mercredi 5 février 2025

Album - It's Still Now by Carolina Lee

  Album - It's Still Now by  Carolina Lee

michel 

Marzipan Records

indie/dream pop 

Carolina Lee?

La fille du général?

 Une copine à Shaggy?

Une nana adepte du Southern rock?

Bien essayé, mais il faudra revoir ton viseur, Carolina Lee est une formation berlinoise pratiquant de l' indie/dream pop mélancolique, un brin psychédélique.

L'élément central se nomme Nadja Höhfeld, alias Nadja Carolina pour les besoins de la cause, Nadja est non seulement singer songwriter mais encore scénariste, elle s'investit aussi dans  le Suture Soven Festival. 

Influencée par la vague slowcore elle monte le projet Carolina Lee qui publie un premier album 'Haunted Houses ' en 2021 

Un gars,inspiré, nous informe: Zwischen Emotionalität und Humor entsteht eine Spannung, die mal an das dunkle Timbre von Karen Dalton, mal an die verträumte Schlichtheit von Mazzy Star erinnert...

De belles références!

Fin 2024, un second jet:  It's Still Now!

Pour accompagner Nadja ( vocals, guitar), sont cités: Simon Grote (Gitarre, Orgel, Gesang), Leah Corper (Bass, Gesang), elle remplace Jule Schröder, active sur le premier album,  und Lutz Oliver (Schlagzeug, Gitarre) .

Tracks:

Letting Go · Change of Mind · Savvy Heart · A Walk in the Park · If I Try · One More Day · Seven · Ahead of Me.

 

L'artwork, d'inspiration Piet Mondriaan,  est signé Laura Braun.

'Lertting go' oui, laisse-toi aller, pénètre avec Nadja et ses copains dans cet univers flou et feutré,   propice aux songes, à la méditation ou au recueillement.

HerbstMusik, signale un converti en entendant les  gentle jangly guitar riffs,  baignés dans un effet de reverb filandreux,  ces tonalités  peuvent évoquer à la fois les précurseurs The Byrds, ou le jeu de Johnny Marr avec The Smiths, les  10 000 Maniacs rôdent dans le coin aussi.

Et puis, il y a le timbre grave de la fille qui explique ...Letting Go is a song about loss..., forcément tu ne dois pas d'attendre à une explosion de joie, tout est dans la retenue, la modération, la sobriété.

La ballade folky 'Change of Mind', décorée d'un orgue Casio vintage , offre un angle un brin kitsch, les guitares, et la rythmique restent en retrait jusqu'au petit solo de basse pudique de Leah, mais c'est toujours la voix fragile de Nadja, émergeant de la brume, qui retient l'attention.

Sur un tempo engourdi ' Savvy Heart'  vient s'imprégner dans tes cellules.

Ici la chanteuse laisse plus d'espace à ses musiciens, la guitare en profite pour placer quelques arpèges psychédéliques, tandis que Lutz Oliver  et la basse maintiennent un  cap  aux relents jazzy.

Toute la nostalgie de la plage est rendue par la sensation de Sehnsucht exprimée par la  voix caractéristique de l'artiste.

Franz Schubert a fait des émules dans le monde pop.

C'est Nico (Christa Päffgen est plus germanique)   que tu revois à l'écoute de ' A walk in the park' , un titre aérien,  doté d'une chorale angélique, descendue d'un  ciel étoilé, et d'un orgue sonnant glockenspiel.

Dans Velvet Underground, il y avait Nico, mais aussi, e a,  un certain Lou Reed,  ' If I try' ,  immanquablement,  te renvoie vers Lou,   qui a d'ailleurs rendu hommage à Berlin avec  son  troisième album solo, un disque torturé qui aura servi de catharsis au génie de Long Island.

L'intro de If I try est légèrement pompée sur les accords de guitare de 'Sweet Jane', plus dans la version des Cowboy Junkies que dans celle de 'Rock'n'Roll Animal', la chanson d'amour  interprétée tout en délicatesse est là pour   apaiser et séduire tous ceux qui ne supportent plus les débordements de violence quotidiens.  

Le printemps pointe, l'herbe repousse, la nature revit, oui  mais quelles sont tes intentions, won't you stay ' One more day' ?

Une ombre vient obscurcir l'horizon, malgré la chorale gracieuse et l'entrefilet de guitares et de claviers éthérés, la voix demeure soucieuse et chagrine.


dimanche 2 février 2025

Animal Triste et Ne rangez pas les jardins à La Grande Ourse , Saint-Agathon, le 1er février 2025

 Animal Triste et  Ne rangez pas les jardins    à La Grande Ourse , Saint-Agathon, le 1er février 2025

Samedi, le 1 février: premier ( double) concert 2025 à La Grande Ourse: du rock normand, guitares en avant, avec Animal Triste et du freak folk/ psychedelic art rock  vert costarmoricain,  avec  Ne rangez pas les jardins.

Début des hostilités annoncé à 21h, pas de bol pour les retardataires, le trio emmené par la demoiselle de Loc-Envel investit la scène à  20:53.

D'emblée une surprise attend les initiés,  un nouveau paysagiste a été engagé en lien et place de Swann Yde,  il a cédé ses baguettes à  Franck Richard, qui n'est  pas un  jeune homme associé à Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus, par contre,   tu l'as déjà croisé dans bon nombre de formations gravitant du côté de Saint-Brieuc ( SBRBS, Dewaere, Yelle  ou Primates).

A gauche, Léa Digois, longue robe damier, sa basse et un archet, à droite  Louis Hamon, sans rosaire mais avec guitare et claviers, à l'arrière, en position centrale, Franck Richard et son équipement.

C'est a capella que débute le concert, Léa,  très disciplinée et grave, entame 'Denez', les convoyeurs ( pour les colombophiles) attendent.

Franck est le premier à réagir suivi de près par Louis, sa guitare prenant des tonalités menaçantes, Léa ramasse sa basse,  le son gonfle, on retrouve d'emblée le cachet spécifique de cette formation à nulle autre pareille.

Gilbert s'approche, te susurre à l'oreille: c'est drôlement bien, dis donc.

Blasé, tu rétorques, je sais, je les ai déjà vus, accroche-toi, ce n'est que le début!

Ils enchaînent sur ' Bretonne' ( c'est ce que dit la feuille dactylographiée), il te semble qu' il est arrivé à Léa de baptiser ce morceau renversant ' 100 fois' à d'autres occasions.

Les baguettes de Franck dansent le charleston, la guitare gémit, la basse arrondit les angles, imperceptiblement , la plage s'exalte, l'araignée a tissé sa toile, tu te sens comme la mouche prise dans ses fils, et puis soudain,la fin, abrupte, imprévisible!

Du grand  art!

Un avant- propos pour annoncer ' Bizarre' , quel rôle a bien pu jouer la machine agricole, ayant rasé l'arbre, pour réussir à faire capoter un morceau et lui donner une autre direction.

L'oiseau ne chante plus, la rivière ne coule plus, l'arbre est mort... cette plage tragique démarre en mode larghissimo avant d'exploser une première fois.

Bis repetita placent, on bisse le mouvement initial, avec une véhémence décuplée, au loin le rossignol chante, il a le coeur gai, comment  va-t-il  endurer le final noisy?

Tellement nerveux cet épilogue, que Louis en claque une corde!

Bon, je passe derrière les touches, décide-t - il,  avant d'entendre  Léa entamer ' Du vent dans les os' en caressant sa basse d'un archet, le texte baudelairien, interpelle .

 Louis, dont la voix transformée au vocoder, faisant  écho au chant ténébreux de Miss Digois, refont la plage en marche funèbre obsédante.

Tremblez, tremblez, tremblez... 

Bref temps mort pour rafistoler sa guitare, Léa en profite pour proposer ' Une maison vide' en solitaire ( basse/voix).

Non, ce n'était pas la même bâtisse  que celle que chantait Michel Polnareff.

'Bird', un titre bilingue,  offre plusieurs aspects, tu passes du folk aérien ( Maria Taylor, Azure Ray, Tomberlin...)  au rock déchirant, comme peut si bien le faire Shannon Wright.

La suivante sera encore plus brutale ( 'Post punk' est indiqué sur le papier) et effectivement il ne s'agit pas d'une bluette romantique ... à coups de silence le soleil se sédimente... et Léa, contrariée, entame une harangue percutante  sur fond de guitare bourrée d'effets et de drumming carnassier.

Vont-ils se calmer après cette forte poussée d'adrénaline?

C'est la dernière, nous dit la demoiselle, 'Ne rangez pas les jardins' , ou l'évangile selon Sainte Léa aux climats multiples , un   titre qui vient nous secouer une dernière fois  et, là,  on se dit que ce groupe a encore gagné en maturité ( c'est presque insolent).   Une question se pose  à quand une reconnaissance internationale?


Une bande Century Fox annonce l'arrivée d'Animal Triste, un sextet de Rouen qui a lu Monika Maron.

La formation a vu le jour avant le confinement et regroupe un clan de  chevronnés:  Yannick Marais (chanteur de La Maison Tellier), Sebastien Miel,  guitare, (La Maison Tellier), Mathieu Pigné  aux drums (Radiosofa, Darko mais aussi,Julien Doré, Grand Corps Malade ou encore Marc Lavoine. ), Fabien Senay ,  guitare ( Radiosofa), David Faisques ,  guitare, keys ( Darko,  et lui aussi, Marc Lavoine et Julien Doré) et Cedrick Kerbache ,  basse (  Dallas).

Le groupe annonce un troisième album ' Jericho' (sortie en mars), il doit succéder à 'Animal Triste' de 2020 et 'Night of the loving dead' de 2022.

Il se dit influencé par Nick Cave ou Black Rebel Motorcycle Club,  on décèle aussi des effluves Eagles of Death Metal ou The Heatbreakers, le groupe de Tom Petty.

Une  attaque   haineuse d'un des trois guitaristes lance 'Love Crimes' les partners in crime embrayent, trois guitares canonnant en même temps ça fait mal.

 La basse et la batterie rappliquent, Yannick collé près du micro joue à la sentinelle, mains dans le dos, sans prendre la position garde-à-vous, après un instant son chant expressif , couché sur les nappes de guitares, se fait entendre.

Les Vikings,  venus du Cotentin, du Calvados ou des rives de la Seine , s'extasient et ce n'est que le début.

Prévu pour ' Jericho', ' Rearview mirror ' dessine les mêmes contours: des guitares brutes, une basse inébranlable, un drumming sec et un chant habité.

Un des guitaristes ( pas Goliath) et Cedric sont fans de  Skippy the Bush Kangaroo, ils  bondissent en mesure.

David abandonne sa gratte pour prendre place derrière l'orgue, et, oh surprise, c'est 'Dancing in the dark' du Boss qui  jaillit. 

Puis vient ' Tell me how bad I am' à retrouver sur l'album de 2022 avec Peter Hayes comme guest.

Un coup de vibrato par ci, par là, ce midtempo sent bon l'ouest américain et aussi  l'univers hanté  de Nick Cave.

'Sky is something new'  et son orgue larmoyant présente quelques tonalités Celtic Rock,  voire heroïc rock à la U2., tu penses encore aux magnifiques The Church , des Australiens hautement recommandables.

Comme les guitaristes ont pillé le magasin  Music Melody à Rouen, ils disposent d'une belle panoplie d'instruments, le temps d'aller se servir au râtelier et c'est ' With Every Bird' qui déboule, un midtempo  mélodique, qui sur l'album accueillait  encore le gars de chez Black Rebel Motorcycle Club.

C'est quoi le rock?

Des bagnoles et des filles!

Mise en pratique de l' axiome avec 'Vapoline', un titre qui voit Saint-Agathon battre des mains et exprimer son enthousiasme, tandis que Yannick chante en soupirant, histoire de  draguer la nana.

Prévu pour le  futur 'album, ' River of lies' a reçu l' appui d'  Alain Johannes ( Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures...) ,  ce  midtempo, âpre et  entêtant, voyant la mise en évidence de la basse,  navigue sans problèmes sur  le fleuve, il ne  risque pas de  sombrer même si des tonnes de mensonges alourdissent les soutes.

On passe à la louange caricaturale   de la Vierge avec le mystique  ' Mary, full of grace ', suivi par un 'Montevideo'   où il est question de booze, c'est vache, après la prière!

Leur dernier single ' Ave Satan' termine ce  set  vigoureux  par un  sérieux coup  de poing en pleine poire.


Lucien: "ils vont revenir, ils restent deux titres sur la playlist".

Lucien est devin, le tonique  et dramatique  'Afterlife'  et le hit des débuts 'Darkette' , en mode dark wave  nous mènent  jusqu'au terminus.


Bilan: Animal Triste aura fait preuve d'efficience, de savoir-faire et d'intensité, l'élément de surprise manquait peut-être à l'appel!






 


samedi 1 février 2025

Festival Aérolithes avec Kapteyn Gaïa et Nadoz à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 30 janvier 2025

 Festival Aérolithes avec Kapteyn Gaïa et Nadoz à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 30 janvier 2025

michel  

La quatrième édition du Festival Aérolithes se déroule du 17 janvier au 9 février 2025 dans le pays de Saint-Brieuc.

 Quatre structures artistiques bretonnes (Le Logelloù 3 Centre de création musicale, l’Ensemble Sillages, l’Ensemble Nautilis et la Cie des Musiques Têtues) ont décidé de promouvoir les musiques de création qui fleurissent en pays breton.

Le 30 janvier, Bonjour Minuit reçoit deux  formations répondant aux critères du festival: Kapteyn Gaïa et Nadoz!

20:30', Nadoz,   qui fait partie de l'écurie  les Musiques Têtues, implantée à Rostrenen, ouvre les débats.

Pas besoin de retourner la botte de foin, Nadoz, qui signifie aiguille, ne s'est pas caché dans le champ, Christelle Séry, guitare, voix et  Étienne Cabaret, clarinette basse  et  colifichets percussifs, se présentent face à un public relativement maigre ( il y aura plus de monde en fin de set)   après une courte introduction d'une responsable  du festival.

La première fait aussi partie d' Ortie Brûlante et du Moger Orchestra, l'homme à la clarinette s'ébat  avec le Moger Orchestra, joue en duo avec Christophe Rocher ( qu'on verra plus tard)  , il anime les fest-noz avec ARN ou Dièse 3.

Un silence inaugural sévère nous indique que le duo est concentré, Christelle égrène quelques notes éparses, une lugubre clarinette la rejoint, on sautille consciencieusement  ' D'une roche à l'autre' .

Au bout d'un moment, Etienne abandonne l'instrument à vent pour secouer des grelots, puis, tout en soufflant de manière  méthodique, il engouffre son chapelet dans une trompe, effets biscornus garantis.

Un bref moment apaisé est interrompu par une guitare grinçante, la composition prend un caractère obsédant , quelques dérapages free jazz l'emmènent à son terme.

Le voyage proposé s'adresse davantage à l'intellect qu'aux tripes.

'La rivière jaune' suit des méandres tortueux , il est question de musique improvisée, donc, les incongruités sont autorisées, par exemple utiliser des archets pour caresser des tiges métalliques ramassées sur un chantier de construction.

En amplifiant ces sonorités, on obtient un effet similaire au crissement de la craie sur le tableau noir.

Tandis que le garçon martyrise les barres, la fille récite un texte abstrait,   faisant passer les écrits de Hegel pour un conte pour enfants.

Quand tu baptises une création ' Foggy notes' tu ne dois pas d'attendre à une composition lumineuse:  bruitages divers, constellation de notes clairsemées, les adeptes de la musique concrète, fans de  Pierre Schaeffer  ou  de la ' Music for Elevators' de Brian Eno sont à la fête, les mordus de disco, un peu moins!

'Faufilons',  et son texte destiné aux couturières, est décoré d'envolées Steve Coleman à la clarinette basse, à tes côtés Frank Zappa, qui s'est échappé de l'Eden, te souffle: interesting!

Apparition d'en ebow sur ' La lumière' , une mélopée plus ténébreuse que  radieuse.

Le morceau prend des teintes jazz fusion  avant l'extinction des feux.

'Dindan Douar' ( = sous la terre) , a été inspiré par un trajet en métro.

La clarinette en mode tchouk tchouk et la guitare d'inspiration andalouse, se moquent pas mal des resquilleurs, le poinçonneur des lilas a quitté la rame à hauteur de la porte de Bagnolet. 

A l'arrière,  tu avises un carnet  mentionnant 7 comme titre suivant,  tu revoyais quelques scènes  du film de David Fincher, tandis qu' Etienne a commencé  à effleurer des ossements avec une baguette, avant de gratter une cymbale, et puis de secouer une minuscule clochette, Christelle, à la slide, fait couiner ses cordes, soudain la terre tremble!

De manière surprenante la composition  chaotique vire gavotte jazzy pour fest noz improvisé.

Il en reste une, annonce la guitariste: ' La blanchisseuse'  , une lavandière,  qui décrasse petit linge, chemises et draps dans une eau claire sur fond rock.

Une performance étonnante demandant au public de laisser les oeillères au vestiaire. 


 Kapteyn Gaïa.

 James Lovelock, tu connais?

Oui, c'est lui l'initiateur de l'hypothèse Gaïa.

Selon ce scientifique, Gaïa ( la terre) est capable de s'autoréguler, le sociologue/philosophe  Bruno Latour , conscient  d'une catastrophe écologique imminente,  a affiné le travail du savant britannique et en Bretagne , quelques musiciens décident d'associer Gaïa à l'étoile de Kapteyn, supposée habitable , pour se produire et composer sous le label  Kapteyn Gaïa.

Ils sont cinq:  Christophe Rocher ( clarinettes , une clarinette basse et deux petites clarinettes,  dont on ignore si elles sont en ut , en mi, en ré ou en la), Nicolas Pointard ( batterie), Ngnima Sarr, alias T.I.E. ,au chant, beatmaking, samples,  Mike Ladd  au chand, beatmaking, machines et, en principe, Frédéric B.Briet à la contrebasse.

Ce dernier, absent, est remplacé au pied levé par Etienne Callac à la basse électrique, un monsieur qui a des lettres ( Brigitte Fontaine, Moustaki, un projet avec Pip Pyle, et des tas de formations de jazz).

T.I.E. , d'origine sénégalaise, a fait partie de Black Octopus ou de  Tie and the love Process, elle est non seulement rappeuse mais aussi artiste visuelle et poétesse et, vu sa dégaine à la  Skye Edwards, tu la verrais bien se promener sur le catwalk.

 Nicolas Pointard a intégré pas mal de formations jazz ( Moger, le Third Coast Ensemble, Faustine ( moins jazz) ou le Kami Octet, pour n'en citer que quelques uns).

 Mike Ladd, from Boston, a sorti un vingtaine d'albums sous son nom et ses guest appearances sont considérables ( Coldcut, Dr John, Roberto Fonseca, Daedelus, etc...) 

Enfin, le porte parole du projet,  Christophe Rocher,  est fondateur et directeur artistique de l'ensemble Nautilis, ses collaborations sont si nombreuses qu'il faudrait dix pages pour les citer. Un nom pour te faire plaisir: Steve Coleman.

Préface: aucune trace de setlist et pas de clips sur YouTube, on travaille à l'ancienne!

Une clarinette basse fluide amorce le set, puis la basse gronde, la batterie s'éveille, Ngnima entame un flow limpide , la composition prend des intonations groovy, mixant trip hop, hip hop , acid jazz, drum'n' bass, rap , un peu à la manière de Digable Planets, surtout quand le gars du  Massachusetts entre dans la danse.et lâche ... dead already our grandchildren... il est vrai que l'avenir proposé aux enfants craint légèrement.

Une seconde pièce démarre sur des sonorités aquatiques, ' Paris Brest' déménage sec,  avec des pointes free jazz mordantes, un jeu de batterie audacieux et une basse imposante, les rappeurs s'élancent,  se répondent, s'invectivent,.. le verbe est haut et éloquent.

C'est d'un niveau élevé, semblable aux productions de Guru's Jazzmatazz.

Le numéro 3  est ébauché par des ronflements électro, avant l'entrée en piste des instruments traditionnels, les chanteurs,  à tour de rôle, en spoken -word pour l'Américain,  placent leurs tirades, sur fond sonore entêtant nous rappelant The Roots, De La Soul et autres grands  interprètes de  hip hop dérivé du  jazz. 

Après un démarrage en pointillé et quelques glou glou glou bruissants, la suivante jaillit, sur  un tempo toujours aussi saccadé .

Petit à petit le ton monte, les chanteurs répètent  ... get down, get down... d'un ton n'autorisant pas la contradiction, les vagues déferlent, Mike mime un combat de boxe sans punching ball, T.I.E. se meut avec élégance , basse et drums, en retrait, impriment un rythme bourré de vibes noires tandis que la clarinette folâtre impunément.

Christophe, sous l'insistance de  Mike, présentent les protagonistes avant d'indiquer le signal de départ de la suivante, une mélopée,  sur laquelle il a décidé de jouer de deux clarinettes en même temps, tandis que T.I.E murmure un texte en français .

Soudain ' Hooker' s'énerve et adopte un rythme TGV permettant à Etienne de se mettre en évidence, c'est inouï de voir un remplaçant s'impliquer dans l'ensemble avec autant d'aisance, Mike, en retrait,  assure des backings pas putes.

Encore un morceau imparable, suivi par une pièce mariant sonorités orientales et electro  avant d'entendre le flow hip hop du Ricain  qui nous parle de nazi fuckers, de surgeons, tout en introduisant, dans son flow  pour rire, quelques bribes du 'American Pie' de Don McLean, T.I.E; prend le relais pour  chanter dans un vocable non reconnu , du wolof ou du sérère, puis la basse et la batterie entament  une joute impressionnante, chacun poussant l'autre dans ses derniers retranchements jusqu'au final.

Voilà, il en reste une .. here we are,  the last Martini with a razorblade... it's a little too beautiful tonight..

Ben oui, c'est génial  quand Saint-Brieuc prend les couleurs de Harlem!

 

The night was ooh so special...  

Oh, what a night,  répondent, en écho, Frankie Valli avec ses Four Seasons

 








 



dimanche 26 janvier 2025

Les Studios partent en Live avec Scardanelli and Sophie et Soma Cumbia , Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 25 janvier 2025

 Les Studios partent en Live avec Scardanelli and Sophie et Soma Cumbia  , Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 25 janvier 2025

 michel

Rendez- vous annuel en janvier à Bonjour Minuit,  Les Studios partent en Live, un événement qui permet à des locaux fréquentant les studios de la salle briochine  de montrer leur savoir- faire en public.

Pas besoin de s'appeler Crésus pour assister aux concerts, la manifestation est gratuite, ce qui explique la présence d'un public nombreux et enthousiaste.

Quatre formations au menu: Scardanelli & Sophie + Ti Jam + Soma Cumbia + Full Stench.

Pascal, tu prends les deux derniers?

Ya ( ce n'est ni du flamand, ni de l'allemand).

Sur place, on constate une inversion, Soma Cumbia jouera avant Ti Jam.

Tant mieux, tu passes d'une équipe de foot, sans les remplaçants, à une équipe de volley mixte,  travaillant sans filet et sans balle. 

20:45, au Club:  Scardanelli & Sophie

Six mois après avoir croisé leur route au Char à  Bancs à Plélo ( voir chronique) , tu retrouves ( avec plaisir)   Sophie Caudin et Simon Scardanelli.

Profitant de  la trêve de Noël, Simon avait remis les pieds au UK  et joué ( sans Sophie) au Kings Head à Lewes, ce soir le duo est reconstitué , il prépare d'ailleurs un premier album sous l'étiquette  Scardanelli and Sophie.

Si à Plélo, pour un afternoon tea, une partie du public écoutait d'une oreille distraite, ce ne sera pas le cas à Bonjour Minuit, le London native, ex Big  Bam Boo, qui n'a rien en commun avec  Friedrich Hölderlin, un philosophe du Wurtemberg signant certains de  ses écrits, Scardanelli,  et la pétulante Sophie Caudin, qui n'aura pas mis trois heures à rejoindre Saint-Brieuc , situé à 22 kilomètres de son domicile, ont littéralement mis le feu dans un club  tout acquis à leur cause.

Les 40 minutes de set ont paru fort courtes.

Sophie à l'accordéon et à la flûte traversière ( pas de piano, ce soir) et Simon à la guitare acoustique ou au ukulélé , un pied sur une stomp box, entament la soirée par 'Dead end road', un folk rock nerveux qui devrait se retrouver sur leur premier album en duo.

La plage évoque les Waterboys, les lyrics baignant dans un mysticisme qui aurait plu à Bob Dylan, un hic... there was blood in the water... Agatha Raisin mène l'enquête.

No time to chat, chaps, le temps nous est compté!

'Whirlwind' lis-tu sur le papier gisant sur le plancher, Simon s'adresse à Sophie et lui souffle 'Sweet Loretta'  et c'est bien l'hommage à Loretta Lynn qui déboule.

La voix mature du  néo- breton est  backée par le timbre clair de Sophie, dont l'accordéon tourbillonne allègrement.

La réponse positive et l'enthousiasme du public  se ressentent sur scène, les acolytes sont tout sourire.

Un avertissement avant d'entamer ' Wild Flowers' , méfiez-vous des vampires féminins!

Après un coup d'oeil circulaire, tu n'as aperçu aucune buveuse de sang, rien que des jeunes dames gentilles et en extase devant la veste aux motifs Jackson Pollock du singer songwriter. dont le jeu de guitare sec est amadoué par l'accordéon espiègle de l'énergique Sophie.

Il troque sa gratte contre un ukulélé, la salle l'accompagne aux handclaps, Sophie  s'ébroue, c'est parti pour  le percutant et obsédant  ' Battle'  ( titre incomplet) .

Des sonorités vaudou et une invective destinée au diable, la rixe est virulente.

' Days that lie' voit Sophie alterner accordéon et flûte traversière,  le titre vaguement country te fait penser au ' Camouflage' de Stan Ridgway.

Dans la salle, nous ne sommes guère nombreux à avoir jusqu'ici assisté à un concert de Simon et Sophie et pourtant, c'est la force des singer-songwriters old skool, , sans connaître la chanson, le public fredonne le refrain  de cette épopée grandiose.

Puis vient le moment le plus rock du set, les près de huit minutes de ' Hopes in my pocket'  vont  chauffer le club à blanc, l'accordéon pirouette et  cogne, Sophie l'utilise comme une baïonnette. Simon martyrise son acoustique et comme les talons de tes voisins, tes boots martèlent le sol ... don't tell me something I already know,  gueule ton voisin, imité par sa compagne.

Le délire absolu!

Simon en tenue estivale, un marcel mettant en évidence sa musculature  d'athlète retraité, sue à grandes gouttes.

' Wicked love' ,  datant de l'époque Big Bam Boo,  ne va pas calmer les ardeurs du public qui, à gorge déployée,  braille le refrain, les wouh ouh ouh fusent de partout.

C'est déjà le dernier morceau, 'The glittering prize'  dépeint les jeunes (et folles) années du troubadour aux cheveux d'argent.

Bien cadencé et énergique ce titre met fin à un concert mémorable.

Visiblement ravis de la réponse du public, Sophie et Simon quittent la scène,  un large sourire illuminant leur visage.

Pas le temps de glandouiller, sur l' écran  au dessus du bar on constate que le second groupe a entamé son récital dans la salle du bas!

On descend la volée d'escalier en voltige pour arriver dans un hall bien garni et prêt à se déhancher sur les rythmes chaloupés de la musique du soleil: la cumbia!

Si chez Soma Cumbia, on ne compte aucun Colombien, ni Bolivien ou Péruvien, le sextet,  basé à Plérin, comprend néanmoins deux Sud-Américains,  qui sont épaulés par trois Bretons, moins amateurs de gavottes que de cachaca,  et d'une Espagnole,  qui ne s'adonne pas à la sardane.

Chaque été la bande sillonne les Côtes-d'Armor et départements limitrophes pour distiller leur  cocktail coloré, pour la plus grande joie des amateurs de vibrations latino.

Line- up: Clara  ( Espagne) : chant, petites percussions ( guiro à gratter) /  Alban, casquette 1 : timbales /Maëva : trompette, melodica , charango, shakers / Pablo casquette 2  ( Argentine)  : guitare électrique et voix/  Dany le Gaucho ( Salvador)  : voix et basse et  Jérôme casquette 3  : congas.

  Pablo (Lopez ) a composé 'La revolución', une insurrection sans hémoglobine, qui voit la Bretagne se trémousser plus ou moins esthétiquement.

Par contre, face à la scène, une jeune personne moins raide que ses voisines attire tous les regards tant ses circonvolutions sont chatoyantes.

Le melodica de Maëva se balade sur les phrases musicales chaudes et répétitives des copains, et puis il y a la voix de Clara, claire et enivrante.

Ici pas de beats electro comme chez La Yegros, mais une cumbia fidèle à la tradition!

On range les mousquets pour attaquer 'No soy del Valle' , ils ne sont peut-être pas de la vallée, mais l'endroit d'où ils viennent doit ressembler au paradis, à les voir tous heureux.

Maëva ramasse une trompette, avec laquelle elle entame un dialogue courtois avec la guitare de Pablo sur ' El Sacristan' .

La basse ronronne, les percussions bourdonnent gaiement, Clara fredonne, le sacristain et tes voisins gondolent.

Si dehors le thermomètre indique 1°, dans la salle la température approche des 30°, fiesta cumbiana, ce soir, même la Coreff prend des saveurs de cerveza Aguila.

Pablo, en fan de Carlos ( non pas Big Bisou, ni Ilich Ramírez Sánchez, Carlos Santana), amorce 'La Canoa Ranchaa' , la trompette le rejoint, les percussions et la basse s'emballent , Clara canta, les copains assurent les backings .. Me voy pá ve'té..

Ole, ole, ole!

Puis vient une version étonnante ( in English) de ' The Guns of Brixton' que tu connais par The Clash, qui mixaient punk et reggae.

Un charango pour Maëva, voilà ' Respira' qui respire la bonne humeur et la joie de vivre.

Et la fête continue avec ' Cumbia Sobre El Mar' suivi par le vif ' El Guayabo' à la gymnastique vocale acrobatique, pour terminer le set par ' Samba Lando', décoré de riffs qui étrillent , sur fond vaguement surf.

Hasta luego, Bonjour Minuit!

La foule, effervescente, ne l'entend pas ainsi et les gentils Ti Jam sont d'accord pour retarder leur set, il y aura un rappel: le furieux ' Cumbia del Abuelo' chanté par Dany qui adopte une cadence rodéo.


Lise?

C'était trop top !

Carrément, señorita!

A toi, Pascal..


samedi 25 janvier 2025

Album - Lisa Portelli – Absens

 Album - Lisa Portelli – Absens

michel

label:  J’ai Vécu Les Etoiles / Kuroneko – The Orchard

French pop 

Lisa Portelli naît en Seine - et  - Marne en 1987.

Dix ans plus tard, elle prend des cours de guitare, précoce, à 13 ans, sous forme de maquette, elle enregistre 9 titres, il n'en reste aucune trace.

Elle persévère, obtient le premier prix au conservatoire,  très vite elle se rend compte qu'elle préfère Jeff Buckley à Camille Saint-Saëns, elle se lance dans la chanson.

On l'entend aux Découvertes du Printemps de Bourges, peu après, elle publie un premier long format ' Le Régal'.

Des louanges:  on dirait la soeur de Mademoiselle K, écrit un auditeur conquis.

Ouais, fort bien, il s'agit de ne pas attraper la grosse tête, faut prendre du recul.

Après une pause relativement longue, elle ressurgit en 2017 avec l'album ' La Nébuleuse' .

Lisa fait preuve  d’une maîtrise sans pareille pour jouer avec les émotions de ses auditeurs, écrit un certain David.

Jet numéro 3: ' L'Innocence' paraît en 2022.

Anecdote: L’instrumental ( L'innocence)  qui clôture ce disque devait être un texte dit par Christophe, ....nous avions pris rendez-vous pour mars 2020 mais il y a eu le premier confinement et il est décédé le mois suivant....

Nouveau voyage musical en 2024: 'Absens'.

Où est le t?

Deux possibilités: c'est du latin, ou du vieux français abscons.

Liste des titres:

1. L’anneau
2. L’avancée
3. Ondine
4. Passe des chimères
5. Lointain tu t'approches
6. Si Haute feat. Etienne Jaumet
7. Absens
8. A sec
9. Granit feat. Nosfell
10. Berceau
11. Jour blanc
12. Voilà la mer

Crédits:

 Réalisation : Lisa Portelli et Guillaume Jaoul

Enregistrement : Guillaume Jaoul au Studio Tropicalia à Paris
Textes et compositions : Lisa Portelli
Piano - synthé - basse : Alexis Campet
Programmation - synthé - octatrack - sound design - voix - guitare : Lisa Portelli
Basse sur Voilà la mer - Ondine : Antoine Brunet
Batterie sur L'avancée - Voilà la mer : Jean Thévenin
Saxophone feat. Si haute : Etienne Jaumet
Voix feat. Granit : Nosfell
 
Sont crédités pour la pochette, d'inspiration Michel -Ange ( main tendue entre ciel et mer): Caroline Diard et Muriel Thibault, Malik MGNFK ( photo)  et  Amandine Portelli ( sérigraphie). 
 
Lisa Portelli avait choisi l'isolement ( l'île de Molène, au large du Finistère, un lieu propice pour trouver l'inspiration) pour composer ce  nouveau recueil , conçu comme un concept album,  racontant le voyage poétique d’une femme ( en pensant à Antigone qui a la cote de nos jours, cf le film impressionnant,  Le Quatrième Mur, de  David Oelhoffen)  plongeant au fond des eaux, guidée par un désir insatiable de liberté.
 
C'est par un piano, proche du romantisme de Frédéric Chopin ou du symbolisme de Claude Debussy, que débute ' L'anneau' , un rêve éveillé, après un sommeil houleux, car l'anneau qui la reliait au monde a glissé de son doigt et roule sur le sol.
D'une voix désincarnée, Lisa a décidé de nous emmener au pays de l'absence, qui rime avec errance.
Au bout de soixante secondes, des percussions électroniques se manifestent, le piano fait place au synthé pour revenir l'accompagner plus tard.
La plage prend de l'ampleur et finit par obséder   jusqu'au final tout en grondements marins.
Un  voyage  singulier s'annonce!
 
En regardant les vagues lécher le rivage , la fille couchée  dans une herbe sauvage,  près des  roches  métamorphiques, imagine  les flots  ouvrir 'L'avancée' , comme à l'époque où Moïse en étendant le bras a réussi à fendre les eaux pour  créer un passage permettant de  traverser la mer Rouge.
Poésie et mythologie se croisent sur fond électro saccadé et parfois grinçant,  un cocktail répondant au nocturne inaugural.
 
Là, les pieds dans l'eau, je rêvais,  une main est apparue, émergeant des flots , je l'ai attrapée elle m'a attiré vers les fonds marins.
Etait - ce une  des sirènes ayant décidé, par son chant, d'attirer Ulysse et ses compagnons au fond de l'abîme , non, si le pouvoir d'attraction d'  ' Ondine' , est réel, les intentions de la naïade ne sont pas perverses, tu peux la suivre,  elle te fera connaître un univers  aussi paradisiaque que celui qu'Alice a entrevu au pays des merveilles. 
Le fond sonore  synthétique, ciselé, concocté par Lisa et ses musiciens  va plaire aux fans d'Emilie Simon, de Vanessa Philippe  ou de Laura Cahen.
 
En suivant Ondine, qu'elle avait suppliée ... Emmenez-moi ...  , l'héroïne débouche dans une fosse sous-marine, baptisée 'Passe des chimères', et là, frôlant quelques créatures fantastiques échappées d'une épopée fantastique imaginée par Homère, sur des beats aquatiques envoûtants, elle ondule souplement à la manière d' un dauphin agile.
 
Après ce morceau instrumental  aux tonalités 'Le Grand Bleu', vient le poème inspiré des écrits de Leconte de Lisle,  'Lointain tu t'approches'. Sur fond de voix étranges en écho et de vibrations synthétiques proches des élucubrations de Brion Gysin, Lisa récite son texte à la philosophie sombre et désespérée.
 
Sur 'Si Haute' , un titre toujours  aussi  ésotérique, elle a invité le saxophone d'Etienne Jaumet qui se mêle au mix sonore abstrait,  proche de la musique dodécaphonique d'un Pierre Boulez ou de Karlheinz Stockhausen .
Tu le vois, t'as intérêt à avoir l'esprit ouvert pour apprécier pleinement le travail de Lisa Portelli.
 
Après ' Absens' , un interlude serein au piano, à rapprocher une nouvelle fois du courant symboliste que ce soit en musique ( Debussy et dans une moindre mesure Ravel , ' Miroirs' par exemple)   ou dans  l'oeuvre poétique de Mallarmé, de Baudelaire ou de Verlaine, vient  le morceau contemplatif  'A sec', chanté en parlando d'une voix apaisée,  avec quelques cloches de chalutier, un hululement d'oiseau marin et   le souffle du vent, en arrière-plan.
Peu  de percussions, pas  de basse  à l'horizon,  une instrumentation minimaliste qui  met en évidence les voix mixtes  récitant le texte.

Sur ' Granit' Lisa a invité Nosfell,  il s'agit à coup sûr du titre dance de l'album, mariant le chant frêle ( en français) de Lisa et  la voix organique de Nosfell ( utilisant une langue imaginaire,  le klokobetz).
 
Toujours dans la veine  electro, basée sur de gros beats,  à la fois  grondants et inquiétants ,   ' Berceau' glisse quelques notions indus dans sa conception.
 D'une voix neutre,  la chanteuse récite sa tirade surréaliste .
 
Avec ' Jour blanc' on assiste au retour au calme, le synthé, aux sonorités de glockenspiel enfantin, et un piano serein  servent de tapis sonore feutré  à la voix émouvante de l'artiste  qui, pour conclure ce voyage méditatif , propose 'Voilà la mer'.
Une mer qui l'a recrachée pour la rendre à la terre, au réel, nue comme la Vénus de Botticelli lors de sa naissance.
 
 
C'est pas évident d'éviter le blues  du retour de voyage, pour ne pas sombrer dans la dépression, Lisa prévoit de retâter de la scène, elle nous fixe  un premier rendez-vous  le 4 février à La Marbrerie à Montreuil!
 
 



 


jeudi 23 janvier 2025

Album - Songs for You _ Brigid Mae Power

  Album - Songs for You _  Brigid Mae Power

no label

indie folk/pop/covers

 

michel 

Brigid Mae Power

Si Brigid Mae naît à Londres il y a un peu plus de 35 ans, elle n'a jamais renié ses souches irlandaises, elle devait avoir onze, douze ans quand sa mère a mis le cap sur Galway.

Réactions de la jeune fille: ..  it was a bit of a shock. I remember there was a lot more freedom, you could walk around and it wasn’t dangerous, but I hated it.”

Forcément, elle découvre la musique irlandaise, mais tu le sais les compatriotes  de Rory Gallagher sont des voyageurs dans l'âme,  à 18 ans elle quitte la verte Irlande pour The Big Apple où elle savoure d'autres musiques, la soul d'Aretha Franklin, le blues de Mose Allison, la folk music de Dylan, Joni Mitchell ou Tim Buckley.

C'est décidé, elle sera chanteuse tout en continuant à dessiner!

En 2010 elle sort un premier jet ( précédé d'un EP)  sous le nom de Brigid Power-Ryce, le disque attire l'attention de Heather Woods Broderick (membre de Efterklang, Horse Feathers ,  Loch Lomond, et musicienne pour   Laura Gibson, Sharon Van Etten et Lisa Hannigan) .

Il s'agit de la soeur de  Peter Broderick, qui non seulement choisit de collaborer avec la jeune Irlandaise mais va finir par l'épouser.

Sa discographie s'étoffe :  Brigid Mae Power (2016)     The Two Worlds (2018)     Head Above the Water (2020)     Dream from the Deep Well (2023)     Songs for You (2025) sans oublier de mentionner une collection d'EP's et de singles.

Elle dédie le tout frais Songs for You , une collection de reprises,  à son père,  le fameux Vince Power ( a music promoter,  Reading e a)  décédé en 2024

 TRACKLIST

In Dreams
See No Evil
Walk On Out Of My Mind
Fresh As A Sweet Sunday Morning
Rose Marie
Mellow My Mind
Angel Blood
Missing You
You Don't Know Me

Many of the songs are performed solo, Brigid is joined by Ryan Jewell on drums and Shahzad Ismaily on bass,  Brigid is on  vocals and plays  guitar, electric guitar, organ, and accordion. Tracks 1, 3, 4, 7, and 8 were recorded at Analogue Catalogue by Julie McLarnon, while tracks 2, 5, 6, and 9 were recorded at home. The album was expertly mixed by Sean McErlaine and mastered by Brian Pyle. 

On doit la pochette , un  watercolour artwork abstrait, à l'artiste elle-même, tu peux te faire envoyer le tableau en déboursant 140 €.

Le recueil débute par ' In Dreams'  de Roy Orbison, un artiste que Vince Power avait fait venir au UK.

La valse country, signée par Roy,  est chantée d'une voix aérienne, bouleversante, sur une instrumentation minimaliste reposant sur une guitare acoustique sobre.

On ne pouvait rêver mieux comme amorce. 

Le choix de  'See no evil' de Television est plus étonnant, la plage ouvrant l'album ' Marquee Moon' du groupe de Tom Verlaine reçoit un traitement dépouillé jusqu'à l'os, une guitare acoustique et une voix infusée dans un écho fantomatique.

Le gars qui cite Mazzy Star n'est pas débile, on pense aussi à Margo Timmins des Cowboy Junkies. 

Waylon Jennings a enregistré ' Walk On Out Of My Mind' en 1967,  l'approche de Brigid Mae Power ne s'éloigne pas des deux titres précédents, là où Waylon faisait  appel à quelques grands noms étant passés par Nashville ( Jerry Reed, Charlie McCoy...) et chante la ballade de sa voix nonchalante et résonante ( à la Johnny Cash), la patine de  l'Irlandaise est plus légère, la voix se promène en accordéon  sur un clop percussif régulier et une acoustique modeste. 

Après avoir revisité de grands  Américains, vient le tour de Bert Jansch, que tu as eu la chance de voir au sein de Pentangle.

'  Fresh As A Sweet Sunday Morning ' pourrait décrire la voix pure de Brigid,  qui transforme la  British  folk lovesong  en hymne à la  sensibilité  et à la pureté de l'amour.

Qui de nos jours connait encore le chanteur country Slim Whitman aux incroyables facultés de yodeling. Sur 'Rose Marie' Brigid Mae  s'abstient de pratiquer l'exercice cher aux Tyroliens,   pas d'acrobaties vocales, pas de voix de fausset,  mais une version allégée, plus ' moderne',  qui émeut jusqu'aux larmes.

Simply Red avait déjà repris ' Mellow My Mind', un titre de Neil Young, que tu peux entendre sur ' Tonight's the night'.

Si Mick Hucknall en a fait une version blue-eyed soul groovy  et léchée, ici, on a droit à une interprétation lumineuse, sur laquelle l'épouse de Peter Broderick s'accompagne à la guitare acoustique, doublée d'un orgue liturgique élégant.

Si elle ne réussit pas à apaiser ton esprit, consulte un psy!

Cass McCombs est catalogué par certains de singer-songwriter révolutionnaire, son 'Angel Blood'  n'est manifestement pas  un titre prônant l'insoumission ou la révolte, il s'agit d'une lovesong radieuse  que Mrs Power transforme en hymne nostalgique sur fond d'orgue brumeux, rappelant les sonorités d'un harmonium.

A rapprocher de Judee Sill,  Vashti Bunyan, ou de Nico, les grandes voix  des sixties/seventies!

'The Song of the Singing Horseman' est le premier album de  Jimmy MacCarthy, un singer-songwriter irlandais dont pas mal de titres ont été repris par des pointures: The Corrs, Mary Black ou Christy Moore, qui a placé ' Missing You' dans les charts.

La confession , décrivant la diaspora irlandaise,  chargée d'émotions,  est livrée pleine de pudeur,  d'une voix poignante mais évitant la solennité.

Profondément humain! 

Pour terminer l'hommage à son père, la fille a opté pour “You Don’t Know Me”.

Autobiographique? 

Maybe!

La chanson, composée par Eddy Arnold et Cindy Walker en 1955,  a été reprise  par le gotha  de la chanson populaire, de Patti Page à Alison Krauss en passant par Ray Charles, Rick Nelson, Manfred Mann, Elvis Presley, Roy Orbison, Emmylou Harris, , Van Morrison  et même le saxophoniste David Sanborn, ils ont tous repris le déchirant ' You don't know me'. 

Birgid Mae Power respecte le soul pop classic en proposant une variante  installée  dans un écrin de douceur et d'intimité.

 

Il n'est   pas  obligatoire de souffrir d'un  romantisme exacerbé  pour apprécier ces titres,  faits pour tous ceux aimant les belles voix et les  chansons immortelles.

A l'issue de l'écoute, madame a dit "c'est beau " ....  madame se trompe rarement!




 

lundi 20 janvier 2025

French Cowboy and the One au Chaland qui Passe, Binic, le 19 janvier 2025

 French Cowboy and the One au Chaland qui Passe, Binic, le 19 janvier 2025

 

michel

 

C'est la reprise au Chaland qui Passe, elle coïncide avec la célébration des  5 ans d'Arnaud au gouvernail du zinc le plus hip de Binic.

La veille, il y avait:  darts ( ni ceux qui amusaient l'Angleterre avec leur doo-wop dans les seventies, ni les Ricaines sexy sorties en droite ligne d'un garage de Phoenix, non, des fléchettes pour clients adroits votant à gauche), blind test, rougail binicais et musique.

A voir la tête des habitués le lendemain, la bière  a dû couler à grands flots. 

Au menu du dimanche le tableau annonce  deux gardians vendéens pas vendus: French Cowboy and The One!

Federico Pellegrini, Brixton Hooligan chapeau sur crâne glabre, et son acolyte Éric Pifeteau, baseball cap d'occasion, ont laissé leurs canassons à Etables, ils ont pagayé sans relâche pour rejoindre le port de Binic et arriver à l'heure pour le soundcheck.

Federico ne boit pas de San Pellegrino, il chante, joue de la guitare ( une  acoustique, ayant vécu, électrifiée) et manie un échantillonneur tout en posant le pied sur une des nombreuses pédales de sa loop station, Eric, qui connaît France Gall, ne tape pas sur des bambous, il tabasse caisses, toms, cymbales , charleston et pads   debout et avec vigueur .

Ils furent Little Rabbits ( 5 longues oreilles) , puis French Cowboy ( 4 bouviers), il n'en reste que deux, donc the French Cowboy and the one (  pour la petite histoire et pour faire plaisir à Katerine on cite le nom   La Secte-Machine et pour faire plaisir à Lio, on ajoute Helena Noguerra).

Depuis 2006, la dernière mouture n'est pas restée inactive, on compte plusieurs albums (le dernier 'Niente' en 2023) , des EP's et quelques singles.

Pas mal de scènes, un peu partout dans l'hexagone, parfois chez des voisins, en ce début de soirée, les flingueurs achèvent une mini-tournée qui a sillonné le pays, qui censure ses gouvernements plus rapidement que Lucky Luke,  un mec tirant pourtant plus vite que son ombre.

17:15', les Cowboys vieille école  ( John Wayne, Gary Cooper plutôt que Jake Gyllenhaal ) en piste.

Une bande est dropée, un mix  de sonorités electro/garage/dance groove/jungle, déferle, Eric commence son travail de forçat, frappe à tour de bras, Fellini plaque quelques accords secs sur sa gratte et entame son chant.  

On ne comprend rien, signale Chantal.

Effectivement le chant est indéchiffrable, heureusement Arnaud le magicien d'Oz va y remédier et  les clients finiront par discerner les paroles de  'QVVDM (Que voulez vous de moi)', une plage bien crasseuse , dans le style des Cramps, ou de Ian Svenonius ( ESCAPE-ISM).

La guitare est abandonnée, pas les gros beats,  sur 'Charogne', une plage en talk-over,   sentant  bon Serge Gainsbourg.

Danser est autorisé, qu'il dit.

Réaction de Marie-Jeanne, ici, on danse sur les tables!

' Embrasse' fuse!

Quoi, embrasse -moi.... viens jusqu'à moi, glapit la fille.

Après ce disco post punk frénétique, qui évoque le ' Jukebox Babe' d'Alan Vega, vient ' De rien', un tube nihiliste,  bourré d'effets pétillants.

Boum!

Quoi, boum,... c'est rien, c'est le crâne de  Monsieur Pifeteau qui a fait connaissance avec l'escalier menant aux lavatories.

Heureusement une des femmes en blanc, filles naturelles de  Bercovici et  Cauvin, est sur place et vient panser le blessé.

Séquence effeuillage, car la température approche de 28°, pas à l'ombre, on n'a pas vu le soleil, et speech vantant les vertus du Muscadet, avant d'aborder 'Serrer' , un midtempo philosophique, né pendant le COVID, époque où  les gestes barrières étaient de rigueur.

Oublie West Side Story, ' America'  chanté en italien est très  proche d' Adriano Celentano, celui qui a fait danser la terre entière ( sauf les paraplégiques) avec 'Svalutation'.

Une baguette malicieuse s'échappe, heureusement dans le carquois d'Eric il y a des réserves.

'Avant' en mode énumération  trash  est le ' Ex -fan des Sixties'  post punk  du Cowboy, on adore l''association Raquel Welch/ Rintintin.

Rayon omissions, on cite Elon Musk, Vianney, Aya Nakamura, Cyril Féraud!

C'est moche, les discomobiles ne font plus partie du paysage de nos villages, on les ressuscite avec ' Disco Flash' , un tube second degré interplanétaire qui a plu énormément à Henriette,  elle a commencé à se trémousser indolemment face au duo.  

Vive les riches, clame Federico avant d'entamer ' Anne', tu sais, celle qui ne voit rien venir!

Stridences futuristes et rythme infernal, 'Anne' fuse et  claque  comme le  fouet  d'Indiana Jones.

' Keep rocking' pas besoin de dessin, c'est pas de la musette, et toujours in English, le boogie garage  ' Big trouble'   secoue le palmier, faut faire gaffe  une noix de coco sur le ciboulot , ça craint.

Le dansant ' Plus rien' inspire quelques madames, elles s'agitent nerveusement sur le mètre carré face aux musiciens.

Par contre, Sandrine fait remarquer que le texte ne peut pas vraiment être qualifié de littéraire.

Quelle pimbêche!

Pour Sandrine, on passe à l'italien.

 Merde, elle pige le vocable de Dante, tant pis, voici ' Dai' pour la ragazza.

Elle disparaît avant le terme de la tirade, le duo poursuit avec 'Danser'   ou comment virevolter sur des sons mariant krautrock, disco et futurisme.


Voilà, vous pouvez retourner au bar, on a fini.

Courroucée, une groupie les invective, vous avez perdu la raison, j'ai pas entendu  'Embrasse'.

Fallait arriver à l'heure, cocotte, on l'a joué en début de set, t'étais où, à la messe?

Elle supplie à genoux, s'il vous plaît...

Rien que pour toi, alors, voici une seconde version de 'Embrasse'  et puis comme nous sommes des gens sympathiques, pour tout le monde voici 'Little 15' , une reprise grandiose de Depeche Mode.

 

Ils ont rengainé leurs colts, t'as versé une larme, t'as quitté Binic pour aller voir  'Midnight Cowboy' ,devenu 'Macadam Cowboy' dans nos contrées, le seul western se déroulant à New-York.









 

 

 



 

 

samedi 18 janvier 2025

EP Disruption - Hanry

 EP Disruption - Hanry 

Pelagic Records

post rock


Hanry, non, ce ne sont pas âneries,  il paraît que le leader du combo de Rennes  ( Anthony Leliard) a été gratifié d'un second prénom, Henry, en substituant le E par A ça donne Hanry. 

Dans l'autre sens Cher peut devenir Char, sans charrier.

On nous souffle qu'un Anthony Leliard  faisait partie de Kid Wise, de Toulouse à Rennes il n'y a que 700 km, c'est pas l'océan à boire.

Quoi, encore...  tu l'as vu aux côtés de Praa à Rennes.

Fort bien, revenons à Hanry , qui a probablement  vu le jour en 2022, année où sortait un premier EP  ' Panorama'  .

Le  line-up du sextet  indique : Anthony Leliard (Guitar), Marc Mifune (Keys), alias Les Gordon,  Jean-Anaël Aubaux (Guitar), un freelance  sound enginer, actif dans le milieu du cinéma, ça peut servir quand ta musique est planante,  Mathilde Lejas, alias Championne  (Bass) que Pascal a croisé quelques fois ( cf papiers),   Clément Champigny (Drums), régisseur son à l' Antipode  et Hadrien Benazet (Guitar), vu avec SBRBS.

'Panorama'  ayant attiré l'attention des programmateurs, le groupe est programmé aux Trans Musicales de Rennes où il fait impression, il est signé chez Pelagic Records  qui vient de sortir son nouvel EP ' Disruption'  orné d'une pochette originale, façon cyanotype, ( merci John Frederick William Herschel) , affichant quatre images monochromes, d'un bleu délavé, montrant un arbre secoué par une rafale de vent , sur deux des clichés , des corbeaux flous se distinguent dans un ciel morose, pas vraiment lumineux.


Tracklist. 01. Radiance 02. Ether 03. Zénith (Tape#2) 04. Intermission.

Quatre titres aux intitulés répondant au thème de l'abstraction zen,     prenons ' Radiance' qui donne son nom à une toile ( superbe) de Vassily Kandinsky,  pendant près de 5', Hanry te convoie dans un cosmos onirique proche des écrits de H P Lovecraft.

Si tu parviens à éviter les fusées d'Elon Musk,  quand elles n'ont pas explosé,  plongé dans un silence assourdissant, à peine troublé par un fond sonore proche de la space ambient music,   tu pourras contempler astres, constellations stellaires ou le vide intersidéral, soit un univers propice à la méditation et au recueillement.

Quelques effets extensibles rebondissant sur un piano gnossien amorcent la plage qui prend de l'ampleur lors d'un second mouvement, où les percussions proposent des beats caverneux, les touches se libèrent, tu respires enfin, malgré le bruissement d'un clapotage aquatique bizarre.

Une grosse envolée Explosion in the Sky ( forcément) après  3'  risque de  t'aveugler, fallait pas examiner les étoiles filantes sans lunettes de protection.

Tu t'attendais à un final catastrophe, mais, non, une  fin inattendue, style  queue de poisson, achève le trip.  

'Ether': l'éther est transparent, fluide, léger et volatile,  il est également  mélodieux et doux à l'oreille .

L'éther, c'est là  où Claude Debussy croise  Aphex Twin.

 Laisse -toi emporter dans ces mondes imaginaires au gré des oscillations des synthés, des  tempi paresseux des percussions, et des guitares  ambient, influencées par Manuel  Göttsching d' Ash Ra Tempel.

'Zénith'   (Tape#2) reprend le thème du même morceau (Tape#1) sur l'EP 'Panorama' .

Introduit par des frappes méthodiques mais étouffées, guitares et synthés tissent une toile new age évoquant  les créations mystiques  de Jon Hopkins .

C'est avec les près de 7'30"" du morceau 'Intermission' que s'achève l'odyssée  spatiale proposée par Hanry. 

Le groupe construit pendant quatre minutes une  trame sonore subtilement orchestrée,   empruntant des éléments de musique concrète, d'ambient, d'atmospheric drum 'n'bass  ou de post rock , tu prévois un crescendo, une déflagration peut-être,   mais non,  des percussions disciplinées annoncent un changement d'atmosphère, pas tout à fait industrielle, mais néanmoins proche du dark ambient dramatique , un genre apprécié par les regrettés David Lynch et Angelo Badalamenti, avec, pour fleurir le tout, quelques bribes de Mike Oldfield.

 

In Vlaanderen, chez Luminous Dash, ils ont tout compris,...  deze tweede EP  van Hanry is een schot in de roos... telle est la conclusion de leur analyse, ils ajoutent à l'intention du Dunkfestival, vous pouvez les signer les yeux fermés ( mais les pavillons bien ouverts) .

 

 







 

 


vendredi 17 janvier 2025

Premier point presse 2025 à Bonjour Minuit.

 Premier point presse 2025 à Bonjour Minuit.

Fin de la trêve hivernale et annonce de reprise à Bonjour Minuit.

Le comité d'accueil signale une nouveauté pour les formules fidélité:

les avantages des  formules fidélité  ont évolué: l'adhésion valable 1 an offre des réductions, des billets gratuits et des prix réduits sur le merchandising, l'abonnement: même topo,  tu habites dans un rayon de 1500 mètres de la salle, profite de la carte 'Bonjour voisin (e)'/


La programmation de janvier à mars

01

Le 25 -
Les Studios partent en live : Scardanelli & Sophie ( fortement recommandé)  + Ti Jam + Soma Cumbia + Full Stench

le 30: en collaboration avec  le Festival Aérolithes : Kapteyn Gaïa + Nadoz

02 

le 06:  session live Radio Activ' avec   Joy Dary

le 07: soirée  Subtrack, avec Bryan's Magic Tears, Blind Delon, Zaatar [dj set | 

le 16:  spectacle tout public - 
La Boum des Boumboxeurs

le 26:  Sweaty Palms + Meat Shirt

03

le 01:  Stand High Patrol dj set feat Marina P + Kürün + Strawdogz ( ! les tickets s'épuisent) 

le 06: Session live Radio Activ' : DrGreenDub Sound System

le 08: Mass Toc en Stock:  4 groupes à l'affiche : Hawkins (Saint-Brieuc - Rock Enervé) + Digitus Impudicus (Morbihan - Punk Hardcore) + Cuir (Lorient - Synthé Punk) + Monde De Merde (Orléans - Punk Hardcore)... ça va faire mal!

le 13: à ne pas rater - Shannon Wright + Deaf Peach

le 15: Buzz Booster, du rap local , c'est gratuit , tu peux encore t'inscrire si tu rappes dans ton garage

le 22: Pneu + Why The Eye, du noise/math rock!


Résidences: 

Arone - Gwendoline -  un nouveau projet pour un membre de FauxX, - Uzi Freya - SBRBS -  Fallen Alien - Moundrag

Et les habituelles actions culturelles avec des établissements briochins.

mercredi 15 janvier 2025

Les Zef et Mer avec Drache , au Cap à Plérin , le 11 janvier 2025 ( dernier chapitre)

 Les Zef et Mer avec Drache , au Cap à Plérin , le 11 janvier 2025 ( dernier chapitre) 

michel


Après avoir passé le relais ( orthographe traditionnelle) à Pascal pour les prestations de Plouz ha Foen ( du rap breton, anecdotique) , de  Nolwenn Korbell ( de l'americana trilingue de haut vol ) et Ivarh ( du folk prog breton, sublime), on te refile le témoin pour la dernière étape de la course: Drache!

Drache, ce sont deux filles qui ne se ressemblent pas comme deux gouttes d'eau mais qui s'entendent comme larrons en foire pour proposer un set de musique bretonne à écouter et  à danser , et, éventuellement,  à chantonner avec elles.

Morgane Labbe  à la  contrebasse et au  chant, tu l'as croisée avec Dear John à Binic,  elle fait encore partie des Bubbey Mayse et du collectif Les Pieds dans l'bal.

Eva Cloteau : violoncelle, chant, a été  aperçue chez Rozêtt, elle se produit encore chez Peldrút et Stradibalius.

 

Après une amorce digne d'une rhapsodie de  Dvořák, les filles entament leur chant, d'abord en se répondant, puis à l'unisson. Dans l'assistance les ancien(ne)s ont reconnu  ' Apportez-nous à boire' le chant traditionnel attribué à Jeannette Maquignon, de Redon, une brave dame qui ne vendait ni pouliches, ni chevaux de trait, mais  qui est considérée comme une passeuse de mémoire,  à son répertoire on retrouve des centaines de chansons faisant partie du patrimoine breton.

Le vin de Champagne, servi par Fanchon, délie les langues, les filles, souriantes, ont tôt fait de conquérir nos oreilles et nos coeurs, et en s'éloignant du chant, parfois monotone,  s'autorisent un bridge musical agité.

La contrebasse est grattée sèchement, le violoncelle, d'abord effleuré par l'archet souple,  part en pizzicato, le classicisme slave est abandonné pour un registre jazzy qui aurait plu à Charles Mingus. 

Sans attendre nos applaudissements, le duo enchaîne sur  une chanson de conscrit pas aussi burlesque que ' Le rire du sergent' de Michel Sardou, 

Rejoindre son régiment et abandonner sa bien-aimée , ça craint!

Le répertoire populaire de la musique à danser  est vaste, les filles ayant cueilli la rose sont nombreuses, il leur arrive pas mal de bricoles lorsqu'elles se rendent en ville.

 Drache a le mérite de revêtir les chansons d'antan d'un vernis plus moderne,  le jazz qu'elles appliquent sur leurs ongles scintille de mille feux.

On quitte le pays breton pour se diriger vers le  Limousin où, comme en Auvergne, on danse la bourrée.

La suite de  bourrées occitanes a éveillé en toi des images de Jethro Tull et pourtant Ian Anderson et sa flûte étaient restés au UK.

La langue occitane aux sonorités mélodieuses, le chant en harmonie,  montant insensiblement en puissance, tout concourt à l'émerveillement.

On arrive au bout du temps imparti, c'est avec la ridée 6 temps, 'Le lièvre et ses amants' que s'achève un set plaisant donné par un duo mariant charme, vivacité et  virtuosité. 

Pas d'averse en quittant Plérin mais un brouillard givrant qui n'a pas terni notre bonne humeur.


Les Zef et Mer se poursuivent jusqu'au 8 février.

 

 

lundi 13 janvier 2025

Les Zef et Mer 2025, auditorium du Cap à Plérin, le 11 janvier 2025 ( part one avec Zaïek et Un Violoncelle en Bretagne)

 Les Zef et Mer 2025, auditorium du Cap à Plérin, le 11 janvier 2025 ( part one avec Zaïek et Un Violoncelle en Bretagne)

michel

Janvier: ses frimas, la galette des rois, les voeux du maire,  les soldes, la loi spéciale ( ça sent la censure) , l'imminence d'un référendum ( sujet pas encore déterminé) et les zef et mer.

L'édition douze démarre le samedi 11 janvier à Plérin, la formule a fait ses preuves, après une matinée jeune public, les éphémères débutent ( en principe) à 14:30',  chaque groupe dispose de vingt minutes pour faire entendre des extraits de son nouveau répertoire,  cette année Ludovic Plestan est chargé de jouer au Baz Valan, (  sans les genêts, mais il n'est pas  gêné pour autant), pour présenter les artistes et meubler les temps morts.

On préférait les conteurs des années précédentes, mais, bon, Ludovic, un croisement entre Tintin, Laurent Delahousse et Stéphane Bern, a tiré son épingle du jeu et a réussi à faire sourire Léon, un dégarni parfois ronchon ( cf ses plaintes lors du concert de Nolwenn Korbell) , assis devant toi.

Le menu

 14h30-14h40 : Ludovic Plestan

14h45-15h05 : Zaïek ( chronique Miche))

15h10-15h30 : Un Violoncelle en Bretagne (Michel)

15h55-16h05 : Ludovic Plestan

16h10-16h30 : Nolwenn Korbell ( Pascal)

16h35-16h55 : Plouz ha Foen (Pascal)

17h25-17h35 : Ludovic Plestan

17h40-18h : Ivarh (Pascal)

18h10-18h30 : Drache (Michel)

Six formations, deux rédacteurs, Pascal, arrivé tardivement, s'occupe des n°3/4 et 5 

 

Avec un retard  de 10' sur l'horaire affiché, Ludovic, armé de ses petites fiches, annonce Zaïek !

Une jeune formation née en 2023 à l'instigation d'Axel Landeau de  Guimaëc ( Finistère) , un chanteur spécialiste des musiques modales de tradition savante et populaire, il rythme son chant en frappant une planche, servant de stomp box.

Il est accompagné par  Sterenn Toscer ( chant et violon), une jeune personne de Landerneau faisant partie de plusieurs formations ( Barokistania, Dixit, Handia, Neizh) et se produisant en formule duo avec e a Koulm Puillandre, Violette Prigent ou Audrey SANCHEZ-L'ARVOR.

 Guillaume Le Guernn joue de la clarinette basse, lui aussi s'ébat dans pas mal de formations animant les fest-noz ( Termajik, le Zord Quartet ou Petra Ouchnok), comme Sterenn il adhère à la formule duo.

Le quatrième élément se nomme William Nicolas ( clarinette basse et chant)  , il est cité, e a , chez le Trio NLB, Taouarh, L'orkestrà Lala ou le Tribé Brass Band.

 

Créneau: la musique bretonne à danser et le  kan ha diskan!

Leur set démarre par un Fisel ( Dañs fañch ) avec comme thème une dispute, un genre prisé dans la chanson bretonne traditionnelle.

Après cette amorce kan ha diskan à trois voix , uniquement accompagnée par le battement des pieds, Zaïek propose la  Gavotte montagne , 'Perin-Annaig ar Mignon' qui nous replonge en 1875, du côté de Lannion, deux douaniers s'étant restauré et ayant bu plus que de raisons, violentent et puis assassinent la serveuse .

Cette sombre histoire  est chantée par Sterenn et Axel, les deux clarinettes basses escortant les voix, l'une avec gravité, la seconde étant plus mélodique, au bout d'un moment, le violon de Sterenn neutralise les bois pour apporter un peu de fraîcheur au propos dramatique.

 Annie Ebrel déjà chantait 'Robardig', une gwerz collectée à Lohuec, la version de Zaïek ne trahit nullement la complainte ancestrale, les voix, le violon plaintif et les clarinettes tissent un fond musical intemporel propice, à la fois, à la réflexion et à la danse.

Pour entamer la valse ' An halaj' le violon est joué en pizzicato tandis que les bois, aux sonorités orientales, voltigent avec grâce, Alex, d'un timbre nasal, nous narre l'histoire d'une jeune femme et de ses trois amants

 La dernière pièce, alerte, obsédante et vachement addictive ( Pourlet) , évoque la triste destinée d'un sonneur aveugle.

Cette performance de 20' a été longuement ovationnée par un public féru de traditions mais ne dédaignant pas le côté aventureux de la formation.

 

Second groupe: le duo  Un Violoncelle en Bretagne.

Une formulation pas vraiment sympa pour  la pianiste, concertiste, Florence Pavie, qui accompagne avec brio, les cordes d' Aldo Ripoche, un musicien qui collectionne les lauriers et les collaborations, notamment avec le chanteur Yann-Fañch Kemener ( album ' Les chants de la passion, e a), il dirige  l' Ensemble de violoncelles du conservatoire de Saint-Malo.

Il a créé le projet Un violoncelle en Bretagne qui propose un voyage au coeur des compositeurs Bretons.

Cet après- midi avec Florence Pavie qui le suit jusqu'en Belgique pour interpréter du Brahms, du Bach et du Beethoven, ils ont choisi quatre pièces du riche catalogue breton., en commençant par  'La Prophétie de Gwenc'hlan' de Charles Koechlin, qui s'il n'est pas originaire du Breizh a adapté une gwerz tragique magnifiant un barde du 6è siècle.

Les amateurs de Bela Bartok, de Dmitri  Chostakovitch, de musique de chambre austère ou de sonates sombres sont à la fête.

 Paul Le Flem ( mort à Tréguier) a composé en 1912, 'Sept pièces enfantines', le concis 'La Chapelle' un nocturne inspiré par Debussy est l'une d'entre elles.

Jean Cras, de Brest, chevalier de la Légion d'Honneur, a été Vice- Amiral de la Marine. Pendant les longs séjours en mer, habité par la passion pour la musique , il a composé bon nombre d'oeuvres, allant de la symphonie à l'opéra, en passant par la musique de chambre.

' La mer' un largo qui ne devrait pas causer de perte de points sur ton permis, t'emmène sur une étendue marine exempte de vagues, tu peux ranger ta planche de surf et contempler le ballet des oiseaux marins tout en méditant sur le sens de la vie. 

Parenthèse, un violoncelle en Bretagne n'a aucun rapport avec 'Un violon sur le toit' ,  Roger Whittaker ne viendra pas pousser la chansonnette.

Pour terminer ce voyage dans l'univers de la musique dite sérieuse, le duo opte pour  une oeuvrette ayant recours aux échelles modales.

Jean Langlais qui n'a d'anglo-saxon que son patronyme, à l'instar de   François Hollande qui n'est pas né dans un champ de tulipes,  donc Jean Langlais ( de La Fontenelle), organiste et pédagogue,   a composé huit pièces modales pour orgue.  Aldo et Florence s'attaquent à la pièce n°2 qui fait 2 minutes, donc à peine le temps de réciter une prière à Saint Hernin ,  l'ermite breton que l'on fête le 11 janvier,  le jour où est né Bernard Blier, qui n'était ni saint, ni Breton.

Fermeture du rideau, suivie  une interview colorée et une première pause!