lundi 25 avril 2022

Album 'Look Alive! - Early Eyes

 Album 'Look Alive! - Early Eyes

 Epitaph

NoPo 

EARLY EYES Look alive 2022


Vous avez aimé les EPs des Early Eyes ( http://www.concertmonkey.be/albumreviews/ep-early-eyes-sunbathing )? Et ben, c'est pas complètement pareil... non pas qu'on puisse comparer qualitativement, juste pas pareil...
L'équipe de Minneapolis semble avoir été particulièrement affectée par le bazar généré par le truc (pourtant tout le monde sait que Corona n'est qu'une bière... pas un cercueil!).
Si bien qu'après l'enfermement, un coup de balai emporte le duo rythmique bassiste batteur, remplacé par Megan et Sam. On garde juste les 'J', comme jus, (Jake, Joe, John) aux chant/clavier et guitares.
“The album was not just an expression of all of our frustrations, but also an escape from it” explique Joe (le petit nerveux à moustache?).
Ce à quoi Jake (l'imberbe) répond "“It almost feels like Look Alive! is a direct response to the pandemic”

La pochette juxtapose la cassure psychologique avec 2 espèces de ciels, l'un dans une nuit profonde, l'autre dans un bleu azur.
"Early Eyes" forme une séparation ondulée traversée par une apostrophe dodue, une bulle d'oxygène gravée 'Look alive' irradiant la partie immergée.

4 singles suivent la sortie de ce 1er album : Chemicals, Paresthesia, Revel Berry et Dying Plant.


'Big sigh' entre dans la danse par une belle explosivité colorée. "Morning air and sunlight Letting out a big sigh Cause everybody’s waking up at 9".
La cadence marquée soulève les lames de claviers luxueuses, parfois telles des bandes audio ne tournant pas à la bonne vitesse et rendant mal à l'aise.
Les changements de teinte, par exemple l'arrivée d'un saxophone sombre qui fait pâlir,  apparaissent comme autant de changement d'humeur.
A côté de cela, des cordes font ressembler certaines parties à des BO de séries américaines désuètes. Le morceau le plus proche des sorties précédentes et probablement le plus radieux.

'Chemicals' intronise une guitare funky et vrille une voix trafiquée et électrisée. Des cuivres réchauffent l'atmosphère.
Une impasse nous piège dans un cul de sac bruitiste, tremblant et tellement inquiétant. Le refrain nous en sauve par un solo électro qui nous nique "I’ll just peace the fuck out".

Le rythme claque toujours aussi joliment sur 'Paresthesia' avec sa basse slappée mais cassée par des sons bidouillés assez fréquents, c'est pour quand l'antidépresseur?
"Paresthesia flows
All over me as I’m exposed
And feeling dizzy, heartbeats
I know I’ve been missing my Fluoxetine"

'Revel Berry' part dans une belle cavalcade avec des vocaux de plus en plus déshumanisés voir détraqués, la fatigue sans doute : "Haven’t slept since April" (2020?).
Le clavier rutilant souligne le rythme endiablé. La basse bat la chamade, les choeurs moussent et débordent d'énergie.

'Catch You' offre une respiration... un peu difficile qui entraine un malaise. Le morceau explore des recoins cachés sans qu'on sache à quoi s'attendre.
Les tics et les tacs font tourner la tête jusqu'à la nausée.

'Rocket' décolle dans une jolie mélodie exotique mais le bug angoissant se tapit dans les recoins. De temps en temps, la fusée se fige au milieu de vocaux particulièrement auto-tunés.
"Let’s just be honest I’m so scared I know things are difficult sometimes uncontrollable"

'Halloween 18' s'installe sur une rythmique clairsemée de bruits électroniques et vocaux toujours tuning.
Le refrain rafraichit ce morceau moderne et un peu déroutant.

Le rythme garde la part belle sur 'Dying Plant'; le riff caracole de plus belle puis les choeurs racés se font la belle.
Une triste histoire de mauvaises graines "Sad sad sad sad sansevieria Drab drab drab drab dieffenbachia Bad bad bad bad bad begonia".

'Somewhere Overgrown' y va de son groove flottant. Le synthé et la guitare badinent avec la batterie.
Les claviers basculent et les chimes sonnent luxueusement. Les arrangements particulièrement soignés et travaillés, avec des trouvailles originales, déstabilisent parfois, mais accrochez-vous, la descente en rappel vaut le coup!

La cadence disco de 'Marathon' nous entraine dans la régularité. L'orchestration ciselée scintille partout.
Un clavier futuriste et des bruits, qui ne le sont pas moins, parcourent, essoufflés, la distance, pareil à un sportif inexpérimenté.
Un ptit coup de barre à mi-chemin mais ça repart bien vite en choeurs.

'Trust Fall' pourrait presque être interprété dans le dépouillement d'un piano de bar, comme une confidence.
A l'inverse, le choix des arrangements s'enrichit de nombreux instruments aux effluves progressives puis une guitare plaintive agit en rayon de soleil.
L'album s'achève dans cette douceur bleue profond : "I’m resigned to sinking in the deep blue ... I love you"


Le melting-pop jazzy joyeux danse et vibre encore mais perturbé par quelques dépressions.
Une histoire de faux-semblants? 'Look alive' pose une question, on a l'air vivants, crois-tu qu'on le soit encore vraiment?
Pour la dissertation, vous avez toute la vie!


Tracks :
1.      Big Sigh
2.      Chemicals
3.      Paresthesia
4.      Revel Berry
5.      Catch You
6.      Rocket
7.      Halloween 18
8.      Dying Plant
9.      Somewhere Overgrown
10.     Marathon
11.     Trust Fall
Produit par Caleb Hinz (Hippo Campus, Samia) et Jake Luppen de Hippo Campus

Early Eyes is Jake Berglove (vocals/keys), Joe Villano (guitar), John O’Brien (guitar), Megan Mahoney (bass), and Sam Mathys (drums).