vendredi 4 mars 2022

Elli de Mon au Chaland Qui Passe, Binic, le 3 mars 2022

 Elli de Mon au Chaland Qui Passe, Binic, le 3 mars 2022

 

michel

Depuis le 25 février et ce jusqu'au 5 mars, Elli de Mon promène ses guitares, son mini drumkit, ses cymbales, le sitar et un road manager sur les routes, pas toujours belles,  de France.

Le Chaland Qui Passe, l'incontournable bistro rock de Binic, accueillait la jolie Elisa de Munari, alias Elli de Mon, en ce jeudi où l'on fête les Guénolés.

 Elisa De Munari  è nata nel 1981 a Vicenza ma ha vissuto a Bologna per molti anni.

Pendant le concert, la séduisante jeune maman nous le confiera , je suis Italienne mais je n'ai pas grandi en écoutant  "Nel blu dipinto di blu" ( 'Volare' si tu es fan des Gipsy Kings) , ce sont les blues ladies des années 20 (  Bessie Smith, Gertrude « Ma » Rainey,  Memphis Minnie, Alberta Hunter, Lucille Bogan...)  qui l'attirent.

Pendant le confinement, elle leur consacre un bouquin intitulé "Countin' the blues. Donne indomite", son deuxième manuscrit après 'La donna serpente' de 2017.

Avant de tourner sous l'étiquette Elli de Mon, Elisa jouait de divers instruments  et chantait pour Almandino Quite Deluxe, The Hunzikers ou Le-Li.

Douée, la jeune personne  è diplomata in Contrabbasso al conservatorio di Ferrara e Sitar al conservatorio di musica indiana di Vicenza.

Sous le label Elli de Mon on lui connaît cinq albums, le dernier  "Countin' the Blues: Queens of the 1920's"  peut être considéré comme le soundtrack de son dernier manuscrit.


21:00, la onewomanvintagebluesband a pris place dans un coin du zinc le plus exigu de l'ouest et, sans prévenir, amorce un premier garage blues bien crasseux,  sentant fort le cambouis et la misère, car si sur un album de 2015 l'amorce de ' Wild Blues'  offre un paysage country blues, ce soir sa vieille et capricieuse guitare est d'emblée maltraitée, la slide va et vient sans répit, d'un pied Elli  tabasse la grosse caisse, tout en secouant la cheville de l'autre panard sur laquelle elle a fixé un grelot,  piqué à un canasson breton.

Le mec assis sur un tabouret, près du comptoir, a failli s'étrangler avec sa feuille de laitue, surpris par la vélocité et la férocité du jeu de la jeune dame.

Moins loufoque que Bob Log III , Elli peut toutefois rivaliser avec Seasick Steve pour la dextérité avec laquelle elle manoeuvre sa six cordes.

Elle enchaîne sur ' Spell' qu'elle qualifie, à juste titre, de punk blues .

Comme te souffle un voisin, she put a spell on me.

Binic, don't be afraid, approchez-vous, je ne mords pas.

Timidement quelques auditeurs viennent se coller à un mètre de la Signora qui propose' Shade' un morceau speedé au chant saccadé, que tu peux entendre sur l'album éponyme sorti en 2014.

Ils sont quelques uns à s'être fait avoir par la fausse fin, un blanc passager précédait une dernière ruade enragée.

Après avoir troqué la guitare ancestrale contre une électrique, c'est ' Devil' qu'elle lâche, un morceau qu'elle dédie à l'une de ses influences majeures, Robert Johnson.

Après ce titre diabolique vient ' Grip' , un titre tout aussi radical qui peut faire penser à la rage dégagée par le  ' Rid of Me' de P J Harvey.

La suivante est  une chanson sombre composée par Bessie Smith, ' Blue Spirit Blues' s'entend sur le dernier disque d' Elli de Mon, qui relève le morceau de touches vaudou pimentées.

 ‘Prove It On Me’ de Ma Rainey est considéré   comme un des premiers hymnes lesbiens..

Ma , en tant que  femme libérée ( ouch, ,Cookie Dingler), chantait le sexe, l'alcoolisme, l'adultère...  sujets tabous dans une Amérique bien pensante.

Rory Block a récemment repris 'Wayward Girl Blues' de Lottie Kimborough, Elli a également inclus ce country blues sur son dernier CD.

Comme l'intitulé le laisse entendre, ' Storm' signifie le retour au front, la fleur au fusil,  tu braveras les éléments et l'ennemi.

Et puis j'espère que somebody will save my soul avec la tempête à nos portes!

Quelques bruitages métalliques envoyés par le copain de la madame lui permettent d'aller dénicher un sitar, enfoui dans une housse matelassée, pendant deux bonnes minutes le grand luth   fait entendre ses vibrations obsédantes, Elli les met en boucle puis greffe des accords de guitare sur le fond indien et entame 'Ratri', un morceau vachement saturé et entêtant.

Elle saisit un  nouvel instrument, une lap steel guitar ressemblant diantrement à une God Tone de chez  Weissenborn, un peu comme celle de Guy Verlinde quand il joue du Hound Dog Taylor.

D'ailleurs Guy lui aussi reprend le classique 'Grinnin' In Your Face' de Son House.  Le morceau achevé, Elli embraye sans pause sur 'Louise'  qui n'est ni une copine de Daniel Lanois, ni celle de Patrick Bruel.

Après cette chanson rugueuse, on nous prédit la fin du concert, et comme c'est la dernière, il est logique de la nommer ' The Judgement'.

 

Le public  en reste baba et oublie presque de quémander un rappel, il l'aura.

La native de Vicenza  décide de terminer le show parmi nous,  à l'acoustique, no mic, en interprétant le gospel  ' Take your burden to the Lord' attribué à  Washington Phillips.

Mission accomplie avec ferveur, après avoir achevé le psaume et proféré les remerciements d'usage,  vient l'exercice merch puis le fastidieux déménagement du parc instrumental.

 

Jusqu'ici  pour toi le blues italien c'était  Zucchero ( même le public neutre le connaît),    Egidio 'Juke' Ingala, la guitariste Eliana Cargnelutti, Maurizio Pugno, Luca Giordano, Rudy Rotta, Bud Spencer Blues Explosion, Linda Valori ... tu vas ajouter le nom d'Elli de Mon à la liste!