Stefalita 03:16
La pochette du disque renvoie vers un cliché de la grandiose Tina Turner empoignant un pied de micro, dans une pose démonstrative, dégageant un esprit combattif et résolu, pas vraiment avec dans l'idée... stand by your man... mais plutôt, ...I'm a girl, I got skills... comme le clame Juliette Barnes.
' Soft Psycho', qui donne son nom à l'album, ouvre le bal.
Pas question de tracer un parallèle avec le ' Psycho' de Muse, aussi schizoïde que celui que King Crimson décrit dans le fameux ' 21st Century Schizoid Man', rien à voir, non plus, avec le thriller d'Alfred, donc, aucune nécessité de faire appel au ' Psycho Killer' des Talking Heads.
Le Psycho dépeint par Stefa est doux et inoffensif., un rêveur qui vit sur son nuage et qui ne ferait pas de mal à une mouche, sauf s'il s'agit d'une glossine.
Construit sur un jeu de guitare fluide et légèrement bluesy ( Touareg blues) , voire smooth jazz, Stéphanie chante délicatement son affection pour ce soft psycho, her sweetheart!
La drum machine et une basse, discrètes, rythment une ballade, propice aux rêvasseries et à la mansuétude.
Avec ' Surrender" , Stefa propose un midtempo pop dans la veine d'artistes semblables à Colbie Caillat, Sara Bareilles, Rachael Yamagata, ou Noa Moon, une autre bruxelloise, qui avait cartonné avec 'Paradise' .
L'intro à la guitare est subtile, la voix veloutée, l'accompagnement ( basse, synthé, percus et choeurs) soigné, et quand la lead guitar de Damien Bongiovanni apparaît en avant-plan, tu te dis que Stefa a eu le nez fin en faisant appel à ses talents.
Toujours en mode pop, ' Run, baby run', folâtre joyeusement, le piano, guilleret, sautille sur un tempo soutenu, la basse groove en sourdine et la section de cuivres, en arrière-plan, habille la mélodie d'un costume élégant, tout en nous rappelant que des groupes tels que Badfinger, dans les seventies, avaient déjà compris le bien-fondé de l'usage de background horns pour confectionner des tubes catchy.
Ne pas confondre ' Love Bazaar' et ' A love Bizarre' de Sheila E, pas de funk au menu ce soir, mais une ballade soyeuse, dominée par une guitare omniprésente ( sans être importune) , qu'elle soit jouée en arpèges ou fasse appel à la pédale wah wah.
Le petit sifflement perçu en bruit de fond aurait peut-être mis plus en avant, ce n'est qu'un détail.
Légèreté et sérénité sont des termes qui s'appliquent aux quatre premiers titres de l'album, le suivant, "Wait a Little ", offre des coloris plus exotiques qui peuvent s'expliquer par les racines antillaises que Stéphanie a héritées du côté maternel.
Le titre, bilingue ( anglais / antillais) se trouvait déjà sur le premier album ( Lone Dog), ici, Stefa propose une version acoustique, épurée.
Une guitare acoustique lumineuse, des shakers discrets et une voix caressante, il n'en faut pas plus pour nous emmener au soleil, alors que le mercure a des des difficultés à passer la barre du zéro degré à Bruxelles.
Stefa fait preuve d'un éclectisme de bon aloi, ainsi ' Atomic Sleeper' séduit par ses teintes latino, les parfums samba te renvoyant vers les maîtres brésiliens Jorge Ben ou Chico Buarque et, pour rester du côté de Manneken Pis, vers Blue Bossa Liberté.
Après cette caresse tropicale, pendant laquelle t'as l'impression de te promener dans le Jardim Botânico à Rio, où tu peux humer les senteurs intenses des fleurs de Couroupita tandis que sodirostres à tête grise et callistes à tête verte chantent sans inhibitions, c'est ' Earth to man' qui jaillit.
Un titre rythmé, au texte invitant à la réflexion, composé et arrangé par le compositeur et producteur français, Briséiss .
Le message que la terre transmet à l'homme est sans équivoque: You paved paradise
, all the creatures around you, you destroyed all in vain , now you must fight to survive...
Utilise ton cerveau pour nous sortir du merdier!
Sonorités carioca et africaines ( la finesse du kora) s' harmonisent de manière heureuse, Stefa, en prenant des accents soul, débite le propos de manière convaincante, sans tomber dans la harangue pénible.
L'album prend fin avec ' Stefalita' , une tranche de pop latino, évoquant Gloria Estefan et ses élans salsa.
There's a party in the air et comme elle nous propose gentiment de boire quelques margaritas avec elle, t'as dit à ton épouse, "ne m'attends pas pour le dîner"!
Sympa cet album de Stefa, que tu peux voir sur scène le 31 décembre au Cercle des Voyageurs, Bruxelles, elle sera accompagnée par deux cracks: Hervé Caparros et Damien Bongiovanni .