Soul Lab aux Routes de Lanleff, le 4 septembre 2022
michel
Une tradition à Lanleff: début septembre, le festival Les Routes de Lanleff qui se déroule dans l'énigmatique temple médiéval.
Du du 2 au 4 septembre 2022, pas moins de quatorze groupes ou deejays doivent faire vibrer les ruines et la jeunesse locale, l'édition ( la quatorzième déjà) , qui a, d'après des connaissances, tenu toutes ses promesses, des groupes assurant un spectacle de haut niveau, une équipe de bénévoles au top, des torrents de bière, et de la restauration proposant du local, donc fabriqué dans le Breizh, comme par exemple les cornichons de Saint-Goazec ( ayant peut-être transités par l'Inde) ou le chachlik à base d'andouillette, que du bon, donc, avec un point d'interrogation pour la provenance du ketchup.
Ton emploi du temps t'autorise à une visite sur le site le dimanche, le jour où pas mal de festivaliers digèrent le trop plein et s'adonnent au sport régional, le lancer du palet.
Une compétition qui n'est pas sans risque, vu l'état d'ébriété affiché par des athlètes ne carburant pas toujours à l'eau gazeuse.
T'étais venu pour Soul Lab, prévu à 18h.
Arrivé à 17h20, tu constates que tout ce que le canton compte comme musiciens est sur place, sauf peut-être le dernier survivant des Frères Morvan.
Tandis que Nena dénombre 99 ballons dans un ciel fort clément, tu assistes à la balance du trio.
Peu après 18h, la sémillante Pouppette, engagée comme speakerine, annonce le groupe avec éloquence.
Soul Lab, ce sont Stéphane Le Dro au sax tenor ( Yu Gen, Blue Tunes, Heat Wave Badume's band....), Clément Abraham à la batterie, vu avec son propre band à Tréguier, ex- Combo ou Heat Wave et Olivier Guénégo à l'orgue Hammond ( Combo - Heat Wave , Badume's Band ...), en lisant leur carte de visite, tu constates qu'ils ont transité dans les mêmes formations, dans lesquelles tu peux retrouver un autre mercenaire, client des Côtes-d'Armor, le guitariste Mathieu Crochemore!
Soul Lab, bien sûr, c'est de la soul, mais fortement teintée de jazz, de la soul jazz quoi, un genre pratiqué , e a , par Maceo Parker, Jimmy Smith, Gene Ammons, Jimmy McGriff, King Curtis ou Junior Mance.
Houston Person a composé 'The Son of a Man' en 1970, à la guitare on entendait Grant Green, dont le trio reprendra plusieurs titres.
Ce jazz boogaloo juteux permet à chaque intervenant de se mettre en évidence .
Parenthèse, ce grand monsieur ( 87 piges) vit toujours!
Et voilà, un premier Grant Green, ' Big John', mais sans guitare , c'est l'Hammond qui se paye une digression onctueuse , les petits doigts d' Olivier, très appliqué, glissent sur l'orgue pour le plus grand plaisir des amateurs de groove, qui ne constituent que 10% de l'assistance, les autres prêtent une oreille distraite aux musiciens en balançant leur palet sur la planche ou en éclusant une Britt à la buvette.
Le sax prend le relais, il gambade joyeusement, Big John a rangé ses flingues pour se déhancher en mesure, tandis que l'Hammond et l'orgue brodent joyeusement.
Quoi, Big John, n'est pas John Wayne , mais Big John Patton, une légende de l'orgue Hammond, un copain de Grant Green.
D'ailleurs l'album ' Blues for Lou' de Grant Green, sur lequel tu retrouves cette plage grandiose est l'une des oeuvres maîtresses chez Blue Note.
Quoi, Grant?
C'est où Lanleff, dans le Missouri?
Juste à côté, dude!
Ils poursuivent avec un second titre attribué à Grant Green, mais composé par Ben Dixon ' Cantaloupe Woman ' qui ressemble comme deux gouttes d'eau au ' Watermelon Man' d Herbie Hancock , que Us 3 avait samplé pour leur tube 'Cantaloop'.
Simone, la soixantaine souple, chaloupe, Yvon, son conjoint, boit.
Pour rester en terrain hard bop funky, le trio propose 'Funk in Deep Freeze' de Hank Mobley qui précède ' Georgia on my mind' introduit à l'orgue pour Georgette, elle tangue en mesure, tandis que René s' allume une pipe.
Un chien, paumé, divague, cherchant son maître, il a failli arroser les palets, s'est ravisé pour disparaître dans le proche cimetière.
Non, Vian c'était J'irai cracher sur vos tombes!
Jimmy Smith a enregistré ' Mellow Mood' en 1969, Wes Montgomery l'accompagnait à la guitare.
Olivier tire la couverture mais Clément a droit à un petit solo pas cabot, le sax en arrière-plan, attend son heure.
Elle vient avec 'Everything I Do Gonna Be Funky (From Now On)' de Lou Donaldson, lyricist: Allen Toussaint, tu parles, il s'est foulé, le texte comporte moins de 10 mots, par contre, si tu ne te déhanches pas au son de cette plage purulente, c'est que t'es grabataire.
Grant Green a la cote, ce soir, voici un de ses titres les plus hot, ' Sookie Sookie'.
Ze groove machine turbine sans avoir à craindre des pertes d'énergie, pas de problème d'acheminement du gaz russe, pas de batterie à recharger après 150 bornes, une jam monstrueuse approchant des 10 minutes avec cependant un couac, léger, le responsable imagine devoir gonfler le son sans prévenir les protagonistes qui finalement sourient à cette initiative malheureuse, qui n'a effrayé qu'un couple de goélands.
Virage rhythm'n'blues avec ' Teardrops from my eyes'.
Pas besoin de kleenex, le soleil a effacé nos larmes et on revient à Grant Green avec ' The Windjammer' , comme demandé t'as enfilé ton ciré, le trio a poursuivi avec ' Hipty Hop' de Lou Donaldson, from the 'A man with a Horn' album, recorded in 1963.
Superbement sautillant ce titre voit tous les kangourous du coin bondir à l'unisson.... hop, hop, hop...
Pour finir en beauté, Soul Lab a opté pour James Brown, ' Ain't it funky, now?' , que Public Enemy a emprunté pour son tube ' Gotta Do What I Gotta Do'.
La boucle est bouclée., et pour t'assurer qu'en 2022, le funk est toujours d'actualité , chez toi tu vas chercher ' Chinatown' de l'Italienne Manupuma sur YouTube!