Ker roc'k en fête avec Kumbia Boruka et La Batucada Distribilh , La Roche-Derrien- le 2 septembre 2023
michel
16e édition de Ker Roc’h en fête à La Roche-Derrien, deux jours de folie sur la place du Martray, le samedi en musique plus feu d'artifices, le dimanche, le public s'amasse ( merci Jeanne) pour assister à des spectacles de rue.
Un samedi soir sur la terre , vamos au Trégor, en ayant en tête les informations fournies par le Cri de l'Ormeau: à 19h30', les Molotov Brothers, à 21h: Kumbia Boruka!
Sur place: changement de programme, à 19:30', La Batucada Distribilh, à 21h ( qu'ils disaient) : Kumbia Boruka, puis le feu d'artifices et pour ceux qui ne sont pas affalés sur l'asphalte, because excès d'orangeade: les Molotov Brothers!
A 19h, l'animation bat déjà son plein, et le stand de la mairie où tu peux boire du rosé ou du pétillant, gratos, est submergé.
La pizzeria du coin affiche complet, les Le Goff, Nédélec, Le Meur, Prigent ...et deux Mendoza se rabattent sur les patates au lard.
Madame a déniché un burger, La Batucada Distribilh va entamer sa déambulation!
A Rio, on l'appelle bateria, à Pleudaniel, il est question d'une batucada, le résultat est le même, des percussions dingues, sur un rythme infernal.
Ce soir on a dénombré 20 intervenants au sein de La Batucada Distribilh. Le slogan du Journal de Tintin disait de 7 à 77 ans, s'il fallait avancer une tranche d'âges, on opterait pour de 20 à 75 ans.
Des dames, des messieurs, des ados, peinturlurés et arborant une tenue colorée où le vert domine.
Ils/elles manient avec dextérité et poigne: caixa de guerra, tamborim, cuica, surdo, repinique, agogô, chocalho, reco-reco, alfaia, rocar, et apito ( en bouche) pour le maître de cérémonie, qui exige discipline et ardeur de ses troupes.
Dès l'entame le public est transporté du côté des favelas de la Cidade Maravilhosa, très vite la frénésie gagne les plus siphonnés, heureusement, aucun drame à déplorer, pas de gosse écrasé par un char, pas de bagarres causées par des cariocas fortement imbibés de cachaça, de caïpirinha ou d' espumantes, rien que de la ferveur inspirée par les rythmes de samba, entrecoupés de paradinhas ou d'apagãos.
Polyrythmies savantes, chorégraphies surprenantes ( on pivote, on oblique à droite puis à gauche, on passe de l'avant à l'arrière et vice-versa, on se couche, on tombe à la renverse, un vient effaroucher les curieux, on embrasse un comique qui s'essaie à une danse burlesque...) à donner le tournis aux spectateurs.
Tu n'avais plus assister à une prestation aussi turbulente depuis un concert de Olodum à Couleur Café ( à Bruxelles) ou aux performances du Rythme des Fourmis, tabassant inlassablement leurs fûts métalliques, tout en suant pire qu'Eugène.
Ce spectacle haut en couleurs, mariant grâce, bouillonnement, chaos étudié et adresse, a galvanisé la foule sans avoir recours aux artifices faisandés comme peuvent en utiliser des politiciens retors.
Prochain concert à 21h, avait dit l'annonceur. En attendant, un cousin éloigné d' Alex Da Kosta balance sa panade cubano/mexicano/hip hop latino guatémaltèque en hochant la casquette.
21:18', madame: "on se fout de qui, merde ( traduction de flûte) , leur soundcheck a été réglé avant 19:30', encore un coup de la SNCF!"
Ben, non, il paraît que les Grandes Marées sont en cause, tu rigoles, Nicole, sont pas venus de Lyon en steamboat, que diable!
21:25', une bande annonce entre en jeu et les huit sociétaires de la Kumbia Boruka rappliquent.
Line-up à prendre avec les réserves d'usage:
Le petit Bob Sikou ( Boris Curien) , pas de bob, il est coiffé d' un panama élégant, chant et acrobaties diverses / Hernán Cortés, accordéon et chant / Tadeo Cortés, à l'arrière pour maltraiter congas et guacharaca et parfois chantonner en parlando / Rodrigo Bastidas, basse / Miguel Miño, guitare et synthé / Cyril Gelly ( pas fish) , batterie / Clément Buisson, trompette / Swann Vuillermoz, trombone.
Ces jeune gens aux origines diverses ( Mexique, Argentine, Colombie, Chili...) sont établis dans la région lyonnaise, leur renommée a franchi toutes les frontières, ils se produisent aussi bien sur le vieux continent, que chez Tonton Sam ou au Mexique.
Au menu: de la cumbia clásica, de la cumbia nueva et de la cumbia hybride présentant des touches de reggae ou de hip hop , mais toujours du festif à 100 %
Le groupe a enregistré les albums "La Vida se Vive" et "El Remedio", en novembre, en principe, " Santa Suerte " sera dans les bacs.
Pendant près de 90', les huit musiciens vont parader sur scène avec le petit Bob comme figure centrale, il saute, court plus vite que le lapin de la fable, harangue la foule, escalade les monitors, tandis que l'accordéon de Hernan virevolte résolument. Une basse ronde et des percussions tenaces impriment une cadence folle, de temps en temps, la guitare de Miguel vient déchirer le souk à la manière d'un Carlos Santana hilare, les cuivres, quand ils ne jouent pas les seconds rôles, viennent tour à tour pousser une gueulante, en bas, La Roche- Derrien chaloupe généreusement.
Le terme cumbia revient constamment dans les lyrics, des fois elle est negra ( Danza Negra) , d'autres fois il est question de destino et de corazon.
Comme le dit Bob, ce soir c'est la ' Fiesta in las calles', un coup de sifflet aigu retentit, Yvonne se sent des envies cubaines, elle a laissé sa jupe flamenco dans le placard qui sent la naphtaline, tant pis, en short ça va le faire aussi bien.
Si Selena dit 'Baila esta Cumbia' , faut que tu remues les fesses et que tu te déhanches en mesure.
Parmi les titres que l'on croit avoir entendu, on retient 'Llegando de lejos', 'Cumbia del Amor', l'énervé 'Machaca Boruka' , ' El Grito' et aussi un titre dédié à un deejay de Mexico ( el libertador de la cumbia?) .
Pendant des années, Hernán Cortés a accompagné la légende de la cumbia de Monterrey, Celso Piña, décédé en 2019, en hommage le groupe propose 'El Porro Magangueleño'.
Une cohorte de kangourous, importés illégalement dans le Trégor, a transformé la place en trampoline géant, Jeannette et Claudia, chaussées de tongs banane, ont vu leurs orteils salement écrabouillés, le plus pénible étant de constater l'état déplorable du vernis dont elles avaient amoureusement garni leurs ongles.
La trompette amorce une sérénade qui aurait arraché des larmes à Nini Rosso, la clique enchaîne, il est question de cabeza, jusqu'ici tout va bien aucun signe de migraine, puis vient une injonction,...tous à genoux, non, ce n'est pas pour faire pénitence, au signal du chef zapatiste, tous le peuple prosterné saute comme un seul homme, les bras tendus vers les étoiles.
Miguel en profite pour placer un solo assassin, avant le final épique.
Fin d'un concert fumant!
Madame, légèrement étourdie, propose un repli vers des terres plus paisibles , nous entendrons les rappels, tout aussi festifs, avec une imitation osée de Luis Mariano, à distance.
Un regret, celui d'avoir manqué la prestation des Molotov Brothers!