Beth Hart au Cirque Royal, Bruxelles, le 23 novembre 2022
Mitch ZoSo Duterck
Beth Hart – Le Cirque Royal, Bruxelles (BEL) – Thankful Tour – 2022.11.23
Set List :
01.Love Gangster. [Fire On The Floor – 2016]
03.Dancing Days. [A Tribute To Led Zeppelin – 2022]
04.Rhymes. [Seesaw – 2013]
05.Bad Woman Blues. [Fire On The Floor – 2017]
06.Spirit of God. [Bang Bang Boom Boom – 2012]
07.Bang Bang Boom Boom. [Bang Bang Boom Boom – 2012]
08.Rub Me For Luck. [War In My Mind – 2019]
09.Setting Me Free. [War In My Mind – 2019]
10.Thankful. [War In My Mind – 2019]
11.Woman Down. [War In My Mind - 2019]
12.Without Words in the Way. [War In My Mind – 2019]
13.Sugar Shack. [War In My Mind – 2019]
14.Can't Let Go. [Seesaw – 2013]
15.House of Sin. [Screaming For My Supper – 1999]
16.No Quarter. [A Tribute To Led Zeppelin – 2022]
117.Whole Lotta Love. [A Tribute To Led Zeppelin – 2022]
Née à Los Angeles le 24 janvier1972, la quinquagénaire Californienne montre dès son plus jeune âge de certaines prédispositions pour ne pas dire des prédispositions certaines pour le piano et la guitare. Le talent de la musicienne va de pair avec son attrait pour la musique. Blues, Jazz, Gospel, tout lui convient.
Elle pousse la chansonnette de très belle manière et, dans la foulée, Beth apprend également à jouer de la basse, du violoncelle et des percussions, tant qu’à faire… pourquoi se priver ? Un premier album intitulé « Beth Hart And The Ocean Of Souls » voit le jour en 1993.
La Dame de Cœur va rapidement connaître un très gros succès aux États-Unis, mais au lieu d’en tirer profit, la jeune femme se laisse séduire peu à peu par le chant des sirènes qui va l’entraîner inexorablement vers les profondeurs abyssales. Nous sommes en 2005, année qui voit la sortie d’un double album enregistré en public au Paradiso d’Amsterdam. Cet enregistrement de concert s’accompagne d’un DVD dans lequel la chanteuse se dévoile sans pudeur et avoue sa profonde addiction à l’alcool et aux drogues.
C’est la descente brutale aux enfers, Beth craque de partout et s’écroule comme les pierres d’un bâtiment touché par une bombe pendant la bataille d’Angleterre. Vous avez certainement tous vus au moins une fois ces vieilles images de Londres tournées en noir et blanc où on voit des soldats chercher des corps dans les éboulements lorsque soudain, une façade qui semblait avoir survécu au pilonnage de la Luftwaffe s’écroule ç son tour, brutalement. Voici ce que la chanteuse déclare à propos de son état de santé de l’époque: « J’étais très mal. J'ai mis environ un an et demi pour redevenir sobre. Quand je suis venue présenter le nouvel album ici, à Amsterdam, on m'a programmée dans une petite salle, au Paradiso, et les places se sont vendues très vite. C'était l'expérience la plus incroyable de ma vie, c'est comme si on m'avait donné une deuxième chance. Le public m'a fait pleurer ce soir-là, ils connaissaient les chansons par cœur et chantaient. Je me suis sentie revivre, j'étais sur un nuage. C'était formidable. »
A l’heure actuelle, la discographie de la Californienne est déjà riche de 20 albums, live et studio confondus. Pour les fans complétistes, cela devient un véritable jeu de piste pour ne manquer aucun titre bonus de leur idole. Les maisons de disques ont flairé la bonne affaire et n’hésitent pas à sortir les albums avec des bonus différents suivant les pays, sans compter les vinyles de différentes couleurs !
Si d’aucuns lui reprochent une trop grande similitude vocale avec d’autres chanteuses telles que Janis Joplin, Tina Turner, Amy Winehouse, ou encore Anastasia, la majorité de ses pairs reconnaît heureusement le talent de Beth qui se voit de plus en plus souvent sollicitée à enregistrer en leur compagnie. Signalons à ce titre Joe Bonamassa, Buddy Guy, Deep Purple ou encore Slash, pour ne citer qu’eux. Son vibrato très serré et sa voix éraillée sont devenus sa marque de fabrique, reconnaissable entre mille. Passant avec le même bonheur du rock au blues ou encore à des chansons plus posées, mais tout autant chargées d’une émotion hors du commun.
Beth Hart ensorcelle, envoûte, enflamme, fédère et rassemble autour d’elle une cour sans cesse grandissante d’inconditionnels qui la soutiennent aveuglément. Je me souviens pourtant qu’il y a quelques années encore, lorsque vous prononciez son nom, on vous regardait avec des yeux bovins et on vous demandait : « Qui ? Bessarte, Bettarte ? (quand ce n’était pas pire encore) connaît pas, c’est qui celle-là? » A l’époque, pas besoin d’acheter ses tickets de concert à l’avance, la chanteuse ne faisait pas encore recette chez nous et peinait à s’imposer en Europe en règle générale. C’était donc rare de voir une salle de 2.000 personnes afficher « Sold Out » en une diagonale barrant les affiches de ses concerts. La tendance est enfin occupée à s’inverser. D’un autre côté je n’ai pas envie que les bobos s’emparent du phénomène comme ils l’ont fait avec Sting dans les années ’80 où il était de bon ton de l’aimer pour faire partie d’une certaine élite. Beth Hart, c’est de la sueur, du sang et des tripes, pas un produit Bio ! (fermons la parenthèse).
C’est depuis le parterre qu’elle entame ce concert reporté pour les raisons que l’on connaît, depuis plus de deux ans. “Love Gangsters” retentit dans la sono tandis que la belle arpente les travées. Depuis la scène elle se mue en Kansas Joe McCoy, Memphis Minnie et plus près de nous, en Robert Plant, “When The Levee Breaks” avec cette reprise d’un standard du blues suivie de quelques lignes de “Dancing Days” de Led Zeppelin. Ovation, la salle se lève d’un bond.
Beth nous fera voyager dans sa discothèque avec une différence marquée pour la promotion de ses deux derniers albums en date : “A Tribute to Led Zeppelin” et le sublime “War in My Mind” à posséder absolument. Comme tous les grands artistes, la chanteuse se donne à fond à son public, alternant l’ombre et la lumière. Tout est parfait et ce n’est pas le set acoustique reprenant “Sugar Shack”, “Can’t Let Go” et “House of Sin” qui me contredira. Peu importe la manière, c’est tout simplement “magnifiiiiique” comme dirait une femme-copine ! Je suis certain d’avoir entendu peu avant le set acoustique “I Need A Hero” mon morceau préféré et pourtant je ne le vois pas recensé dans la setlist, bizarre. Fin du concert avec du Led Zeppelin et ce n’est pas moi qui m’en plaindrai. Concert extraordinaire.
Il ne reste plus qu’à patienter dehors pour
rencontrer Beth pour la seconde fois. Une fan lui chante la vie en Rose d’Edith Piaf version a capella , Beth s’agenouille, les larmes aux yeux et filme la prestation, elle apprécie l’hommage et offre une de ses bagues de scène en remerciement. On prend congé, et on repart avec un album dédicacé, du moins en ce qui me concerne. Vivement le prochain concert, même à l’étranger. Beth va mieux depuis qu’elle a appris à gérer sa bipolarité, ce que les ours blancs vont devoir apprendre à faire eux aussi s’ils ne veulent pas crever de faim. Je n’ai pas pu résister, j’en ai placé une quand même. incorrigible je suis, allez, à bientôt.
Mitch "ZoSo" Duterck