lundi 6 décembre 2021

Album - Brave the Storm · Manora.

 Album - Brave the Storm · Manora.

 Independent label


NoPo


MANORA Brave the storm 2021

D'un seul coup de lentille à la pochette (artwork by Romulo Dias, photos Cristel Brouwer), on peut avoir une intuition quant au contenu.
Un ciel tempétueux enveloppe une jeune femme, aux cheveux longs, dans une belle éclaircie.
Au milieu d'un tourbillon de poussières, elle porte une robe blanche de mariée.
Certainement la voix qui va braver cet ouragan, probablement, à teneur symphonique.

Le guitariste Ivo Visser et le claviériste Arthur Stok commencent l'écriture de leurs compositions il y a déjà quelques années (et à visser leur stock donc, ouch!).
En 2016, le groupe néerlandais se stabilise avec l'arrivée de Tijn Scholtze à la batterie, Tomasz Kisielewicz à la basse et la chanteuse Mirte van der Ham.
Un premier EP 'Dreamshapes' voit le jour en Septembre 2017.
Le single 'Wired to Obey' anticipe, cette année, la parution de l'album (où l'on retrouve 'Endgame' et 'Dreamshapes' du disque précédent).

Comme souvent dans cette catégorie de métal, les musiciens ne font pas dans l'avarice, ici 12 titres pour près d'une heure.
Les textes, simples et oniriques, évoquent douleur et déception, rejet de notre monde haineux, affirmation de soi-même, recherche de sa destinée...

'System shutdown' ouvre, sans plantage, avec choeurs opératiques, cymbales, tambours... et grandiloquentes trompettes et ça tempête sec! On pense à Within Temptation ou Delain, la chenille déroule superbement huilée.
Le chant de Mirte sonne diablement clair. Les claviers s'en donnent à coeur joie, la rythmique consistante permet à l'instrumentation de papillonner.
Final en jolies notes de piano posées sur vinyle (bien vu Arthur) et enchaînement sur la plage suivante...

Les petits craquements se fondent dans la pluie qui coule sur le voyageur. Le piano chemine doucement puis les baguettes de Tijn roulent et embarquent l'orchestre en emphase.
La double pédale galope, on sentirait presque le vent contre nos joues. Les choeurs symphoniques et les cordes tapissent le fond de mélodie.
'The traveler' file sans heurts à la vitesse de la lumière.

La cadence saccade à l'entrée de 'Break your fall' mais c'est pour mieux s'envoler mon enfant.
Le développement alterne pas de pachyderme guidés par des murailles de voix et accélérations de félins. La guitare de Ivo, souvent en filigrane, se permet un court solo brillant.
Le morceau développe la puissance de ses chevaux et les ruades jusqu'au bout des 6 minutes.

L'intro au clavier accrocheur de 'Wired to obey' flatte notre pavillon qui s'abaisse, aussitôt vaincu. Un single convaincant et séducteur.
La voix angélique de Mirte rappelle les intonations de Simone Simons (Epica). Les harmonies mêlées, choeurs, voix principale accaparent l'attention et diffusent une sérénité irrésistible.
Le rythme solidement marqué entraîne le mouvement de la tête. Les choeurs opèrent en fluides ardents.
Le solo de guitare bref glisse soyeusement sur des frappes lourdes.

Un clavier tourbillonnant précède un rythme régulier juste interrompu par quelques breaks ou passages plus calmes.
'Pull the Strings' galope avec facilité et on le chevauche avec plaisir.

'Endgame' fait sonner les claviers comme des violons survoltés. L'ambiance power metal prédomine et pourtant, aucun solo ici!
La mélodie veloutée caresse le fond des tympans et la voix de Mirte n'y est pas pour rien.

'Another destiny' semble laisser le 1er rôle à la guitare bipolaire mais les claviers fondus aux choeurs vaillants reprennent vite le dessus.
Le rythme se plait dans la vélocité et ça pédale à la grosse caisse. La basse tonique de Tomasz, contribue constamment aux effets puissants.

Le piano de 'The Heavens' arrive à point nommé pour casser le rythme effréné et soutenu depuis la ligne de départ. Les claviers servent d'écrin à la belle voix de Mirte.
La batterie n'intervient qu'après mi-morceau. Des pluies de violons sur gouttes de piano arrosent la jolie ballade émouvante.

Les émulsions de cordes frottées lancent allègrement 'Symphony of lies'. L'emphase gonfle avec les claviers luxuriants et la magie opère comme les murs de choeurs.

'Dreamshapes' le titre justifie un envol éthéré et angélique mais Manora ne peut pas s'en contenter, ce n'est pas son essence.
Le jeu de guitare, plus en avant et vigoureux, s'approche un peu plus du power metal. Le chant, lyrique, comme à son habitude, se marie parfaitement à la mélodie exaltante.
Mirte atteint, au final, des notes très élevées qui donnent le vertige.

'The sacrifice' sonnerait presque pop. La variété du chant, permet de dégager un vrai refrain, entraînant et rafraichissant qu'on a envie de reprendre.
Ceci n'empêche pas quelques passages plus progressifs et travaillés mais ce refrain léger reste obsédant.

Une boite à musique, remontée au maximum, surprend au départ de 'A Beautiful Tragedy'. Le rythme syncopé, parcouru de touches au piano, produit un balancement gracieux accompagné par les choeurs.
Après un beau passage aérien, un solo de guitare réjouit avant la voix parlée sur du son de cuivres. Le clavier s'amuse à imiter des chants d'enfants puis, le piano simule l'arrêt progressif de la boite à musique.


L'orchestration ne met jamais en valeur la virtuosité technique, au contraire, l'ambiance générale du disque dégage beaucoup de puissance massive et épique.
La fusion des instruments et du chant forme une cohésion symphonique épaisse avec beaucoup d'harmonies.
Malgré ces éléments qui pourraient faire croire à une musique lourde, un romantisme grisant prévaut et séduit jusqu'au bout du poil.



Tracklist
1 - System Shutdown
2 - The Traveler
3 - Break Your Fall
4 - Wired to Obey
5 - Pull the Strings
6 - Endgame
7 - Another Destiny
8 - The Heavens(Are A Picture Frame)
9 - Symphony of Lies
10 - Dreamshapes
11 - The Sacrifice
12 - A Beautiful Tragedy
Mastering et mixage Roelof Klop

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