pour secouer des grelots, puis, tout en soufflant de manière  méthodique, il engouffre son chapelet dans une trompe, effets biscornus garantis.

Un bref moment apaisé est interrompu par une guitare grinçante, la composition prend un caractère obsédant , quelques dérapages free jazz l'emmènent à son terme.

Le voyage proposé s'adresse davantage à l'intellect qu'aux tripes.

'La rivière jaune' suit des méandres tortueux , il est question de musique improvisée, donc, les incongruités sont autorisées, par exemple utiliser des archets pour caresser des tiges métalliques ramassées sur un chantier de construction.

En amplifiant ces sonorités, on obtient un effet similaire au crissement de la craie sur le tableau noir.

Tandis que le garçon martyrise les barres, la fille récite un texte abstrait,   faisant passer les écrits de Hegel pour un conte pour enfants.

Quand tu baptises une création ' Foggy notes' tu ne dois pas d'attendre à une composition lumineuse:  bruitages divers, constellation de notes clairsemées, les adeptes de la musique concrète, fans de  Pierre Schaeffer  ou  de la ' Music for Elevators' de Brian Eno sont à la fête, les mordus de disco, un peu moins!

'Faufilons',  et son texte destiné aux couturières, est décoré d'envolées Steve Coleman à la clarinette basse, à tes côtés Frank Zappa, qui s'est échappé de l'Eden, te souffle: interesting!

Apparition d'en ebow sur ' La lumière' , une mélopée plus ténébreuse que  radieuse.

Le morceau prend des teintes jazz fusion  avant l'extinction des feux.

'Dindan Douar' ( = sous la terre) , a été inspiré par un trajet en métro.

La clarinette en mode tchouk tchouk et la guitare d'inspiration andalouse, se moquent pas mal des resquilleurs, le poinçonneur des lilas a quitté la rame à hauteur de la porte de Bagnolet. 

A l'arrière,  tu avises un carnet  mentionnant 7 comme titre suivant,  tu revoyais quelques scènes  du film de David Fincher, tandis qu' Etienne a commencé  à effleurer des ossements avec une baguette, avant de gratter une cymbale, et puis de secouer une minuscule clochette, Christelle, à la slide, fait couiner ses cordes, soudain la terre tremble!

De manière surprenante la composition  chaotique vire gavotte jazzy pour fest noz improvisé.

Il en reste une, annonce la guitariste: ' La blanchisseuse'  , une lavandière,  qui décrasse petit linge, chemises et draps dans une eau claire sur fond rock.

Une performance étonnante demandant au public de laisser les oeillères au vestiaire. 


 Kapteyn Gaïa.

 James Lovelock, tu connais?

Oui, c'est lui l'initiateur de l'hypothèse Gaïa.

Selon ce scientifique, Gaïa ( la terre) est capable de s'autoréguler, le sociologue/philosophe  Bruno Latour , conscient  d'une catastrophe écologique imminente,  a affiné le travail du savant britannique et en Bretagne , quelques musiciens décident d'associer Gaïa à l'étoile de Kapteyn, supposée habitable , pour se produire et composer sous le label  Kapteyn Gaïa.

Ils sont cinq:  Christophe Rocher ( clarinettes , une clarinette basse et deux petites clarinettes,  dont on ignore si elles sont en ut , en mi, en ré ou en la), Nicolas Pointard ( batterie), Ngnima Sarr, alias T.I.E. ,au chant, beatmaking, samples,  Mike Ladd  au chand, beatmaking, machines et, en principe, Frédéric B.Briet à la contrebasse.

Ce dernier, absent, est remplacé au pied levé par Etienne Callac à la basse électrique, un monsieur qui a des lettres ( Brigitte Fontaine, Moustaki, un projet avec Pip Pyle, et des tas de formations de jazz).

T.I.E. , d'origine sénégalaise, a fait partie de Black Octopus ou de  Tie and the love Process, elle est non seulement rappeuse mais aussi artiste visuelle et poétesse et, vu sa dégaine à la  Skye Edwards, tu la verrais bien se promener sur le catwalk.

 Nicolas Pointard a intégré pas mal de formations jazz ( Moger, le Third Coast Ensemble, Faustine ( moins jazz) ou le Kami Octet, pour n'en citer que quelques uns).

 Mike Ladd, from Boston, a sorti un vingtaine d'albums sous son nom et ses guest appearances sont considérables ( Coldcut, Dr John, Roberto Fonseca, Daedelus, etc...) 

Enfin, le porte parole du projet,  Christophe Rocher,  est fondateur et directeur artistique de l'ensemble Nautilis, ses collaborations sont si nombreuses qu'il faudrait dix pages pour les citer. Un nom pour te faire plaisir: Steve Coleman.

Préface: aucune trace de setlist et pas de clips sur YouTube, on travaille à l'ancienne!

Une clarinette basse fluide amorce le set, puis la basse gronde, la batterie s'éveille, Ngnima entame un flow limpide , la composition prend des intonations groovy, mixant trip hop, hip hop , acid jazz, drum'n' bass, rap , un peu à la manière de Digable Planets, surtout quand le gars du  Massachusetts entre dans la danse.et lâche ... dead already our grandchildren... il est vrai que l'avenir proposé aux enfants craint légèrement.

Une seconde pièce démarre sur des sonorités aquatiques, ' Paris Brest' déménage sec,  avec des pointes free jazz mordantes, un jeu de batterie audacieux et une basse imposante, les rappeurs s'élancent,  se répondent, s'invectivent,.. le verbe est haut et éloquent.

C'est d'un niveau élevé, semblable aux productions de Guru's Jazzmatazz.

Le numéro 3  est ébauché par des ronflements électro, avant l'entrée en piste des instruments traditionnels, les chanteurs,  à tour de rôle, en spoken -word pour l'Américain,  placent leurs tirades, sur fond sonore entêtant nous rappelant The Roots, De La Soul et autres grands  interprètes de  hip hop dérivé du  jazz. 

Après un démarrage en pointillé et quelques glou glou glou bruissants, la suivante jaillit, sur  un tempo toujours aussi saccadé .

Petit à petit le ton monte, les chanteurs répètent  ... get down, get down... d'un ton n'autorisant pas la contradiction, les vagues déferlent, Mike mime un combat de boxe sans punching ball, T.I.E. se meut avec élégance , basse et drums, en retrait, impriment un rythme bourré de vibes noires tandis que la clarinette folâtre impunément.

Christophe, sous l'insistance de  Mike, présentent les protagonistes avant d'indiquer le signal de départ de la suivante, une mélopée,  sur laquelle il a décidé de jouer de deux clarinettes en même temps, tandis que T.I.E murmure un texte en français .

Soudain ' Hooker' s'énerve et adopte un rythme TGV permettant à Etienne de se mettre en évidence, c'est inouï de voir un remplaçant s'impliquer dans l'ensemble avec autant d'aisance, Mike, en retrait,  assure des backings pas putes.

Encore un morceau imparable, suivi par une pièce mariant sonorités orientales et electro  avant d'entendre le flow hip hop du Ricain  qui nous parle de nazi fuckers, de surgeons, tout en introduisant, dans son flow  pour rire, quelques bribes du 'American Pie' de Don McLean, T.I.E; prend le relais pour  chanter dans un vocable non reconnu , du wolof ou du sérère, puis la basse et la batterie entament  une joute impressionnante, chacun poussant l'autre dans ses derniers retranchements jusqu'au final.

Voilà, il en reste une .. here we are,  the last Martini with a razorblade... it's a little too beautiful tonight..

Ben oui, c'est génial  quand Saint-Brieuc prend les couleurs de Harlem!

 

The night was ooh so special...  

Oh, what a night,  répondent, en écho, Frankie Valli avec ses Four Seasons