Album - Sylvaine – Nova
Season of Mist.
NoPo
SYLVAINE Nova 2022
Ce pseudonyme renomme Kathrine Shepard. Née aux Etats-Unis, elle grandit
à Oslo en Norvège et vit maintenant partiellement à Paris.
Et alors, la France Kathrine?
J'aime ses poètes romantiques, notoirement Verlaine avec la même consonance que mon (pré)nom français, Sylvaine
J'enregistre en France et j'ai écrit des titres en français (Bien loin d'ici, L'appel du vide)
J'ai un batteur français et j'ai un groupe français référent, Alcest
J'ai inventé une langue, comme Magma...
Bref, t'es française maintenant, non?
Le web sait tout :
"Sylvaine est une enfant joyeuse et optimiste, elle aime relever tous
les défis! Elle a un grand coeur, beaucoup de facilités à s'entendre
avec les gens et le sens du relationnel."
Ah ben super, vérifions!
Défis? Affirmatif! On avance bien :
“Nova” – March 4th 2022
“Time Without End” – January 10th 2020 (split EP w/Unreqvited)
“Atoms Aligned, Coming Undone” – November 2nd 2018
“Wistful” – May 13th 2016
” Silent Chamber, Noisy Heart” – November 14th 2014
Relationnel? Affirmatif! Des participations nombreuses :
Austere – 2022
Carpenter Brut – TBA – 2022
MØL – “Diorama” – 2021
ISON – “Meridian” – 2021
Alcest – “L’île des Morts” – 2019
Clouds – “Unravel” – 2018
Alcest – “Kodama” – 2016
Cette fois, elle décide de s'affirmer encore plus fermement, jusqu'à
poser nue sur la pochette, une façon de présenter sa vulnérabilité
autant que sa renaissance.
Cherchez l'étymologie de Nova côté nuova (nouveau) plutôt que dans les étoiles.
Pourtant la photo de l'artiste, d'un esthétisme remarquable (artwork
Andy Julia), semble être prise dans l'espace. Elle n'est pas vilaine la
Sylvaine.
Bordé d'un halo de poussières lumineuses, son corps diaphane, plié en
chien de fusil, elle déploie de longs cheveux platine comme des racines
dans la nuit profonde.
Finalement, un autre point commun avec Alcest, Kathrine est aussi
blanche que Neige et joue pourtant une sorte de blackgaze profondément
sombre.
Difficile de ne pas penser non plus à Myrkur (la danoise Amalie Bruun)
pour le contemporain mais on pourrait remonter jusqu'à Cocteau Twins sur
les moments les plus rêveurs, voire Björk.
Dès 'Nova', on nous invite au paradis, écouter, un ange, quasi a
capella, et capable de multiplier ses voix impénétrables (un dialecte
imaginé).
Le morceau titre projette sur nos esprits la nuit galactique, contrariée par la lumière intense de certaines étoiles.
Les vocaux harmonieux, nous bercent dans un espace sans attraction
terrestre. On nage, en pleine allégresse, dans un ectoplasme rempli de
liquide amniotique (ah ouais quand même!).
La mélodie de 'Mono no aware' bouleverse instantanément. Le riff, dans
un battement de gratte porté par une batterie roulante, prend la couleur
du crépuscule puis la rythmique passe à la vitesse black/death.
Devant des choeurs éthérés, le chant purulent et profond de Kathrine,
pourtant asthmatique, irrite la gorge et fait couler les larmes.
S'effondrant ensuite, il apaise l'âme par sa voix lactée. Ce voyage
féérique de 9'43, au rythme élevé, passe à la vitesse de la lumière.
'Nowhere still somewhere', choisi pour le premier clip (Video by Linnea
Syversen), reste très représentatif de l'album, transportant sa
résonance sonore pleine de mystère.
Les premières notes répétitives à la guitare électrique, nulle part et partout en même temps, tissent une toile aimantée.
La mélancolie flirte avec le désespoir en s'exprimant par des accords
prenants et une voix vaporeuse, presque timide et si belle, enrobée de
quelques notes de basse.
Kathrine s'y montre, dénudée comme sur la pochette, parfois floue mais
toujours charismatique et s'habille, par instants, d'une robe noire
échancrée.
'Forlapt' nous conduit sur une route chaotique longue de 11'55 (un
pavé!). L'ouverture pourrait prendre place dans une église avec son
chant angélique, accompagné ensuite par une guitare acoustique.
Puis le tempo et l'intention montent en tension. Le jeu de batterie et la basse grondante dramatisent la scène.
Avec ses vocaux diversifiés, allant du déchirement à l'allégresse en
passant par des cris, cette musique, aussi black que white, joue
finalement avec des tons gris.
La fusion crépite, versant dans le cratère de nombreux ingrédients
post-métal, métal atmosphérique, shoegaze, folk finissant par se
transformer en une certaine forme de riche prog moderne.
'I Close My Eyes So I Can See' Sylvaine nous vend du rêve et de la
beauté. Démarrage aux cordes plaquées par dessus un son lointain, puis
un riff lancinant, poussé par la basse mélodieuse, développe, dans un
balancement, une mélancolie omniprésente.
La composition alterne vagues tranquilles déroulées sur le sable jusqu'à l'étal et écume bouillonnante au plus fort de la marée.
Sous les hurlements dispersés, des choeurs paisibles en rappels, et une
batterie éclatante font exploser la trame plaintive. Le dernier flot
porte un chant, d'une belle noblesse, aux syllabes trainantes, et
maitrisé de bout en bout.
Le dernier psaume enchaine dans cette même ambiance de recueillement. Il
prend un long temps pour développer ses arpèges soutenus, plus loin,
par un synthé translucide.
De formation classique, Kathrine prend plaisir à inviter le violoniste
écossais Lambert Segura de SAOR et le violoncelliste Nostarion alias
Patrik Urban sur 'Everything Must Come To An End'.
Lorsqu'ils interviennent magnifiquement, le paysage s'obscurcit encore un peu plus. Le morceau porte bien son titre tragique.
Un bonus figure dans le paquet : 'Dissolution', désignation qui matche avec une ambiance planante.
Pas d'intro, les voix aériennes s'installent et laissent de l'espace
entre la batterie et l'enchevêtrement de guitare aux cordes frottées et
basse ronde.
Une espèce de brume flotte sans se dissoudre. Une pause acoustique
dépouillée sépare le corps en 2 parties inégales avec une fin abrupte.
Avec Sylvaine, la quête de la transe, presque sacrée, n'est pas vaine. Elle s'imprègne en nous par une forte émotion.
Sans répétition, l'album d'une grande prestance, s'affirme aussi par sa cohérence.
Ceux qui jetteront une oreille à Sylvaine auront de la veine et de la
vitalité car cette oeuvre pleine et sanguine fait, fortement, battre le
pouls.
Track list:
1. Nova (04:36)
2. Mono No Aware (09:42)
3. Nowhere, Still Somewhere (04:34)
4. Fortapt (11:55)
5. I Close My Eyes So I Can See (05:16)
6. Everything Must Come To An End (07:47)
Bonus track
7. Dissolution (05:58)
Total: 49:51
Recording Lineup:
Sylvaine: vocals, guitars, bass, synths, arrangements
Dorian Mansiaux: drums
Live line-up:
Sylvaine: main vocals, guitar
Dorian Mansiaux: drums
Florian Ehrenberg: guitar, backing vocals
Maxime Mouquet: bass, background vocals
Guest Musicians:
Lambert Segura (SAOR): violins on “Everything Must Come To An End”
Patrick Urban: cellos on “Everything Must Come To An End”
Recording Studio: Drudenhaus Studio, Issé (FR)
Producer, mixer, sound engineer: Benoît Roux
Mastering Studio + engineer: Karl Daniel Lidén at Karl Daniel Lidén Productions
Cover art: Photo by Andy Julia, post-production/digital illustration by Daria Endrese