dimanche 11 septembre 2022

Album - Philosophobia - Philosophobia

 Album - Philosophobia - Philosophobia

 label SENSORY

NoPo 

PHILOSOPHOBIA 2022

C'est vu la belle pochette! Ah tiens, un nouvel album de (au choix) :
- Dream Theatre (possible),
- Pendragon (si, si c'est possible!)
- Rush (c'est mort là!)?
Négatif!

CV de l'équipe?
Kamelot, Pain Of Salvation, Wastefall, Mekong Delta, Axxis, Threshold, Powerwolf, Fates Warning, Redemption...
Du prog metal? Affirmatif!

Les allemands Andreas Ballnus (Perzonal war, Agrypnie) et Alex Landenburg (Kamelot, Cyrha, Mekong Delta, Axxis, At Vance, Luca Turilli’s Rhapsody, 21Octayne, Angels Cry, Systopia!!), potes, aimeraient comp(l)oter ensemble en 2007.
Ils composent mais pas le temps d'aller plus loin! Alex va cogner chez Annihilator et Andreas gratter avec Paul Di'Anno (premier chanteur d'Iron Maiden).
Puis, Andreas rencontre le suédois Kristoffer Gildenlöw (ex bassiste de Pain of Salvation, le frère de Daniel, leader) en 2018 sur un projet de bouquin et finalement, le déclic, ça claque musicalement en 2020.

FORMATION:
Alexander Landenburg: Batterie
Andreas Ballnus: Guitares
Domenik Papaemmanouil: Chant
Kristoffer Gildenlöw: Basse
Tobias Weißgerber: Claviers

2022, ils concrétisent cet album éponyme, 8 titres avec Tobias Weißgerber au clavier et Domenik Papaemmanouil au chant, issus du groupe grec Wastefall. 6 morceaux étaient déjà écrits en 2007.

Track List
1.      Thorn In Your Pride
2.      I Am
3.      Time To Breathe
4.      Between The Pines
5.      As Light Ceased To Exist
6.      Thirteen Years Of Silence
7.      Voices Unheard
8.      Within My Open Eyes
Guest vocals by Damian Wilson (Threshold, Headspace)
Mixed by Phil Hillen (Powerwolf and Kamelot)
Mastered by Alan Douches (Fates Warning, Redemption)

C'est parti...

Démarrage solennel et profond, voix posée sur clavier. La basse tringle vers la batterie qui fait une entrée en force. ça sent le Dream Theatre...
La guitare montre alors de sacrés dispositions, aériennes ou souterraines. Le clavier 'rudessien' (Jordan Dream T.) vient enrichir le tout.
Tardif, le chant délicat me rappelle Nick Barrett de Pendragon.
A mi-morceau, il voit double puis prend des intonations irritées, toujours à 2 voix comme des échanges agacés, avant de terminer avec une version plus apaisée.
'There's hope and believe Haunted in your dreams Where demons creep'.
Une navigation au long cours se développe avec des paysages variés et passionnants. Le clavier flotte entre piano et synthé et accueille des choeurs sur une superbe mélodie.
'Thorn In Your Pride' nous fait voyager durant 9 minutes sur des rouleaux de montagnes russes.

Une guitare bassement accordée et une cymbale font tomber une pluie radioactive. La guitare illumine d'arcs électriques le ciel orageux qui finit par gronder.
Otez-moi d'un doute 'So I pretend to be living But I'm not'. Pourtant 'I am' je veux bien le croire car eux croient en eux.
Ce second sillon prolonge une longue chevauchée inspirée. Dominik d'abord, puis 2 voix s'entremêlent, Damian Wilson de Threshold amène son organe aérien.
La batterie ne rechigne pas sur la double-pédale appréciée par la basse (é)tonnante de virtuosité pendant que la guitare feule avec impétuosité.
L'ensemble instrumental fait preuve d'un brio technique jamais saoulant. Un clin d'oeil raffiné de 8 minutes!

'Time to breathe' tombe à pic pour reprendre son souffle... ah ben non pas complètement! Le clip se promène dans des endroits favorisant la respiration mer, montagne, forêt.
Derrière un arpège doux accompagnant 2 voix croisées, tout en retenue d'abord, la plage invite la marée et l'écume. Fish (ancien chanteur de Marillion) y nagerait comme un poisson dans l'eau...
Plein centre, un duel fougueux clavier guitare, rempli d'éclats et sous les jets rythmiques, érupte tel un geyser brûlant coulant jusqu'au ravin. La respiration, on la retient!

'Between The Pines' sème ses effleurements de touches au piano qui nous touchent. A la fin de l'envoi, la voix, presque chuchotée puis plaintive, touche tout autant.
La gratte électrique pleure au risque de tout faire disjoncter.
Le clip évoque une errance à travers les bois tout au fond d'un esprit torturé 'Deep inside Of your mind You will find A place Between the pines If you fall If you crawl Lose control I will carry you'.

'As Light Ceased To Exist' ressemble à une réponse à 'Light Fuse and Get Away' (Dream Theatre encore).
La trame mélodique chemine magnifiquement au départ, en piano violoncelle, avant qu'un rythme saccadé ne vienne déséquilibrer cette belle harmonie et libérer une voix écorchée.
L'éclaircie revient au milieu du morceau mais ne reprend jamais totalement le dessus. A la surface, vient une effervescence clavier guitare, pulsée par une rythmique puissante vers un couloir heurté.
Après la dernière reprise du refrain, final a capella sur la mélodie première.

Un rythme, couvert ou amorti, inaugure 'Thirteen Years Of Silence', un instrumental plutôt éloquent.
Il s'éclaircit bien rapidement pour dynamiser un superbe développement prog vintage au clavier flutiste.
Plus loin, émiettement de grand piano exalté parfois en pluie sous les roulements tempétueux de la batterie et les rayons de guitare.
La composition entre alors dans sa partie la plus sombre, convulsive d'abord avant d'enchainer, après une rupture, vers un magma ardent de guitares échangeant avec le clavier sur des acrobaties à la batterie.

'Voices Unheard' se présente derrière un riff métallique frénétique puis un clavier emphatique. Chant âpre, au début, sur une plage hyper efficace!
Il s'agit d'un mouvement alternant noirceur à voix grasse et luminosité mélodique aux voix claires, à son summum sous les paroles 'Brothers and sisters, will you mourn for me? God is my witness, lay your wrath upon thee'.
Au milieu coule une rivière avec piano et guitare d'une finesse infinie. Carrément émouvant ce passage avant le retour du canevas principal tellement stimulant.

On entend piano et violoncelle, en accords mineurs, plomber l'atmosphère. Les vocaux plaintifs susurrent jusqu'à la première frappe, par surprise, violente et sèche!
'Within My Open Eyes' hésite entre moments tendus et passages mélancoliques. Esseulé, un solo de guitare, arachnéen et prenant, nous happe. Sape le moral, un battement de coeur fait croire à la fin.
Mais la dernière montée progressive et fébrile, multiplie les couches vocales courageuses et s'arrête abruptement dans le vide.


L'emballage esthétique?
Un personnage au look John Steed (Chapeau melon et bottes de cuir- The Avengers-, mais avec une plume sur le melon) de dos, avance, au milieu de papillons, vers une ville fantomatique, tout en marchant sur des cadres anciens, au sol.
L'un de ces cadres, à riches enluminures, ouvre un passage souterrain avec une échelle dont semble provenir le bonhomme et les insectes. Les lettres 'Philosophobia', noirâtres, se reflètent en haut à droite.

Voici bien l'ambiance de ce disque entre espoir et cataclysme, entre métal en fusion et délicatesse progressive.
Le groupe possède beaucoup d'atouts dans son jeu, du chant bien armé et nuancé à l'instrumentation élégante et maitrisée.
Morceaux travaillés et sans fausse note que l'on peut attribuer très haute.
Sédatif? Négatif! Séduit? Affirmatif! Un régal!