Une seconde étape du Festival Courants d'airs après Who's the Man, direction le Conservatoire Royal de Bruxelles, où se déroule la plus grande partie des festivités, pour le concert de Princesse Tonnerre.
S'agit-il de la princesse Hermine de Clermont-Tonnerre , mondaine célèbre , auteur du "Savoir-vivre au XXIème siècle"?
Sa cousine bruxelloise, Stéphanie Scultore, ex Zouzou, comédienne, scénariste, chanteuse et, accessoirement, héroïne de conte merveilleux.
Son projet 'Princesse Tonnerre' , catégorie 'muziektheater', dans le moule LOD ou Transparant, avait été dévoilé lors du dernier Propulse, est à l'affiche les 25 et 26 avril rue du Chêne, en attendant des dates futures.
Sur scène: Stéphanie Scultore, une Marjorie Celeste Belcher/ Blanche Neige, au chant -
Simon Besème (composition, piano, claviers, choeurs) -
Robin Rees (guitare, choeurs) - Alice Vande Voorde (basse, choeurs) - et Davy Palumbo (batterie, percussions, choeurs).
Ils sont tous affalés sur le sol ou sur leur instrument, sauf Robin, qui ingurgite banane sur banane.
Comme dans tous les contes, un prince ( invisible ce soir) vient éveiller la princesse d'un chaste baiser, le spectacle peut commencer après que l'amateur de Chiquita ait proféré I love fruit.
Cendrillon aux joues empourprées, un ruban doré retenant sa chevelure frisée, entame le loufoque ' Anna Banania' qui n'est pas sans rappeler les excès de certains morceaux de Frank Zappa.
Elle achève la mélodie exotique par une distribution de fruits oblongs destinés aux premiers rangs.
On s'immerge dans l'univers Jacques Demy adaptant Charles Perrault avec le charmant et faussement ingénu 'Ce soir'.
En background, il faut admirer le travail exemplaire des musiciens qui ont tous un passé et/ou un présent pas con. On ne va pas s'attarder sur Alice, méconnaissable fringuée paillettes, vue deux heures auparavant avec Who's the Man. Simon Besème, dont les claviers sonnent délicieusement sixties pop, a fait partie du K’Hawah Jazz Band, tout comme Robin Rees qui tient également la guitare chez Tryo Azur, Davy Palumbo, quant à lui, dirige son propre jazz trio.
Simon, inquiétant, raconte que les loups-garous se tiennent à carreau, la princesse chantonne, le dialogue de sourds 'My Fire' est sur les rails.
La comédie musicale se poursuit avec le lent et lumineux 'Mieux vaut se taire' amené par une intro de basse à la 'Walk on the wild side'.
Il y a du Jacques Duval et du Benjamin Schoos dans ce French pop séduisant.
Un brin de surréalisme dada émaille le jazzy ' Les Citrons' et c'est à Nino Ferrer que tu penses, lui ne chantait pas les agrumes mais les condiments.
Temps mort, le piano amorce un nocturne, voici la valse 'Joséphine 1'.
Il n'y a pas qu'Annie à aimer les sucettes... Joséphine a disparu sous une overdose de sucreries, parents, faites attention à vos gosses, nom d'un chien!
Fermez les yeux, imaginez un blanc immaculé, le Pôle Nord, écoutez la brise, voyez la silhouette au loin, un homme allumant à répétition un briquet... t'as essayé de visualiser 'Le roi de la banquise' mais comme il y avait des pingouins, c'est Emilie Simon qui se baladait parmi les manchots sur ton écran cérébral.
Soudain la gentille mélodie vire funk furieux, souligné par une wah wah grasse, le final sera angoissant et ponctué par de déchirants cris de désespoir.
Tout n'est pas rose au royaume blanc!
' Joséphine 2', Joséphine fait un cauchemar sur fond d'orgue liturgique.
Où est Martine, questionne Hans!
A la plage, in De Panne!
Assise à même le sol, son altesse murmure ' Looking for Love', un trip hop onirique.
Retrouvons 'Joséphine 3' le temps d'une fugue et d'une danse virevoltante.
Le livre se referme sur le groovy ' 'Only lovers left alive' que les musiciens achèvent en jam débridée tandis que la princesse s'écroule théâtralement.
Après les dernières notes, sous l'influence du philtre que leur avait fait boire la sorcière Maléfique,ils s'affaissent tous sur leurs accessoires.
Voilà Clochette, un coup de baguette magique, ils reprennent vie, présentation de la troupe, applaudissements nourris, remerciements, rideau!
Pas banal...