dimanche 3 mai 2015

Roots & Roses Festival - Lessines - le 1 mai 2015 - Part two

Roots and Roses Festival - Lessines - le 1 mai 2015 - Part two.

Il est passé 16h, back to the roses, gaffe aux épines, voilà The Computers.
Peu connus des amateurs de blues, d'americana ou de roots, mais t'avais déjà croisé ces machines au Witloof en 2012.
A l'époque tu notais:  Il est grand temps que t'ailles voir les Computers avant que ces voyous ne soient tête d'affiche lors des grands festivals....
Depuis les gamins ne se sont pas assagis et ont sorti quelques galettes chez One Little Indian, dont le LP  'Love Triangles Hate Squares ', plein de rock carré teinté de soul pop, de garage, d'éléments bluesy et de genuine rock'n' roll.
 Alex Kershaw – lead vocals, guitar/ Fred Ansell - guitar , piano/ James Mattock – guitar/Thomas McMahon – bass guitar et Aidan Sinclair– drums, voilà le line-up annoncé , une formation bien différente de celle que tu vis au Bota, mais une énergie encore plus débordante.
Ils se pointent, impeccablement fringués Mod, Paul Welller est jaloux, après la petite musique d'ambiance, une déflagration assourdissante, ils nous balancent  'Weighed Down' ( pas sur le CD) scandés à trois voix.
Certains citent les Hives, pas con, on peut aussi voir du côté des British bands des sixties, Pretty Things, Small Faces, etc...
Alex a déjà escaladé les enceintes avant de venir saluer les photographes dans le pit.
Jeannot, j'utilise ton crâne pour regagner le podium, bouge pas, petit!
 'Bring Me The Head Of A Hipster', il compte le scalper ou carrément utiliser une hache?
Salement méchant surtout qu'ils insèrent you keep on knocking but you can't control dans cette berceuse.
La foule s'agite, les petits gars d'Exeter passent à la suivante, 'Love Triangles, Hate Squares', un brin de Stones, de Britpop excité, de garage crasseux , a motherfucker beat, clap on it, braves gens, et toi aussi, pépé.
Sont hargneux, ces Rosbifs, notons le travail impeccable de Fred au piano, forcément, tu penses à Jim Jones Revue.
Yeah, 'Mr Saturday night', Alex campe sur les hauts-parleurs, les roadies suent à tirer le câblage ou à ramasser les pieds de micro, nouvel emprunt aux origines du rock, 'Tutti Frutti', ces sauvages ont tout compris, le seul mec dans la tente à ne pas apprécier se nomme Mario, un fan de Mike Brandt.
Keske il fout, vlan, il catapulte sa guitare dans la fosse où un technicien la réceptionne adroitement.
Un petit jeu répété trois fois, les photographes paniquaient.
Sur leur premier CD, 'Rhythm Revue', d'une bestialité Little Richard.
Un bref moment de quiétude suit grâce à la teenage  romance 'CRUEL' , tu épelles sii aa iou ii èl.
Le piano attaque ' Call on you', aussi bon que les meilleurs The Jam.
Alex, où tu vas, il a aperçu un mulot et escalade l'échelle le menant vers les projecteurs.
On s'emmerde pas un poil de seconde à un show des Computers.
L'apothéose avec 'Music is Dead', hurlé dans une foule  en délire qui est chargée d'élever James Mattock dans les airs  pendant qu'il balance ses riffs carnassiers.
Un show athlétique qui fait du bien!

Hell's Kitchen
Changement de cuisine sur la scène roots, des compatriotes à Guillaume Tell pratiquant un blues urbain rocailleux lorgnant vers le country rock.
 L'équipe travaillant aux fourneaux: Monney B. : voix, guitare/ Ryser C : contrebasse et Taillefert C : percuterie, drums.
Explication, percuterie = tambour de machine à laver, poubelle récupérée à la décharge de Genève, ville réputée pour  sa gestion des déchets.
On démarre au petit trot, faut ménager sa monture, ' Hey Ho Chica', sympa, exotique, mais après The Computers, ça la fout mal.
Bottleneck et dirty boogie blues  'GIGE' , Monney B en formule rocking chair.
On poursuit en mode boogie râpeux, ' Teachers' , quelques intonations Tom Waits en prime.
Sur notre dernière plaque, 'Since I was a child', une petite rengaine que vous pouvez accompagner en battant les mains.
La suivante se nomme 'Let's go cat go' un blues félin aux relents Neil Young.
Les amateurs de blues bricolé sont ravis, d'autres paroissiens estiment que cette tambouille manque d'épices, faut pas demander ce qu'on va nous servir au paradis.
Les cuistots laissent mijoter à petit feu d'autres blues comestibles: 'Stay in my block', 'Monkey' pour les amateurs de corned beef qui n'est pas fabriqué à base de boeuf, etc...pour toi, il est l'heure de passer à table, tu te tires sans régler l'addition.

Romano Nervoso ( Roses) 
.. j'ai les cheveux couleur corbeau...
Je viens du fond de l'Italie,
et j'ai l'accent de mon pays,
''italien jusque dans la peau''...
en choeur
je suis rital et je le reste,

 arrivedercci roma
 Bienvenue à La Louvière, capitale mondiale du Spaghetti Rock. 
 Giacomo Panarisi et compagnie viennent de sortir un second album, 'Born to Boogie', ce sont de bons copains à Fred le maréchal, le public, zowel de Walen que les flamands les ont plébiscités pour le haut de l'affiche du Roots and Roses.
Pas besoin de se prendre la tête avec Romano Nervoso, les rois du second degré, du glam de pacotille, du rock baraki à consommer avec du Bardolino ou du Sangiovese bas de gamme, si t'as vraiment les moyens, essaye le Brunello.
Une intro hilarante, histoire de situer le personnage, "A la moutouelle, que la vie est belle", gaffe à la NVA tout de même..
Voilà le playboy de La Louvière et ses sbires, 'Not born in the USA', tous les clichés glam sont là, et histoire de faire la nique au Boss, on parodie à gogo.
L'histoire d'un garçon et d'une fille, non pas Bob et Bobette, ni Roméo et Juliette, 'The Story' sur fond de gros rock voit Romano montrer son futal à paillettes, membre mis en valeur, aux nanas  des premiers rangs, le fil du micro ne lui permettant pas d'aller chanter l'aubade à Simone Van der Slagmolen, planquée au fond de la tente.
Les titres intellectuels se succèdent,  'The feeling', 'Glam rock Christmas' avec brins de muguet, 'Superstar', le slow pour tomber les baisables comme il dit, 'Psicotico blues', puis pour Myriam et Fred, la reprise personnelle, pimentée Wallonie profonde, de l'hymne composé par son copain  Fred Lani, 'Roots and Roses'.
Autodérision rime avec  rock'n'roll ce soir.
Une cover?
OK, 'Nice boys' ( don't play rock'n'roll) avec en guest un autre spécimen échappé du zoo, Gregory Triest des Sons of Disaster.
L'artillerie lourde en action: 'In the name of the Lord', 'Power of love' , la perle' Straight out of Walifornia'et bien sûr l'imparable 'Mangia Spaghetti'.
Aline c'est pas rital, on la transforme en 'Maria', direction la spiaggia. 
Un triomphe.

Vite vers la Roots stage pour le clou du festival: The Excitements.
Les Catalans avaient été forcés d'annuler leur venue l'an dernier suite à un décès, ils avaient promis d'être présents en 2015, et le moins qu'on puisse écrire c'est qu'ils ont rempli leur contrat à la perfection.
Jean-Claude de l'Excelsior à Jette, qui devait les couver: 
"Que rico conocerlos, gracias for those great moments of soul!".
Prélude, lors du tour de chauffe ( 'Fatback') , tu ne reconnais pas tous les musiciens, leur facebook dit  Adrià Gual - Rhythm Guitar; Daniel Segura - Bass Guitar; Jordi Blanch - Tenor sax; Nicolás Rodriguez-Jauregui - Baritone sax; Antonio Torres - Drums, donc déjà une équipe différente de celle croisée au Depot en novembre 2013, lead guitar, Albert Greenlight lit-on , il y a un hic, le seul à disposer d'une setlist est le lead guitariste, il n'a pas l'air d'un green light, on le questionne plus tard, il s'agit de Sebastià Burguera, un hidalgo talentueux qui à Lessines se produit pour la seconde fois avec The Excitements.
Voilà la sexy  Koko-Jean Davis, petite robe moulante noire s'arrêtant juste sous les fesses, un sourire carnassier, la fiesta peut commencer, hello everybody, I'm gonna make you move, promet ce démon!
'Take the bitter with the sweet'.
 Envoie tout, bébé.
Toujours ce chant persuasif et ces déhanchements lubriques, et derrière elle, ce band nickel.
Il n'y a pas mieux comme soul act en 2015, et toute l'écurie de chez Daptones, rétorques-tu?
Oui, oui, ils sont fameux, mais trouve-nous une chanteuse aussi hot que Koko-Jean chez les Ricains et on te paye une cerveza... Naomi Shelton, Sharon Jones, super chanteuses, mais pour les wet dreams, tu oublies!
' Don't you dare tell her', I am no sinner, babe, affirme Koko, peu de gens la croient!
A la Sam and Dave, ' Sometimes too much ain't enough', le moteur turbine à haut régime, les photographes se bousculent pour prendre le cliché le plus affriolant, derrière les nadar, Lessines danse, le pari est gagné après trois morceaux. 
' I found a little girl- Found myself a man', elle n'a pas dû chercher longtemps, te glisse Hubert. 
Koko se pose des questions: ' Tell me where I stand', je suis quoi pour toi? 
Dans l'assistance, ils sont 429 à vouloir prendre la place de ce connard, Koko, pleure pas, ne le supplie plus, I need you babe, etc... on va s'occuper de toi, juste le temps de se débarrasser de madame!
Le hit 'Ha Ha Ha' est accueilli avec des cris d'allégresse, Sebastià mitraille comme Steve Cropper, les cuivres s'échauffent, les autres assurent un train infernal.
A lovesong, 'I've bet and I lost again', le style de slow qui arrache les tripes et te refile des frissons même si le thermomètre indique 36°.
D'un pas sautillant elle se dirige backstage, sa robe se dégrafe, un mec tient à l'aider, ' Keep your hands off me' .
M'enfin, je voulais aider!
'Fishing pole', vais émoustiller le nouveau guitariste, pas de jaloux, après je m'occupe des sax.
Le trip vintage soul se poursuit avec l'agité 'Right now' suivi par ' That's what you got' et puis elle jure ' I believe you', un truc que ta conjugale ne pense plus depuis cent ans. 
The Excitements terminent ce set sulfureux  par 'Whip it on me', Koko Jean d'un petit saut délicat se retrouve dans le pit des photographes, vient serrer une trentaine de mains tendues, un costaud la dépose sur scène où elle achève cette dernière bombe.
Toute la tente gueule, le band revient pour un bis, le slow dramatique ' I need you', elle pleurniche couchée sur le sol, c'est poignant, t'es sur le point de lui balancer un kleenex quand le morceau vire uptempo et prend une tournure  'Shout' agitée.
Un dernier salut avant la douche.
Quelle corrida!

Dernier passage du côté Roses pour Mudhoney.
Le band de Seattle ne fait pas partie du big four du grunge,  Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et Alice in Chains, pourtant ils sont là depuis le début, 1988.
Un trou de 5 ans après les huit premiers albums et en 2013 sortie de 'Vanishing Point'.
En 2015, ça dit quoi Mudhoney?
On te rassure ils sont loin d'être usés, chez eux l'énergie et la simplicité priment, ça bastonne méchant du début à la fin, une puissance sonore jubilatoire, dixit Alexis, qui ne jure que par le grunge, tu ajoutes la voix de faucon de Mark Arm et tu comprendras que les survivants du festival ont failli se faire broyer par un rouleau compresseur.
 Mark Arm, Steve Turner, Dan Peters et Guy Maddison débutent par 'Into the drink', de boisson ils ne sont à court, chacun dispose d'une bouteille de pinard.
'I like it small' sonne punk,les quatre mots  martelés pénètrent dans  ton petit cerveau pour ne plus le lâcher.
Place au midtempo massif,  'Where is the future', tous les premiers rangs headbangent en mesure, sur scène, pas de fioritures, de l'efficacité , et surtout un boulot incroyable du guitariste Steve Turner, déjà présent au sein de Green River.
A 50 balais, ce gaillard maîtrise son sujet à fond.
Les morceaux rageurs défilent, un condensé de leur 25 ans de carrière:   "F.D.K. (Fearless Doctor Killers)",'1995', ' Judgement, Rage, Retribution and Thyme', 'Flat out fucked', 'Sweet Young Thing '(Ain't Sweet No More), la reverb et/ou la disto règnent en maître, Mark le blond scande ses lyrics, on te le répète, ces gars sont aussi  dangereux que Roberto D'Orazio dans son caterpillar.
'Touch me I'm sick', Francine vas-y, je souffre d'aphenphosmophobie.
Quoi encore, Mark?
' What to do with the neutral?'.
On les élimine, fieu!
Les spectateurs des premiers rangs ne donnent pas l'impression d'être neutres, ils se sont mis à secouer sévèrement les barricades, les bénévoles de la sécu en renfort, faut calmer ces émeutiers.
En haut, la fusillade continue, 'I'm now' puis 'The final course'.Le chef vient s'asseoir sur une enceinte pour admirer ses potes qui amorcent ' The Money Will Roll Right In' de Fang.
Faux départ, second faux départ, un cri furieux, le bref 'Chardonnay', le titre préféré des viticulteurs.
Une dernière cartouche est tirée, le vicieux  'The Only Son of the Widow from Nain'.
Salut, merci,à la prochaine.
Heureusement, ils reviennent pour un double  bis, la foule parlait de lyncher un ou deux bénévoles, dont 'Here comes sickness', un constat lucide.

Dernier chapitre, bienvenue dans l'univers mystique de Wovenhand.
 David Eugene Edwards, tu l'as vu avec 16 Horsepower, tu l'as croisé pour une aventure solo, ici à Lessines, aux Halles de Schaerbeek, il assurait la partie musicale de Blush de Wim Vandekeybus, un grand souvenir etenfin,  tu l'as connu Wovenhand.
Ce grand copain de Bert Dockx,, The Flying Horseman, est un habitué de nos terres.
Fred et Myriam sont fans, même si lors de sa dernière visite, il a libéré les lapins du jardin d'enfants, endroit  où les artistes  se changent et se délassent avant ou après le spectacle.
Que David soit légèrement allumé et que sur scène il ne discerne pas le public mais entre en contact avec des forces de l'au-delà ne change rien à l'admiration que lui porte des milliers de fans.
2014, un nouvel album, 'Refractory Obdurate', sur scène de nouveaux accompagnateurs, on avance dans le noir:  Charles Edward French, guitar/Ordy Garrison, drums et Neil Keener, bass.
Les photographes ne rigolent pas, trois photos, une scène baignant dans l'obscurité quasi totale, un halo lumineux éclairant la batterie, puis auf Wiedersehn.
Première incantation 'In the temple' , coiffé de son éternel chapeau décoré d'une plume, le shaman impressionne, une voix trafiquée, un look absent, la messe a débuté, mes chers frères!
'Hiss'  sur le dernier né, du stoner psychédélique avec un grand guitariste, nettement plus agité que le pasteur.
Toujours aucune concession, geen bindtekst, une gestuelle psychotique, des petits pas de ballerine mécanique,  voici le redoutable 'Closer'.
Même intensité pour les suivantes, 'Maize' , 'Masonic Youth', 'King O King', laisse ton âme suivre celui qui te guidera vers le salut.
Merde, Marie-Jeanne, je planais et tu renverses ta moinette sur mon froc, connasse!
Wat zeg je, Luk?
Encore un ou deux morceaux et on prend la route de Bruxelles pour éviter la cohue finale.
Ok, fieu!
Après 'El-bow' et 'Corsicana Clip' nous quittons l'arche et laissons à regret   David Eugene Edwards achever son trip mystico-tribal.


Roots and Roses 2015?
Un cru impérial!