Warm Up du Binic Folks Blues Festival - Thomas Schoeffler Jr And The Rusty Rifles et Long Hours - Parc de la Duchesse Anne - Saint-Quay-Portrieux , le 27 juillet 2023
michel
Il est de tradition que le Binic Folks Blues Festival, qui débute demain, soit précédé d'un warm up.
Saint-Quay-Portrieux est souvent choisi pour accueillir deux groupes se produisant lors du festival, supervisé par La Nef des fous, une association aimant beaucoup Jérôme Bosch. Sont attendus ce soir: Thomas Schoeffler Jr And The Rusty Rifles et Long Hours!
Le 27 juillet, c'est l'été...
In the summertime, when the weather is highYou can stretch right up and touch the skyWhen the weather's fineYou got women, you got women on your mindHave a drink, have a drive..
Oui, mais, nous sommes en Bretagne, il a plu toute la journée jusqu'à 18h, c'est pas vraiment de bon augure pour attirer le monde au concert.
20:25, parc de la Duchesse Anne, t'as assez avec les doigts de tes deux mains pour compter les spectateurs, y a pas de rumba dans l'air et la buvette ne risque pas de battre tous les records de recette.
Le podium est pourtant dressé, les instruments attendent les musiciens, il y a un second hic, les techniciens son sont introuvables.
20:45', deux comiques, pas énervés, rappliquent, le premier round peut débuter, devant 32 pelés et deux bermudas ( un public plus nombreux arrivera plus tard), Long Hours tout de blanc vêtu grimpe sur scène.
Long Hours est le nom de scène de Julian Medor, un clebs qui aboie méchamment, basé à Melbourne.
Il a fait partie, e a , de Head Inc., I am Duckey, Dirty F, d'un projet mixant music and painting ( bodypainting), et depuis qu'il voyage en solitaire, les heures paraissant fort longues, pour ne pas se morfondre, il enregistre des disques à la chaîne: 27 en trois ans, en comparaison Phoenix a pondu 7 albums en 22 ans!
Il actionne la boîte à rythmes, plaque deux accords sur sa guitare, et entame un des 30 titres inclus sur la setlist qu'il t'a gracieusement envoyée par mail, sans préciser lesquels étaient au menu de la soirée, on n'a en tout cas pas entendu ' Love is overrated', le n°1 de la liste, comme premier morceau.
Il lui a fallu à peine douze secondes pour quitter le podium et se promener parmi la foule et débiter son propos, véhément, à douze centimètres du visage d'un brave monsieur interloqué... straight from the wall ...dit-il avant de questionner... oh, why, why why..., mais pas à la manière d'Annie Lennox.
D'emblée un nom de traverse l'esprit: Alan Vega, et comme il s'agit du Binic Folks Blues, on ajoute Escape-ism, vu ici avant le Covid.
Au pas de course, il regagne la scène, relance la machine, prend sa gratte, distille un fond crasseux dominé par un fuzz omniprésent et quelques effets larsens aussi mélodieux que le chant des hyènes, et entame un chant ténébreux, entrecoupé de râles effrayants.
Suit la confession ' People' et son chant caverneux qui dit ... I hate the world because it's full of people....
Pour illustrer son propos, il imagine un signe cabalistique au dessus du crâne, musicalement on reste dans le lo-fi noisy et punky, tendance trash.
Malgré le peu de moyen, le gars impressionne et fascine, son jeu de scène volcanique n'y est pas étranger, il reprend un bain de foule lors du morceau suivant, fait dangereusement tournoyer son micro à la manière de Roger Daltrey, puis imagine de faire la cour à Roquet Belles Oreilles qui demeure placide, nous cause d'un ghost qui n'était pas dans le film de Johnny Cash, avant d'enchaîner sur 'Still Born' une plage qui s'imprègne d'emblée dans nos esprits.
Pris d'une inspiration The Boston Strangler, il passe son câble de micro auteur du cou d'un brave gars interdit, sans resserrer le garrot, ce qui l'aurait conduit à la chaise électrique.
Après avoir encensé la Bretagne et son climat radieux il attaque la suivante ' Sensitive miracle' , du punk industriel , un mix savant entre Einstürzende Neubauten, Public Image Limited et The Jezus Lizard.
Ce show déroutant, autant qu'exaltant, s'achève par le morceau ' Grinder' pendant lequel il nous gratifie d'une séance d'auto-mutilation avant de se déchausser et de brandir une de ses bottes dans les airs.
Long Hours a joué pendant trente minutes, pas longues.
Thomas Schoeffler Jr And The Rusty Rifles
Mai 2022: C’est dorénavant avec le trio The Rusty Rifles que l’Alsacien Thomas Schoeffler JR partage son blues-rock.
Après avoir écumé l'Alsace et le reste du pays en solitaire, Junior, qui compte trois albums studio et un best of à son palmarès, recrute un guitariste, un batteur et une basse pour désormais se produire sous le label Thomas Schoeffler Jr And The Rusty Rifles, parenthèse, on n'a pas trouvé que ces fusils étaient rouillés, ils tiraient juste et sans accrocs.
Un album éponyme paraît en 2022, un second recueil est prévu pour bientôt!
Line-up: Thomas Schoeffler Jr, guitares ( ac et él,) harmonica, lead vocals/ Nick Wernert, lead guitar, backings / Thibaut Lévy, alias fatbass, à la quatre cordes et Maxime Domball aux drums et backings.
On avait plaqué blues rock sur l'affiche , on ne collera pas l'étiquette blues sur 'Misery' qui ouvre le set.
La slide de Nick, d'emblée, attire l'attention, la rythmique nous fait traverser les plaines de l'Ouest, celui de Tonton Sam, le chant traînant de Thomas navigue dans des contrées folk country rock, avec mêmes quelques accents celtiques.
Quand il sort un harmonica d'une boîte gisant à ses pieds, la composition s'emballe, du coup, tu penses aux Levellers ou aux Silencers, deux figures de proue d'un Celtic folk rock grisant.
La suivante se nomme 'Jezebel' annonce le chef , c'était pas la fameuse rengaine de Frankie Laine, cette Jezebel remue davantage, si ça avait été une jument, tu l'aurais bien vue désarçonner le cavalier lors d'un rodéo.
Deux électriques, un maximum de twang et de reverb agrémentent le nerveux ' Dawn' , un western alsacien à admirer avant le lever du soleil, quand la brume se lève et que la plaine exsude une fraîche rosée.
Pour concocter un Rusty Nail, il te faut 4,5 cl de scotch whisky et 2,5 cl de Drambuie.
Euh, quel est le rapport?
Ils ont baptisé le country rock, aux effluves Johnny Cash on Bourbon, ' Rusty Nails'.
Le petit Nick nous place un solo racé, l'harmonica gémit, la rythmique frémit, Messala part au galop sans apercevoir les clous rouillés.
'Family Man' s'allume en mode western swing pour accélérer sèchement et remonter le peloton et le coiffer au poteau d'arrivée.
Elles finissent comment les histoires d'amour?
Mal en général, t'as qu'à écouter la ballade 'Let Me Love You One More Day'.
Un second downtempo succède à la love song, le country folk, aux senteurs Nashville prononcées, ' I Should Have Known' est extrait d'un album datant de 2017, il est suivi par un tout nouveau titre, servi en primeur, ' Springtime easy', nettement plus rock que les plages précédentes.
A tes côtés, Dave Edmunds te glisse... great stuff!
Pour terminer le set, le quartet a opté pour ' Jesus Shot Me Down' , un titre country porté par un harmonica athéiste sentant bon le 'Orange Blossom Special '.
Gloire à Johnny Cash!
Et c'est là que les Doobie Brothers interviennent, ' Jesus is just alright'.
Pas question d'entamer une polémique, on exige un bis.
OK, on déterre ' I did run' et on ouvre l'enclos pour que les mustangs puissent galoper à bride abattue.
Fin d'un concert vivifiant qui a occulté les affres d'une météo sinistre.
·