Mail de Sophie Tassignon:'Michel, va voir Peter Van Huffel à l'Archiduc ce dimanche, son quartet est fantastique'!
Avanti pour une séance Sunday Jazz at 5 PM (Round about Five), rue Antoine Dansaert, dans le plus bel établissement Art Deco de Bruxelles, ouvert en 1937 par Madame Alice.
Peter Van Huffel Quartet
achève a European tour de présentation de son dernier CD 'Like the Rusted Key'. Cette tournée l'a conduit en Allemagne et République Tchèque et, devait s'achever le soir-même par un second concert en nos accueillantes contrées, in 't Stuk ( Leuven).
Wie is die Peter Van Huffel? Un cycliste?
Tu confonds avec Wim, zatlap!
Si Peter a un patronyme bien de chez nous, le brave garçon a vu le jour au Canada.
Zijn vader n'est pas originaire de Huffel, il a quitté Sint-Niklaas à l'âge de quatorze ans et, kleine Peter n'a jamais entendu le dialecte du pays de Waas du côté de Kingston, Canada.
Un diplôme de la Manhattan School of Music en poche, il patauge joyeusement dans la scène avant-garde de la Big Apple (un groupe: Animal Forum, puis un quintet à son nom) . Des voyages vers ses roots en Europe, rencontre avec Sophie Tassignon, Cupidon est dans le coin, on s'installe à Berlin.
Discographie: quatre CD's sous son nom, un effort avec l'élue de son coeur 'Hufflignon', une plaque avec Animal Forum, une collaboration pour un nouveau musical score d'un film de Buster Keaton,et une participation au CD 'Unbind' avec le groupe 'The Suite Unraveling' de Lily Maase...
Son sax ne se repose jamais!
Il prend du Viagra?
T'es trop con, gars!
Les complices sur le Cd et chez le prince: au piano, from New- York: Jesse Stakken!
Une pointure dans la Nouvelle-Angoulême.
A la contrebasse: Miles Perkin, le second Canadien du combo. Miles est également actif dans le milieu de la danse (Isabelle Van Grimde) et a joué avec la regrettée Lhasa de Sela,ou Bob Brookmeyer , Joe Grass....
Aux drums, l'Helvète, Samuel Rohrer:Samuel Blaser Trio, Aroma, Wolfert Brederode Quartet...
17h30, on attaque!
'Enghavevej' ça doit être du Danois!
Un jazz d'inspiration classique, sans être linéaire, d'où sont éliminées toutes formes d'exhibition individualiste.
L'accent est mis sur la mélodie, qui doit permettre à ton esprit de divaguer et ainsi de créer des représentations picturales diverses.
Le sax alto lyrique te verra composer, cérébralement, une toile poétique: un champ de coquelicots balayé par une douce brise sous un ciel nacré. Le piano léger t'invitera à voltiger de fleur en fleur.
Pendant dix minutes, tu quittes ton enveloppe corporelle pour te transformer en papillon, ivre de lumière et de parfums.
'The Beast' sur l'album Beast 1 et Beast 2, sur scène nous aurons droit aux deux plages réunies.
Un piano en sourdine, la bête sommeille. Un décor sylvestre offert par le batteur et la contrebasse effleurée par un archet. Le sax, aux aguets, entre en action.
Un cauchemar secoue l'animal, le piano s'agite.De violents remous dans le sous-bois, une présence ennemie?
Retour à la quiétude passagère.Mais bien vite, contrebasse et percussions te replongent dans l'inquiétude, le rêve prend des tonalités lancinantes.
Tension, silence, passion, torpeur...toute une palette d'émotions!
'Drift' entamé par une séance bruitages. Jesse tripote les entrailles du clavicorde, Samuel secoue quelques quolifichets vaudou, Peter se la joue Steve Coleman..A spontaneous composition?
Deux notes de piano sont répétées à l'infini. Le ton monte, tu crois reconnaître la structure du Boléro de Ravel, le sax se promène, puis divague, le mouvement est lancé.
Une base rythmique en ciment Portland. Courte pause pour Adolphe, à toi Miles: un solo précieux!
Coucou, me revoilà, souffle le Dinantais et on est reparti pour un final racé.
'Excerpt Two' Sombre, romantique, une tapisserie espagnole, époque mauresque, proche du Concerto d'Aranjuez.
La dernière du set ' 'Tangent' . Une pièce agitée, un piano cascade, une rythmique torrent.
Du water jazz non pollué.
Soudain on freine le débit des eaux, danger d'inondation? Le sax délire en solo, avant que l'ingénieur en hydraulique ne réouvre les vannes. Les flots jaillissant en trombes!
Un grand moment.
Pause Carlsberg!
Set deux!
Toujours les compostions de Peter sur 'Like the rusted key'!
Two pieces back to back ' Backward Momentum' et 'Atonement', amorcées par an experiment in sound: clochettes alpines, upright bass battue au drumstick, sax acrobate avant de voir pointer le piano. Un petit tour sur le continent noir, quelques ellipses post-bop élaboré, un travail titanesque de Herr Perkin et la plage prend des colorations cinématographiques: 'Le Grand Pardon', soundtrack Peter Van Huffel.
Nous sommes proches de l'univers de Maria Schneider et de son 'Sky Blue' , mais au lieu des 425 musiciens de la belle Maria, tu as un quartette magique.
Next one is a new title:'Gest', du free audacieux avec la Suisse sous les spotlights.
On termine ce concert par une pièce signée par Jesse Stakken, 'Face'!
Une ballade mélancolique finissant en rock abrupt. Un piano frénétique et les copains, piqués par le même insecte, au diapason.
Du Hieronomus Bosch jazz apocalyptique.
Grande performance, les CD's se vendent bien, merci!
Leuven, here we come!