1. Lâche
03:01
2. À deux doigts
03:17
3. Si tu
4. Bitume
02:23
5. Se taire et écouter
08:01
6. Vu d'ici
04:33
7. La rengaine
04:38
8. L'infini
05:04
La photo de la pochette, d'un rouge criant , est signée Christophe Crénel, elle montre, en close-up, deux bouches dont on ne sait si elles vont s'embrasser ou se mordre.
'Lâche', la batterie en mode casserole attaque de manière colérique, guitare, basse et synthé répliquent, après 40 secondes une voix féminine, presque off , débite un texte brumeux à la manière de Jacqueline Taieb, ....l'autre jour je marchais et j'ai croisé trois hommes... ouille, ça sent l'agression, et puis vient la voix de l'homme, froide, couverte par des cris.
Le rythme s'active, l'homme se pose les questions essentielles, ...où a -t-on appris à accepter tout ça...: la lâcheté, les violences faites aux femmes, et pas que le crime d'honneur, lié à une vision patriarcale attribuée à une autre civilisation. En France, en 2021, on dénombrait près de 186800 personnes ( plus de 80% de sexe féminin), victimes de violences conjugales, et là on ne mentionne ni le harcèlement en rue ou dans le métro, ni les agressions sexistes dans l'espace public.
Le constat est délirant, la réalité ignoble!
'À deux doigts' respire le rock brutal, quasi garage, le chant énervé de Daniel Jea bouscule ton esprit et ton âme.
T'as beau cravacher et pester en blasphémant, la jument fougueuse s'avère indomptable, elle se cabre et rue à la manière de Flicka, l'héroïne équine de Mary O'Hara.
Même scénario rock enragé pour la suivante, ' Si tu' , Émilie Rambaud, déjà pas très placide au sein du duo The Buns, frappe comme une malade, la guitare grince, fouette, cingle, ça fait très mal, et ne parlons pas du chant frénétique, qui s'achève par un hurlement atroce , deux riffs apaisés et un roulement de batterie achèvent cette tirade athlétique.
Asphalte chaud: danger!
Tu comprendras mieux à l'écoute de 'Bitume' , il a des choses à dire Daniel Jea, et pas des histoires de bisounours , le monde va mal, il le crie bien fort, quitte à ne pas faire plaisir à certains politicards véreux.
La guitare sonne l'alarme, les filles bombardent sans répit et assurent des choeurs pas chrétiens. Une solution après trois écoutes successives de ' bitume': se taper une bonne biture!
Un premier moment calme apparaît avec le titletrack 'Se taire et écouter ', un peu plus de huit minutes, pendant laquelle la guitare prend des intonations Peter Green tandis qu'un choeur nous la joue cha ba da ba da, évoquant immanquablement ' Un homme et une femme'.
Retour aux riffs meurtriers avec ' Vu d'ici' , une plage où la voix de l'artiste semble apaisée, tout comme les backings soyeux de ses copines.
A -t-il pris du recul pour mieux observer la misère humaine,... vu d'ici, des gens perdus, du désespoir sur ces visages...
Et au moment de l'enregistrement il n'était pas question de crise de l'énergie, de délestage ( il est con, ce terme) ou d'inflation galopante.
Quoi, la SNCF?
D'accord c'était déjà la galère , et puis, il y en a un qui nous fait rire ( jaune): Jean-Pierre Farandou, le PDG, qui dit refuser de réduire cet hiver l’offre de transport et de ralentir les trains pour économiser l’énergie. Il s’engage également à limiter l’impact sur les prix des usagers l’an prochain.
Qui va le croire?
Quel est ton salaire mensuel, J P?
' La rengaine' porte bien son nom, un midtempo qui gonfle au fur et à mesure avant d'entendre une guitare, bourrée d'effets larsens, s'étioler sur fond obsédant, rythmé par un tambour itératif.
L'album prend fin en mode spoken-word avec ' L'infini', aux riffs de guitare secs, évoquant ' Oh Well' (part 2) de Fleetwood Mac.
C'est une évidence, Daniel Jea se classe parmi les guitaristes les plus brillants évoluant dans le paysage rock français actuel.
La release party du nouvel album s'est déroulée le 25 novembre à Paris, on espère une tournée plus conséquente en 2023, en attendant on veut bien se taire et rester à l'écoute de toutes les annonces de concerts à venir!