Album - Bonham-Bullick - Bonham-Bullick
Mitch Zoso Duterck
Quarto Valley Records
BONHAM-BULLICK : « Bonham-Bullick » (2022)
Il y a des artistes dont on croit avoir tout découvert, des gens qui sortent de bons albums sans plus vraiment surprendre, des valeurs sûres. Un peu comme Status Quo, on sait d’avance qu’on va aimer et on achète leur album par habitude, parce qu’on possède déjà tous les précédents, une espèce de réflexe commercial affectif. Et puis il y a ceux dont la maturation est plus lente et qu’on voit évoluer d’année en année, ceux qui réservent à chaque fois une bonne surprise, pas énorme, mais suffisante pour s’y intéresser. Debbie Bonham fait partie de ceux-là.
Née en 1962 dans les Midlands, Debbie est une Black Country Woman à part entière. Comme pour la plupart des enfants de la famille Bonham, la musique va devenir très vite une sorte de virus, une maladie dont on ne guérit pas. Avec un frère aussi célèbre que John, on pourrait penser qu’une voie royale est toute tracée pour elle et que les portes des maisons de disques vont s’ouvrir à l’annonce de son nom. C’est une grosse erreur de le penser car, au contraire, plus que les autres artistes, elle doit faire face à un milieu encore très macho qui attend que la Duchesse fasse ses preuves en affirmant sa propre identité. Certains attendent l’erreur fatale qui serait de trop se servir de son nom et de sortir des albums bourrés de références au grand dirigeable dont l’ombre plane encore et pour toujours sur le rock. C’est le 23 Mai 1992 que je rencontre Debbie pour la première fois, c‘était lors d’un concert au Royal National Hôtel à Londres à l’occasion d’un week-end consacré à Led Zeppelin et d’emblée je suis séduit car, dans son répertoire, les seules références au groupe de Bonzo se situent au niveau des trois derniers morceaux, les « encore » Communication Breakdown », «You Shook Me » et « Rock and Roll ». Le reste est fait de compositions originales parmi lesquelles un fabuleux titre se détache déjà : « Old Hyde ». Nous aurons même le plaisir d’avoir le frère aîné, un certain Mick Bonham aux percussions. A côté de moi, Mick Hinton, le roadie de Bonzon est très ému. À la guitare, un gars à la longue crinière : Peter Bullick.
Mais venons-en au présent album, le Debbie Bonham Band s’appelle maintenant Bonham-Bullick. Le Belfast child à épousé sa princesse et construit avec elle une carrière faite de travail et d’obstination qui les conduit enfin au premier plan de la reconnaissance internationale, une reconnaissance bien méritée. Ce n’est pas uniquement par amitié que des artistes comme Robert Plant ou encore Paul Rodgers ont fait une apparition aux côtés du band que ce soit sur scène ou sur album. Un nouvel album à paraître au printemps et que j’ai la chance d’avoir reçu en pré-écoute.
Et là, dès « See You Again », le premier titre, je suis favorablement étonné par la qualité de la production enfin à la hauteur du talent de l’artiste mais aussi surpris par la voix de Debbie qui restitue enfin tout le côté bluesy de l’artiste. De chanson en chanson, je vais être ravi par la qualité de ce nouvel album. Ça sent le blues et l’interprétation du groupe est parfaite. La guitare de Peter est omniprésente sans jamais être envahissante, il y a toujours ce petit truc dans son jeu qui rappelle celui du regretté Paul Kossoff. La Les Paul tranche dans ma chair à vif, je me surprends parfois à penser à Bad Company. Sur « Can’t See What You’re Doing To Me » on pourrait très bien imaginer voir arriver en concert le Golden God à l’harmonica et The Voice au chant. Avec « Bleeding Muddy Waters » j’ai le sentiment de faire un voyage dans le temps jusqu’aux origines du blues. La trouvaille géniale de ce album c’est d’y avoir ajouté des chœurs qui donnent juste ce qu’il faut de gospel à l’ensemble, c’est la cerise sur la gâteau. Très belles interventions de « Jee » Gerard Louis aux claviers. Ce qui frappe également c’est le fait que chaque musicien est bien à sa place, personne ne cherche à être la star, et cela donne une grande stabilité , un parfait équilibre à l’ensemble. A noter également une très belle reprise du titre « It Ain’t Easy » de David Bowie.
Avec cette voix bluesy parfaitement maîtrisée, Debbie donne la preuve indiscutable qu’elle fait bien partie des grandes chanteuses du genre. Le blues est tellement codifié qu’on à l’impression que plus rien de nouveau ne peut surprendre pourtant ici c’est le cas, Bonham-Bullick n’est pas juste un nouvel album de blues de plus, c’est un cd à acheter d’urgence, une vraie surprise pleine d’émotions à écouter sans modération. Je suis impatient de découvrir le résultat en live. Hats Off to (Bonham-Bullick)…
- See You Again
- I Had A Dream
- Can't You See What Youre Doing To Me
- Bleeding Muddy Water
- I Dont Know Why
- Trouble Blues
- Sit Yourself Down
- Ill Get Along
- When This World Comes To An End
- When It Dont Come Easy
- What Did I Do Wrong
- It Aint Easy
- The Changeling
Featuring special guests John Baggott (Robert Plant, Portishead, Massive Attack), Paul Brown (The Waterboys, Ann Peebles, Bobby Rush), John Hogg (Magpie Salute, Moke), Marco Giovino (Robert Plant, John Cale) alongside Richard Newman, Ian Rowley and Gerard Louis from Deborahs Live band and Paul Rodgers Free Spirit.