Pink Turns Blue • TAINTED Tour-2022 EP
Orden Records
NoPo
PINK TURNS BLUE Tainted Tour-2022 EP
Voici des musiciens qui ne sont pas des ptits bleus. Ils se forment, en
effet, en 1985, à Berlin (ville du développement du krautrock), époque
bénie pour la new wave, cold wave renommée darkwave plus tard.
Je pensais que leur nom pouvait provenir de 'Pretty in pink' des
Psychedelic furs, apparus un peu avant, mais non, il faut se tourner
vers Hüsker Dü qui publie le bon titre punkoïd 'Pink turns blue' en 1984
extrait de 'Zen Arcade'.
Depuis, les teintés prennent le temps de graver une pile de disques malgré une séparation de 8 ans.
1987 : If Two Worlds Kiss
1988 : Meta
1990 : Eremite
1991 : Aerdt
1992 : Sonic Dust
1994 : Muzak [album de reprises acoustiques]
1994 : Perfect Sex
2005 : Phoenix
2007 : Ghost
2010 : Storm
2016 : The AERDT - Untold Stories
2021 : TAINTED
L'album 'Tainted' fait tinter sa cloche en 2021 telle une sonnette d'alarme pour un monde en perdition.
Dès que j'entends chanter Mic Jogwer (non pas Jagger, on a du lui la
faire!), je pense à la voix, si expressive, d'Adrian Borland, 'The
Sound', à qui ils empruntent aussi une ambiance mélancolique.
On peut, en plus, citer les couleurs des 'Chameleons', puis, après
enquête, 'Interpol' et enfin, impossible de ne pas mentionner 'The
Mission' (si vous l'acceptez).
Réduite progressivement à un trio, l'équipe n'a rien perdu de sa détermination au fil du temps :
Mic Jogwer (chant, guitare), Paul Richter (batterie) et Luca Sammuri (basse)
Une tête de licorne blanche perce le fond noir de la pochette et ça fait
mal, une larme perle. Un symbole de pureté et de grâce malmené.
Ecoutons ces 4 nouveaux titres complétant les 10 de l'album.
La guitare propage un écho missionnaire ('The Mission', en tous cas). On entame donc sur un style gothique.
Ce son de basse rebondissant dans les tripes, comme savait si bien le
faire Joy Division, Nom de Zeus! A côté, les baguettes frappent
sèchement et le chant, jamais, ne s'enflamme.
Le rythme? 1-2 1-1-2, droit comme un i, ne bifurque pas d'un iota. 'We
could still make it' trace sa neurasthénie. Les frottements
synthétiques, plein milieu du morceau, n'y pourront rien changer.
'Lovers forever' mélange la passion du premier mot avec l'ambigüité du
second. Le synthé mène une danse, en boucle, se mélangeant à la trame de
basse et la batterie continue son show froidement primaire.
Plus loin, les voix se soulignent et se répondent. Après une rupture, on
y retourne sobrement puis la guitare, aux accents 'New Order', essaie
d'apporter un peu de légèreté groovy.
'Not Gonna Take It' Who? Non eux PTB! La frappe reste propre et
imperturbable quoique plus vive. Le calme caractérise ce chant sur un
synthé guilleret qui enveloppe un fond de basse.
Il prend de l'aisance et enfle sur le refrain puis le ton monte, en fin
de plage, avec une basse tonitruante et une guitare écorchée vive.
Le texte parle de vies compliqués et incompatibles. Le clip, au bel
esthétisme, dénonce le manque de tolérance et met en scène des jeunes
gens engagés affichant leurs positions 'Speak' 'Flower is the power'
'Make love not war' 'Freedom'
'We Always Wanted More'... Nous aussi! Le clavier, très présent, plaque
un gimmick entêtant. Il se contente de petites touches excitantes alors
que la basse ronronne de plaisir.
La batterie file toujours aussi droite et sans fioritures. Les vocaux fragiles libèrent des sensations émouvantes.
Quand on sait que ces morceaux tombent des sessions de l'album précédent sans y avoir trouvé leur place...
Totalement addictif, cet EP me donne l'occasion de revenir à 'Tainted'
(Love?!), oh combien contagieux mes aïeux, et que je n'avais pas vu
passer en 2021.
Ces mélopées tristes et pures me transportent totalement et m'apportent
de l'exaltation, un comble! Ou peut-être un vide comblé... je ne sais
pas...
Tracklisting :
01. We still could make it
02. Lovers Forever
03. Not gonna take it
04. We always wanted more