Hudson Maker à la Cervoiserie, Trégueux, le 23 mai 2025
michel
Tu crois que du côté de Rennes, on fabriquait des Hot Rods?
Il y là-bas des gens nostalgiques, probablement collectionneurs de vieilles caisses des années 50, style la Hudson Hornet Rat Rod ou la Hudson Hornet Sedan, ils se collent de la brylcreem sur le cuir chevelu, rêvent de Betty Grable, Bettie Page, de Marilyn ou de Nancy Porter et pour faire impression décident de monter un groupe de rockabilly qu'ils baptisent tout naturellement Hudson Maker.
Leur histoire débute en 2013, à l'époque ils sont trois: une contrebasse, une guitare ( oh, la belle Guild) et une batterie sommaire, ils écument tous les bistrots mal famés du coin, se font un nom et deviennent les chouchous des Wanda Jackson, Janis Martin ou Linda Gail Lewis lookalikes.
Leur nom dépasse les frontières de l'Ille-et-Vilaine, ils sont même invités au fameux Folk Blues Festival de Binic.
Faut une carte de visite musicale, ça tombe bien Beast Records leur ouvrent les portes d'un studio d'enregistrement, deux albums voient le jour: Crazy Train et Hudson Maker!
2025, ils sont toujours là, fringants et fougueux, ils ne sont pas payés un synthé, un échantillonneur ou d'autres brols électroniques mais ils ont engagé un petit jeune pour former désormais un quartet.
Alban ( guitares, acoustique ou électrique et lead vocals), Francky a pris une retraite anticipée, qui se chargeait des drums, un assemblage qui n'a pas grand chose à voir avec le kit impressionnant de Chris Slade), Christophe Rehault, alias Mr Tof , vu avec Wolfoni ( contrebasse) peuvent dorénavant compter sur Killian qui manie aussi bien la guitare que le piano.
Le placard disait 19:30', c'était sans compter sur un fastidieux exercice de balance.
Les copains dans la salle ne s'en offusquent, un plaisantin raille gentiment Mr Tof qui du coup se met à aboyer pire que les chiens de chasse d'un voisin troublant le sommeil nocturne de tout le quartier.
Il est 20 heures, les rockers prennent la direction du dressing-room: on se change, on se maquille, on s'asperge de sent-bon et on revient , buvez un coup en attendant!
20:10, un crochet par le bar histoire de se ravitailler et c'est parti avec ' Rock-a-billy Boogie' de Johnny Burnette.
La rythmique bien tassée permet au jeune Killian d'étaler son savoir faire à la gratte, Alban l'accompagnant à l'acoustique.
Ils embrayent sur ' Honky tonk mind' de Johnny Horton, un ballet de balais sur les caisses histoire de produire un pounding beat soutenu, ce country/rockabilly nonchalant et sautillant invite à frapper le sol du talon.
C'est n 1960 que Conway Twitty a gravé ' Long black train' , une des nombreuses train songs qu'on retrouve au répertoire des artistes de rockbilly/ outlaw country.
Ils enchaînent sur le classique ' Blues stay away from me' de Johnny Burnette, avant d'attaquer Johnny Cash, 'Get Rhythm' et le rythme ce n'est pas ce qui manquait.
Après cette version propre et fidèle à l'original, vient ' Just because ', un truc nerveux qu'Elvis chantait à sa copine.
Comme Carl Perkins était sans le sou, il s'est mis à chanter ' Poor boy blues', la vibrato handle ajoute un supplément de sanglots à cette triste histoire.
Le train de Conway était noir, celui de Johnny Cash est bleu, son ' Blue train' ne risque pas de dérailler, vitesse de pointe 35 miles an hour.
Al l'avait annoncé par erreur , Killian l'a repris, mais maintenant c'est l'heure de 'Tennessee Rock 'n' Roll' qu'il attribue aux Shakin' Pyramids, des Ecossais rêvant de Nashville.
Sur leur album ' Hudson Maker II' tu peux entendre ' I want to scream', Alban ne s'en prive pas, les autres l'imitent, everybody likes ice-cream!
Wayne Walker, c'est un pleurnicheur, ' All I can do is cry' est le titre préféré de Daniel Guichard.
On recommande la version de Robert Gordon pour ' Drivin' wheel', Killian n'a pas besoin d'une roue de secours pour placer un solo rutilant.
Faut pas confondre le 'All by myself' d'Eric Carmen avec le rockabilly track de Johnny Burnette, ce dernier remue sérieusement.
Dans la salle, un plaisantin se permet quelques réflexions perfides qui amusent la galerie mais c'est à la cravache que la troupe propose ' When I found you' de Jerry Reed.
I hear the train a coming, vas- y, Johnny chante nous comment t'as abattu un mec à Reno, ' Folsom Prison Blues' reste un must pour des les amateurs de country/rockabilly.
'Old beach race' est de leur plume, et fouette copieusement.
Alban passe à la Guild, Killian se cale derrière les touches, après un instrumental pas débile ( ' Cotton picking' The Night Raiders ?) vient le classique de Carl Perkins ' Matchbox' .
C'était déjà bien nerveux, sur la lancée l'oragan ' Juke joint Johnny' secoue tout sur son passage.
Killian maltraite ses touches à la manière de Jerry Lee, Alban mitraille gaiement, la rythmique tient le cap, Messala peine à réfréner les ardeurs de son canasson.
Un coup de Western swing pour pimenter le menu, voici le turbulent ' Sag, Drag and Fall' suivi par 'Broken Heart' à faire pleurer Petula Clark.
'Me I like' s'entend sur leur première galette , il précède ' Three alley cats' de Roy Hall .
Le comique en remet une couche, Mr Tof sourit, on se pose une question, qui a laissé ouverte la porte de la porcherie, ' Little pig' a mis les bouts, le loup rôde.
Après les cochons, ce sont les petits oiseaux et le chien qui se pointent, 'Bird dog'.
Mer Tof tabasse sa contrebasse, Killian enfonce toutes ses touches , à droite on maintient un rythme bestial tandis qu'Alban se met à siffler comme un merle asthmatique.
C'est fou, encore une histoire de train, ils ont un contrat avec la SNCF, 'Crazy train' déboule eet ignore les gares de province.
Avec ' Ding dong' ils pénètrent dans l'univers doo wop et puis c'est ' Miss Bettie' qui paraît dans toute sa splendeur.
Ce combo ne manque pas de jus, ça fait 90 ' qu'ils se démènent sans sourciller, la tension monte dans le zinc car ils balancent le monstrueux ' Whole Lotta Shakin’ Goin’ On'.
Du coup le stand up comedian est pris de tremblements convulsifs et entame une danse spasmodique.
Après ' Rock'n'roll Ruby ' de Warren Smith , gravé chez Sun Records, c'est le King qui lâche ' A Big Hunk O' Love', sur l'original Floyd Cramer se chargeait du piano, Killian fait aussi bien.
L'établissement va fermer, vite une dernière: 'Diggin' the boogie' de Roy Hall.
Il le dit... we're gonna rock that joint tonight... c'est ce que Hudson Maker a accompli!
En voiture, t'es attendu à Saint-Agathon pour le festival War Raok' n' Roll!