Anna Stevens et le Galaad Moutoz Orchestra au Grand Pré - Langueux, le 23 septembre 2023
michel
Septembre est déjà bien entamé
Pour l'ouverture de la nouvelle saison, plusieurs salles de spectacle invitent leur public à prendre connaissance du programme 2023- 2024.
Au Grand Pré, à Langueux, on a vu les choses en grand ( normal), un spectacle haut en couleurs et un drink, du coup c'était la foule des grands soirs ( papa, maman, les gosses et les ancêtres) qui se pressait aux portes du complexe.
Le bon peuple, débarrassé du bastingage, se rue dans la salle et est conduit à l'étage, le plancher étant réservé aux danseurs et autres intervenants de la troupe.
De là-haut, tu découvres un décorum cabaret, pas de Liza Minnelli, par contre!
L'affluence ne s'atténue pas, ce qui implique un changement de programme, les derniers arrivés sont invités à s'asseoir à même le sol face à l'estrade ( tu râles un peu, car pour tirer des clichés, avec un jouet délabré, depuis le balcon, ça risque d'être miteux, mais impossible de redescendre)
Avant d'accueillir Anna Stevens et le Galaad Moutoz Orchestra, il a fallu se taper un mot des édiles locaux.
Après 30' de patience, le spectacle de music hall peut commencer!
Deux dames, fringuées thirties, prennent place à une table installée devant le rideau cachant la scène.
Charlie et Mindy cancanent, radotent et rêvent de voyages, elles sont là pour annoncer le show, ce fut long et passablement oiseux, heureusement la suite nous fera oublier cette introduction redondante.
Harlem, here we are... le rideau se lève pour révéler deux chanteuses et un band substantiel, car il te faut plus de dix doigts pour dénombrer les musiciens, chanteuses et danseurs ( seuses) du Galaad Moutoz Orchestra, une formation qui s'est déjà produite dans les plus grands clubs de jazz parisiens et au -delà ( Jérusalem, par exemple).
Le jeune pianiste, Galaad Moutoz ( impeccable veston canari), mène la troupe, il est accompagné par une contrebasse ( ? Clément Daldosso), un batteur ( ? Malte Arndal) et quatre cuivres, deux saxes ( ? Benoît Carnet au ténor/ et sans doute César Poirier, alto et clarinette ) , une trompette ( ? Jérôme Etcheberry ) et un trombone ( peut - être Edouard Wallyn ) ( des musiciens qui ne sont pas forcément ceux mentionnés sur le prospectus:Galaad Moutoz, Benoît Carnet, César Poirier, Malte Arndal, Jérôme Etchéberry, Fabricio Nicola-Garcia).
Aux lead vocals, on retrouve la pétillante Anna Stevens.
Pour les danseurs/danseuses ( ces dernières assurent les backings), sont annoncés, mais tu prends avec des pincettes: Richard Gastineau, Constance Arnaud ( très belle voix) , Maela Castel, Johanne Melikian, Paul Enguehard, Laure Guerche, Benjamin Guinault!
Pas mal de ces filles font partie des Swingsationals de Rennes.
Anna et sa copine nous livrent une version pétillante de ' Ac-Cent-Tchu-Ate The Positive' , reprise dans les années 40 par Bing Crosby et les Andrews Sisters.
La magie opère dès le début, des applaudissements nourris crépitent lorsque le band apparaît après la disparition des tentures.
La blonde Miss Stevens enchaîne sur la rengaine enfantine 'A-Tisket, A-Tasket', popularisée par Ella Fitzgerald.
Après ce medium swing, le meneur de revue nous propose ' Tain't What you do' un shim sham voyant trois couples souples en piste, cette danse n'effraie pas les Bretons qui en ont vu d'autres lors des Fest-Noz.
Puis c'est parti pour un dance medley avec les mêmes voltigeurs, le charleston est suivi par un truc dansé dans les juke-joints du Sud, la blues dance ( lascive à souhait), vont aussi défiler, le Collegiate Shag, que tu peux danser sur ' Stomping at the Savoy', le Balboa, on te conseille Sylvester Stallone comme partenaire et, bien sûr, toutes les variantes du Lindy Hop, en terminant par le très physique fast Lindy.
Pour permettre aux saltimbanques de reprendre leur souffle, le ( superbe) band propose une version instrumentale de 'Things Ain't What They Used To Be' de Duke Ellington.
Trois fausses soeurs, scintillantes, rappliquent pour entamer ' Boogie Woogie Bugle Boy' des Andrews Sisters.
Souplesse, grâce et exubérance, le public savoure ou s'essaye, avec plus ou moins de bonheur, au swing face au podium.
Après une nouvelle séquence didactique destinée à enseigner les différents pas du swing et du charleston ( footwork et mouvements des bras et du corps pendant le shoeshine, le rusty dusty, le picking , les itches, le camel walk, le bees knees, le raindrops, le policeman, ou le spank the baby ( proscrit par la ligue de protection des mineurs), vient la mise en pratique sur ' Puttin on the Ritz' de Fred Astaire.
Elle était bien Anna avec son Tuxedo et sa white cane!
Un nouvel instrumental mouvementé ( un charleston) permet à Anna Stevens de changer de tenue, tandis que ses copains multiplient les acrobaties vertigineuses.
L'intro guerrière à la batterie amorce ' Sing, sing, sing ' César se paye un grand numéro à la clarinette, et puis c'est ce gangster de ' Mack the Knife' qui se montre . Sur la piste, trois danseurs égaient la salle avec un numéro burlesque pour draguer une ballerine aussi féline que coquine..
Le tempo ralentit, car Anna et ses choristes attaquent l'enchanteur ' La légende du pays aux oiseaux "Lola" ' de Jacqueline François.
Un nouveau break didactique est destiné à présenter différentes routines ( Shim Sham, California Routine ou Mama Stew), il préface une version musclée de 'Swingin' With the Fat Man'.
Retour de Miss Stevens pour la fabuleuse romance 'Mad about the boy' de Dinah Washington.
Quelle voix, glisse ton voisin à sa compagne.
On reste au rayon grandes chanteuses avec Peggy Lee, ' You deserve'.
Le groupe enchaîne sur une version instrumentale de ' Pennies from heaven' permettant la mise en évidence des instruments à vent.
Exit les musiciens, sauf Galaad, pour une version piano/trois voix de la tendre ' Ballade irlandaise' de Bourvil.
Ecoute, mec, ça n'a aucun sens, aucun... 'It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got That Swing)', Langueux chante et danse, Louis Armstrong sourit!
'The Dipsy Doodle' d'Ella Fitzgerald précède la dernière tirade d'un show frénétique, le gospel flamboyant ' Down by the riverside', repris en choeur par tous les fidèles, avec les danseurs/ danseuses descendus dans le fleuve à nos côtés, a permis de laver tous nos péchés dans l'eau du Jourdain.
Communion totale et ambiance fervente pour clôturer un concert purificateur qui a vu le public se diriger vers le bar pour le verre offert par le complexe, un large sourire à la commissure des lèvres.