Tribute to Chet - Festival Jazz ô Château - au Casino de Saint-Quay -Portrieux- le 5 mai 2018
Déjeuner sur le pouce, une séance de 3/4 h de hâle sur la plage avant de rejoindre le Casino de la coquette station balnéaire pour assister au Tribute to Chet, proposé par Nathalie Aubinais (trompette), Johan Béreau (piano), Gilles Rivière (contrebasse) et Jonathan Le Bon (batterie).
Il y a près de 30 ans, Chesney Henry Baker, Jr. perdait la vie, apparemment en chutant du second étage de l'hôtel où il séjournait à Amsterdam,.
Un voile de mystère plane toujours autour du décès du playboy de Yale qui, en 1988, ressemblait plus à un cadavre ambulant qu'à un sex symbol plusieurs hypothèses existent: suicide, accident, meurtre d’un dealer?
La police amstellodamoise a conclu qu'il s'agissait d'un accident.
Le Tribute to Chet breton écume les salles depuis quelques années, il est composé de plusieurs professeurs de musique, Nathalie combinant le rôle d'enseignant et celui de chef de l'orchestre d'harmonie/ Johan, qui s'occupe des touches en ce samedi ensoleillé, est également bassiste/ Gilles, le vétéran, fait partie de Breeze quand il ne se retrouve pas devant une classe et Jonathan est membre des groupes No Sugar Please et Tumbalek.
Le très souriant Johan Béreau se charge des présentations, il dévoile également les titres interprétés dans un anglais imagé, le quartet ouvre avec ' For minors only' qu'on retrouve sur l'album 'Playboys' de Chet Baker et Art Pepper.
Ils embrayent sur ' Well you needn't' de Thelonious Monk, l'interprétation est fidèle, le jeu sobre et précis!
A défaut d'étincelles, le public du Casino expérimentera la rigueur, l'académisme et le savoir-faire des protagonistes.
La ballade ' Broken Wing' est du pianiste Richie Beirach, ayant collaboré avec Stan Getz et Chet Baker, lorsque celui-ci traversait une période sombre.
Une immense tristesse émane de ce poème, mélancolique à souhait!
Le côté didactique de la présentation et du rendu rappelle d'amers souvenirs aux élèves médiocres, les puristes apprécient le sérieux et l'esthétique de l'interprétation.
Les couleurs latino de 'Maid in Mexico' de Russ Freeman ont réjoui les amateurs d'exotisme, ensuite c'est en version trio, Jonathan peut sortir contempler un vol de goéland, que le l'assistance aura droit à 'Strollin', une promenade composée par Horace Silver.
Le jeu cristallin de Mademoiselle Aubinais repose sur la discipline et la concentration de ses complices.
'Summertime' , servi avant la pause, voit le piano se permettre une digression téméraire.
Break!
Reprise avec une extended version de 'Love for Sale', la composition de Cole Porter caractérisée par son élégance et sa finesse, pour les tripes, tu as une boucherie à Caen.
En trio, 'Sad Walk'.
Un feutre vissé sur le crâne, tu t'enfonces dans la nuit brumeuse, après t'être débarrassé de cinq allumettes refusant de créer une flamme, rendez-nous la Red Star, tu t'allumes une Rothmans ( paquet bleu, je sais, ça fait efféminé), un clébard disgracieux lève la patte sur le réverbère envoyant une faible lueur, une patrouille de poulets ralentit pour te dévisager avant de reprendre sa route nocturne, il est encore loin ce foutu bar où tu pourras t'enfiler un Bourbon à deux bucks, après avoir laisser pisser ton trench en l'accrochant à une patère.
La vestiairiste sans âge, sans sourire, a vomi, "c'est cinquante cents", tout en continuant à feuilleter son roman-photo jauni.
Et la trompette reste ancrée dans ta cervelle!
Après le classique ' Just friends', l'équipe propose ' Django', un thème écrit par John Lewis du Modern Jazz Quartet, thème que Chet a interprété lors de son dernier concert.
C'est avec 'Autumn leaves', où comment la France a exporté ses feuilles mortes, que s'achève un concert sage, apprécié par la sérieuse clientèle du Casino qui s'agite pourtant pour demander un rappel.
' Just Friends' bis, ce soir, le groupe, qui doit remplacer un combo défaillant à Pommorio, promet une troisième mouture!