Hache-Paille [session live Radio Activ'] à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 7 avril 2022
michel
Enfin, après avoir été remis plusieurs fois, le concert de Hache-Paille dans le cadre des Sessions Live de Radio Activ' a pu avoir lieu à Bonjour Minuit, dont le club était relativement bien garni.
L'album ' Cynodrome' du groupe finistérien est disponible ( lors des concerts ou par le biais de leur site) depuis janvier, ( cf chronique), tu étais curieux de voir comment le trio allait le traduire sur scène.
En piste: Clémentine Page, chant, basse, pédalier Roland PK 5, sequencer composition/ Piergiacomo Costi batterie " normale" et électronique programming, chant, backings, composition et le condottiere Eric Cervera , désormais officiellement broyeur de paille, aux guitares et effets cosmiques ( une dizaine de pédales à ses pieds agiles).
Petit détail, t'as eu du mal à reconnaître l'ancien Hoa Queen qui désormais exhibe un look hirsute, à rendre jaloux Georges Le Métèque Moustaki.
Pas question de te faire languir, tu t'es posé la question "c'était comment" , réponse: encore mieux que l'enregistrement, sur le podium, leur musique prend une dimension magistrale.
Heureusement que tu vois le trio devant toi, car à l'écoute de certaines plages, tu as l'impression qu'ils sont au moins six sur scène, tant la richesse du rendu s'approche de la somptuosité des compositions d'Arcade Fire ( ce n'est qu'un exemple, l'univers de Hache- Paille est différent, le chant choral ne fait pas partie de leur registre).
Après une intro noisy à faire pâlir Sonic Youth, ' Indélébile' ouvre les hostilités. Comme sur l'album, Clémentine très à la page, décore le début de la litanie d'un joli sifflement. Après quelques minutes le truc vibre et vire carrément post rock/experimental rock, un descriptif anéanti par le timbre candide de la chanteuse.
Nous enchaînons sur une nouveauté, 'Bas-Fonds' , c'est pas la soucoupe plongeante du Commandant Cousteau que tu verras échouée au fond de l'étendue maritime, mais de peu reluisantes algues vertes, une histoire interdite comme l'explique si bien la BD d'Inès Léraud.
Le morceau établit également un lien avec 'Soylent Green' , un roman, puis un film écolo avant l'heure.
Le chant haletant repose sur une basse qui pulse et un drumming déterminé, Eric décorant la plage de courtes tirades incisives.
Les musiciens travaillent en harmonie, leur entente est exemplaire, pas question que l'un d'entre eux tire la couverture à soi, synergie et efficacité, tels sont les mots d'ordre.
'Pauline', déjà un tube alternatif, déboule, énigmatique, indocile.
A l'arrière des sonorités insolites, des choeurs inquiétants, accompagnent le trip halluciné de la gamine.
A quoi rêve Pauline, probablement pas d'artifices et de formes oblongues, les gosses d'aujourd'hui sont imprévisibles.
Intro mordante, vocaux à nouveau faussement naïfs, associations d'idées et de mots incongrues, suivis par des riffs lourds, un jeu de batterie méthodique, ' Saccage' te conduit droit au carnage grunge.
Piergiacomo se charge des vocaux, Clémentine hantant les choeurs, pour un 'Libero e ostinato', lent, mystique, obsédant .
C'est toujours le Transalpin qui amorce la suivante, ' C'est beau du ciel' , par une séquence noise, sa frappe se fait méthodique, il l'accompagne d'un chant récitatif en italien, avant l'intervention de mademoiselle. D'abord posée, puis énervée, la voix déchire les airs, Eric, en embuscade, rudoie la poignée de vibrato, la guitare émet une plainte déchirante, pour finir le morceau de façon brusque.
Pause interview, présentation de l'équipe, Marcus s'autorise quelques vannes pas morbihannaises, avant la seconde partie du set;
Toujours en mode avant- garde, on fait la connaissance du ' Fou Marin' , on ne sait pas si Clémentine a écouté Magma, Gong, Khan ou autres avatars de Steve Hillage, mais certaines des compositions de Hache-Paille prennent des atours prog rock, sublimés par des textes d'une poésie abstraite.
Avec ' Stop', Saint-Brieuc hérite d'une seconde nouveauté et il ne s'agit pas de l'imparable ballade de Sam Brown, non, il est question d'une automobile qui jamais n'arrive.
T'as retenu la formule ... les hommes sont des chiens... t'as eu peur du coup, car les élections sont à nos portes, Sandrine Rousseau est-elle à l'origine de cette maxime?
Retour au contenu de l'album avec ' Comme un ego' , sa reverb sur la guitare, qui se paye des riffs lynchéens, ses lignes de basse méconnaissables de par l'usage du pédalier Roland et son chant lancinant.
Une nouvelle amorce programmée engage ' Oblongue' , ici la basse caracole joyeusement, Piergiacomo a tapoté un pad qui prend des sonorités de glockenspiel, Clémentine psalmodie sa litanie, tandis qu'Eric fait vibrer ses cordes avant de les caresser à l'ebow.
Une nouvelle réussite qui annonce la dernière salve, il est 19:55', 'Vertige de nos parallèles', bourré d'effets hallucinants, de flux et reflux vertigineux, achève une session qui a tenu le public en haleine, en le désarçonnant quelques fois.
A voir et à entendre à La Carène ( Brest) le 30 avril, au même programme que Laetitia Shériff.
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