Brussels Jazz Weekend - Steven Troch Band, place Sainte-Catherine, Bruxelles, le 27 mai 2022
Michel
Il ne te faut pas plus de 10 ' de la rue Rollebeek pour gagner la Place Sainte- Catherine, t'as le temps d'en écluser une au Roskam, que tu n'avais plus fréquenté depuis des lustres.
Après avoir assisté à la fin du soundcheck de Steven and Co et après avoir salué de vieilles connaissances: Michel V R, en madam, ils tiennent la forme, merci, Jacqueline, qui t'en veut un peu de ne pas encore avoir vu ' Un Monde', le long-métrage, primé, réalisé par sa fille, Roland C, toujours aussi fringant, et Patrick Ouchène , moins wild qu'il y a cinq ans, tu écoutes le sermon bilingue d'une souriante jeune personne qui présente le Steven Troch Band.
Steven Troch, que tu as connu Fried Bourbon, que tu as croisé aux côtés du regretté Tiny Legs Tim, que tu as vu en Flandre, en Wallonie, à Jette, à Laeken, mais pas à Kaboul, est, sans conteste, un des meilleurs harmonicistes ( non, Geneviève, on ne t'oublie pas), du plat pays.
Avec son Steven Troch Band, il a sorti un troisième album studio ' The Call' en ce beau printemps post-covid, pre-planète des singes avec des cloques.
Walter, un autre monkey, a refilé un 8,5 sur 10 à cette plaque tout en souhaitant du succès au band pour le European Blues Challenge in Malmoë, le 3 juin.
Line-up: Steven et ses 46 harmonicas, il chante quand il ne souffle pas/ Liesbeth Sprangers, mooie zonnebril, à la basse/ Matt T Mahonny ( Mattias De Rijcke) à la guitare, un gars doué qui a joué avec Tiny Legs Tim ou Guy Verlinde/ par contre le drummer ne ressemblait pas à Bernd Coene, annoncé, on a vu Dennis de Gier qui n'a rien d'un vautour mais tout du mec compétent.
Mise à feu avec un instrumental cinématographique aux touches vaudou , tu peux aussi penser à du Morricone, ' Call Of Cornholio'.
T'es pas obligé de hurler Olé car il y a un fond hispanisant, et si tu crois apercevoir un crotale, arrête la picole.
La clique enchaîne sur ' So much to do' un shuffle bouillant qui sent bon les swamps et le manque de temps, ce qui est un comble, car dans les marais faut pas s'énerver.
L'harmonica nous fait voir toutes les couleurs de l'arc, la guitare balance ses piques mordantes et la rythmique, bien graveleuse, cimente le tout.
Que viennent faire Jack and Jill dans la suivante, baptisée ' Slow' , un titre que tu peux entendre sur l'album 'Nice 'n' Greasy'?
Le mouth harp de Steven prend des couleurs Charlie Musselwite, le groove dégouline de la guitare, mais à l'aise, car le type dont il est question is a slow motion man.
Chi va piano va sano e va lontano.
Encore plus lent, voici le slow tango blues ' Bad Taste' et là, c'est à Blue Blot que tu penses.
Tu verses une larme pour Luke Walter jr. et puis tu fermes les yeux pour écouter religieusement.
On va pas lui dire, mais Lose your head est plus juste que 'Loose your head', encore un extrait de 'Nice 'n' Greasy'.
C'est du funky blues, baby, du qui colle et si tu aimes les duels, tu écoutes Steven se quereller avec la guitare de Matt, du grand art!
Merde, Steven, tu me refiles une setlist mentionnant 'Long long beard' et puis vous jouer un truc sans barbe , tu rends visite à une gitane qui lit les lignes de la main et ne promet rien de bon, tout ça sur un fond reggae. ( 'The Jinx is on Me')
Il répond: ' That's life' , qu'il habille d'un costume cabaret /mambo bondissant.
Tom Waits a souri.
' The one you can rely on' donne l'occasion à Matt T Mahonny de placer une ligne juteuse tandis que Liesbeth et Dennis tricotent sans relâche.
Steven, à la cool, is hanging around, tu sais où le trouver.
A cause du covid, on a attendu, attendu et encore attendu avant de monter sur scène, on était comme les Kinks, tired of waiting, maintenant on est là, on vous joue 'Waiting' , un reggae aux coloris pop, que Steven pourrait offrir à Boy George.
'Extra, extra', read all about it, have you heard the news , this one is for the dancing people.
En te retournant t'as vu deux nanas se trémousser tandis que Matt nous balance quelques riffs sentant bon le western swing.
Toujours dans le moule rock'n'roll , le groupe propose 'Easier to be myself' au choeur collant , ooh la la la. ...
Tu dis, Steven?
The more you drink the better we play.
On nous l'a déjà faite, celle - là!
Du coup il nous place 'Ghetto Gap' , un downtempo blues sentant fort la fin de nuit dans un bar douteux ,peuplé de gens louches. Comme un client, bourré, a brisé sa bouteille de Budweiser, Matt saisit le goulot pour nous envoyer une coulée de slide poisseuse.
L'harmonica le relaye, l'ambiance est de plus en plus visqueuse, une fille, perdue dans le coin, te souffle, ça ne sent pas le Chanel 5 dans ce bouge.
T'as vidé ton Bourbon, tu l'as laissée à ses méditations.
Steven déclare let's pretend it's 'Saturday Night' et l'harmonica démarre en force , car le samedi il touche sa paye pour se payer la tournée des grands ducs, dimanche il ira se confesser.
Ambiance sur la place.
Après nous, il y aura des tas de bons groupes, on arrive à la dernière ligne droite, voici 'Mister Jones'.
Méfie-toi du Jones en question “His soul was leakin’ outta his nose”, tout ça sur un rythme saccadé et un chant récitatif.
Steven Troch n'a jamais donné un mauvais concert, il n'allait pas commencer un vendredi 27 mai.