Concert sandwich autour de la musique de Turlough O’Carolan avec Baptiste Barbier - Tristan le Govic - Yanngireg Le Bars - Gwenaelle Pineau à La Passerelle de Saint-Brieuc, le 17 mars 2022
michel
Un concert sandwich à La Passerelle, tu ne peux même plus te souvenir quand a eu lieu le dernier.
Le 17 mars, qui fête-t-on?
Patrick, et pour les Irlandais, il ne s'agit pas de Saint Bruel, mais bien du fameux "Apostle of Ireland", pour célébrer le jour de son décès, la bière coule à grands flots de Ballymena à Donegal, musiciens amateurs et professionnels sortent fiddles, uilleann pipes, bouzoukis, bodhrans, tin whistles, Irish flutes, harps, concertinas, mandolins et acoustic guitars pour faire danser le bon peuple, l'exercice physique peut retarder l'état d'ébriété précoce.
La Bretagne étant une contrée celtique, la tradition irlandaise est respectée, les concerts en l'honneur du missionnaire, qui ne se séparait jamais de son trèfle, pullulent.
12:30', à Saint-Brieuc, La Passerelle & la Villa Carmélie accueillent le public pour un concert sandwich spécial autour de la musique de Turlough O’Carolan.
L'événement est organisé dans le cadre de la convention liant le conservatoire de Saint-Brieuc, SKV et le conservatoire de Lannion pour la culture bretonne et celtique.La musique d'O'Carolan sera le fil rouge du trip, d'autres compositeurs de la même époque seront également mis à l'honneur.
Un mot concernant les interprètes, Baptiste Barbier, aucun lien de parenté avec Figaro, fait partie de plusieurs formations pratiquant le Fest Noz ( notamment Taskan ou Valâar) / Tristan Le Govic, professeur de harpe à SKV, collectionne prix et lauriers divers, il a sorti plusieurs CD's sous son nom ou avec son trio/ Yanngireg peut tout jouer, du bluegrass, du rock, de la country ( il aime le twang), du blues, du folk... parmi ses collaborations, on avance Dibenn, Hastañ, Pellgomz ou Spoum/ et enfin, Gwenaëlle Pineau, professeur d'accordéon diatonique, de concertina et de violon, anime des Fest Noz aux côtés de Daniel Le Feon ( bombarde).
Courte présentation du projet par Catherine Zuccolo et par un responsable du Conservatoire de Saint-Brieuc, avant que le micro ne soit cédé à Tristan le Govic qui confirme le programme: des compositions de Turlough O’Carolan, des oeuvres baroques du 17è et des tunes empruntés à d'autres bardes de l'époque.
Il choisit de débuter par un solo de harpe composé par Rory Dall Ó Catháin né en 1580, un morceau à la fois plaintif et aérien.
Pas besoin d'être un ange pour jouer de la harpe, ça peut aider!
Il embraye sur une seconde pièce, ancêtre des reels joués dans tous les pubs de la verte Erin, la mandole, le concertina et la flûte l'ont rejoint pour cet exercice dynamique. Toujours en fondu enchaîné, une troisième danse traditionnelle, inspirée de Haendel ou Telemann ( probablement plus approprié au clavecin qu'à la harpe) est proposée.
L'oeuvre de Georg Friedrich Haendel est prolifique, que ce soient les opéras, oratorios, la musique religieuse ou la fameuse suite "Wassermusik", le génie du compositeur de Halle-sur-Saale est reconnu universellement.
Celui qui fut Kapellmeister des Kurfürsten Georg Ludwig von Hannover a également composé des morceaux moins rigoureux, on lui connaît plusieurs gavottes ou sarabandes ( le guitariste Andres Segovia, en s'attaquant au répertoire baroque, les jouaient à la perfection).
Le quatuor a choisi une gavotte du maître allemand, suivie par une composition du troubadour irlandais basée sur la danse galante .
La suite suivante se compose d'une bourrée d'Haendel à laquelle on a accolé le fameux ' Carolan's concerto'.
'Hewlett' de Turlough O'Carolan suit un menuet de Telemann .
Le public écoute avec respect et admire la dextérité et la grâce déployées par les musiciens, malheureusement, à l'étage une personne, en situation de handicap, multiplie les cris et applaudissements intempestifs au risque de déconcentrer les intervenants.
Conscients du problème, ils essaient d'ignorer les interventions tonitruantes, finalement elles semblent gêner davantage quelques jeunes élèves du groupe scolaire assistant sagement au récital.
Turlough était amateur de whisky, il a écrit pas mal de morceaux vantant le breuvage sacré ( Ode to Whisky, par ex) , le quatuor nous présente quelques rasades ambrées, au fort goût de malt.
Anecdote, le Celtic harper n'était pas aveugle de naissance, la cécité l'a gagné après avoir contracté la petite vérole, cette infirmité l'a conduit à devenir harpiste.
Durant sa longue carrière il a écrit bon nombre d'airs en hommage à des mécènes, qu'il nommait planxty.
Après la ballade spirituelle 'Blind Mary' , c'est une suite plus enjouée, propice aux danses exaltées, qui est proposée, avant d'opter pour le titre qui est resté pendant des semaines au sommet des hit-parades de la fin du 17è siècle ' Sí bheag, sí mhór ' ( Shee Beg & Shee Mor), une valse reprise par le gratin du folk anglo-saxon: Planxty, Steeleye Span, Fairport Convention, mais aussi Ry Cooder associé à David Lindley .
Il faut vous imaginer Turlough O’Carolan jouant lors de fêtes patronales ou dans les pubs, c'est comme si Vivaldi, en Italie, se produisait dans une taverna.
Trois jigs pour suivre, dont la mélodie écrite en l'honneur de ' Mr O 'Connor' , de ' John O'Connor' ou de ' Maurice O'Connor' , il a composé pour tous ces personnages.
Un Ecossais égaré, aux mollets poilus et au kilt sentant la naphtaline, emprunté à un membre des Bollock Brothers, se sent des fourmis dans les guibolles, il quitte son siège pour entamer une Highland Dance échevelée face au groupe.
Il doit abandonner après deux minutes, incapable de suivre la cadence infernale et par manque de souffle.
On approche du terme, ' Molly MacAlpine' ( ou Carolan's dream) et une dernière pièce dotée d'un caractère social, clôturent une prestation qui a déclenché l'enthousiasme dans la salle.
Comme rappel, le groupe nous rejoue le morceau qui avait permis au harpiste de remporter The Voice ( sans paroles) de l'époque: ' Carolan's Concerto'.