lundi 24 juillet 2023

Album - Blue Girl Nice Day - La Faute

 Album - Blue Girl Nice Day - La Faute

michel 

Sony Music Publishing for licensing


La Faute, la mini-série réalisée par Nils Tavernier?

Non, le nom de scène choisi par Peggy Messing, visual artist, multi-instrumentalist singer-songwriter, de Winnipeg.

2012 est l'année où pour la  première fois  le nom de Peggy apparaît sur un disque, celui de Zeus, Bursting Out, on entend sa voix sur le titre 'Love in a Game'.  

Il faut attendre 2019 pour assister à l'éclosion d'un premier EP ( Automata)  sous le nom de plume ' La Faute' , déjà  on lit... all songs written and performed by Peggy Messing..

En mai 2023 arrive l'album 'Blue Girl Nice Day' .

Pour les crédits , à peu près le même scénario:
written and performed by Peggy Messing

except for "Sorry I Can't Stay" which was written by Peggy Messing and Villemin
and "The Only Living Boy in New York" which was written by Paul Simon
and "Lullably" which was written by Walter
Schumann, from the MGM film Night of the Hunter 

Elle ajoute à propos de 'Sorry, I can't stay' , Villemin  created the beautiful piano part.

Tracks

 1 Eraser

2 The Crown

3 Sorry I Can't Stay

4 Let it Burn

5 Blue Girl Nice Day

6 Magician's Assistant

7 A Pretty Fly ( erreur) le titre est  Lullaby

8 I'm Finding Out

9 Mastermind

10 Watercolours

11 The Only Living Boy in New York

 

Sur la photo de pochette, Peggy, main en visière,  scrute l'horizon.

Un ciel nuageux, à dominance grise, occupe 3/4 du cliché, la jeune dame, en avant-plan, paraît toute petite, sur la route, à sa gauche, s'aligne un ensemble de poteaux électriques, un paysage boisé se profile dans le lointain.   

Sur bandcamp l'album débute par 'Blue girl nice day', l'exemplaire ( digital) reçu lui est amorcé par ' Eraser'.

On n'efface rien, on garde l'ordre envoyé, ' Eraser' est un premier bel exemple de dream  folky pop .

La voix mélancolique et  tendre s 'associe à une instrumentation acoustique tout aussi atmosphérique, une guitare sèche gentiment égrenée, puis un piano doux et précis, enfin quelques accords à la guitare électrique,  dispersent  un éclairage éthéré sur cette plage lumineuse.   

'The Crown', le numéro 3 sur bandcamp,  se lit comme un rêve éveillé, c'était moi ou un autre qui portait la couronne,  étais-je éveillée ou endormie, est-ce que je rêvais... tout ça est  fredonné sur un fond trip hop sombre et  ensorcelant .

Pour te faire une idée, on recommande le clip pour lequel elle a utilisé des extraits du film 'Carnival of souls' ( 1962) de Herk Harvey, à déconseiller aux âmes sensibles!

'Sorry I can't stay' démarre comme une musique pour la nuit, le piano marie la profondeur de Chopin et la  sensibilité romantique de Saint-Saëns, puis vient la voix, qui comme un souffle chaud, te transporte dans un monde immatériel.

Peggy nous éclaire...

It's a song I imagined for loved ones, for children, from someone gone too soon. In the past few years, a few of my friends and loved ones have died unexpectedly, some leaving very young children behind. My mind can hardly even allow itself to think of this.
I wanted to honour my lost and current loved ones as best I could with this song...
 
Le résultat dépasse toutes ses espérances et si des larmes s'échappent fortuitement de tes yeux, ne va pas t'imaginer que tu souffres d'un excès  d'  hyperémotivité, un gars a précisé this kind of song makes old people cry.
Maintenant, si  tu as 18 ans, consulte un psy!
 
Toujours le désordre absolu dans  la chronologie des titres, ' Let it burn' est placé en 6è position sur Spotify et autres plateformes, pas dans le courrier reçu.... who cares, not me!
Toujours armée de sa guitare ténor et de son cheptel d'échantillonneurs, Peggy, désormais torontoise, construit un morceau brûlant, où les violons côtoient  une guitare corrosive et un drumming obsédant ,  le chant, passant du tourmenté au satiné, interpelle autant que le clip en noir et blanc, que l'artiste/vidéaste   a confectionné en se servant d 'images extraites d'un thriller datant des 60's.

'Blue Girl Nice Day', décidément Miss Messing s'avère être une cinéphile avertie, le titre lui a été inspiré par ' I... comme Icare' d' Henri Verneuil , basé sur les travaux du psychologue Stanley Milgram, qui a a mené des études  sur la soumission à l'autorité.

Peggy?

"It’s quite a strange and sad experiment, in which subjects were ordered to give ever-increasing electric shocks to a “learner” who had to repeat word pairs (“Blue/Girl Nice/Day Slow/Dance Sweet/Taste Soft/Hair Sharp/Needle Blunt/Arrow True/Story)."

Introduction à la guitare acoustique, ciselée,  puis une électrique bourrée de reverb accompagne le chant enivrant, un piano entre en action et ce n'est qu'au bout de  2' 45" minutes que la batterie se fait entendre pour conduire la complainte à son terme.

On ne peut parler de happy end à la fin du film, même si la gamine maniant la machine infernale  a reçu un billet de cinq dollars.

Ce n'est pas un lapin qu'elle va sortir du chapeau de l'illusionniste,  mais son ' Magician's Assistant'  baigne un nouvelle fois dans un climat nébuleux, souligné  par un fond sonore tout aussi baroque.

On a l'intention de signaler à l'agence Bark UK que les informations fournies sont pour le moins loufoques, que l'agencement des morceaux ne corresponde pas à ce qui est relayé par le net, passe encore, mais qu'un titre, en l'occurrence,  'A pretty fly' est né de leur imagination, on se demande quelle mouche les a piqués.

 Sur Spotify on a trouvé ' Lullaby'.

Comme toute berceuse ou conte de fée qui se respecte, la plage, lente et reposante ( si tu fais abstraction de la guitare inquiétante) débute par... once upon a time... et c'est là qu'apparaît la fameuse mouche de chez Bark, elle n'aboie pas mais brouille sérieusement les pistes.

Comme ton petit-fils ne parvenait pas à s'endormir, tu lui as fait écouter 'Lullaby' , il a mouillé sa couche-culotte!

Une berceuse gothique, c'est une première!

'I'm finding out'  se rapproche du mouvement  neo/freak  folk dont les représentants les plus célèbres ont pour nom Mariee Siou(x), Emily Jane White, Marissa Nadler, toutes inspirées par Joni Mitchell, Nick Drake ou Vashti Bunyan.

Guitare acoustique jouée en arpèges délicats et riffs électriques soft, claviers déliés  sur fond  percussif discret, tout permet à la voix cristalline de charmer nos sens auditifs .

L'immatériel  'Mastermind' voltige au gré des vents comme la plume avec laquelle son ami tente de la renverser.

... Slow motion in a play... murmure-t-elle, ne t'attend donc ni à un accès de colère, ni à une tranche de deathcore brutal, la sensibilité prime!

Le peintre a sorti sa palette, pas de couleurs criardes, son aquarelle sera tendre comme les ' Watercolours' de La Faute .

Les arrangements subtils permettent la mise en lumière de chaque instrument: de la guitare volage, au synthé liquide ou aux percussions et basse  à peine perceptibles, rien ne viendra perturber l'aquarelliste, et si les fleurs à peine écloses ont des couleurs d'émois amoureux, ce n'est probablement pas dû au hasard.

Cet album moiré s'achève sur une reprise, 'The Only Living Boy in New York' de Simon et Garfunkel qui doit emplir d'aise son auteur, le grand Paul Simon. ·



Avec Blue Girl Nice Day , La Faute nous délivre un sans faute qui peut lui valoir une médaille dorée.