Nuits Botanique 2015: Hindi Zahra, Témé Tan, Nadine Shah - Chapiteau du Botanique.
Que dit la météo?
"Pour ce week-end de l'Ascension, le soleil ne s'affichera pas sous son plus beau jour. Il sera tantôt perturbé par la pluie tantôt caché par les nuages."
Une première nuit salopée par la pluie n'a pas empêché les amateurs de musique de venir en rangs serrés au Bota, La Rotonde ( Feu! Chatterton) et le Cirque ( Balthazar) ont fait le plein, une assistance honnête garnit un chapiteau dont les cloisons transparentes nous permettent d'admirer le ballet des gouttes dans les jardins.
19:30 Nadine Shah.
Perse?
East England, born to Pakistani-Norwegian parents.
Deux full CD's, le dernier Fast Food (April 2015).
Un de ses morceaux 'Nothing else to do' introduit l'arrivée du groupe, “There was nothing else to do but fall in love,” déjà s'imprègne dans ton crâne.
Sur scène, une jeune personne portant un ensemble pantalon sobre et coiffée d'un chignon, elle nous fait penser à la merveilleuse Sade, et quatre musiciens ( drums, bass, deux guitares).
Ils ne seront pas présentés.
On avance Nick Rice aux drums, Nick Webb on guitar, Nathan Sudders ( from The Whip), bass et un second guitariste non -identifié, what a shame!
Le groupe ne pipera pas un mot, demeurera concentré et abattra un travail formidable pendant les 40' du gig.
C'est parti, ' Living', une voix magnétique que certains rapprochent de P J Harvey ( encore et toujours) ou d'Anna Calvi, un environnement musical brûlant, acéré, les mêmes avancent Nick Cave.
Pas à dire, la jeune personne impressionne, son phrasé te parcourt l'échine, elle ensorcelle, l'inquisiteur a fait flageller de pauvres rebouteuses pour moins que cela.
Le moody midtempo 'Fast Food' confirme ta première impression, le monde de Nadine est peuplé de serpents, de princes des ténèbres, de harpies, les anges se sont tirés!
Son' Matador' n'a aucun rapport avec celui de Garland Jeffreys, on baigne dans une arène dark pop, la poussière dégagée par les mouvements de l'homme et de la bête risque bien de t'aveugler.
Ce lent ballet porté par des guitares métalliques et le vibrato dans la voix de Miss Shah te glace les sangs.
La rugueuse lamentation 'Aching Bones', une plage du premier album, n'est pas plus réjouissante, Nadine a abandonné sa guitare pour aller caresser les touches.
Toujours sur 'Love your dum and mad', voici le poignant' To be a young man'.
Avec 'Stealing Cars' elle décide de revenir au travail plus récent , c'est étonnant que chez elle sensualité et froideur peuvent cohabiter sans offenser.
' Runaway' et ' Fool' achèvent ce set intense, envoûtant, sans concessions!
Témé Tan
Initialement le programme prévoyait Songhoy Blues qui a fait faux bond, Tanguy Témé Tan Haesevoets le remplace au pied levé.
Difficile d'aligner deux artistes plus dissemblants, l'afro pop sucré du Bruxellois et le caractère obscur de la musique proposée par Nadine Shah, c'est la joie de vivre opposée à la mélancolie.
Tanguy Haesevoets, dans un contexte difficile, a toutefois magnifiquement tiré son épingle du jeu, réussissant à faire chanter un public pas forcément fan.
L'homme à tout faire manipule guitar, looper, percussions, chante divinement, sourit constamment et charme petits et grands.
Vous avez le bonjour de Conakry...ambiance tropicale pour oublier le crachin automnal.
Tu te souviens qu'en 2011, déjà, ce grand gaillard avait déridé les Loketten du Vlaams Parlement en balançant ses rengaines joviales.
Seconde salve, un kick répété fait place à une mélodie chaloupée, 'Champion'.
C'est faussement naïf, désinvolte, tu penses à Henri Salvador, Pierre Barouh ou Pierre Vassiliu s'essayant à l'électro.
Cap sur le Congo d'où le jeune homme est originaire, loop de loop, non, c'est pas Dalida, ni un twist, mais l'ingrédient ( 'Darling') invite à la danse.
Des saveurs épicées idéales pour Couleur Café, Pole Pole ou le Kokopelli World Festival.
On embarque, ladies and gents, direction le Guatemala, le soleil luit, laissez-vous aller, Tanguy va vous faire tanguer.
Une ode à la nonchalance.
Place à la rengaine, une friandise digne du club Dorothée, 'Améthys'.
Bruxelles, bon enfant assure les choeurs.
Une invitée, Maï Ogawa au mini-keytar, pour une adaptation très libre de Frank Alamo et des yeux de biche.
Et enfin, une seconde présence féminine, Esinam Dogbatse à la flûte traversière pour interpréter 'Matiti' en trio, faut bien être trois pour se charger des mauvaises herbes.
Un set onirique et floconneux.
Hindi Zahra
Il aura fallu attendre cinq ans pour voir arriver un successeur à 'Handmade ', 'Homeland' est dans les bacs depuis un petit temps, les louanges pleuvent.
Après l'AB en 2010, les Nuits Bota te donnent l'occasion de revoir Hindi Zahra sur une scène bruxelloise.
Pas besoin de décortiquer la prestation de ce jeudi pour annoncer que ce concert est un des plus intenses du printemps 2015 .
Pas de tra la la la, pas d'innovations technologiques, pas d'artifices, mais un spectacle comme celui que donne les plus grands, basé sur une interprétation sans faille avec un band d'envergure.
Hindi Zahra and band, c'est un show dans la lignée des grandes dames du jazz,, Nina Simone, allez une moins vieille Cassandra Wilson, des grandes voix de la chanson française, Barbara en tête, même si son monde est plus soul, des grandes dames tout court, Lhasa de Sela, Susana Baca etc..
Le style de concert où l'émotion est omniprésente et qui touche chaque auditeur droit au coeur.
Sur scène, des cracks, en commençant par, happy bithday man, le multi-instrumentiste David Dupuis ( trompette, flûte, guitare, claviers), l'Américain Jeff Hallam à la basse, deux guitaristes époustouflants, probablement , Benoit Medrykowski et Paul Salvagnac, Raphael Seguinier aux drums et Ze Luis Nascimento aux percussions.
Elle débute avec 'To the forces' , inflexions touaregs et fond psychédélique pour ce rock batailleur, oui tu peux penser à Tinariwen, mais c'est nettement plus sexy.
'Oursoul' sur 'Handmade' une première incursion envoûtante dans l'univers berbère.
Déjà, le chapiteau chavire.
Situation s'aggravant avec le tango/jazz ondulant 'Silence' , superbe Hindi, capable de faire danser les crotales par son chant enivrant.
'Un jour', influences Françoisee Hardy accent de là-bas, aaargh, on succombe!
La trompette et la guitare flamenco illustrant 'The Blues' te laissent pantois, et la voix , la voix, elle te refile la chair de poule.
Garçon, un Bourbon bien tassé, vite.
Bien, Monsieur Bogart.
Un fond surf pour amorcer 'The moon is full', méfiez-vous des nuits de pleine lune, rien ne peut arrêter vos pulsions sexuelles.
Monsieur Dupuis, vous êtes démoniaque, Hindi, on vous pardonne tout!
'Can we dance'.
Je vide mon verre et j'arrive, vous êtes belle, j'adore la flûte et Roberta Flack, bien le fond Brazilian jazz.
Une seconde amorce surf, voici 'Dream' et son background voodoo.
Trompette funky, wah wah vicelarde, ces mecs sont des crapules.
Pas besoin de fermer les yeux pour rêver de plages de sable fin et de dames lascives, la musique et la voix de la jolie Marocaine vont t'y conduire, n'oublie pas l'ambre solaire.
Un piano sautillant introduit le single 'Any Story' que Bruxelles a reconnu et applaudit à tout rompre.
Retour aux sonorités blues du désert avec 'Ahiawa' suivi par l'entêtante plainte 'La Luna' pendant laquelle elle va aider le percussionniste à tabasser son attirail.
Cri immense, Bruxelles a reconnu 'Beautiful Tango'.
' Imik Si Mik', la voix te caresse l'épiderme, la plage prend des allures New Orleans, ce n'est plus une tente, c'est un chaudron.
Je vous emmène chez moi, suivez le guide ' Cabo Verde'.
Du talon elle imprime le rythme, puis elle se laisse aller, entre en transe faisant tournoyer sa longue chevelure de jais tandis que 1862 pieds font trembler le plancher.
Communion totale!
Il est 23h30', un gars de l'organisation lève un index, plus qu'une..
Ce sera 'Stand up' aux tonalités reggae.
Le titre le plus festif d'un concert fantastique.
Présentation de l'équipe, un retour pour saluer, pas de bis!