Brussels Jazz Weekend- Jazz Station Big Band - Grand - Place , Bruxelles, le 28 mai 2022
michel
Pour la seconde journée du parcours jazz, tu as pointé le Jazz Station Big Band à la Grand - Place.
Une Grand-Place où l'on dénombre autant de touristes que d'amateurs de jazz.
Tout le week-end les groupes programmés sur le site, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998, le sont dans le cadre du centième anniversaire d'une gloire nationale, Jean-Baptiste Frédéric Isidore, baron Thielemans dit Toots Thielemans, un des kets de Bruxelles les plus célèbres.
Le Jazz Station Big Band, le house band de la Jazz Station de Saint-Josse, existe depuis 2006, il a eu l'occasion d'accompagner quelques pointures de la scène jazz.
Tous les mois, les quatorze éléments constituant le B B jamment dans l'antre jazz, ayant trouvé refuge dans l'ancienne gare de la commune dont un des bourgmestres les plus médiatisés a défrayé les chroniques en 1984 lors de son enlèvement, accompagné d'une demande de rançon faramineuse.
Un de ses collègues, Monsieur VDB a connu la même mésaventure ce qui avait inspiré le Brussels Sound Revolution qui a fait un tabac avec le titre parodique ' Qui'.
Revenons à nos moutons ou plutôt aux protagonistes de ce soir, menés par Stéphane Mercier ( sax alto).
Ils se nomment Daniel Stokart - saxophone soprano/ alto & flûte traversière/ Steven Delannoye - saxophone ténor / Vincent Brijs - saxophone baryton / Loïc Dumoulin - trompette & bugle /Jean-Paul Estiévenart est remplacé par Thomas Mayade( trompette) / Pauline Leblond - trompette & bugle/ Quinten De Craecker - trombone/ Peter Delannoye - trombone / Bart Delausnay - trombone basse/ François Decamps - guitare/ Vincent Bruyninckx - piano / Boris Schmidt - Contrebasse et Toon Van Dionant - batterie.
Toute l'équipe à l'oeuvre pour amorcer, en force, ' The Jazz Studio', une composition que tu peux entendre sur l'album 'Live in Dinant' , sur lequel la troupe est accompagnée par Grégoire Maret à l'harmonica. Les cuivres au repos, le piano s'active, il est soutenu par la contrebasse de Boris et les drums qui impriment un rythme soutenu.
D'un signe de la main, Stéphane Mercier indique aux trompettes, saxophones et trombones que la sieste est terminée et qu'il est temps d'entrer en action.
Du coup la température monte de plusieurs degrés.
Le public, conquis, applaudit bruyamment , le leader s'empare du micro pour annoncé une ' Bluesette' arrangée façon Dubaï, où ils ont joué récemment.
Le soprano de Daniell Stokart passe à l'avant-plan, il est relayé par un tenor tout aussi soyeux, là-haut Toots a demandé aux gardiens du Paradis s'il pouvait redescendre, on lui a répondu que l'engin d'Elon Musk venait de décoller, qu'il lui faudrait patienter quelques années lumières avant de regagner le globe terrestre.
'Too cool for school', qui suit, présente de chaleureuses sonorités caribéennes , le groove dégouline de partout, Daniel Stokart a saisi sa flûte, Pauline Leblond quitte son coin caché pour nous balancer un solo de mute trumpet vachement fiévreux, Peter Delannoye prend la relève, ça suinte de partout.
François Decamps, relativement discret jusqu'ici, a composé la romance ' My number one' qui peut facilement rivaliser avec le standard ' My funny Valentine'.
La palette est large, on passe du swing, au latino, du hard bop à la ballade sans faillir.
'A Mood' est de la plume de Steven Delannoye, cette pièce, singulièrement plus nerveus, se rapproche d'un phrasé tendance bebop à la Charlie Parker. Après un soliloque musclé du sax tenor, le piano, fébrile, s'aventure sur une piste escarpée, la guitare en place une petite en cachette, à l'arrière un coulis de cuivres surchauffés drape la toile, tu parviens à les suivre jusqu'au final, mais tu termines exténué.
'Pink Legged Tourist' évoque les grands moments de Dizzy Gillespie.
On suppose que le touriste en question se baladait à dos de dromadaire quelque part en Tunisie, en tout cas, on a transpiré, peut-être pas autant que Vincent Brijs qui nous a offert un solo de baryton pas mollasson.
Un nouvel hommage à Toots pour suivre, François Decamps a confectionné un meddley pour répondre à une demande de nos altesses royales et du Cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum .
On a reconnu ' Ne me quitte pas' et quelques autres standards émouvants, interprétés par Toots, Loïc Dumoulin, le fantaisiste, y ajoutant une Brabançonne' toute personnelle.
Toutes les bonnes choses ont une fin et pour terminer ce concert juteux qui est déjà dans ton top cinq de l'année, Stéphane Mercier propose ' Don't butt in Line' , une nouvelle pièce dans laquelle le groove se ramasse à la pelle. Un aparté de Quinten De Craecker , suivi par une intervention de Daniel Stokart, précède un solo de batterie, à l'arrière les trompettes ont décidé de se dégourdir les jambes, elles prennent la tangente avant de revenir en file indienne pour placer un concerto New -Orleans à faire frémir tous les gens de chez Tower of Power et c'est ainsi que s'achève un récital donné par une équipe de foot ( en comptant les réservistes et l'entraineur) dont la cohésion et le team spirit sont exemplaires.