Lulu Van Trapp et Bandit Bandit à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 12 décembre 2021
Une première à Bonjour Minuit, un show en fin d'après-midi, le dimanche.
La formule a plu, le Club ressemblait à une boîte de sardines, huile au choix, il faut dire que ( non, pas chez ces gens -là), l'affiche était alléchante, au menu, deux des bands les plus hot de la scène française 2021: Lulu Van Trapp et Bandit Bandit!
Lulu Van Trapp.
Quoi, La Mélodie du Bonheur, non, ceux-là c'est von Trapp et franchement, tu hésites à confier tes petits-enfants à Rebecca/Lulu alors que Maria/Julie Andrews inspire la confiance.
Ils sont quatre dans la famille, ils ne ne viennent pas de Salzbourg, n'ont pas été nourris au biberon Mozart, non, c'est Paris qui les a vus naître en 2017.
Ils ont attendu jusqu'en 2021 pour sortir un premier album, doctement intitulé I’m Not Here To Save The World!
Rebecca Fourcade ( chant, synthé) et le grand Max(ime) Rezai Rashti , dans une autre vie connus comme La Mouche, ont embrigadé Manu(el) Dupont à la basse et Nico(las) Colson à la batterie, pour animer les bals de quartier et, accessoirement, les salles de concert.
18:00, coup d'envoi, Manu et Nico ont opté pour une tenue sobre, Max a choisi un falzar à larges rayures, une veste de cuir et un béret plus basque que breton, le top d'un rouge scintillant de Rebecca, gracile et bouclée, attire tous les regards, il est très court et dénude le dos.
Elle est sexy, glisse un mec derrière toi, tu ne te hasardes plus à de tels commentaires, vu ton grand âge.
Intro sifflotante avant la mise en route, ' Brazil' est sur les rails.
Partout t'avais lu les Rita Mitsouko, la filiation est indubitable, mais il serait stupide de les considérer comme de simples singeurs. La guitare tantôt surf, tantôt tranchante, le fond forain, les attitudes de diva kitsch de Lulu, un charme quelque peu out of fashion, tout concorde à rendre ce groupe attachant après une seule plage.
' Joan of Arc' susurre la fille, la plage est plus proche de No Doubt que de Leonard Cohen ou d'Orchestral Manoeuvres in the Dark.
Le mix dream pop et saveurs sixties ( yéyé, Mémé) fait mouche, à tes côtés, la jeunesse tangue.
Petite séquence, je caresse les Bretons dans le sens du poil avant de passer à l'exotique ' Korean BBQ' chanté dans la langue de Molière et bourré de twang.
Jean-Baptiste Poquelin, t'es sûr, Muriel Moreno paraît plus proche!
Elle est féline, Rebecca!
Quoi, Baudelaire était fasciné par une femme serpent qui ondule et hypnotise à la fois.
Je descends du podium pour prendre le pouls de la salle tout en croonant la ballade ' The Echo' , avec toujours des sonorités de synthé en plastic, tandis que la voix de la belle évoque une autre Lulu, celle qui chantonnait il y a bien longtemps ' To sir with love' .
On demeure en mode caresses auditives avec ' Valley of Love' qui s'agite après 55 secondes, Rebecca reprend sa séance d'aerobics dans la salle pour le plus grand plaisir d'un public subjugué, à l'arrière les garçons confectionnent un tapis rock, passant de Chris Isaak à des fulgurances punk/ noise.
Grosse ambiance!
Time to dance, now, dit l'annonce.
Voici ' Lulu' , un twist dégénéré qui précède un titre chanté en lead par Max, la menace, 'Les Mots d'Amour'.
T'as rendez-vous dans un univers où la synth pop rencontre les idoles du temps de Salut Les Copains et c'est irrésistible.
On doit vous prévenir, l'amour n'existe pas et donc on passe à la partie dépressive du set avec 'Song for L'.
Un truc qui a enchanté tous les fans des Ronettes et autres girl groups couvés par Phil Spector.
Pour ajouter un élément théâtre de l'absurde, merci Samuel, au slow purulent, Rebecca transforme complètement sa voix, qui prend des inflexions viriles fort peu appropriées à son physique fluet.
Ils enchaînent sur la romance cotonneuse ' Spritz Codeine' avant d'achever ce show brillant par un 'Prom Night' délirant, qu'elle termine couchée sur le dos au pied des retours.
Lulu Van Trapp est annoncé aux Vieilles Charrues en été!
T'as ton billet?
Bandit Bandit
19:25', préparatifs terminés, encore 5' de patience pour voir débouler la clique de Montpellier, ayant flashé sur la Bande à Bonnot, sur les lovers, Lula and Sailor, protagonistes du film Wild at Heart, mais un peu moins sur Bob et Bobette.
Au rayon amants maudits, tu peux désormais ajouter Maëva Nicolas ( chant, guitare , très peu) et Hugo Herleman ( guitare, seconde voix), le duo qui est à l'origine d'un groupe qui se complète par le ténébreux et fougueux Anthony Avril aux drums ( ex - Citizen Kane) et le classieux Ari Moitier à la basse ( Kursed).
Discographie: un EP en 2019 et l'album 'Tachycardie' en juin 2021.
La sono lâche ' Bang Bang' ( version française), deux hors-la-loi se pointent, Anthony et Ari, pas des alcooliques, ils lancent ' Néant', Maëva et Hugo rappliquent et ça claque, sec!
Riffs autoritaires, rythmique carrée et chant provoquant, à faire damner le prophète. On avait lu QOTSA, et The Kills, c'était pas une blague, c'est du lourd et du méchant.
Ces gangsters ont de la gueule et arbore une pointe d'arrogance juste ce qu'il faut, si tu veux des images, pense à James Dean ou à Marlon Brando dans The Wild One.
Sur la même piste, sauvage, le quatuor attaque ' Dimension' , un titre calibré rock coup de poing.
Maëva décide de se débarrasser de sa veste de cuir, pas de gilet, pas de t-shirt, pas de chemisier, juste un soutif, ouah, entends-tu à tes côtés!
La température vient de grimpe de 10 degrés, du coup la fièvre guette, et justement ils lâchent ' Fever', pas le truc magnifié par Peggy Lee, un redoutable stoner rock, extrait de leur EP.
Après avoir taquiné son mec c'est dans la salle que Maëva vient soupirer tandis que les copains tapissent un mur métallique digne de RATM.
Pas d'accalmie en vue avec l'explosif et féroce ' Siamese Love'.
T'étais encore en train de balancer ton crâne d'avant en arrière quand Anthony amorce ' Maux' .
Hugo et Ari rappliquent, d'abord en sourdine puis à plein volume, Maëva crache tout son fiel , avec elle toute la salle scande ... Mange mes maux Des mots qui me font mal Range ces maux dits mots Qui me font mal...
Toute la frustration engendrée par des mois de confinement s'expulse de nos corps libérés.
La fille ramasse une guitare, son mec, à elle, saisit une acoustique, c'est la basse qui amorce 'Désorganisée' .
Etre une femme dans un monde machiste, c'est pas évident.
Viens, Lulu, rejoins-moi on va leur montrer à ces Messieurs que les nanas aujourd'hui ont le pouvoir.
La plage vire ballade psychédélique pour s'éteindre à petits feux.
Exit la basse et la batterie, c'est en duo amoureux que les amants de la nuit offrent la romance ' La Marée' .
La mer continue à monter, elle est en apnée et tu réfléchis, à qui te fait-elle songer?
Mais bien sûr, murmure le commissaire, à la talentueuse Marcella Di Troia, la chanteuse de Black Mirrors, ressemblance physique et vocale, sans oublier l'énorme présence scénique!
Au complet pour l'inédit ' Point de sutures', un remède contre la gueule de bois, à consommer à petites doses car ça risque de faire éclater ta tête!
Pour la dernière salve, Hugo délaisse la guitare pour un instrument ressemblant vaguement à une mandoline, sa copine secouant un tambourin, du coup ' Tachycardie' reçoit un éclairage 'Kashmir' orientalisant des plus acides.
Déflagration finale et saluts!
Petit détour par les coulisses avant les bis entamés par une reprise destroy de 'Bonnie and Clyde' ( quoi de plus logique... ), suivie par le sensuel et délirant ' Nyctalope' ( le personnage qui voit la nuit).
Trois guitares à l'unisson, ça fait mal et même si on a pu profiter d'un bridge apaisé, le final apocalyptique nous a laissés K O.
C'est en hissant leurs guitares vers le plafond que les truands prennent congé de Saint-Brieuc!
Des concerts comme ceux-là on en redemande!
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